Chapitre 2 - L’inconnu aux yeux d’or
Elle resta figée au milieu du sentier, son souffle saccadé. Le froid mordait sa peau, mais elle ne le sentait plus. Tout ce qu’elle voyait, c’était ces yeux dorés qui hantaient encore son esprit.
Elle n’arrivait pas à comprendre ce qui venait de se passer. Deux loups impossiblement grands s’étaient battus sous ses yeux, et l’un d’eux l’avait fixée comme s’il la connaissait. Comme s’il la protégeait.
Elle serra les poings, essayant de calmer le tremblement incontrôlable de son corps. Elle devait rentrer.
Rassemblant son courage, elle reprit sa marche, surveillant chaque ombre, le cœur battant à un rythme effréné. Les ruelles désertes de Ravenwood semblaient plus sombres que d’habitude.
Enfin, elle atteignit son appartement, un petit studio modeste à l’étage d’un vieux bâtiment de briques. Elle referma la porte derrière elle et s’adossa contre le bois, expirant lentement.
Que s’était-il passé ?
Elle aurait pu croire à une hallucination, à un rêve trop réel, mais la boue sur ses bottes et la peur dans ses veines lui disaient que tout était vrai.
Après avoir vérifié trois fois que sa porte était bien verrouillée, elle se dirigea vers la petite salle de bain et ouvrit le robinet.
L’eau glacée coula entre ses doigts, et elle éclaboussa son visage.
" Ce n’était qu’un animal…" murmura-t-elle. Rien de plus…
Mais elle savait que c’était faux.
Ce loup n’était pas normal.
Et ce n’était pas la première fois qu’elle avait l’impression d’être observée ces derniers jours.
Le lendemain matin, Elena tenta de reprendre sa routine comme si de rien n’était. Elle arriva au diner un peu plus tôt, espérant que le travail l’aiderait à oublier la frayeur de la veille.
Mais à peine eut-elle enfilé son tablier qu’elle sentit un frisson la parcourir.
Quelqu’un venait d’entrer.
Elle leva les yeux et son souffle se coupa.
Un homme, grand et imposant, venait de pénétrer dans le café. Il portait un blouson en cuir sombre, et son charisme brut faisait taire toute la pièce. Mais ce n’était pas son allure qui glaça Elena.
C’était ses yeux.
Dorés. Intenses. Identiques à ceux du loup de la veille.
Il s’installa à une table près de la fenêtre, comme s’il attendait quelque chose… ou quelqu’un.
Elena sentit son cœur s’emballer.
Impossible.
Ça ne pouvait pas être lui.
Et pourtant, tout en cet homme lui rappelait la créature qu’elle avait vue dans la forêt.
Son regard croisa le sien, et un léger sourire effleura ses lèvres. Un sourire qui semblait dire : "Je sais que tu m’as vu."
Elle serra son carnet de commandes et s’approcha lentement.
"Bonjour… Vous voulez quelque chose ? "
Sa voix tremblait légèrement, ce qu’elle détesta immédiatement.
L’homme la fixa un instant, comme s’il pesait chaque mot avant de répondre.
"Un café noir. Sans sucre. "
Sa voix était grave, rauque, presque familière.
Elle nota la commande, tentant d’ignorer le frisson qui courait le long de sa nuque.
"Tout de suite."
Elle s’éloigna rapidement et sentit encore son regard peser sur elle.
Qui était-il ?
Pourquoi avait-elle l’impression d’être liée à lui d’une manière qu’elle ne comprenait pas encore ?
Lorsqu’Elena revint avec le café, l’homme la remercia d’un simple hochement de tête. Mais alors qu’elle tournait les talons, sa voix la retint.
"Tu devrais éviter de traîner seule la nuit. "
Elle se figea.
Puis se retourna lentement, son cœur battant plus fort.
"Pardon ? "
Il posa sa tasse sur la table, croisant les bras.
" Il y a des choses dans cette ville que tu ne devrais pas voir. Des choses qui pourraient… te faire du mal. "
Elena sentit un mélange de peur et d’irritation monter en elle.
"C’est une menace ? "
Un éclat amusé traversa ses yeux dorés.
"Un conseil. "
Elle ne savait pas pourquoi, mais elle sentit un frisson désagréable lui parcourir la colonne vertébrale.
Comment savait-il ce qui s’était passé hier soir ?
Elle ouvrit la bouche pour poser une question, mais la clochette de la porte retentit, annonçant un nouveau client.
Un homme entra, vêtu d’un long manteau sombre. Il était plus âgé, avec un regard perçant et une aura dangereuse.
D’instinct, Elena comprit qu’il n’était pas un client ordinaire.
Le silence tomba sur le diner.
Le nouvel arrivant balaya la pièce du regard, et lorsqu’il posa les yeux sur l’homme aux yeux dorés, un sourire glacial étira ses lèvres.
"Je ne pensais pas te trouver ici, Damian"
Elena sentit son estomac se nouer.
Le mystérieux inconnu s’appelait Damian.
Et il connaissait ce nouvel homme…
Elle sentit que quelque chose de bien plus grand qu’elle était en train de se jouer.
Elena courait. Elle ne sentait plus ses jambes, ni l’air glacé fouetter son visage. Tout ce qui existait à cet instant, c’était Damian, à genoux, en sang, et Connor levant son arme pour l’achever. Non. Elle ne laisserait pas cela arriver. Pas après tout ce qu’ils avaient traversé. Son cœur tambourinait dans sa poitrine, son souffle était court, mais elle ne ralentit pas.Sa main tremblante se referma autour de la dague du traqueur qu’elle venait d’affronter. Connor savourait l’instant. Il était sûr de sa victoire, sûr de sa supériorité. Il leva sa lame d’argent au-dessus de la poitrine de Damian, prêt à l’abattre. Elena lança son arme.La dague fusa dans la nuit, rapide comme un éclair, et se planta profondément dans l’épaule droite de Connor. Il recula sous l’impact, un grognement furieux s’échappant de sa gorge. Puis, lentement, il tourna la tête vers elle.Ses yeux d’un noir d’encre rencontrèrent les siens, et elle sentit un frisson glacial lui parcourir l’échi
Le cri déchirant qui résonna dans la nuit figea Elena sur place. Ce n’était pas un hurlement de loup. C’était un cri humain, tordu par la douleur et la peur. Damian pivota brusquement, son regard brûlant d’une rage contenue. Il n’y avait plus de place pour les questions. Plus de temps pour les reproches. L’ennemi était là.Et il venait de frapper. Elena se remit debout, la douleur lancinante dans son dos la ramenant brutalement à la réalité. Elle ramassa sa lame d’une main tremblante et jeta un regard vers Damian. Son expression avait changé. Il n’était plus seulement en colère. Il était en guerre. Sans un mot, il se retourna et partit à toute vitesse en direction du village. Elena ne réfléchit pas. Elle le suivit. Lorsqu’ils atteignirent la lisière des bois, la scène qui s’offrit à eux lui coupa le souffle. Des flammes dansaient dans l’obscurité, léchant les toits des maisons en bois. L’air était saturé de fumée et d’une odeur métallique, âcre. Le sang. D
Le silence après le départ de Damian et Tobias fut assourdissant. Elena restait figée dans la pièce, son cœur battant à un rythme effréné. Elle savait qu’elle aurait dû rester en retrait, attendre prudemment, mais quelque chose en elle refusait d’obéir. L’adrénaline pulsait dans ses veines. Elle n’était plus la même qu’avant. Elle ne voulait plus être une proie. Elle saisit la lame que Damian lui avait donnée et la serra fermement dans sa main. Puis, elle prit une décision qu’elle ne pourrait plus annuler.Elle sortit. L’air nocturne était glacé et saturé d’électricité. Les hurlements avaient cessé, mais une tension lourde planait dans l’air. Elena longea la bâtisse principale, gardant un profil bas. Elle aperçut au loin Damian et quelques autres loups en pleine discussion rapide. Mais elle ne s’attarda pas. Si elle voulait prouver qu’elle était capable de se défendre, elle devait agir seule. Elle pénétra dans la forêt. Chaque branche craquait sous son poids,
Le silence s’étira dans la pièce après l’annonce de Tobias. Les traqueurs étaient déjà là. Elena sentit un frisson glacé remonter le long de sa colonne vertébrale. Son entraînement venait à peine de commencer, et elle se retrouvait déjà plongée en plein cœur du danger. Damian, lui, restait impassible. Son regard sombre était fixé sur Tobias, mais Elena voyait les muscles de sa mâchoire se contracter légèrement. Un signe qu’il était furieux. « Où exactement ? » demanda-t-il enfin. « À la frontière sud. Pas loin des falaises. Ils bougent vite, mais ils ne sont pas entrés dans notre territoire. Ils attendent. »Ils attendent.Ce mot résonna dans l’esprit d’Elena comme un mauvais présage. Pourquoi ne pas attaquer directement ? Pourquoi observer, traquer, tester les défenses ? Elle connaissait déjà la réponse. Ils ne voulaient pas simplement attaquer. Ils voulaient semer la peur.Elena sentit son cœur cogner violemment dans sa poitrine. Elle n’était pas une louve. E
Le silence était retombé sur la clairière, mais l’air vibrait encore d’une tension palpable. Damian scrutait la forêt, ses muscles toujours tendus, prêt à bondir si nécessaire. Elena, quant à elle, peinait à reprendre son souffle. Le traqueur était parti, mais il n’était pas vaincu. Elle avait vu la lueur malsaine dans ses yeux, cet amusement tordu qui laissait présager quelque chose de bien pire à venir. Damian se tourna brusquement vers elle. « On rentre. » Sa voix était sans appel. Elena hocha la tête, trop bouleversée pour protester. Son corps entier tremblait encore sous l’effet de l’adrénaline. Elle le suivit à travers les bois, leurs pas rapides brisant le silence oppressant. Chaque ombre semblait prête à s’animer, chaque bruissement de feuilles lui donnait des sueurs froides. De retour à la maison de la meute, Damian poussa violemment la porte, attirant instantanément l’attention des loups présents. Tous relevèrent la tête, leurs regards alertes se posant su
La nuit s'étendait sur le territoire de la meute comme un voile d’encre. Malgré la chaleur réconfortante de la maison, Elena n'arrivait pas à trouver le sommeil. Allongée sur le lit que Damian lui avait assigné dans l'aile des invités, elle fixait le plafond, le cœur battant encore sous l'effet de l’adrénaline. Les paroles de Viktor la hantaient. "Tu devras choisir ton camp." Elle se redressa, poussant un soupir frustré. Comment était-elle censée dormir après une telle déclaration ? Damian lui avait promis qu’il l’entraînerait, qu’il lui apprendrait à se défendre. Mais même ainsi, elle ne comprenait toujours pas pourquoi elle était impliquée dans cette histoire.Elle aurait donné n’importe quoi pour retrouver sa vie d’avant. Mais elle savait que c’était impossible. Se levant, elle enfila un sweat avant de sortir silencieusement de la chambre. Les couloirs de la maison de la meute étaient plongés dans la pénombre, illuminés seulement par la lueur de la lune filtrant à traver
La nuit était tombée sur la forêt, enveloppant le territoire de la meute d’une obscurité presque surnaturelle. Elena, encore essoufflée par l’entraînement avec Damian, s’adossait contre un arbre, ses muscles endoloris. Son corps criait de fatigue, mais son esprit refusait de se calmer. Damian était parti quelques minutes plus tôt, appelé par un membre de la meute pour une urgence. Elle était seule, mais elle sentait… quelque chose. Un frisson remonta le long de sa colonne vertébrale.Elle n’était pas seule. Un bruissement. Une ombre entre les arbres. Elena retint son souffle. "Tu progresses bien."La voix, grave et posée, fit accélérer son cœur. Ce n’était pas Damian. Ce n’était pas un membre de la meute. C’était Viktor.Il sortit des ténèbres avec une nonchalance déconcertante. Sa silhouette imposante semblait fondre dans la nuit, ses yeux brillaient d’une lueur dorée. Elena recula instinctivement. "Qu’est-ce que tu fais ici ?" demanda-t-elle, tentant de cacher la paniq
Les mots de Damian résonnaient encore dans l’esprit d’Elena alors qu’elle se tenait face à lui, au milieu d’une clairière isolée. L’air était frais, chargé de l’odeur humide de la terre et des feuilles, et le bruissement du vent dans les arbres formait une mélodie apaisante. Pourtant, son cœur battait à tout rompre. Elle avait demandé à apprendre. Maintenant, il n’y avait plus de retour en arrière. Damian se tenait à quelques mètres d’elle, torse nu, les bras croisés sur son torse puissant. Ses muscles roulaient sous sa peau, son regard perçant ne la quittait pas. Il était une incarnation brute de la force et du contrôle. "Dernière chance de reculer." Sa voix était grave, un avertissement déguisé en défi. Elena serra les poings. "Je suis prête."Un sourire amusé passa sur les lèvres de Damian. "Très bien. Alors, attaque-moi."Elle haussa un sourcil. "Tu es sérieux ?""Complètement." Elle hésita, puis fonça droit sur lui. Mais avant même qu’elle ne puisse lever le bras,
L’homme aux cheveux d’argent ne bougeait pas. Assis confortablement dans le fauteuil de Damian, il les observait avec un calme presque dérangeant. Derrière lui, l’ombre d’un sourire flottait sur ses lèvres pâles, comme s’il se délectait de la tension qui saturait l’air. Damian, lui, était un prédateur à l’affût. Chaque muscle tendu, chaque respiration mesurée, il attendait le moindre faux mouvement de l’intrus pour frapper. Elena, quant à elle, luttait contre l’envie de reculer. Ce n’était pas de la peur. Non, c’était autre chose. Une intuition. Comme si l’homme devant elle n’était pas simplement un ennemi, mais un élément clé dans le puzzle qui la dépassait encore. L’homme se leva lentement, son manteau glissant sur le sol dans un bruissement feutré. "Détends-toi, Alpha," dit-il d’une voix douce mais teintée d’une autorité glaciale. "Si j’étais venu pour vous massacrer, ce serait déjà fait." Damian ne broncha pas. "Pourquoi es-tu ici, alors ?"L’intrus fit un pas en avant.