Chapitre 3 - L’homme en noir
Le diner plongea dans un silence oppressant.
Elena ne bougea pas, son plateau encore en main, alors que les deux hommes s’affrontaient du regard.
Le nouvel arrivant était différent de Damian. Il dégageait une aura glaciale, une maîtrise parfaite de lui-même, comme un prédateur qui jaugeait son adversaire avant d’attaquer.
Damian, lui, resta impassible, mais quelque chose dans la tension de ses muscles trahissait une méfiance contenue.
"Je ne pensais pas te trouver ici, Damian," répéta l’homme avec un sourire presque amusé.
Damian porta lentement sa tasse de café à ses lèvres, sans quitter l’autre du regard.
"Et pourtant, me voici," répondit-il d’un ton neutre.
Elena sentit son souffle se bloquer.
Qui était cet homme ? Pourquoi semblait-il connaître Damian ?
Et surtout… pourquoi avait-elle l’impression d’être au milieu de quelque chose qui la dépassait totalement ?
Elle s’éloigna lentement du comptoir, posant discrètement son plateau, tout en restant à portée de voix.
L’homme en noir fit un pas en avant.
"Tu deviens négligent, Damian. Flâner dans des cafés humains… Ce n’est pas vraiment ton style. "
Damian ne réagit pas immédiatement. Puis, il posa sa tasse avec une lenteur calculée et se redressa.
"Et toi, qu’est-ce que tu fais ici, Ronan ? "
Elena capta un léger tic dans la mâchoire de Ronan.
Ils se connaissaient.
Et pas en bons termes.
Ronan esquissa un sourire, mais il n’atteignit pas ses yeux.
"Je veille à ce que certaines personnes… restent à leur place. "
Son regard dériva brièvement vers Elena.
Elle frissonna.
"Tu n’as rien à faire ici, Ronan, lança Damian d’une voix plus dure. "
"C’est ce qu’on va voir, répondit l’homme en noir. "
Il recula légèrement, mais son sourire ne faiblit pas.
"À bientôt, Damian."
Puis il se retourna et quitta le diner, laissant derrière lui une tension électrique.
Elena réalisa qu’elle avait retenu son souffle.
Dès que la porte se referma, Damian soupira et se massa les tempes.
"Bordel… murmura-t-il. "
Elena hésita.
Elle aurait dû rester en dehors de tout ça. Ce n’était pas son affaire.
Mais elle n’arrivait pas à ignorer les battements affolés de son cœur.
Elle fit un pas vers lui.
"Qui c’était ? "
Damian releva lentement la tête, ses yeux dorés capturant les siens.
"Quelqu’un que tu ne veux pas connaître. "
Elena serra les poings.
"Trop tard. Il a déjà fait attention à moi. "
Damian la fixa un instant, comme s’il évaluait jusqu’où il pouvait lui dire la vérité.
Puis, il lâcha dans un souffle :
"C’est un chasseur"
Elena sentit un frisson la parcourir.
"Un… chasseur ? "
Damian hocha la tête.
"Il chasse ceux de mon espèce."
Le sol sembla se dérober sous ses pieds.
Ceux de son espèce ...?!
Elle déglutit.
"Tu… tu es en train de me dire que… "
Damian se pencha légèrement vers elle, son regard brûlant d’une intensité surnaturelle.
"Que je ne suis pas humain ? Oui, Elena. C’est exactement ce que je suis en train de te dire. "
Un silence pesant s’installa.
Elena ouvrit la bouche, puis la referma.
Elle se recula légèrement, son esprit tournant à toute vitesse.
"Ce n’est pas possible…" murmura-t-elle.
Mais au fond d’elle, une partie refusait de rejeter cette idée.
Elle se souvenait du loup noir. De ses yeux.
De ses yeux.
"Tu étais dans la forêt…" chuchota-t-elle.
Damian ne nia pas.
«Oui. »
Son cœur s’affola.
" Et ce deuxième loup… c’était aussi un de… de ton espèce ?"
Damian acquiesça de nouveau.
Elena eut l’impression que le monde basculait autour d’elle.
Elle secoua la tête.
"Non. C’est insensé. Ça n’existe pas. "
Damian la fixa avec sérieux.
"Et pourtant, tu en as vu la preuve de tes propres yeux. "
Elle passa une main tremblante sur son visage.
C’était réel.
Elle avait croisé un loup-garou.
Et maintenant, elle était mêlée à quelque chose qu’elle ne comprenait pas.
La journée passa dans un flou étrange.
Elena ne savait plus comment agir. Tout ce qu’elle croyait vrai venait d’être remis en question.
Lorsque son service se termina enfin, elle sortit du diner, l’esprit embrouillé.
Elle marcha dans la nuit fraîche, essayant de rassembler ses pensées.
Mais une sensation étrange s’insinua en elle.
Elle était suivie.
Elle accéléra le pas, son cœur tambourinant.
Puis, elle l’entendit.
Un léger bruit, presque imperceptible, derrière elle.
Elle se retourna brusquement.
Rien.
Mais elle savait que quelqu’un ou quelque chose était là.
Elle reprit sa marche, tentant de ne pas paniquer.
Puis, une ombre bougea à la lisière de la forêt.
Un grondement grave et menaçant s’éleva.
Elle n’était pas seule.
Et cette fois, Damian n’était pas là pour la protéger.
La tension dans l’air était palpable, plus lourde que l’obscurité qui entourait la clairière. Les loups ennemis se tenaient là, immobiles, observant les deux protagonistes comme si tout ce qui venait de se passer ne faisait que renforcer la certitude qu'ils avaient déjà : Damian et Elena n’étaient plus que des proies.Le cœur d'Elena battait à tout rompre, chaque pulsation lui martelant la poitrine comme un avertissement silencieux. Elle n’arrivait pas à quitter les yeux du loup alpha aux yeux rouges. Son regard, glacial, avait pénétré la chair même de son âme, ébranlant ses fondations les plus profondes. Et, au centre de tout cela, elle se tenait là, au milieu de ce chaos, complètement désemparée.Le Lien. Les mots résonnaient encore dans sa tête, comme un poison insidieux qui rongeait son esprit. Elle n’avait pas choisi ça. Elle n’avait rien demandé. Pourquoi elle ? Pourquoi Damian ?Elle tourna lentement son regard vers lui. Son visage, habituellement impénétrable, était désormais
Le silence qui suivit la mort de Connor était presque irréel. Seuls les crépitements des flammes et le sifflement du vent dans les arbres venaient troubler l’atmosphère pesante. Elena n’osait pas bouger. Elle sentait encore la chaleur du sang de Damian sous ses doigts, mélange du sien et de celui de ses ennemis. Il était debout, face au corps sans vie de Connor, ses yeux toujours dorés, brûlants d’une lueur sauvage. Et elle, elle tremblait. Non pas de peur. Non pas de froid. Mais d’un sentiment qu’elle n’arrivait pas à nommer.Un poids invisible s’était posé sur ses épaules, une impression qu’elle n’était plus totalement elle-même. Comme si… Quelque chose venait de se briser, ou peut-être de naître, entre elle et Damian. Elle déglutit, sentant sa gorge sèche. Damian tourna lentement la tête vers elle, son regard toujours incandescent. Il ouvrit la bouche, mais aucun mot ne sortit. Il était figé, comme s’il venait de réaliser quelque chose d’incompréhensible.
Elena courait. Elle ne sentait plus ses jambes, ni l’air glacé fouetter son visage. Tout ce qui existait à cet instant, c’était Damian, à genoux, en sang, et Connor levant son arme pour l’achever. Non. Elle ne laisserait pas cela arriver. Pas après tout ce qu’ils avaient traversé. Son cœur tambourinait dans sa poitrine, son souffle était court, mais elle ne ralentit pas.Sa main tremblante se referma autour de la dague du traqueur qu’elle venait d’affronter. Connor savourait l’instant. Il était sûr de sa victoire, sûr de sa supériorité. Il leva sa lame d’argent au-dessus de la poitrine de Damian, prêt à l’abattre. Elena lança son arme.La dague fusa dans la nuit, rapide comme un éclair, et se planta profondément dans l’épaule droite de Connor. Il recula sous l’impact, un grognement furieux s’échappant de sa gorge. Puis, lentement, il tourna la tête vers elle.Ses yeux d’un noir d’encre rencontrèrent les siens, et elle sentit un frisson glacial lui parcourir l’échi
Le cri déchirant qui résonna dans la nuit figea Elena sur place. Ce n’était pas un hurlement de loup. C’était un cri humain, tordu par la douleur et la peur. Damian pivota brusquement, son regard brûlant d’une rage contenue. Il n’y avait plus de place pour les questions. Plus de temps pour les reproches. L’ennemi était là.Et il venait de frapper. Elena se remit debout, la douleur lancinante dans son dos la ramenant brutalement à la réalité. Elle ramassa sa lame d’une main tremblante et jeta un regard vers Damian. Son expression avait changé. Il n’était plus seulement en colère. Il était en guerre. Sans un mot, il se retourna et partit à toute vitesse en direction du village. Elena ne réfléchit pas. Elle le suivit. Lorsqu’ils atteignirent la lisière des bois, la scène qui s’offrit à eux lui coupa le souffle. Des flammes dansaient dans l’obscurité, léchant les toits des maisons en bois. L’air était saturé de fumée et d’une odeur métallique, âcre. Le sang. D
Le silence après le départ de Damian et Tobias fut assourdissant. Elena restait figée dans la pièce, son cœur battant à un rythme effréné. Elle savait qu’elle aurait dû rester en retrait, attendre prudemment, mais quelque chose en elle refusait d’obéir. L’adrénaline pulsait dans ses veines. Elle n’était plus la même qu’avant. Elle ne voulait plus être une proie. Elle saisit la lame que Damian lui avait donnée et la serra fermement dans sa main. Puis, elle prit une décision qu’elle ne pourrait plus annuler.Elle sortit. L’air nocturne était glacé et saturé d’électricité. Les hurlements avaient cessé, mais une tension lourde planait dans l’air. Elena longea la bâtisse principale, gardant un profil bas. Elle aperçut au loin Damian et quelques autres loups en pleine discussion rapide. Mais elle ne s’attarda pas. Si elle voulait prouver qu’elle était capable de se défendre, elle devait agir seule. Elle pénétra dans la forêt. Chaque branche craquait sous son poids,
Le silence s’étira dans la pièce après l’annonce de Tobias. Les traqueurs étaient déjà là. Elena sentit un frisson glacé remonter le long de sa colonne vertébrale. Son entraînement venait à peine de commencer, et elle se retrouvait déjà plongée en plein cœur du danger. Damian, lui, restait impassible. Son regard sombre était fixé sur Tobias, mais Elena voyait les muscles de sa mâchoire se contracter légèrement. Un signe qu’il était furieux. « Où exactement ? » demanda-t-il enfin. « À la frontière sud. Pas loin des falaises. Ils bougent vite, mais ils ne sont pas entrés dans notre territoire. Ils attendent. »Ils attendent.Ce mot résonna dans l’esprit d’Elena comme un mauvais présage. Pourquoi ne pas attaquer directement ? Pourquoi observer, traquer, tester les défenses ? Elle connaissait déjà la réponse. Ils ne voulaient pas simplement attaquer. Ils voulaient semer la peur.Elena sentit son cœur cogner violemment dans sa poitrine. Elle n’était pas une louve. E