Point de vue de BéréniceIl se tient près de la porte qu’il vient littéralement de défoncer. Il ne semble pas heureux de me voir là, auprès de son grand-père, et il me lance des regards furieux depuis l’endroit où il se trouve. J’ai du mal à ne pas lever les yeux au ciel, car je suis tout aussi en colère contre lui pour ce qu’il vient de me dire.« C’est mon invitée, grand-père. » Il répète, refermant la porte derrière lui et s’avançant lentement vers nous. Je ne peux pas m’en empêcher, je ricane.« Kaïs, mon fils, où diable es-tu allé, me laissant attendre dans ton bureau comme ça ? » Son grand-père parle.« Je suis désolé de t’avoir fait attendre. » Kaïs, qui se tient maintenant entre moi et son grand-père, s’excuse.Son grand-père agite la main, « et alors ? Où est Lucie ? Tu as disparu soudainement et je n’ai pas supporté l’attente alors je suis venu ici m’attendant à la trouver, mais elle n’est pas là non plus et tes domestiques ne veulent rien dire sur où elle est. »Je sens les
Point de vue de LucieJe n’ai pas bien dormi ces derniers jours.Aussi fort que je veuille imputer mon manque de sommeil au travail épuisant de perfectionner mes anciens designs, de créer de nouveaux, de choisir les textiles appropriés pour eux, de guider les tailleurs et de préparer le lancement dans trois mois, je sais au fond de moi que ces choses n’y sont pour rien.Je suis plus que ravie de perdre du sommeil pour ce qui est mon rêve depuis plus longtemps que je ne peux me souvenir. Ce qui me garde vraiment éveillée toute la nuit, c’est ce sentiment profondément ancré de culpabilité et d’inquiétude, ramené à la surface par mon ex-mari.Malgré notre divorce, totalement séparée de Kaïs, il m’arrive parfois de ressentir cette lourdeur dans ma poitrine, comme un signe que ce n’est pas encore fini. Une lourdeur qui me fait sentir qu’il y a encore quelque chose qui me lie à l’homme qui a rendu ma vie infernale.Et il y a trois jours, j’ai enfin découvert ce que ce lien est : le grand-pèr
Point de vue de LucieChaque bruit autour de moi est englouti par un silence qui semble venir de ma propre tête. Le bruit de la foule devient étouffé, un son de fond si lointain qu’on dirait qu’il vient de kilomètres de l’endroit où je suis penchée sur l’homme inconscient.Je ne peux pas bouger.Je ne peux pas détourner les yeux de lui. C’est presque comme si j’attendais quelque chose qui me prouve que j’ai tort. Comme si j’attendais que ce visage familier se transforme en autre chose. Comme si j’hallucinais, manifestation des pensées incessantes que j’ai eues sur le grand-père de Kaïs ces trois derniers jours.Cependant, rien ne change et c’est la réalisation que le grand-père de Kaïs est vraiment celui qui est allongé sur le sol comme ça, qui me fait sortir de mon état de choc. Le bruit autour de moi revient et je peux maintenant entendre les battements frénétiques de mon propre cœur.Je le tapote, espérant que ce n’est qu’une simple chute et qu’il n’est pas vraiment inconscient, mai
Point de vue de Kaïs« D'accord, explique-moi en termes simples comment tu as perdu un "vieux homme" au milieu d'une grande ville. »Ma voix est calme. D'un calme dangereux, vu la gravité de la situation actuelle.Le grand-père a disparu.Disparu. C'est exactement le mot qu’a utilisé le crétin qui se tient devant moi, la tête baissée, lorsqu'il est entré dans mon bureau il y a quelques minutes. J'essaie de faire de mon mieux pour ne pas perdre mon calme pendant les heures de travail, mais ça devient de plus en plus difficile à chaque seconde qui passe sans que je n'entende une phrase sensée de la part du crétin.Le crétin est un chauffeur engagé, servant également de garde du corps pour mon grand-père.Cela fait trois jours que le grand-père est apparu sans prévenir et ce vieux homme n'a cessé de sortir. Vu son âge et son état de santé, il est d'une énergie folle et veut toujours aller quelque part.Il a vécu dans cette ville toute sa vie, la connaît comme sa poche, et pourtant il m’a
Point de vue de LucieLe grand-père s'est évanoui à nouveau après m'avoir reconnue dans son instant de conscience.Ce n'était qu'un effet secondaire des analgésiques injectés dans la perfusion qui le relie à son corps, selon le médecin. Mais je ne le savais pas. Et donc, dès que le grand-père s’est évanoui après m’avoir appelée par son surnom préféré, j’ai crié et regardé autour de moi frénétiquement à la recherche d'un médecin.Une des infirmières est venue à la rescousse, l’a examiné avec un sourire doux et m’a dit que le grand-père allait bien, qu’il avait juste besoin de plus de temps pour se reposer à cause des médicaments.Je ne sais pas combien de temps s’est écoulé depuis, mais le grand-père dort toujours profondément. Les mots de l'infirmière peuvent être rassurants, mais cela n’a pas arrêté les battements anxieux de mon cœur. Assise à côté du lit du grand-père, je surveille sa respiration, observant le mouvement de sa poitrine.J’ai peur même de cligner des yeux tant que je s
Point de vue de LucieQuelqu'un se racle la gorge, et cela rompt notre échange de regards. Je détourne le regard rapidement, reportant mon attention sur le grand-père qui semble essayer de cacher son visage derrière moi. Cela me surprend, mais je comprends vite pourquoi il essaie de se cacher quand Kaïs s'avance, les yeux durs et non impressionnés, lançant un regard noir en direction de son grand-père.« Ça va paraître fou, mais tu es privé de sortie. », dit Kaïs, la voix aussi ferme que son regard. Le grand-père cesse de se cacher derrière moi.« Tu ne peux pas me punir, j'ai 78 ans, pas 17. » Il rétorque.« Eh bien, tu te comportes comme un gamin ! Tu sais à quel point j’étais inquiet ? Comment as-tu pu disparaître comme ça en sachant comment est ta santé ? Et bien sûr, tu as fini à l'hôpital ! Tu sais à quel point c’est terrifiant ? » Kaïs est pratiquement en train de bouillir, mais le grand-père ne fait que lever la main, totalement indifférent à tout ce que dit Kaïs.Je regarde to
KaÏs se tend. Il ne me faut qu’un instant pour comprendre ce qui se passe. Grand-père n’est pas au courant du divorce, et ce n’est même pas le pire. Le pire, c’est qu’on lui a menti. C’est donc la façon de KaÏs de gérer les choses ? Évidemment, du pur KaÏs.Grand-père se tourne de nouveau vers moi : « Ma fille, tu viens juste d’arriver ? »Lançant un regard défiant en direction de KaÏs, j’ouvre la bouche pour répondre à grand-père, mais KaÏs me devance.« Si tu ne t’étais pas enfui comme un enfant, je t’aurais dit que Lucie m’a appelée plus tôt pour me dire que son vol venait juste d’atterrir. Elle devait d’abord passer au bureau. N’est-ce pas, Lucie ? »Ma bouche s’ouvre et se referme plusieurs fois. Je n’arrive pas à croire ce que KaÏs est en train de faire. Il me regarde avec des yeux qui me supplient pratiquement de jouer le jeu. Je suis incapable de mentir comme lui, mais le regard plein d’espoir de grand-père me terrifie à l’idée de briser ses illusions.Je serre les dents en rép
Point de vue de LucieAvant même d’avoir le temps de me sentir coupable d’avoir posé un lapin à Timothée toute l’après-midi, il claque violemment la portière de sa voiture, faisant trembler tout le véhicule, puis il s’avance d’un pas félin. Un grand félin en colère.Ses yeux fixés intensément sur moi, il réduit la distance entre nous en quelques secondes.« Timothée, je… » Je commence à me défendre, mais un petit cri m’échappe lorsqu’il m’attire brusquement contre lui, m’enlace et me serre fermement dans ses bras. La soudaineté de la situation me laisse sans voix.« Bon sang, Lucie. Tu me rends fou. » Il murmure près de ma tempe. Son cœur bat à une vitesse affolante et, même si sa manière de l’exprimer est inhabituelle, je peux sentir qu’il était inquiet pour moi.Il me relâche brièvement avant de commencer à inspecter mon corps avec précipitation : mes bras, mon visage, il me fait même pivoter sur moi-même.« Tu vas bien ? Tu es blessée ? Dis-moi que tu vas bien, s’il te plaît. » Il s
Point de vue de TimothéeQuand George Wellington m’invite une nouvelle fois à l’une de leurs escapades de vacances, je refuse catégoriquement. J’ai déjà laissé leur indulgence s’éterniser bien trop longtemps.Si j’avais décliné l’invitation au déjeuner et à la séance de jacuzzi d’hier de la même manière, je ne serais pas aussi frustré qu’aujourd’hui. Je n’aurais pas non plus passé des heures sous la douche, de l’eau glacée ruisselant sur mon corps.Manifestement, ma frustration n’est pas seulement mentale, elle est aussi sexuelle. Je lutte contre l’envie de me toucher en pensant à Sophie Summers en putain de bikini. Même lorsque j’arrive à me calmer, il m’est difficile de ne pas penser à ses jolies fesses, ses hanches sexy ou son corps tonique.Elle ne plaisantait pas quand elle a dit qu’elle n’hésiterait devant rien pour me conquérir. Elle n’arrêtait pas ses avances audacieuses et séduisantes.Et que Dieu m’aide, parce qu’elles fonctionnaient.Peut-être que je trouve vraiment toute ce
Point de vue de SophieJe me réveille lentement, laissant la douceur du matin m’envahir.Mais lorsque je jette un coup d’œil à l’horloge, mon estomac se noue. J’ai dormi trop longtemps. Beaucoup trop longtemps. Il est presque midi, et j’aurais juré avoir fermé les yeux il y a seulement quelques heures.Je cligne des yeux en regardant autour de la pièce, et la première chose que je remarque est l’absence d’Elaine. Son côté du lit est intact, les draps rabattus comme si elle s’était levée depuis longtemps. Ce n’est pas comme si je me réveillais seule après une aventure d’un soir, et pourtant, la sensation est étrangement similaire.Puis, alors que mon regard balaie la pièce, quelque chose attire mon attention. Un petit mot plié repose sur l’oreiller où Elaine était allongée. Elle m’a laissé un mot.Je le saisis et le déplie pour en lire le contenu. Même avant de lire quoi que ce soit, je remarque d’abord l’élégance de son écriture, fine et délicate à l’encre noire.[Hey, j’ai dû filer.]
CHAPITRE 48 [Sa Liberté ]SOPHIEJe n'étais pas sûre de comment j'avais atterri ici. Debout devant la porte de la chambre d'Elaine, fixant la porte, surtout après l'avoir rejetée quelques minutes auparavant dans le hall. L'invitation à sa chambre m'avait complètement prise au dépourvu, et franchement, n'importe qui à ma place aurait ressenti la même chose à ce moment-là.Ma réponse réflexe à son invitation, un polie « Non, merci », était donc justifiée. Elle ne semblait même pas offensée par ma réponse.Je suis restée dans le hall pendant quelques minutes supplémentaires avant de céder. J'ai pensé à faire demi-tour plusieurs fois, mais quelque chose me poussait à continuer. J'étais curieuse. Je voulais vraiment savoir ce qu'elle voulait me dire, et il n'y avait qu'une seule manière de le découvrir.Me préparant, j'ai frappé deux fois à sa porte. Un instant s'est écoulé avant qu'elle ne l'ouvre. Ses yeux se sont immédiatement illuminés lorsqu'elle m'a vue.« Tu es venue ! » Sa voix
CHAPITRE 47 [Opposés Polaires]SOPHIEÀ ce moment-là, il était difficile de savoir ce qui me faisait autant tourner la tête — le fait qu’on me jette de l’argent comme si j’étais une mendiante ou qu’on me demande de partir alors que mes plans pour séduire Timothée venaient juste de commencer.« Tu rigoles. » J'ai dit, en m'asseyant. Mais il ne rigolait pas. Son expression restait aussi dure que de la pierre, ce qui me faisait me demander ce qui avait bien pu changer en quelques heures seulement.« C'est ridicule. Tu ne peux pas me sortir un truc pareil comme ça. » J'ai dit, en repoussant le billet et la liasse d'argent.« L'argent ne suffit pas ? D'accord, j'en rajoute. » Il a dit, en mettant une main dans sa poche. J'allais parler, mais les mots m'ont échappé quand il a commencé à jeter encore plus d'argent à côté du premier.« Voilà, ça te va ? Je peux en rajouter si tu veux. »« Waouh. » Cette seule exclamation a quitté mes lèvres parce qu'en vérité, j'étais stupéfaite. Il n'ex
CHAPITRE 46 [En Charge des Encas]SOPHIEJe ne me suis rendu compte que le matin suivant, une fois sobre, que ma confession avait été carrément gênante — grâce à tout cet alcool qui nageait dans mon sang.C’était un peu comme la déclaration enfantine que j’avais faite pour le rendre mien il y a toutes ces années, mais chaque mot avait du sens. L'opération Saboter les fiançailles de Timothée était lancée. J’ai commencé à élaborer un plan dès que je me suis réveillée, en surmontant une légère gueule de bois.J’étais en train de prendre mon petit-déjeuner fourni par le service en chambre de l’hôtel et de préparer mon plan, quand la porte s’est ouverte. Justin est entré en déambulant, un petit sac de shopping à la main. J’avais complètement oublié qu’il n’était pas venu dans la chambre hier soir.« Qu’est-ce qui t’est arrivé ? » Ses vêtements étaient froissés, ses cheveux en bataille et il sentait l’alcool qu’on avait ingurgité la veille.Il a souri en plaisantant, « Je t’ai manqué ?
CHAPITRE 45 [Une Confession et un Avertissement] SOPHIEUne seconde, j’étais en colère que Timothée ait eu l’audace de me demander ce que je faisais ici après avoir ignoré ma présence toute la journée. Et la suivante, je l’attirais comme une proie parce que j’avais vu une petite fissure dans les murs avec lesquels il protège ses émotions.J’ai vu une ouverture et j’en ai profité. Je pouvais retourner à l’hôtel seule. Je ne voulais juste pas. Pas après la façon dont il avait réagi lorsque j’avais failli tomber à plat ventre.Ce n’était pas juste l’inquiétude dans sa voix qui m’avait touchée, mais aussi la manière dont il avait réagi. Comment son corps s’était penché en avant pour me rattraper avant même qu’il sache ce qu’il faisait. Et là, toute la colère que j’avais ressentie plus tôt avait disparu.Cependant, la fissure dans son bouclier était encore trop petite pour que je puisse passer. Parce qu’il ne s’était pas précipité pour m’offrir de me porter jusqu’à l’hôtel.« Où est J
CHAPITRE 44 [Mon Cœur Fait Mal]TIMOTHÉEUN MOMENT PLUS TÔTJe n'ai jamais été du genre à utiliser l'alcool comme mécanisme d’adaptation, mais dès que nous avons réservé nos chambres, ma première pensée a été que j'avais besoin d'un verre. Et vite.J'ai quitté la chambre, en crave du brûlant d’un verre. J'en avais besoin pour remplacer celui émotionnel qui m'écrasait jusque dans les tréfonds de mon âme. L'hôtel avait un bar chic, mais je voulais juste être sous un toit qui ne contenait pas Sophie.Ne connaissant pas la ville, je suis entré dans le premier bar que j'ai vu. Il servait juste du whisky bon marché et de la bière rance. J’ai pris une bière. Deux verres plus tard, je sentais déjà la brûlure que je désirais désespérément.Sauf que ça n’a pas suffi à effacer totalement Sophie de mon esprit. J'ai versé un autre verre, prêt à l'avaler d'un coup, mais une voix agaçante et familière m'a stoppé. « Doucement. »Kaïs s'est glissé dans un siège à côté de moi. Je n'ai pas caché mo
CHAPITRE 43 [Une Femme En Mission]SOPHIEJ’étais folle. Complètement hors de moi.Comment expliquer autrement le fait de monter dans un avion pour une ville que je connaissais à peine, avec un gars qui m'irritait profondément, pour assister à une cérémonie à laquelle je n’avais même pas été correctement invitée ? Tout ça à cause d'un homme qui ne me donnait absolument aucune importance. Mais je l'avais fait. J'avais juste pris une valise et je suis partie, sans réfléchir, sans raison logique. J'avais embarqué dans le jet comme une femme en mission – seulement, je n'avais aucune idée de ce que cette mission pouvait bien être.Je ne savais même pas ce que j'allais faire une fois arrivées. En fait, je ne savais même pas ce que j’étais censée faire quand nos regards se sont croisés pour la première fois. J'avais réussi à esquisser un sourire au début, juste pour le déstabiliser un peu, mais il avait simplement détourné le regard. Pas de réaction. Rien. Il était glacé.La famille de Ju
CHAPITRE 42 [Un Sacré Voyage]TIMOTHÉEDès le moment où les mots « Moi et Elaine avons finalisé notre accord », nous avons été emportés dans des préparatifs interminables, sans une seule pause pour reconsidérer les choix que nous faisions.D’abord, je lui ai acheté une bague quelques heures après avoir accepté la demande en mariage. Le geste n’était pas grandiose, car ce n’était même pas moi qui lui l'avais mise. Elle avait le plus gros diamant que j’aie pu trouver. Bien sûr, ce n’était pas pour elle, c’était pour son père. George Wellington avait clairement fait comprendre lors de notre dernier échange chez eux que tout ce qui était en dessous de cela était inacceptable.Ce même soir, je suis retourné chez eux avec Elaine. Son père était rouge de colère en nous voyant entrer dans sa maison ensemble. Il m’a asséné des accusations et a exigé des réponses avec une fureur que seul un parent protecteur pouvait déployer.« Qu’est-ce que cela veut dire ? » avait-il tonné. « Comment oses-