AleksandrJe marche en silence dans les couloirs de pierre, le bruit de leurs pas résonne derrière moi. Trois battements de cœur enragés, retenus à grande peine. Je pourrais les enfermer. Je pourrais les briser maintenant. Mais non. Ce serait trop simple. Trop définitif. Trop prévisible.Je m’arrête devant une double porte de bois noir. L’aile ouest. L’ancienne aile royale, délaissée depuis des décennies. J’y sens encore l’odeur du passé, le poids des serments oubliés. La poussière elle-même semble avoir fait vœu de silence.Aleksandr« Voici vos quartiers. Vous avez carte blanche. Nourriture. Serviteurs. Bibliothèque. Rien ne vous est interdit… sauf elle. »Je les regarde, un par un. Kael, tendu comme une lame, chaque muscle prêt à se rompre. Lyam, à deux doigts d’exploser, une lueur sauvage dans les yeux. Soren, le regard fixe, mais tremblant à l’intérieur comme un fil d’or sur le point de se rompre.Aleksandr« Vous êtes ici par ma volonté. Ne la défiez pas. Ne testez pas mes limit
YviLa nuit est tombée sur l’aile ouest. Une nuit lourde, saturée de silence et de désirs tus. Le vent glisse le long des couloirs comme un soupir ancien. Les murs suintent la mémoire, les pierres vibrent sous mes pas. Elles ont vu naître des serments et mourir des rois.Mais ce soir, elles verront autre chose.Je monte l’escalier sans bruit, le cœur battant comme un tambour dans ma poitrine. Mes doigts effleurent la rampe. J’ai l’impression d’avancer vers une frontière invisible. Une ligne que je m’étais jurée de ne jamais franchir.Et pourtant…Je pousse la porte de leur chambre. Mon souffle se suspend. Ils sont là. Tous les trois. Kael debout, Soren assis sur le rebord du lit, Lyam adossé à la fenêtre, les bras croisés, les yeux dans le vide.Trois flammes dans la pénombre. Trois vérités qui m’attendent.Je ne devrais pas être là. Aleksandr pourrait le savoir. Il sent tout, il voit tout. Mais ce soir, il n’est rien.Ce soir, je suis à eux.Ce soir, j’abats mes murailles.KaelElle
Personnages : Yvi, Aleksandr, Kael, Soren, LyamYviJe me réveille dans la lumière pâle du matin.Le drap sur ma peau est encore chaud de leurs corps.Kael, une main posée sur mon ventre, respire lentement, comme s’il rêvait encore. Soren, la tête appuyée contre ma hanche, le front plissé même dans le sommeil. Lyam, le souffle calme, le bras autour de mes jambes nues, comme s’il voulait me garder ici.Je les regarde. Un à un.Et mon cœur hurle sans un bruit.Ils m’ont donné plus qu’un refuge.Ils m’ont offert un monde où je peux être désirée… sans être possédée.Mais ce monde est un incendie.Et je suis l’étincelle.YviJe me lève doucement. Chaque mouvement est une trahison. Un adieu qui ne dit pas son nom.Le parquet gémit sous mes pas nus. Mon corps est douloureux. Pas à cause d’eux. À cause de ce que je vais affronter.Je me rhabille dans le silence, rassemblant les fragments de moi-même. Mon collier tremble entre mes doigts.Mais quelque chose reste là-bas. Dans ces draps froissé
AleksandrJe descends les marches comme on descend aux enfers.Pas de bruit. Pas un mot.Juste le martèlement lent de mes bottes contre la pierre.À chaque pas, mon monde bascule.Le froid n’a plus de prise sur moi.La douleur ne perce plus.Il n’y a que la rage.Silencieuse. Absolue.Elle se distille en moi avec la patience d’un poison ancien.Elle épouse chaque battement de mon cœur.Elle est en moi, et je ne veux plus qu’elle parte.Ils ont tout pris.Pas ce corps que j’ai déshabillé mille fois.Pas ce regard que j’ai vu s’éteindre et renaître sous mes doigts.Pas même sa voix qui chuchotait mon nom dans l’obscurité.Non.Ils ont pris ce que j’avais bâti.Ce que j’avais enfermé.Ce que j’avais sculpté, à coups de silence, de serments, de veilles à veiller l’impossible.Ils l’ont regardée, et elle s’est offerte.Pas comme une trahison.Pire.Comme une délivrance.Comme si je n’étais plus la réponse.AleksandrLa porte du salon privé claque contre le mur.Un valet sursaute et dispara
YviJe ne dors pas.Je ne respire plus.Je suis un gouffre. Une faille. Une onde prête à éclater sous la moindre pression.L’air est vicié, tendu, suspendu à un nom. Aleksandr.Il est partout.Dans chaque ombre. Dans chaque battement de cœur trop rapide.Dans les murs de cette chambre. Dans les reflets noirs de la nuit.Dans le silence pesant que même Kael ne brise plus.Dans les gestes brusques de Soren, dans les cernes profondes de Lyam.Partout. Même là où je croyais qu’il n’existerait plus.Je m’assieds au bord du lit, les pieds nus sur le parquet glacé.Le froid me traverse, mord mes os.Mes orteils se crispent, mon souffle tremble.Mes mains... elles me trahissent.Elles tremblent. Faiblement, mais assez pour que je le ressente dans tout mon corps.Je les frotte avec rage. Comme si je pouvais gratter sa présence.Comme si je pouvais effacer ce qu’il a tatoué dans ma chair.Des souvenirs me reviennent.Sa voix. Son regard.Le silence juste après ses mots.Le vide, immense, qu’il
YviLa pioggia non cade davvero: galleggia, esita, accarezza la mia pelle senza lavarla.Ogni passo è uno strappo.Ogni respiro, un morso in gola.Ma vado avanti.Sono andata troppo lontano per tornare indietro ora.Sento la sua presenza prima di vederlo.Come una marea nera che si gonfia in lontananza, pronta a inghiottire la riva.E quando arrivo, lui è lì.Immobile.Dritto.Di una bellezza terribile, intatta, folgorante.Non si muove.Ma brucia.E tutto ciò che è sembra urlarmi sei in ritardo.AleksandrI suoi capelli sono fradici, incollati alla fronte.Le guance arrossate dal vento, dal freddo, forse dalla paura.Ma non batte ciglio.Non ancora.Ha quel modo di stare dritta, come se la sua volontà potesse spezzarmi.Come se ignorasse che io sono la roccia contro cui tutti finiscono per frantumarsi.La lascio avvicinare.Voglio che si avvicini abbastanza da sentire il rombo dentro di me.Voglio che senta che non sono più un uomo.Non davvero.Solo rabbia scolpita nell’osso.YviMi
YviJe ne le laisse pas partir.Pas cette fois.Pas quand il vacille.Pas quand j’ai vu ce qu’il cache derrière sa colère.Je m’élance.Pieds nus sur les pierres froides, les vêtements collés à ma peau.La pluie s’abat, lourde, glaciale, comme un châtiment venu du ciel.Mais je n’ai pas peur.Je n’ai plus peur.Il est là, juste devant moi, et je sens son chaos. Je le sens hurler dans l’air.Comme une marée noire prête à m’engloutir.Yvi« Aleksandr ! »Il ne bouge pas.Il ne me regarde pas.Mais je vois ses poings se serrer.Ses épaules se raidir.Il encaisse ma voix comme un coup qu’il n’attendait pas.Il se bat. Contre moi. Contre lui-même.Et ce combat le consume.Je cours. Je l’atteins.Je pose ma main sur son bras.C’est brûlant sous la pluie.Comme si son sang s’était mis à bouillir.Yvi« Ne pars pas comme ça. Pas encore. »Il se retourne d’un geste vif.Ses yeux…Des abîmes. Des tempêtes.Un cri silencieux qui me cloue sur place.Il est sur le point d’exploser.Aleksandr« Tu
YviIl ne me lâche pas.Même lorsque tout semble terminé.Même quand nos corps ne peuvent plus bouger, cloués par l’effort, l’extase, l’effondrement.Il reste là, en moi.Enlacé. Enfoui. Épuisé.Ses bras me retiennent comme des chaînes invisibles, forgées dans la peur.Sa main s’est nouée à ma nuque, possessive, tremblante, comme s’il craignait que je disparaisse, que je me dissolve dans l’aube.Je sens son cœur cogner contre le mien.Ses battements sont désordonnés.Comme lui.Comme moi.Comme nous.Et moi, je ne bouge pas.Je n’ose pas.Je retiens mon souffle, comme si le moindre frémissement pouvait briser cette bulle.Cette trêve fragile.Comme si cette étreinte était la dernière, la seule capable de le maintenir en vie.L’orage s’est éloigné, mais le monde n’a pas retrouvé le silence.Parce que le nôtre, de silence, il est chargé.Il gronde entre nos souffles.Il suinte entre nos peaux collées.Il dévore ce que nous avons encore à dire, et que nous taisons.Il respire fort, le vi
YviJe suis debout, mais tout est flou autour de moi. Mes yeux s'ouvrent lentement, et je sens une étrange sensation, comme si je sortais d’un long cauchemar. Le froid de la pierre sous mes pieds, la lourdeur de l’air, tout cela me ramène à la réalité. Mais qu’est-ce que c’est, cette réalité ? Ce poids qui pèse sur mes épaules, ce fardeau que je n’ai jamais demandé à porter… Ces hommes autour de moi, leurs regards lourds de décisions qu’ils attendent de moi. Je n’ai plus de forces pour tout cela. Je ne veux pas. Je n’ai pas à faire ce choix.Je ferme les yeux un instant, cherchant à calmer les battements de mon cœur qui accélèrent dans ma poitrine. C’est une tempête de pensées qui s’empare de moi, une mer déchaînée que je ne parviens pas à maîtriser. L'enfant, l'amour, les triplés, Aleksandr… tout cela s’entrelace dans ma tête comme des fils emmêlés que je ne sais pas démêler.Mais je ne peux pas choisir. Je ne peux pas laisser un seul d’entre eux derrière moi. Chaque seconde qui pass
KaelL’air dans le palais semble plus lourd, comme une brume épaisse qui nous envahit et nous emprisonne dans ce lieu de solitude et de secrets. Le silence est devenu une présence tangible, un spectre qui rôde autour de nous, nous observant, attendant le moment où nos âmes fragiles céderont à la pression. C’est dans cette atmosphère chargée que nous nous retrouvons, ici, devant le choix que nous devons faire. Un choix que personne n’aurait pu anticiper. Un choix imposé par le destin, par l’amour et par la vie elle-même.Je jette un regard furtif à Yvi. Elle semble plus fragile que jamais, et pourtant, il y a quelque chose en elle, quelque chose de plus puissant que tout ce que je pourrais imaginer. Elle porte en elle la réponse à cette bataille silencieuse qui fait rage entre nous tous. Mais elle ne sait pas encore ce qu’elle est sur le point de devenir. Et elle ne sait pas ce que nous, les hommes qui l’entourent, sommes prêts à sacrifier pour elle.Mais il y a une vérité que je n’ai
KaelLe palais d’Aleksandr est un endroit où le temps semble se figer. Chaque couloir que nous traversons est une vieille relique, une pièce de l’histoire du vampire qui nous guide dans ce lieu oublié des vivants. Les murs, ornés de tapisseries anciennes, racontent des histoires de batailles et de sang versé, des légendes de créatures mythologiques perdues dans la brume du temps. C’est dans cet endroit que nous avons été amenés, dans cet endroit qui se dresse comme un monstre qui attend patiemment d’être réveillé.Mais c’est Yvi qui domine tout. Elle est notre lumière et notre ténèbre, notre faiblesse et notre force. Il n’y a pas un seul de nous qui ne soit pas prêt à tout sacrifier pour elle, à tout risquer, même nos âmes. Peut-être que cela fait de nous des fous, des êtres égarés, mais c’est ainsi. Et dans ce silence pesant, je sais que cette guerre silencieuse que nous menons tous est plus qu’une simple question de territoire ou de pouvoir. Elle est bien plus profonde. C’est une qu
KaelL’ombre du palais d’Aleksandr se profile devant nous, immense, imposante, presque irréelle dans l’obscurité qui tombe sur nous. Le vent qui nous a poursuivis jusque-là semble se dissiper à l’entrée, remplacé par un silence lourd, presque étouffant. L’architecture du palais est une œuvre de pierre et de verre, une structure gothique qui semble vouloir fusionner avec la nuit elle-même. Les murs sont ornés de statues de créatures oubliées, leurs regards vides fixant un destin que nous partageons tous, d’une manière ou d’une autre. Nous avons franchi le seuil, et avec ce passage, il n’y a plus de retour en arrière.Aleksandr est en tête, son allure silencieuse, presque irréelle, dégageant une puissance que même les loups-garous les plus redoutés ne peuvent ignorer. Ses yeux, des braises ardentes dans la pénombre, scrutent l’horizon comme un prédateur anticipant le moindre mouvement. Il est un vampire. Un prédateur à part entière dans un monde de proies, et pourtant, ce qui nous lie a
Kael, Lyam, Soren, AleksandrKael La terre tremble encore sous nos pas. La bataille que nous avons livrée a laissé des cicatrices invisibles, mais elles sont là, profondément ancrées dans l'âme de chaque membre de notre groupe. Nous avons cru, un instant, que la guerre était terminée. Mais le calme, ce silence pesant qui nous enveloppe, n’est qu'une illusion. Nous savons tous que la véritable épreuve n’a fait que commencer. Le vent, toujours aussi froid, semble porteur d'un message de menace, d'un avertissement que nous n’avons pas encore compris.Je jette un coup d'œil furtif à Aleksandr. Son regard est noir de détermination, et il marche sans un mot, comme un spectre parmi les vivants. Il a combattu à nos côtés, mais il n'est pas comme nous. Il n’appartient pas à notre meute, à notre famille. Il est l'inconnu, l'intrus parmi les nôtres, et pourtant, sa présence ne fait qu'ajouter à la lourdeur de l'instant. Il a ses propres démons, des batailles qu'il mène dans l'ombre, loin de notr
KaelLe poids de la victoire est plus lourd que je ne l’avais imaginé. Ce n’est pas une légèreté de triomphe que je ressens, mais une lourdeur, comme si chaque battement de mon cœur me rappelait que ce n’est jamais simplement une victoire. Chaque perte, chaque instant de douleur, a imprimé son écho sur nous. Nous avons retrouvé Yvi, oui. Mais à quel prix? Le visage de Soren est impassible, ses yeux d’acier scrutant l’horizon, comme s’il attendait le prochain coup. Lyam, à mes côtés, semble plus léger. Peut-être parce qu'il voit ce que je ne vois pas encore. Il croit que la bataille est finie. Moi, je sais qu'il y a toujours un dernier sacrifice qui nous attend.Je lève les yeux vers l'horizon, où les ombres se fondent dans la lumière naissante. L’aube est encore un mirage, une promesse distante. La guerre nous change. Elle ne nous laisse jamais intacts.— Kael, dis quelque chose, murmure Lyam, la voix brisée par la tension qui s’effondre enfin. C’est fini, non?Je le regarde. Ses yeux
KaelLes couloirs défilent à une vitesse irréelle. Chaque pas que nous faisons, chaque souffle pris dans l’obscurité de ce palais, est chargé de la même urgence : Yvi. Elle est là, quelque part dans cette forteresse de pierre et de secrets. Le froid ne me touche plus. Il est noyé sous l’incendie de ce que je ressens, l’appel brûlant qui ne s’éteint pas.Je sens la meute derrière moi, silencieuse mais prête. Ils sont là pour elle. Tous. Pour briser les chaînes qui la retiennent, pour réécrire ce qui a été forgé dans l’ombre.Lyam marche à ma gauche. Ses pas sont aussi mesurés que les siens, et pourtant je sens la ferveur dans chacun d’eux. Il se bat contre son propre fardeau, celui d’un frère qui se doit de protéger. Mais ce n’est pas simplement la protection qui nous lie à Yvi. C’est la rédemption.— Elle est proche, dis-je sans vraiment y penser, ma voix s’éteignant dans le vacarme de la rage qui gronde sous la surface.LyamLa tension est palpable. Chaque fibre de mon être vibre, ch
KaelLe vent gifle mon visage, froid comme une lame. Mais ce n’est pas le froid qui m’arrache un frisson. Ce n’est pas l’hiver, ni la menace de la guerre. C’est elle. C’est Yvi.Elle est quelque part entre ces murs, seule. Et en danger.Je serre les poings. Les couloirs d’Aleksandr puent la domination et le sang ancien. Ce palais est un piège doré, une forteresse pour les monstres. Et pourtant, c’est ici qu’elle est retenue.Je lève les yeux. Lyam est à ma droite, Soren à ma gauche. Nos regards se croisent, et la tension entre nous devient vibration.L’appel est là, sourd, viscéral. Il pulse sous notre peau.— Il est temps. On doit l’appeler, dis-je.Ils hochent la tête. Rien d’autre n’est nécessaire. On agit. Toujours. Ensemble.Je ferme les yeux. Je tends mes racines intérieures vers la terre, même si elle est étouffée sous les pierres, écrasée par le pouvoir d’Aleksandr. L’énergie répond. Faible, mais vivante.Je puise dedans. Je me laisse envahir.Et d’un cri brut, un rugissement
Aleksandr, YviAleksandrL'alerte est donnée. Les grondements de la guerre résonnent à travers les murs de mon château, aussi sûrs qu'ils aient été construits. Je le sens dans l'air, cette tension qui se tisse, invisible mais implacable, comme un serpent prêt à frapper. Une attaque. C’est tout ce que je sais. Tout ce que j'ai le temps d'entendre avant que tout ne bascule.Je me tiens sur le balcon, les yeux fixés sur l’horizon obscurci par l'ombre de l'attaque qui se profile. Le vent fait claquer les bannières de mon royaume, comme un cri dans la nuit. Mais ce n'est pas le vent qui me frappe le plus. C'est cette lourdeur, cette pression palpable dans l'air, comme si tout l'univers se préparait à se resserrer autour de moi. Je ressens ce poids lourd, cette pression sur ma poitrine. Mais il y a aussi autre chose. Quelque chose de plus fort. Une rage qui commence à bouillir, comme le sang dans mes veines, prête à exploser. Mes mains se serrent sur la balustrade, mes poings craquant sous