AleksandrJe les regarde, chaque muscle de mon corps tendu, prêt à réagir à la moindre tentative de leur part. Je sais ce qu’ils veulent, je sais ce qu’ils espèrent. Mais Yvi est mienne. Elle l’a toujours été, et ils devront faire face à cette réalité. Ils peuvent tenter de m’arracher ce que je tiens, mais ils découvriront qu’ils sont à des années-lumière de comprendre le lien que j’ai forgé avec elle.Je la garde contre moi, mon regard défiant, ne laissant aucun doute sur mes intentions. Ils peuvent essayer de récupérer ce qui leur appartient selon leurs règles. Mais moi, je joue selon les miennes.AleksandrJe les vois entrer, et je sais qu’ils savent. Ce n’est pas un simple changement d’humeur, c’est une métamorphose. Une lueur nouvelle dans leur regard. De la terreur ? Non. De la rage. De la perte. De la conscience que quelque chose leur échappe définitivement.Leur démarche n’a plus rien des anciens seigneurs conquérants. Ils sont venus pour elle. Pas pour une guerre. Pas pour un
AleksandrJe marche en silence dans les couloirs de pierre, le bruit de leurs pas résonne derrière moi. Trois battements de cœur enragés, retenus à grande peine. Je pourrais les enfermer. Je pourrais les briser maintenant. Mais non. Ce serait trop simple. Trop définitif. Trop prévisible.Je m’arrête devant une double porte de bois noir. L’aile ouest. L’ancienne aile royale, délaissée depuis des décennies. J’y sens encore l’odeur du passé, le poids des serments oubliés. La poussière elle-même semble avoir fait vœu de silence.Aleksandr« Voici vos quartiers. Vous avez carte blanche. Nourriture. Serviteurs. Bibliothèque. Rien ne vous est interdit… sauf elle. »Je les regarde, un par un. Kael, tendu comme une lame, chaque muscle prêt à se rompre. Lyam, à deux doigts d’exploser, une lueur sauvage dans les yeux. Soren, le regard fixe, mais tremblant à l’intérieur comme un fil d’or sur le point de se rompre.Aleksandr« Vous êtes ici par ma volonté. Ne la défiez pas. Ne testez pas mes limit
YviLa nuit est tombée sur l’aile ouest. Une nuit lourde, saturée de silence et de désirs tus. Le vent glisse le long des couloirs comme un soupir ancien. Les murs suintent la mémoire, les pierres vibrent sous mes pas. Elles ont vu naître des serments et mourir des rois.Mais ce soir, elles verront autre chose.Je monte l’escalier sans bruit, le cœur battant comme un tambour dans ma poitrine. Mes doigts effleurent la rampe. J’ai l’impression d’avancer vers une frontière invisible. Une ligne que je m’étais jurée de ne jamais franchir.Et pourtant…Je pousse la porte de leur chambre. Mon souffle se suspend. Ils sont là. Tous les trois. Kael debout, Soren assis sur le rebord du lit, Lyam adossé à la fenêtre, les bras croisés, les yeux dans le vide.Trois flammes dans la pénombre. Trois vérités qui m’attendent.Je ne devrais pas être là. Aleksandr pourrait le savoir. Il sent tout, il voit tout. Mais ce soir, il n’est rien.Ce soir, je suis à eux.Ce soir, j’abats mes murailles.KaelElle
Personnages : Yvi, Aleksandr, Kael, Soren, LyamYviJe me réveille dans la lumière pâle du matin.Le drap sur ma peau est encore chaud de leurs corps.Kael, une main posée sur mon ventre, respire lentement, comme s’il rêvait encore. Soren, la tête appuyée contre ma hanche, le front plissé même dans le sommeil. Lyam, le souffle calme, le bras autour de mes jambes nues, comme s’il voulait me garder ici.Je les regarde. Un à un.Et mon cœur hurle sans un bruit.Ils m’ont donné plus qu’un refuge.Ils m’ont offert un monde où je peux être désirée… sans être possédée.Mais ce monde est un incendie.Et je suis l’étincelle.YviJe me lève doucement. Chaque mouvement est une trahison. Un adieu qui ne dit pas son nom.Le parquet gémit sous mes pas nus. Mon corps est douloureux. Pas à cause d’eux. À cause de ce que je vais affronter.Je me rhabille dans le silence, rassemblant les fragments de moi-même. Mon collier tremble entre mes doigts.Mais quelque chose reste là-bas. Dans ces draps froissé
AleksandrJe descends les marches comme on descend aux enfers.Pas de bruit. Pas un mot.Juste le martèlement lent de mes bottes contre la pierre.À chaque pas, mon monde bascule.Le froid n’a plus de prise sur moi.La douleur ne perce plus.Il n’y a que la rage.Silencieuse. Absolue.Elle se distille en moi avec la patience d’un poison ancien.Elle épouse chaque battement de mon cœur.Elle est en moi, et je ne veux plus qu’elle parte.Ils ont tout pris.Pas ce corps que j’ai déshabillé mille fois.Pas ce regard que j’ai vu s’éteindre et renaître sous mes doigts.Pas même sa voix qui chuchotait mon nom dans l’obscurité.Non.Ils ont pris ce que j’avais bâti.Ce que j’avais enfermé.Ce que j’avais sculpté, à coups de silence, de serments, de veilles à veiller l’impossible.Ils l’ont regardée, et elle s’est offerte.Pas comme une trahison.Pire.Comme une délivrance.Comme si je n’étais plus la réponse.AleksandrLa porte du salon privé claque contre le mur.Un valet sursaute et dispara
YviJe ne dors pas.Je ne respire plus.Je suis un gouffre. Une faille. Une onde prête à éclater sous la moindre pression.L’air est vicié, tendu, suspendu à un nom. Aleksandr.Il est partout.Dans chaque ombre. Dans chaque battement de cœur trop rapide.Dans les murs de cette chambre. Dans les reflets noirs de la nuit.Dans le silence pesant que même Kael ne brise plus.Dans les gestes brusques de Soren, dans les cernes profondes de Lyam.Partout. Même là où je croyais qu’il n’existerait plus.Je m’assieds au bord du lit, les pieds nus sur le parquet glacé.Le froid me traverse, mord mes os.Mes orteils se crispent, mon souffle tremble.Mes mains... elles me trahissent.Elles tremblent. Faiblement, mais assez pour que je le ressente dans tout mon corps.Je les frotte avec rage. Comme si je pouvais gratter sa présence.Comme si je pouvais effacer ce qu’il a tatoué dans ma chair.Des souvenirs me reviennent.Sa voix. Son regard.Le silence juste après ses mots.Le vide, immense, qu’il
YviLa pioggia non cade davvero: galleggia, esita, accarezza la mia pelle senza lavarla.Ogni passo è uno strappo.Ogni respiro, un morso in gola.Ma vado avanti.Sono andata troppo lontano per tornare indietro ora.Sento la sua presenza prima di vederlo.Come una marea nera che si gonfia in lontananza, pronta a inghiottire la riva.E quando arrivo, lui è lì.Immobile.Dritto.Di una bellezza terribile, intatta, folgorante.Non si muove.Ma brucia.E tutto ciò che è sembra urlarmi sei in ritardo.AleksandrI suoi capelli sono fradici, incollati alla fronte.Le guance arrossate dal vento, dal freddo, forse dalla paura.Ma non batte ciglio.Non ancora.Ha quel modo di stare dritta, come se la sua volontà potesse spezzarmi.Come se ignorasse che io sono la roccia contro cui tutti finiscono per frantumarsi.La lascio avvicinare.Voglio che si avvicini abbastanza da sentire il rombo dentro di me.Voglio che senta che non sono più un uomo.Non davvero.Solo rabbia scolpita nell’osso.YviMi
YviJe ne le laisse pas partir.Pas cette fois.Pas quand il vacille.Pas quand j’ai vu ce qu’il cache derrière sa colère.Je m’élance.Pieds nus sur les pierres froides, les vêtements collés à ma peau.La pluie s’abat, lourde, glaciale, comme un châtiment venu du ciel.Mais je n’ai pas peur.Je n’ai plus peur.Il est là, juste devant moi, et je sens son chaos. Je le sens hurler dans l’air.Comme une marée noire prête à m’engloutir.Yvi« Aleksandr ! »Il ne bouge pas.Il ne me regarde pas.Mais je vois ses poings se serrer.Ses épaules se raidir.Il encaisse ma voix comme un coup qu’il n’attendait pas.Il se bat. Contre moi. Contre lui-même.Et ce combat le consume.Je cours. Je l’atteins.Je pose ma main sur son bras.C’est brûlant sous la pluie.Comme si son sang s’était mis à bouillir.Yvi« Ne pars pas comme ça. Pas encore. »Il se retourne d’un geste vif.Ses yeux…Des abîmes. Des tempêtes.Un cri silencieux qui me cloue sur place.Il est sur le point d’exploser.Aleksandr« Tu
Kael, Lyam, Soren, AleksandrKael La terre tremble encore sous nos pas. La bataille que nous avons livrée a laissé des cicatrices invisibles, mais elles sont là, profondément ancrées dans l'âme de chaque membre de notre groupe. Nous avons cru, un instant, que la guerre était terminée. Mais le calme, ce silence pesant qui nous enveloppe, n’est qu'une illusion. Nous savons tous que la véritable épreuve n’a fait que commencer. Le vent, toujours aussi froid, semble porteur d'un message de menace, d'un avertissement que nous n’avons pas encore compris.Je jette un coup d'œil furtif à Aleksandr. Son regard est noir de détermination, et il marche sans un mot, comme un spectre parmi les vivants. Il a combattu à nos côtés, mais il n'est pas comme nous. Il n’appartient pas à notre meute, à notre famille. Il est l'inconnu, l'intrus parmi les nôtres, et pourtant, sa présence ne fait qu'ajouter à la lourdeur de l'instant. Il a ses propres démons, des batailles qu'il mène dans l'ombre, loin de notr
KaelLe poids de la victoire est plus lourd que je ne l’avais imaginé. Ce n’est pas une légèreté de triomphe que je ressens, mais une lourdeur, comme si chaque battement de mon cœur me rappelait que ce n’est jamais simplement une victoire. Chaque perte, chaque instant de douleur, a imprimé son écho sur nous. Nous avons retrouvé Yvi, oui. Mais à quel prix? Le visage de Soren est impassible, ses yeux d’acier scrutant l’horizon, comme s’il attendait le prochain coup. Lyam, à mes côtés, semble plus léger. Peut-être parce qu'il voit ce que je ne vois pas encore. Il croit que la bataille est finie. Moi, je sais qu'il y a toujours un dernier sacrifice qui nous attend.Je lève les yeux vers l'horizon, où les ombres se fondent dans la lumière naissante. L’aube est encore un mirage, une promesse distante. La guerre nous change. Elle ne nous laisse jamais intacts.— Kael, dis quelque chose, murmure Lyam, la voix brisée par la tension qui s’effondre enfin. C’est fini, non?Je le regarde. Ses yeux
KaelLes couloirs défilent à une vitesse irréelle. Chaque pas que nous faisons, chaque souffle pris dans l’obscurité de ce palais, est chargé de la même urgence : Yvi. Elle est là, quelque part dans cette forteresse de pierre et de secrets. Le froid ne me touche plus. Il est noyé sous l’incendie de ce que je ressens, l’appel brûlant qui ne s’éteint pas.Je sens la meute derrière moi, silencieuse mais prête. Ils sont là pour elle. Tous. Pour briser les chaînes qui la retiennent, pour réécrire ce qui a été forgé dans l’ombre.Lyam marche à ma gauche. Ses pas sont aussi mesurés que les siens, et pourtant je sens la ferveur dans chacun d’eux. Il se bat contre son propre fardeau, celui d’un frère qui se doit de protéger. Mais ce n’est pas simplement la protection qui nous lie à Yvi. C’est la rédemption.— Elle est proche, dis-je sans vraiment y penser, ma voix s’éteignant dans le vacarme de la rage qui gronde sous la surface.LyamLa tension est palpable. Chaque fibre de mon être vibre, ch
KaelLe vent gifle mon visage, froid comme une lame. Mais ce n’est pas le froid qui m’arrache un frisson. Ce n’est pas l’hiver, ni la menace de la guerre. C’est elle. C’est Yvi.Elle est quelque part entre ces murs, seule. Et en danger.Je serre les poings. Les couloirs d’Aleksandr puent la domination et le sang ancien. Ce palais est un piège doré, une forteresse pour les monstres. Et pourtant, c’est ici qu’elle est retenue.Je lève les yeux. Lyam est à ma droite, Soren à ma gauche. Nos regards se croisent, et la tension entre nous devient vibration.L’appel est là, sourd, viscéral. Il pulse sous notre peau.— Il est temps. On doit l’appeler, dis-je.Ils hochent la tête. Rien d’autre n’est nécessaire. On agit. Toujours. Ensemble.Je ferme les yeux. Je tends mes racines intérieures vers la terre, même si elle est étouffée sous les pierres, écrasée par le pouvoir d’Aleksandr. L’énergie répond. Faible, mais vivante.Je puise dedans. Je me laisse envahir.Et d’un cri brut, un rugissement
Aleksandr, YviAleksandrL'alerte est donnée. Les grondements de la guerre résonnent à travers les murs de mon château, aussi sûrs qu'ils aient été construits. Je le sens dans l'air, cette tension qui se tisse, invisible mais implacable, comme un serpent prêt à frapper. Une attaque. C’est tout ce que je sais. Tout ce que j'ai le temps d'entendre avant que tout ne bascule.Je me tiens sur le balcon, les yeux fixés sur l’horizon obscurci par l'ombre de l'attaque qui se profile. Le vent fait claquer les bannières de mon royaume, comme un cri dans la nuit. Mais ce n'est pas le vent qui me frappe le plus. C'est cette lourdeur, cette pression palpable dans l'air, comme si tout l'univers se préparait à se resserrer autour de moi. Je ressens ce poids lourd, cette pression sur ma poitrine. Mais il y a aussi autre chose. Quelque chose de plus fort. Une rage qui commence à bouillir, comme le sang dans mes veines, prête à exploser. Mes mains se serrent sur la balustrade, mes poings craquant sous
Yvi Je suis là, face à lui, les mots échappant de mes lèvres comme des chaînes que je viens de briser. J’ai tout dit. J’ai partagé ce que je suis devenue, ce que je porte. Ce que j’ai accepté. Et ce qui est inévitable.Je croyais que la vérité nous rapprocherait. Je croyais qu’après tout ce que nous avons traversé, il comprendrait. Mais je vois dans ses yeux quelque chose que je n'avais pas anticipé. Quelque chose de plus sombre, de plus lourd. Un tourbillon de colère. De possessivité. Il recule, comme si ma déclaration était un coup, une insulte qu’il ne peut pas tolérer. Les triplés. L’enfant que je porte. L’idée qu’ils soient en moi le fait trembler. Je le vois. Il le cache, mais je le vois. C’est une souffrance qu’il masque sous un masque de fer, mais ses yeux ne mentent pas. Je vois l’horizon s’assombrir dans son regard, un orage en gestation.Aleksandr Il ne dit rien tout de suite. Le silence s’étend, lourd, comme un filet invisible qui resserre la pièce. Il tourne autour de moi
YviJe me tiens là, sous les cieux gris, les battements de mon cœur résonnant dans ma poitrine.Le vent mord la peau, mais c’est une morsure familière. Ce n’est pas le vent qui me glace.C’est cette vérité qui brûle en moi.Ce que je porte.Ce qu’il sait déjà.Je suis enceinte.Et ce n’est pas d’Alexandr.Mais il le sait.Il l’a su avant même que je ne le dise.Le lien entre nous est étrange, hors du temps, hors du monde.Il sait.Comme il a toujours su.Et pourtant, rien ne peut préparer un cœur à cette vérité-là.Je frappe la porte de sa chambre .Je ne m’arrête pas, mes pas me mènent à lui, comme un instinct, comme un appel.Mais il m’attend déjà, là, dans l’ombre de son trône, un visage impassible, une silhouette immobile.Le silence entre nous est lourd. Chargé de tout ce qu’il n’a pas encore dit.Je le sens, dans l’air, dans les vibrations de la pièce.Il attend que je parle, mais il sait.Il a toujours su.AleksandrJe ne dis rien au début.Le bruit de mes pas dans la pièce rés
KaelJe la sens avant même de la voir.L’odeur du fer. Du sang.Pas le nôtre.Le sien.Ou pire… le sien à lui.Je me fige. Le cœur au bord de l’éclatement.Ma mâchoire se serre. Mes poings se ferment.Elle revient de là-bas.De chez lui , de sa chambre ...De la tanière du monstre.Et je sais.Je n’ai même pas besoin qu’elle parle.Je sais ce qu’elle a fait.LyamElle entre.Le silence tombe comme une hache.Elle ne dit rien.Mais tout hurle en elle.Son cou est marqué.Ses poignets rougis.Ses yeux ?Fuyants.Et moi, je me lève. Lentement.Une seule question dans ma gorge.Mais c’est Soren qui explose le premier.Soren« Tu l’as fait. »Ce ne sont pas des mots.C’est un couperet.Un constat.Un coup de poignard.Et elle… elle ne nie pas.Elle ne tremble même pas.Mais ses doigts, eux, la trahissent.Ils frémissent comme des feuilles sous la tempête.KaelMa colère monte d’un coup.Je hurle.Je fracasse la table.Le bois éclate sous mes poings.Je rugis comme une bête.Parce que c’est
YviIl dort encore.Enfin, je crois.Son souffle est lent, régulier. Son bras m’enlace comme si son corps refusait de croire à mon absence, même inconsciente.Mais je suis là.Je suis toujours là.Et j’ai mal.Pas un mal qui fait peur.Un mal ancien.Un manque qui ne s’explique pas. Une faim dans les entrailles, dans le cœur, dans les veines.Un vide qu’il a comblé sans le vouloir, et que je ne peux plus supporter de sentir grandir à nouveau.Chaque respiration me rappelle que je suis vivante. Et pourtant, quelque chose meurt si je ne laisse pas une trace.Une preuve.Un serment de sang.Quelque chose d’irréversible.Je me redresse doucement. Mon regard glisse sur lui.Aleksandr.Le danger.L’abîme.Mon abîme.Je pourrais fuir, là, maintenant. Me glisser hors du lit, retrouver mes vêtements, le silence, l’absence.Mais je ne veux pas fuir.Je veux rester.Et posséder.Je me lève. Nue. Pieds nus. Chair tremblante.Le parquet est froid. Mes jambes sont floues.J’ouvre la commode.Je tro