Les prunelles d'ambre d'un loup noir majestueux me fixaient avec une once d'incompréhension. Son pelage foncé tendu par des muscles façonnés, sa stature imposante, sa puissance, tout indiquait qu'il s'agissait d'un alpha. L'alpha de la meute ennemie.
C'était une évidence à présent. Cette sensation était celle d'un lien d'âmes. Ce loup magnifique était mon compagnon, mon âme sœur.
Je me sentais trahie par les Dieux. Qu'avaient-ils fait en nous liant ainsi ? Encore combien de temps allaient-ils jouer avec moi ?
Aussi soudainement qu'ils avaient disparu, tous les sons environnant réapparurent. Si bien que je trébuchai sur mes propres pattes, manquant de m'étaler au sol. Alors que je me rattrapais, un jeune loup me défia, ses crocs me manquant de peu lors de ma maladresse. Me dressant contre lui, je pus voir que ce jeune loup au pelage sombre et aux reflets chocolat, était à peine sorti de l'adolescence. Je n'aimais pas tuer, et encore moins un si jeune garçon.
Nous nous jetâmes l'un sur l'autre, toutes dents dehors. Tandis que le duel semblait joué d'avance, un hurlement déchira mon esprit, détournant mon regard. C'était Nelson. Mes yeux s'arrêtèrent avec horreur sur son combat acharné. Trois loups déchiquetaient son flanc avec violence. Du sang, de la chair, des poils, volèrent en tous sens. Et alors que l'un de ses membres supérieurs se détachait de son corps hurlant et agonisant, Ryan se projeta contre les assaillants de Nelson. Je n'eus pas le loisir de voir ce qu'il advenait de mes camarades, une mâchoire frêle se referma sur ma gorge. À cet instant même, le loup noir surgit de derrière moi et attrapa le louveteau par la peau du cou avant de l'envoyer voler quelques mètres plus loin. Sa prise glissa de moi, laissant mon sang se répandre de mes plaies. Le jeune loup avait su où mordre pour me blesser et mes capacités de régénérations n'avaient jamais été optimales. De plus, ces quelques jours de jeûne n'arrangeaient pas mes affaires.
Les deux prunelles d'ambre accrochèrent les miennes. Nos regards se noyaient l'un dans l'autre alors qu'il s'avançait vers moi. La perte de sang rapide me fit chanceler, puis chuter au sol. Le loup noir bougeait lentement pour ne pas m'effrayer, lui-même dégageait une sorte de nervosité à venir ainsi à moi.
Notre lien semblait être de plus en plus tenu, presque palpable.
Hasardeux, le loup noir vint renifler ma plaie comme pour vérifier qu'elle ne me tuerait pas, même si elle semblait ne pas en finir de déverser mon sang sur la terre meuble. Si près de moi, je pouvais percevoir son odeur sucrée, épicées. Une odeur aussi bien alléchante qu'apaisante.
Derrière l'alpha, le jeune loup trépignait d'incertitudes et d'angoisses d'avoir mal agit. Il ne savait pas quelle était son erreur et cela le rendait nerveux. Un grognement de son alpha et il devint immobile en attendant les ordres.
Ma vision se troubla et je sus que j allais bientôt perdre connaissance. Un dernier coup d'œil sur mes camarades m'apprit que nous étions plus qu'en mauvaise posture.
"Retirez-vous. Retournez au Grey Castel. La mission est un échec." Ordonnai-je par télépathie à chacun de mes hommes "Je répète : retirez-vous immédiatement."
Des inquiétudes, voire mêmes des indignations à me laisser sur place fusèrent dans mon esprit, jusqu'à ce que le néant m'accueille pour un repos profond. La dernière chose que je vis fut le regard intense du loup noir penché au-dessus de moi.
Mes dernières pensées se dirigèrent vers mes hommes, j'espérais qu'ils puissent rentrer sains et saufs même si je savais que beaucoup d'entre eux n'avaient pas survécu. Un vœu informulé flotta dans mon esprit pour mes presque-frères Nelson et Ryan.
*-*-* ERI *-*-*L'eau était glacée sur mon corps. Mordante, blessante. Chaque goutte semblait percée ma peau. Mes doigts bleuissaient depuis une bonne heure déjà. Pourtant, rien y faisait. Je semblais être en feu. Tout mon corps semblait prisonnier d'un feu que rien ne pouvait combler. Presque rien. Mon esprit n'avait de cesse de me montrer les images sexy d'Ulrys qu'il avait en réserve. Son torse, les muscles de son dos, les gouttes de sueur qui roulaient sur sa peau parfaite, son regard empli de désir... Mon poing s'abattit contre le mur carrelé de la douche, si durement qu'un sinistre craquement m'apprit que je venais sans doute de me casser un doigt. Je ne ressentis aucune douleur à la main, le reste me faisant bien trop souffrir. Je gémis. Je n'avais jamais eu de chaleurs aussi violentes. Peut-être était-ce dû au fait que je ne les assouvissais pas, ou par l
*-*-* Point de vue ULRYS *-*-*J'étais repu. Pour la première fois de toute ma vie, un sentiment de plénitude m'envahissait pleinement. Enfin, peut-être que mon pénis n'était pas de cet avis. Il palpitait dans mon pantalon, furieux que je ne l'ai pas laissé entrer dans la grotte réconfortante de notre compagne. Mais tout le reste de mon corps semblait devenir plus léger qu'un nuage. Elle avait joui dans ma bouche. J'avais réussi à la satisfaire, l'une de mes plus grandes fiertés. C'était stupide, certes, mais pour quelqu'un qui n'avait jamais touché une femme, cela équivalait à de l'or. Et mieux encore, elle m'avait dit son nom.Eri. Dans une langue ancienne et perdue, cela signifiait éclat de lune. Et elle l'était. Un morceau de lumière de la lune, enfin mise sur ma route.Dans ce m
Ulrys était en grande conversation au téléphone avec le Bêta Ralph, n'ayant pas l'intention de l'interrompre, je retournai silencieusement dans la chambre. J'étais convaincue que cette vie, les dîners et tout, n'était pas pour moi. J'étais faite pour les champs de bataille pas pour les négociations.La chambre était impeccablement rangée, pas comme le matin-même où Mary avait étalé partout ses œuvres vestimentaires. Sans ménagement, je jetai mes escarpins au loin afin de me masser les pieds, j'enlevai aussi quelques épingles de ma tête afin de libérer mes cheveux, puis je vins m'allonger sur le lit, le regard tourné vers le plafond. J'avais ce sentiment de creux, de vide qui ne pouvait être comblé par la présence de mon compagnon. Avec un sourire, j'accueillis Ulrys qui entrait dans la chambre. Il ne m'avait pas rejoin
J'avais une dizaine d'années la première fois que j'avais rencontré le Prince Blanc. Il était le même qu'aujourd'hui. Paré de blanc, dentelles à ses manches, et longs cheveux roux. Oui, exactement le même. Ces mêmes yeux troublants, d'un rouge profond, posés sur moi."Toi, tu n'es pas ordinaire." avait-il déclaré lorsqu'il était allé se servir sur le buffet vers lequel je me cachais.Le buffet était majestueux, royal, et préparé spécialement pour sa venue. La venue du fils de l'Alpha Abraham II. Je savais qu'un traité était en jeu pour nous aider à prendre un avantage dans cette guerre. C'était là toutes les victuailles d'une année pour cent des nôtres. Je n'avais jamais vu autant de nourriture, de richesse que ce jour-là. Je fis une mou
Je n'avais pas pensé à Owen depuis longtemps, ni à son visage suppliant. Ni à Ryan hurlant de détresse de ne pas avoir été là pour nous protéger. Toutes ses images, j'aurais aimé les oublier définitivement. Je les repoussai néanmoins, m'obligeant à me concentrer sur l'instant présent, car il était bien trop important pour que je sois déconnectée de cette réalité. Le Prince Blanc était sur le point de débarquer. Ulrys était à mes côtés, une main dans la mienne. Il semblait un poil tendu, comme si tout cela l'agaçait. Mais ses doigts entrelacés aux miens étaient d'une douceur incomparable. Je n'avais qu'une envie, s'était d'être enlacée en sécurité dans ses bras chauds. J'étais heureuse de porter la belle robe de Mary et qu'elle ait offert de dompter ma tignasse en un joli chignon comme elle savait les faire, cela m'avait offert le plaisir de voir un regard brillant de désir de la part d'Ulrys.Pour la vingtième fois au moins, Ralph annonça que le Prince Blanc allait arriver, qu'il ne
J'étais si près du but. J'étais désormais parmi les plus proches combattants de Syrius. J'avais fait de nombreux choix sans doute discutables tout au long de ces années d'horreurs pour parvenir à mon rang actuel. Mais tout semblait figé depuis ma rencontre avec Urlys. Je ne pouvais pas me dérober à l'impératif du lien et peut-être devais-je accepter qu'il s'agissait du chemin à emprunter pour me mener à mon destin.Toute la surface de la chambre était occupée par des dizaines et des dizaines de robes en tout genre. Pas un seul uniforme noir à l'horizon, mais des froufrous, de la tulle et de la dentelle, si. Mary, la vieille styliste, farfouillait dans son bazar habituel tout en m'enjoignant d'en revêtir une. Chose que je me refusais de faire. "Dépêche-toi un peu, t'as pas toute la journée !" râla la petite femme dans sa tenue couleur pêche.Je poussai un grognement de protestation, elle se retourna vivement en me fusillant du regard. Il était toujours hors de question de que mette ce
Ryan ne m'embêta plus autant par la suite. D'ailleurs, je finis même par gagner sa confiance, voire même son respect. Cela ne se fit pas en un jour, mais plutôt en plusieurs semaines, voire en plusieurs mois. La faible petite oméga que j'étais à ses yeux, relevait tous les défis imbéciles qu'il me lançait. Le dépasser à la course ? Le mettre à terre lors d'un combat d’entraînement ? Grimper sur le mur d'escalade plus haut que lui ? Je tentais à chaque fois ma chance. Parfois je réussissais, parfois je me ridiculisais. Il arrivait même que nous finissions par courir des heures après le coucher du soleil pour tenter de gagner une course improvisée l'un contre l'autre. C'était grâce à lui si j'évoluai aussi bien malgré mes faibles capacités.Durant toute cette
Propre, mes cheveux et mes dents brossés, je retournai dans la chambre vêtue d'un peignoir confortable. Je ne savais combien de temps cela m'avait pris mais assez pour qu'Ulrys s'endorme profondément. Même lorsque je revins m'installer auprès de lui, il ne broncha pas d'un millimètre. Ce n'était pas dans mes habitudes de m'allonger près d'une personne que je ne connaissais pas, néanmoins, j'avais confiance en lui. Je rabattis les couvertures sur Ulrys en premier, tentant de les soustraire à son poids, puis sur moi-même alors que je prenais une place confortable. Instinctivement, je me plaçai au plus proche d'Ulrys, me logeant contre lui. En levant les yeux vers lui, je pouvais voir son visage et je fus étonnée par ce que j'y voyais. Il avait des traits juvéniles et détendus. On aurait dit un tout jeune homme, dénué des soucis ou des obligations liés &agra
Couper aussi brusquement le lien entre Ryan et moi me déclencha une brusque migraine. Autant que le regard blessé d'Ulrys. Il était assis sur le rebord de mon lit, les poings serrés et tremblants. ça ne faisait aucun doute qu'il était aussi en colère que troublé. "Alors... Tu leur as dit." déclara-t-il d'une voix morne.Je mis quelques secondes avant de rassembler mes pensées, entre les nouvelles informations communiquées par Ryan et mes propres sentiments troublés par la présence de mon compagnon."Non." répondis-je calmement en me redressant dans le lit.Plus rapidement que je ne pus réellement le voir. Ulrys se retrouva sur moi, me maintenant fermement sur le dos."Ne me mens pas." souffla-t-il, son visage transfiguré par la douleur que cette idée ouvrait en lui. Cela me désarçonna. J'avais envie de prendre son visage dans mes mains, de le caresser, de le soulager de toutes ses peines. Un instinct que je n'avais jamais eu. Alors, d'une voix rassurante, je lui expliquai :"Je n'ai