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— Son odeur est forte, hurla l’un des hommes. Elle ne peut pas être loin.

Merde, il n’y avait même pas une distance de quatre cents mètres entre nous. Je devais reprendre mes esprits ou ils me captureraient.

L'urgence de ma situation nécessitait de la concentration. Au moins, cela m’offrait un sursis à la peine accablante qui voulait me faire suffoquer.

Essuyant l'humidité de mes yeux et la morve de mon nez, j'augmentai mon allure. Ils avaient peut-être l’avantage du nombre sur moi, mais je connaissais le pays.

Je virai vers la gauche, demeurant assez profondément dans les bois pour ne pas être vue s'ils prenaient les routes. Je courus sur un tracé sporadique, espérant qu'ils ne devinent pas que je me dirigeais vers la ville la plus proche, située à peu près à six ou huit kilomètres de là. Heureusement, la route menait au sud-ouest vers Shadow City et me permettait de rester à proximité de la civilisation. Cela forcerait les gens me pourchassant à garder leurs côtés bestiaux à distance.

Après tout, les humains n'étaient pas supposés connaître l'existence d’êtres surnaturels. Si quelqu'un le laissait échapper, la punition était la mort.

Des bruits de pas martelaient derrière moi, me poussant à me déplacer plus vite. Je courais souvent pour l'entraînement, alors je devrais être capable de distancer leurs culs. Aussi longtemps que je restais devant, je devrais être bien.

Je comprendrais quoi faire une fois que je me rapprocherais de la ville.

 

   

Mes jambes devinrent lourdes et cela demanda deux fois plus d'énergie de continuer, mais je passai outre la fatigue. De ce que je pouvais supposer, j'avais couru à peu près neuf kilomètres, ce qui signifiait que Shadow City n'était pas loin devant. Si je maintenais ma vitesse actuelle, j'atteindrais la ville dans la prochaine demi-heure.

Je réalisais un temps convenable, mais les trous du cul après moi n'avaient pas pris de retard comme je l'avais espéré. Je devais les semer.

Parcourant rapidement des yeux la zone, je cherchai quelque chose qui les ralentirait. Rester à proximité de la route n'était plus une option viable.

Je coupai sur la droite, encore plus loin de la chaussée, espérant que le changement de direction les désorienterait pendant un petit moment, et j'examinai les environs. Je n'étais pas familière avec cette partie des bois. Même si notre meute habitait assez proche de Shadow City, nous nous en tenions toujours à bonne distance, évitant intentionnellement quiconque qui résidait à proximité.

J'essayai de me rappeler tout ce que je savais à propos de Shadow City. C'était un refuge qui avait été créé un millier d'années auparavant. Quiconque avait besoin d'aide ou d'un asile pouvait y aller. Toutes les races de métamorphes y vivaient ensemble, plus des anges, des vampires, des sorcières... presque toutes les races d'êtres surnaturels existantes.

Quand la ville avait été fondée, les loups argentés en avaient été les protecteurs jusqu'à ce que la corruption prenne le dessus. Incapable de combattre les chefs corrompus et peu disposés à mourir pour eux, les loups argentés avaient choisi de se retirer.

À l'époque, le loup alpha de Shadow City avait promis de nettoyer l'endroit et nous avait demandé de ne pas aller très loin. Puis, brièvement après que les loups argentés furent partis, la ville fut confinée, ne permettant à personne d’entrer ou de sortir jusqu'aux dernières années.

Papa s’y était rendu il y avait à peu près deux ans, pour rencontrer l’actuel loup alpha, Atticus, mais il m'avait laissée derrière, me disant qu'il avait besoin d'examiner la situation de plus près et que je devais rester avec la meute au cas où les choses aillent de travers. J'avais seize ans à ce moment-là, assez âgée pour prendre le rôle d'alpha si nécessaire.

Malgré la promesse de l'alpha que les choses se déroulaient mieux, Papa avait été sur ses gardes vis-à-vis des autres chefs de la ville, en particulier de l'ange Azbogah et de quelques-unes des sorcières. Atticus avait demandé de lui donner du temps et que nous verrions davantage de changements. Cependant, Papa n'avait plus eu de nouvelles.

Pour lui, de me dire d'y aller signifiait que la meute de Shadow City était mon seul espoir d'être en sécurité. Cela ne me convenait pas, mais c'était une question pour un autre jour.

Tout de suite, je devais extraire ces connards de ma piste.

Le courant de la rivière m'aida à façonner une idée. J'aurais probablement dû le faire quelque temps plus tôt, mais j'avais bêtement cru pouvoir les distancer.

Les erreurs étaient pardonnables aussi longtemps que vous pouviez y remédier. Et heureusement, j'étais en vie et encore en mouvement, ce qui voulait tout dire dans ma situation actuelle. Personne d'autre de ma meute ne pouvait dire la même chose.

— Elle change de direction, souffla quelqu'un. Elle se dirige vers la rivière.

Au moins, ils montraient aussi des signes de fatigue. Cela aurait craint pour moi s'ils ne semblaient pas aussi essoufflés que je l'étais.

— Ne la laissez pas y aller, hurla un autre. J'appelle du renfort. Nous ne pouvons pas la perdre.

La bonne chose sur le fait de changer de direction, cela faisait décaler leur poids sur leurs pieds. Je n'avais pas été capable de bien lire le nombre de personnes me pourchassant, mais avec leur pivotement, il semblait qu'une dizaine de mecs me collait au cul.

C'était supérieur au nombre que je présumasse. J'avais espéré qu'il y en eut que quelques-uns. Avec autant de gars, mes chances de m'en sortir étaient beaucoup plus faibles.

Un problème pour quand j’aurais atteint l'eau.