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last update Last Updated: 2025-02-06 19:27:15

Admirant la façon dont les tissus délicats complimentaient les lignes anguleuses du canapé, je me demandais si Dylan les remarquerait. Il avait dit que je pouvais changer ce que je voulais dans le salon, la cuisine et ma chambre. Seuls sa chambre et le bureau dérogeaient à la règle. Petit à petit, la maison s’était adoucie. En buvant une gorgée de vin, mes pensées se tournèrent à nouveau vers Dylan. Peut-être que ses traits acérés, si hérissés à mon égard, s’adouciraient de la même manière avec le temps. 

Comme si je l’avais conjuré par la pensée, il fut annoncé par le bruit de ses pas dans le couloir. Mon cœur se mit à accélérer. La gorge soudainement sèche, je bus une nouvelle gorgée de vin.

« Ça tombe bien, le dîner est prêt », dis-je alors que Dylan me rejoint.

Il fronça les sourcils : « Oh… je n’ai pas très faim. J’ai beaucoup mangé, ce midi. » Comme s’il pouvait voir ma déception, il trouva une autre excuse : « En plus, je suis un peu débordé avec les affaires de la meute. » 

Il disparut dans la cuisine et en ressortit avec une bouteille d’eau. « Je ferais mieux de m’y remettre », marmonna-t-il. 

Ses pas se perdirent, et le vide qu’il laissait derrière lui résonna en moi. Mon appétit aussi s’était dissipé, mais ne voulant pas gaspiller, je me forçai à me servir. Avec le bruit de mes couverts pour seule compagnie, la solitude me prit, aussi profonde et inévitable que la nuit.

Chapitre 2  

Dylan

Je fermai la porte de mon bureau en passant ma main dans mes cheveux, exaspéré. 

Exaspéré par Cerise, par moi-même, par toute cette maudite situation. Pendant un instant, la culpabilité me retint à la porte. Je pensai à Cerise, perchée sur un tabouret de bar, qui mangeait seule dans la cuisine. Avec ses yeux gris pâle, en train de picorer gracieusement son assiette. J’étais presque prêt à faire demi-tour. Presque. 

Ce n’est pas qu’elle ne m’intéressait pas. Elle était…

Qu’était-elle ?

À vrai dire, je ne savais plus. Mais entendre Cerise me dire que le dîner était prêt d’un ton plein d’espoir m’avait noué l’estomac. Ce n’était pas à cause ses talents de cuisinière. 

Ses plats sont toujours tellement bons.  

Je savais qu’une partie de moi regretterait de ne pas manger avec elle. Mais c’est ce qui se cachait sous cette simple offrande. Un des points les plus importants du lien d’accouplement, c’est le désir de nourrir son compagnon. Plus je me laissais tenter par ses plats, plus le lien qui était destiné à se tisser entre nous avait des chances de se développer.

Clairement, c’était une des raisons pour lesquelles mes parents avaient demandé à Cerise d’emménager avec moi dès qu’elle eut atteint la majorité. Je réprimai un grognement en pensant à mes parents avant d’aller à mon bureau et de m’effondrer sur ma chaise. J’ouvris mon ordinateur portable et le démarrai. Mes parents étaient de vrais petits cons prétentieux. Je les aimais et les respectais, non seulement en tant que parents, mais aussi en tant qu’Alpha et Luna. Mais leur attitude envers moi dans cette affaire était dure à avaler.

Ils m’ont dit que Cerise et moi étions des compagnons prédestinés quand j’avais dix-sept ans. Bien entendu, mon père avait ri de mon air ahuri, me disant que je changerais d’avis quand la fille deviendrait femme. Attends un peu, m’avait-il dit, avec toute l’assurance d’un Alpha, béni par Nuu-Chah, le Dieu de la Lune. Et une entière confiance en sa propre expérience. Après tout, mon père et ma mère étaient, eux aussi, des compagnons prédestinés. Mais la différence, c’est que ma mère venait d’une autre meute et qu’elle avait rencontré mon père quand ils avaient tous les deux la vingtaine. Cerise et moi, c’était une tout autre histoire.

Peut-être que c’était la différence d’âge. Peut-être que c’était mon incrédulité. Peut-être que c’était la façon dont mon père m’avait félicité de l’existence de ma compagne, comme s’il m’avait rendu un fier service en la trouvant. Mais le sentiment qui m’habitait depuis mes dix-sept ans, c’était surtout la colère. 

À dix-sept ans, quand on m’avait annoncé la nouvelle, les autres adolescents de ma meute et moi-même allions au lycée à Seattle pour passer nos examens. C’était la première fois que je goûtais vraiment à la liberté, loin de Lord Hills et de l’œil vigilant de mon père, l’Alpha de Starsmoon. Et cette distance et cette liberté me ravissaient. 

Jusque-là, mes parents n’avaient fait part de l’existence de ma future compagne qu’à moi. La meute n’en avait pas encore été informée. En tant qu’héritier de l’Alpha de Starsmoon, avec ma force et mon physique, ce ne fut pas très compliqué de susciter l’intérêt de l’une des métamorphes de ma promo. Au départ, c’était un acte de rébellion. Chaque fois que j’emmenais une femelle dans un recoin caché de l’école, c’était revigorant. Je faisais ce qui me plaisait. 

Je me rappelai comment nos séances de bécotage sous les gradins s’étaient rapidement transformées en escapades vers des coins plus isolés. J’en jubilais. Nous étions enivrés l’un de l’autre. Nos baisers se transformaient en caresses au point de finir par baiser sur la banquette arrière de ma voiture. Et nos rendez-vous secrets avaient duré des mois. J’avais fini par apprécier cette fille — vraiment. 

Emily. Elle s’appelait Emily.

J’avais dit à Emily de garder notre relation secrète. D’abord, parce que je ne voulais pas mettre fin à quelque chose d’aussi plaisant. Mais aussi parce que je m’étais rendu compte que la perspective que mes parents découvrent son existence m’inquiétait. Que feraient-ils s’ils la découvraient ? J’ai fait jurer à Emily, maintes et maintes fois, qu’elle ne parlerait à personne de ce que nous faisions.

Mais la jolie jeune fille, facile à embrasser, n’a pas su tenir sa langue. Quand mon père l’a découvert, Emily a été transférée. Je ne l’ai donc pas revue depuis que j’avais dix-sept ans. Sur l’ordre de l’Alpha, mon père m’a interdit d’essayer de la retrouver. Je suis contraint par mon serment de ne jamais partir à sa recherche.

Donc, ça s’arrêtait là. 

C’est plein de déception que je cliquai sur un e-mail concernant les affaires de la meute : à propos des frontières de la meute le long de l’un des ranchs de Lord Hills. 

Alors que je lisais l’e-mail sans grand enthousiasme, je pensais à la façon dont ma propre vie semblait elle-même truffée de contraintes. Je tapotai sur le bureau. J’étais rentré depuis à peine une demi-heure et j’avais déjà l’impression d’étouffer. Plus j’étais avec Cerise, plus je perdais cette notion de possibilité que j’avais ressentie avec Emily. Cette exaltation dont j’avais fait l’expérience à l’époque avait-elle tout simplement disparu de ma vie ? Pourrais-je la retrouver un jour avec Cerise ?

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