Étudiant attentivement le sol, je cherchai des parcelles de boue, de racines et des branches d'arbres qui pourraient me faire trébucher ou tomber. Malheureusement, cela me ralentit, mais c'était légèrement plus sûr que de me casser la gueule. Une raison supplémentaire d'être restée proche de la route, il y avait un sol plus stable.
La pente vers le bas m'aida à courir plus vite. Les branches d'arbres coupèrent mes bras, provoquant des saignements, mais rien pour me décontenancer. Je sentis à peine la brûlure et la piqûre, mais ce qui fut trop simple à soupçonner c’était que j'étais leur putain de proie. Quelque chose qui mit en colère, à la fois mon loup et moi.
Leurs bruits de pas devinrent plus forts, m'alertant du fait qu'ils me rattrapaient. Ils étaient plus grands que moi, alors la gravité jouait en leur faveur.
Je n'avais pas bien réfléchi au plan, mais la rivière se rapprochait.
Du moment que je l'atteignais avant qu'ils regagnent leur retard, je devrais être bonne. Mon plan consistait à aller sous l'eau et à nager aussi longtemps que possible pour qu'ils me perdent de vue et égarent mon odeur.
— Je l’aperçois, cria l'un d'eux, beaucoup trop proche pour que ce fût confortable.
Ignorant l'envie écrasante de regarder par-dessus mon épaule, j'avançai.
De l'eau trouble apparut entre les arbres alors que j’entrevoyais la Rivière Tennessee. L'eau ne semblait pas bouger rapidement, mais c'était trompeur. Au printemps, il y avait tant de pluie que le courant était violent. Heureusement, la partie en bas ne présentait pas un flux abondant. Les bateaux restaient majoritairement plus au nord, alors ce n'était pas risqué de nager par là.
La respiration de mes attaquants était si forte que je pouvais dire qu'ils étaient presque sur moi. Si les choses ne changeaient pas de manière drastique, ils m'attraperaient avant que j'atteigne la rivière.
Je n'avais pas couru plus de neuf kilomètres pour être capturée maintenant.
Me concentrant sur mon but, je fis attention au vent et je me pressai le cul, n’étant plus vigilante de mon équilibre. Je mis mes bras sur mes flancs, essayant de faire bouger plus rapidement mes pieds.
Alors que j'atteignais la rive, le paillis donna place à des pierres vaseuses, et je bondis.
— Non, cria un gars alors que quelque chose attrapait ma cheville droite.
Tournant mon corps sur la droite, j'utilisai mon pied gauche pour frapper le voyou au visage. Sa tête fit un mouvement brusque vers l'arrière et son emprise sur moi se desserra.
Je tombai sur le dos, très près de l'eau, ma tête pendant au bord de la berge. Je levai ma tête pour voir les neuf hommes me traquant à quelques mètres seulement de moi.
Si je ne faisais pas quelque chose, ils s’empareraient de moi avant que j'atteigne l'eau.
Le gars que j'avais frappé était assommé, alors je le franchis et attrapai son pistolet. Je détestai utiliser des flingues, mais dans l’immédiat, c'était nécessaire. Je me mis debout et tirai sur le reste des hommes, trop proches à mon goût.
— Mettez-vous à couvert, hurla l'un d'eux alors que les neuf se dispersaient.
J'attendis une seconde avant de tirer une nouvelle fois, conservant un rythme aléatoire dans l'espoir qu'ils attendraient pour s'assurer que j'avais fini de tirer, avant de se précipiter à nouveau derrière moi.
Pas loin, la rivière faisait une courbe brusque. Si je pouvais retenir assez longtemps mon souffle, je pouvais encore les semer. Après quelques tirs aléatoires supplémentaires, je m'accroupis pour qu'ils ne puissent pas avoir un bon visuel. Je tirai encore une fois puis laissai mes instincts naturels prendre le dessus. Je me renversai en arrière et percutai l'eau, les pieds en premier, sombrant sous la surface, et je nageai aussi vite que je le pus, utilisant le courant à mon avantage.
Je nageai plus profondément, espérant en plus que l'aspect trouble de l'eau subsistant des tempêtes me cacherait. Quelques bulles frappèrent ma jambe, m'informant qu'au moins certains d'entre eux avaient sauté, mais que j'avais gagné un peu de distance.
Nager était l'un de mes passe-temps favoris, quelque chose dont j'étais reconnaissante pour le moment alors que je battais des pieds dans le courant, aussi fort que je le pouvais pour aller aussi loin devant que possible. Mes poumons commencèrent à brûler, demandant de l'oxygène. J'expirai un peu, tentant de prolonger le temps avant d'avoir inévitablement besoin de refaire surface.
Après quelques coups supplémentaires, je dus sortir. Essayant d'être prudente, j'autorisais uniquement le haut de mon visage à percer l'eau, espérant rester cachée.
— Regardez, elle est là, hurla l'un d'eux.
Merde.
Je m'immergeai une nouvelle fois et laissai la panique me porter plus fortement qu'avant. Je ne pouvais pas leur permettre de m'attraper. Si je le faisais, alors toutes les vies sacrifiées pour moi auraient été en vain.
Je ne pouvais pas vivre avec ça.
À chaque mouvement de bras, je m'attendais à être agrippée, mais cela n'arriva pas... du moins, pas encore.
Je nageai en diagonale, espérant récupérer un courant plus fort. Quand mes poumons commencèrent à nouveau à crier, l'eau se pressa contre mon dos, me propulsant en avant.
Bien, mais j'avais besoin de renflouer ma réserve d'air.
J'attendis aussi longtemps que je le pus avant que mes instincts prennent le dessus et mes bras me poussent vers la surface. Néanmoins, le courant ne me relâchait pas, et j'étais trop faible pour le franchir.
La panique s'empara de mon organisme et mon cerveau devint étourdi. Si je ne me ressaisissais pas, je coulerais. Rapidement, je me renversai sur le dos et étirai mon corps, les pieds en premier. Tous les articles que j'avais lus à propos de la sécurité en rivière, disaient de flotter avec la tête contre le courant et les jambes vers le bas. Être à l'horizontale par rapport à l'eau devrait aider, du moins légèrement.
Étonnamment, se mettre dans cette position fut facile une fois que je n'essayai pas de percer.
Quelque chose frôla ma main et je l'agrippai. Pour ce que j'en savais, je pouvais tenir la main d'un corps, mais j'étais suffisamment désespérée pour mobiliser tout ce qui était disponible à mon avantage. Heureusement, c'était un rondin. Je le tirai d'un coup sec vers moi avec le peu d'énergie que j'avais encore. Les bords de ma vision commencèrent à s'assombrir, et je poussai la potentielle bûche vers le lit de la rivière, essayant de l'utiliser pour me propulser vers le haut.
L'élan me décala du courant, et quand je perçai la surface de l'eau, j'aspirai une bouffée d'air. Ma tête était toujours confuse et je fis le tour de moi-même, cherchant les connards qui m'avaient mise dans cette situation, pour débuter. Une grande branche d'arbre flottait à côté de moi, alors que je lançai mes bras dessus, plus assez forte pour demeurer à la surface par mes propres moyens.
Mes yeux devinrent lourds d'épuisement. Luttant pour rester consciente, je tendis la tête dans toutes les directions, mais ne vis pas les crétins.
J'étais en sécurité pour le moment, alors je posai ma tête et mon corps sur la branche du mieux que je le pus et fermai les yeux pour me reposer un instant.
Un bras s'enveloppa autour de ma taille, poussant mon cœur à toute allure et accélérant ma respiration. J'ouvris les yeux et réalisai que l'abrutie que j'étais s'était endormie. Je n'avais aucune idée du laps de temps, mais c'était manifestement assez long pour qu'ils me rattrapent.
Je ne desserrai pas la branche et percutai l'estomac du connard avec mon épaule.
— Lâchez-moi !
— Whoa, s'exclama une voix grave, et puis elle grogna. Tu vas te noyer. J'essaie de te sauver.
Sa prise autour de ma taille se détendit.
Pensait-il que j'allais vraiment me faire avoir par ça ? Il ne sentait pas le mensonge, mais cela ne voulait pas dire qu'il avait de bonnes intentions.
Puisqu'il était distrait par l'affection de son estomac, je lui donnai un coup de tête avec l'arrière de mon crâne. Un craquement écœurant m'informa que j'avais cassé quelque chose.
— Putain ! se plaignit-il alors qu'il poussait le rondin vers la berge.
Mes jambes entrèrent en contact avec le lit de la rivière et je mis du poids dessus avant de retomber dans l'eau avec de grandes éclaboussures.
— Hé, attends, dit le mec alors qu'il nageait vers moi.
— Reste en arrière.
Avec des mains tremblantes, je dégainai mon couteau de son fourreau et le tint devant moi en lançant des regards furieux.
— Je te ferai du mal.
— Manifestement, dit-il en faisant un geste en direction du sang se déversant de son nez. Tu l'as déjà fait.
Des gouttes d'eau tombèrent de ses courts cheveux noirs et dégoulinèrent sur son haut précédemment bleu ciel et son jean. La chaleur des yeux chocolat noir me fit perdre ma concentration, et ma main chuta de quelques centimètres. Il avait l'odeur musquée d'un métamorphe, mais il était sous sa forme humaine.
Il ne portait pas de noir, mais il pouvait tout de même être l'un d'entre eux, m’importunant. Je n'avais aucune idée du temps où j'avais été absente, et il aurait pu changer de tenue et me rejoindre.
Je levai mon menton et présentai le couteau.
— Et ton couronnement, ajoutai-je en l’embrassant à nouveau. Je sais que tu es nerveuse, mais tu es déjà un bon chef. Ils t’admirent et te respectent.Le sourire de Mida en guise de réponse était tendre et doux.— J’en suis ravie. J’ai beaucoup de choses à rattraper.— Je peux t’aider.Mes mains se dirigèrent vers le dos de sa robe et la fermeture éclair qui s’y trouvait.— Tout ce que tu as à faire, c’est de faire exactement ce que je te dis.— C’est vrai, s’esclaffa Mida.Je dégrafai la robe et je la fis passer hors de ses épaules.— Oh, absolument. Je suis une mine d’expériences et de connaissances.Mida se leva et enleva la robe en se trémoussant, la laissant tomber à ses pieds.— Comment ai-je eu autant de chance ?Je me levai, et mes doigts se promenèrent sur les boutons de ma chemise.— Je ne sais pas, mais tu ferais mieux d’en profiter.Les mains de Mida se portèrent sur le bouton de mon pantalon. Il tomba en tas sur le sol, et j’en sortis, m’arrêtant pour le repousser d’un co
Chaque contact, chaque balayage, chaque caresse me rendait fou.Il ne fallut pas longtemps pour que je sorte d’elle en douceur et que j’y revienne en force.Encore et encore, je la pénétrai jusqu’à ce qu’elle se remette à haleter. J’enfouis de nouveau mon visage dans le creux de son cou et je respirai son parfum. Ensemble, nous bougeâmes, à un rythme lent et régulier, comme si nous avions tout notre temps.J’étais bel et bien à sa merci.Et elle était aussi à la mienne.Je relevai la tête, je la regardai en ralentissant mon rythme. Une myriade d’émotions dansait sur son visage tandis qu’elle enfonçait ses ongles dans mon dos. Je grognai et je plaçai mes mains de chaque côté d’elle.Vague après vague, le plaisir montait en moi.C’était ainsi que les choses devaient se passer entre nous.Comme si le monde entier n’existait pas en dehors de mes portes.Bientôt, mon rythme changea et je commençai à pousser avec un abandon sauvage et animal. Elle attacha ses jambes autour de ma taille et s
Elle frissonna légèrement et m’embrassa à son tour ; elle sentait les fleurs sauvages et le savon parfumé à la pêche. Mon sang grondait dans mes oreilles lorsque je me retirai et que je pressai mon front contre le sien.— Tu es toujours là pour une raison. Je ne vais pas te laisser tomber, ni nous laisser tomber, Mida, chuchotai-je.Elle ne dit rien quand je me levai et que je sortis de la pièce. Les jours suivants, je trouvais des excuses pour parler à Mida, pour passer le plus de temps possible avec elle, pour lui demander son avis sur les rénovations de la ville, sur les nouvelles lois qui allaient être mises en place dans la meute, et sur la question de savoir s’il fallait ou non traquer les sorciers.La détermination de Mida s’affaiblissait de jour en jour.À la fin du dixième jour, j’étais dans mon bureau en train de préparer une version révisée de notre pacte avec les humains lorsqu’elle entra. Sans mot dire, elle s’approcha de moi, me prit le verre des mains et le termina. Ave
— Nos familles étaient censées être unies parce que j’étais la fille de Rialus. Maintenant que la vérité a été révélée, je ne suis pas sûre que tu veuilles encore t’allier à moi.Les sourcils de Garian se froncèrent.— Tu n’es plus la fille d’un loup maudit. Je pense que c’est une bonne chose.— Pas si tu ne sais pas qui sont mes parents, fis-je remarquer en reculant de quelques pas. Au moins, avec Rialus, tu connaissais la vérité.— Mida–Je levai la main.— Tu es l’Alpha maintenant, Garian. Tu ne peux pas te permettre de voir ton rôle et ta position menacés, ou ta légitimité remise en question, surtout en t’alliant à moi. Tu as besoin d’une compagne forte, qui consolidera ta position d’Alpha.— Non.— Comment ça, non ?— C’est toi que je veux. Je ne veux pas quelqu’un d’autre à mes côtés.Garian me regarda droit dans les yeux en parlant, ses mots m’envoyant vague après vague d’émotions.— Je pensais avoir été clair.Je reculai d’un pas incertain.— Tu as été capable de me rejeter un
Apprendre que la vérité m’avait été cachée toute ma vie était pire.Au moins, quand j’étais la fille de Rialus, je savais qui j’étais.Maintenant, je n’étais plus personne, une orpheline sans nom que Rialus et sa femme avaient pris en pitié et élevée comme l’une des leurs.Pour tout le bien que cela m’avait fait.En secouant la tête, je poussai la porte du bureau et entrai, plissant les yeux devant la lumière vive du soleil qui pénétrait par la fenêtre ouverte. Garian était assis à son bureau, feuilletant une pile de papiers, ses cheveux ébouriffés sur le dessus de la tête. Lorsqu’il leva la tête, ses yeux bleus s’illuminèrent et il se leva.Je joignis les mains derrière le dos et me redressai.— As-tu rencontré le Conseil pour leur parler de moi ?Garian repoussa sa chaise en poussant un cri et se racla la gorge.— Je l’ai fait, mais je n’ai pas exigé d’eux des excuses, même si elles te sont dues.Je fronçai les sourcils.— Pourquoi pas ?— Parce que je voulais respecter ta volonté,
Puis nous allâmes voir le groupe qui garderait et prendrait soin de ma mère jusqu’à ce qu’elle soit mise en terre.— Merci.Ils hochèrent tous la tête avec tristesse, et je me sentis moins seul dans mon chagrin. Nous partîmes en direction du tombeau et, lorsque nous arrivâmes, il était en ruines. La structure avait été complètement détruite et n’était plus qu’un tas de pierres. J’étais soulagé de cette destruction, mais je savais que nous ne trouverions peut-être jamais la réponse à la question de savoir pourquoi le sang de Mida n’avait pas ressuscité Rialus.C’est alors que je compris. Si son sang ne fonctionnait pas, la réponse se trouvait peut-être du côté de Mida elle-même. Nous partîmes en ville pour voir qui travaillait sur les ancêtres et on nous emmena dans une ville voisine où l’on préleva le sang de Mida et où l’on chercha à savoir d’où elle venait. Nous attendîmes les résultats pendant que nous organisions un service pour ma mère. Les loups de toute la région et d’ailleurs