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CHAPITRE 6

    30 minutes encore de trajet et ils étaient au quartier Manguier. Les deux équipes ont pris parallèlement des circonscriptions opposées pour travailler. L'équipe des filles était dans la partie Nord de Manguier et celle des garçons dans la partie Sud.

Cependant, avant de séparer, Raphaël a proposé à Charline et à Gaëlle de les ramener à Vision4, une fois les reportages faits. Pour ne pas encore jouer les rabajois, Charline s'est tûe et c'est Gaëlle qui a répondu :

_Gaëlle : bien reçu le grand reporter ! (en souriant)

    Puis Charline a répliqué :

_Charline : hum et si on finit avant, est ce qu'on va vous attendre, vu que votre travail prend plus de temps que le nôtre ?!

_Gaëlle : c'est vrai tout de même hein.. en y pensant bien

    Raphaël ne l'avait pas vu venir, cette intervention de Charline. Néanmoins, il a dit : 

_Raphaël : bon, voilà ce qu'on va faire : si ce que vous dites se confirme, alors vous rentrez par vos propres moyens, ne nous attendez pas. Mais dans le cas contraire, on rentre ensemble. On est d'accord ?

    Elles ont répondu oui.

    C'est ainsi qu'ils sont allés travailler. Comme d'habitude, ils ont interviewé les gens et filmé certains angles. Après ça, seules les filles sont rentrées à l'endroit où Raphaël avait garé la voiture quand ils sont arrivés, pour voir si les garçons avaient eux aussi terminé. Mais, à leur grande surprise, ils n'étaient toujours pas là. Elles ont pris la décision de retourner à Nsam. 

Une fois dans les locaux de Vision4, les filles ont rédigé leurs articles pour les faire enregistrer en studio. Elles attendaient maintenant l'heure du journal car il était 11h45. En attendant, elles papotaient. Gaëlle a vu à travers la vitre de la fenêtre, les Raphaël arrivés. Ces derniers sont directement entrés dans son bureau. 

A midi, toute la salle de rédaction était pleine afin de vivre en images, le journal de 12h Comme à l'accoutumée, chaque journaliste était attentif. 

Après 30 minutes d'observation, les rédacteurs en chef sont passés à la critique. Charles Mendo a relevé quelques insuffisances dans le reportage de Maryse Ekobena (la fille du directeur de Vision4)..

_Charles Mendo : mademoiselle Ekobena, vous devez encore revoir votre façon de prendre les angles. On vous répète la même chose chaque fois. Faites des efforts!

_Maryse Ekobena : monsieur le rédacteur en chef, j'ose croire que vous savez à qui vous parlez (en s'adressant à lui impoliment)

_Charles Mendo : Et ?! Lorsque nous sommes à l'extérieur de cette rédaction, chacun est ce qu'il veut être. Mais une fois ici, tout le monde laisse "ses titres" à la porte ! Je ne ferai jamais de faveur à quiconque ! Nous sommes tous ici pour apprendre et travailler. Et quand on apprend, on doit accepter les critiques pour se perfectionner. C'est aussi ça la maturité mademoiselle! (en levant légèrement le ton)

    Maryse ne savait plus quoi dire, elle s'est tûe en croisant les bras.

    En effet, Elle et Charles Mendo étaient comme chien et chat. Ils ne s'entendaient véritablement pas et cela se voyait. Le rédacteur en chef adjoint était un homme de principes, professionnel et qui ne faisait pas de traitements de faveur à tel ou tel, parce que tu es le fils ou la fille du directeur voire du président. Pour lui, chaque individu méritait d'être traité avec le même respect et la même égalité. 

Donc, quand la fille du directeur de la télévision faisait ses chichis (ses caprices) ou encore exerçait une certaine influence sur lui, il ne ratait aucune occasion pour la remettre à sa place.

    Après elle, il a félicité Charline pour sa performance. Charles Mendo a attiré son attention sur les erreurs qu'elle avait faites dernièrement mais qu'elle a su rectifier dans son reportage d'aujourd'hui. 

_Charline : merci beaucoup Rec

    Charles Mendo, contrairement à Stéphane Mendouga, était très rigoureux et méticuleux dans le travail. Si ton reportage est bien, il trouvera toujours ce petit "truc" qui a dérangé. C'est pas par méchanceté qu'il faisait comme le pensaient certains journalistes, mais c'est juste parce qu'il aimait quand les choses étaient parfaites. 

Donc, lorsqu'il a félicité Charline sans ajouter une remarque après, tout le monde était un peu surpris car ça ne lui ressemblait pas du tout. Et cette intervention a attisé la jalousie de Maryse qui ne supportait pas cela. 

Après la conférence de rédaction, les rédacteurs en chef ont levé la séance. Charline et Gaëlle ont décidé d'aller déjeuner parce qu'elles avaient déjà trop faim. Elles sont sorties de leurs maisons sans avoir mangé parce qu'elles avaient la pression d'arriver à l'heure, sinon ces dernières devaient écoper d'une réduction sur leurs salaires. 

Eh oui! Le milieu professionnel est un peu comme l'école primaire. Lorsque vous arrivez à l'heure, il y a un cahier de décharge dans lequel vous devez signer en précisant l'heure de votre entrée à l'entreprise. Et quand vous arrivez en retard, vous répétez le même procédé sauf qu'à la différence, vous allez mentionner l'heure tardive à laquelle vous êtes arrivé. 

Et c'est grâce à cela, que le service du personnel comptabilise les heures de travail, d'entrée et de sortie de chaque employé. Alors si vous arrivez en retard un seul jour, on enlève par exemple 3000 sur votre salaire. Imaginez alors si vous le faites 3 jours sur 5 ?! 😱

     Les filles étaient donc prêtes pour y aller, lorsque Raphaël s'est pointé et a dit :

_Raphaël : je vous invite ! (en souriant)

    Charline et Gaëlle ont sursauté. Évidemment, elles ne savaient pas qu'il était derrière elles. Elles se sont retournées..

_Charline : mince ! vous nous avez fait peur là ! (en touchant sa poitrine)

_Raphaël : oh désolé ! C'est vrai que ma voix est souvent imposante mais je ne savais pas qu'elle l'était à ce point.

    En effet, Charline était cardiaque. 

   Elle respirait fortement et son cœur s'est mis à battre à vive allure. Quand Raphaël a vu son état, son sourire est parti. Il a pris Charline dans ses bras et l'a conduite dans son bureau. Gaëlle a pris son sac. Au même moment, Maryse observait la scène avec des yeux noirs. 

Arrivés dans le bureau de Raphaël, ce dernier l'a fait asseoir pour que Charline puisse se calmer et retrouver ses esprits. Il a même ouvert la fenêtre de son bureau mais rien, elle respirait toujours de la même manière.

_Raphaël : regarde un peu dans son sac si elle a une ventoline (s'adressant à Gaëlle)

    Gaëlle s'est exécutée mais n'a rien vu. 

_Gaëlle : elle n'en a pas.

_Raphaël : eeeh faut pas que l'enfant d'autrui vienne mourir à cause de moi (se disait-il intérieurement)

    Il commençait à être un peu anxieux puis, une idée lui est venue en tête. Il s'est rapproché de Charline, l'a soulevé délicatement pour qu'elle se tienne debout et l'a pris dans ses bras. Il la serrait fort, un peu comme un câlin. La chaleur qu'ils échangeaient à cet instant, a permis à Charline de se détendre un peu et de se calmer progressivement, les minutes qui ont suivi.

Elle était comme un bébé dans les bras de Raphaël tellement le fait de poser sa tête sur son épaule, était doux. Elle avait fermé ses yeux qui étaient mouillés à cause des larmes. Raphaël lui caressait doucement le dos. 

    

    Gaëlle les observait agréablement.

    Le cœur de Charline avait repris son rythme cardiaque constant, au bout de 30 minutes et elle respirait normalement. 

Raphaël, après avoir constaté qu'elle allait mieux, s'est retiré d'elle pour voir comment elle allait. Comme elle avait la tête baissée, il a soulevé son menton pour la regarder. Elle avait un peu les yeux rouges et mouillés, et son visage était devenu tout rose. 

_Raphaël : ça va mieux?! (avec une douceur dans la voix)

    Elle a acquiescé pour dire oui. 

    Il l'a fait asseoir sur sa chaise et a demandé à Gaëlle de lui donner un mouchoir. Il a pris une chaise pour s'asseoir devant Charline, a essuyé ses yeux et son visage. Il le faisait avec beaucoup de douceur et de délicatesse, un peu comme si elle était un œuf qu'il fallait à tout prix choyé. Puis, il s'est adressé à Gaëlle :

_Raphaël : elle a mangé le matin avant de venir au travail ?!

_Gaëlle : Non non. Raison pour laquelle on voulait déjeuner tout à l'heure 

_Raphaël : ah d'accord, je comprends maintenant. Ce n'est pas bien de sortir le matin sans avoir mis quelque chose dans la bouche. Ça rattrape souvent plus tard. Certes, elle est cardiaque (à ce que je constate) mais il y a aussi cette erreur. 

_Gaëlle : ah ouais, c'est vrai quand-même

    Elle s'est rapprochée de Charline pour lui faire un câlin et la réconforter en même temps. 

_Gaëlle : ça va aller mieux ma petite chérie. On va au resto, tu manges un peu après nous irons te raccompagner à la maison pour que tu te reposes. D'accord ? 

    Charline a répondu oui.

    Peu après, Raphaël est descendu avec les filles. Ils sont montés dans sa voiture et sont allés au quartier Bastos pour déjeuner au Socrate, un restaurant chic et réputé de la ville de Yaoundé.

    Cependant, ce qu'ils ne savaient pas, c'est que Maryse les suivait durant tout le trajet, jusqu'à s'infiltrer dans le restaurant.

(La suite)

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