ESCLAVE DES TRIPLETS ALPHA

CHAPITRE UN

POINT DE VUE DE SOPHIA

Ma poitrine se serra, ma respiration se faisant par à-coups paniqués. J'étais épuisée par les servantes qui s'efforçaient de me faire passer la robe par-dessus la tête.

Je suis Sophia, fille du Roi Rogue, l'homme le plus cruel et le plus impitoyable au monde. Toute ma vie, j'ai vécu sous son ombre, subissant ses châtiments et son sens de l'honneur insensé. J'avais obéi, survécu et souffert, mais maintenant, aujourd'hui… je n'en pouvais plus.

Depuis la mort de ma mère, dix ans plus tôt, j'avais subi des épreuves inconnues aux mains de cet homme que j'appelais père. Pas une seule fois, pas deux, il ne m'avait fait danser devant ses amis – pour les divertir.

Par danse, je ne parlais pas de la danse innocente. Je voulais dire, me déhancher et faire du lap dance, pendant que ces vieux pédés riaient comme des diables.

 « Lâchez-moi ! » ai-je lancé, luttant contre la poigne ferme des servantes. Elles étaient fortes, entraînées, mais je n'étais pas impuissante. Des années d'entraînement de voleuse avaient affiné mon corps et mon esprit. Leur tâche n'allait pas être facile.

Leur respiration saccadée emplissait la pièce tandis qu'elles tentaient de me retenir.

« Pourquoi es-tu si têtue ? » murmura l'une d'elles, la frustration perçant dans la voix. Je ne pus retenir une légère bouffée de satisfaction.

« Lâche-moi ! Je ne veux pas de ça ! » ai-je craché en lui lançant du flegme. « Comment est-ce si difficile à comprendre ? Je ne veux pas être un pion dans ce jeu tordu ! »

Il tressaillit de dégoût, mais ne me lâcha pas. Sa tâche était tout simplement trop importante pour lui.

Mon père était assis sur sa chaise, l'expression indéchiffrable, ses yeux froids fixés sur moi. Il ne parlait pas, ne bougeait pas. Me regarder lutter lui suffisait.

« Comment peux-tu être aussi cruelle ? » J'ai crié. « Je suis ta fille, et pourtant tu me confies à un homme que je méprise : Phil. Il n'est qu'égoïste, cruel et obsédé par moi. Ne mérite-je pas l'amour ? Ne mérite-je pas le respect ? »

Mon père se leva lentement, d'une voix basse mais terrifiante. « Ça suffit, Sophia. Tu épouseras Phil. Il n'y a pas d'autre choix. »

Mon estomac se noua. Pas Phil. Pas cet homme qui souriait comme si j'étais un objet à admirer, à contrôler et à craindre. Je ne pouvais, ne voulais pas obéir.

Elles m'attachèrent fermement à une chaise. Ce n'est qu'alors que les servantes reprirent leur travail, me coiffant, me rendant « belle » pour un but que je ne pouvais accepter. Une demi-heure plus tard, elles reculèrent, souriant comme si j'avais été une corvée infernale.

Je fixai mon reflet. Oui, j'étais belle. Mais pour quoi ? Pour qui ? Pas pour moi. Pas pour qui je voulais.

Mon père revint, ses pas résonnant de façon inquiétante. « Tu es magnifique », dit-il, un faux sourire effleurant ses lèvres. Je reculai à l'idée qu'il me touche.

« Ne fais pas de bêtises », me prévint-il d'une voix grave. « Épouse-le. Accepte ton destin. »

Je ne dis rien. Mon esprit s'emballa, cherchant une issue, mais les options me semblaient vaines, impossibles. Je ne pouvais pas épouser Phil – ni dans cette vie, ni jamais.

Nous marchâmes lentement vers le hall. Le sol de marbre brillait sous nos pieds. Les portes s'ouvrirent, révélant une foule rassemblée pour assister à ce jour, pour célébrer une union que je n'avais jamais désirée.

Et il était là, Phil, souriant, suffisant, comme s'il avait remporté une victoire privée. Il y avait quelque chose qui clochait chez lui, quelque chose de prédateur. Ma poitrine se serra. Mon estomac se noua.

Le regard de mon père me suivit, un rappel silencieux de l'avertissement qu'il avait donné. Je l'ignorai. Je n'avais d'autre choix que de me sauver moi-même.

Enfin, j'étais à l'autel. Le sourire de Phil s'élargit lorsqu'il me prit dans ses mains. Je luttais pour rester calme, mais l'odeur de son haleine me retournait l'estomac.

Le prêtre commença les vœux. « Cher Phil, accepterais-tu de prendre Sofia pour épouse légitime… ? »

« Oui ! » répondit-il sèchement.

C'était mon tour. Mon cœur battait fort. Je le haïssais. Je haïssais ce mariage. Je détestais que mon père puisse me trahir si complètement. Mes poings se serrèrent. Je ne pouvais, je ne voulais pas, prononcer ces mots.

Un cri soudain retentit, et l'attention de la salle se détourna. Parfait. Je saisis l'occasion et écrasai le pied de Phil. Il hurla en me serrant fort.

Je sortis le poignard que j'avais caché et tailladai le bas de ma robe. « Que fais-tu, Sofia ? » demanda-t-il en resserrant son étreinte.

« Je t'échappe », dis-je d'une voix ferme malgré la peur. Sa force était redoutable, presque le double de la mienne, mais je frappai son poignet. Il recula de douleur.

Je m'enfuis. Mes pieds martelèrent le sol, ma poitrine se souleva, mon esprit se transforma en un tourbillon de peur, de colère et de détermination. Le chaos s'empara de la salle.

« Attrapez-la ! Ne la laissez pas s'échapper ! » rugit mon père. Les gardes se précipitèrent, mais j'étais déjà parti.

*****

J'étais rapide, l'un des mieux entraînés de la meute. Échapper à mes poursuivants fut presque facile.

Le couloir derrière moi était plongé dans le chaos. Les gens criaient et trébuchaient, incrédules. Je savais que l'on en parlerait pendant des jours.

Je venais à peine d'atteindre le bord du couloir que j'ai remarqué Ethan, mon frère. Il se tenait là, calme et posé, presque indifférent.

« Hé, Ethan ! Viens avec moi », dis-je en l'attrapant par le bras et en l'entraînant. Je ne m'arrêtai pas. Il me suivit sans protester, le souffle coupé par notre course.

Nous traversâmes la forêt à toute vitesse, le sol se brouillant sous nos pieds. Finalement, Ethan s'arrêta brusquement, les sourcils froncés.

« Pourquoi m'as-tu amené ici ? » demanda-t-il, la voix confuse.

Je souris doucement en lui tirant les joues. « Je voulais passer du temps avec mon frère avant de me marier. Juste pour jouer, discuter et être ensemble comme avant. »

 « Pourquoi ici ? Dans la forêt ? » Il fronça les sourcils, la suspicion limpide dans ses yeux.

« Tu te souviens comme on jouait quand on était petits ? C'était amusant, insouciant. J'avais envie de ça à nouveau, ne serait-ce qu'un instant. »

« Oui, je m'en souviens. Mais j'avais cinq ans à l'époque. Maintenant, j'en ai presque vingt. Je ne suis plus une enfant. »

Je marquai une pause, luttant pour reprendre mon souffle. Mes mains reposaient sur mes genoux, épuisée, tandis que je le regardais dans les yeux. Ils étaient remplis de questions auxquelles je n'étais pas sûre de pouvoir répondre.

« La vérité, c'est que je me suis enfuie », dis-je finalement. « Je ne peux pas épouser Phil. Je ne peux pas, quoi qu'il arrive. » Je jouai avec mes mains, les lèvres pincées. J'attendis sa réaction.

« Attends, tu ne vas vraiment pas au mariage ? Père va être furieux. »

« Est-ce que ça m'importe ? » demandai-je sèchement. « Qu'il aille au diable, je m'en fiche. » Ma voix était ferme. Dès l'instant où il a essayé de contrôler ma vie, j'ai cessé de le considérer comme mon père.

« J'ai assez souffert sous son règne. C'est la limite. »

Ethan me regarda, perplexe. « Si tu t'es enfui pour éviter le mariage, pourquoi m'as-tu amené ? »

« Je ne peux pas te laisser derrière moi. Je tiens à toi. Je veux qu'on s'enfuie ensemble. »

Il rit amèrement. « Je n'ai jamais dit que je voulais m'enfuir, n'est-ce pas ? »

« Tu ne peux pas rester avec Père. Il est cruel, égoïste et dangereux. Dieu sait ce qu'il te ferait une fois que je serai partie. Si nous partons ensemble, nous pourrons trouver une meute humaine et prendre un nouveau départ. »

« Pourquoi ? Tu aurais dû me laisser tranquille. Sais-tu ce que ça signifie de prendre un nouveau départ là où on ne connaît personne ? Tu n'as même pas encore de meute où aller. » Ses yeux brûlaient de colère. Je n'avais jamais vu Ethan comme ça.

Je ressentis un pincement de culpabilité et baissai la tête. Des larmes coulèrent sur mon visage, soigneusement dissimulées.

« Je ne peux pas te laisser souffrir sous les ordres de cet homme », murmurai-je. « Il deviendra encore plus cruel maintenant que je me suis échappée. »

« Oh, je t'en prie. Tu m'as amenée uniquement pour te protéger de la solitude. Tu es égoïste, et tu l'as toujours été. »

« Égoïste ? Tu me prends pour égoïste ? » demandai-je d'une voix tremblante d'incrédulité.

« Oui. Ta vie est déjà ruinée, et maintenant tu veux ruiner la mienne aussi ? »

« Ethan ! » haletai-je, stupéfaite.

J'étais sans voix. Ses paroles étaient tranchantes et tranchantes, me laissant engourdie.

« Je ne peux pas venir avec toi », dit-il d'une voix glaciale, et il se détourna, s'éloignant en trombe.

Pas d'adieu. Pas de mots d'adieu. Le même frère que j'avais aimé toute ma vie, celui que j'avais toujours protégé, venait de me rejeter.

 Je fis un pas en avant, incertaine de ce que je devais faire, lorsqu'un grand bruit retentit derrière moi. Je pivotai sur moi-même, le cœur battant. Douze bandits m'entouraient, le regard perçant et impitoyable.

« Salut,

Sofia ! Tu pensais pouvoir m'échapper ? »

C'était Phil. Il n'était pas seul. Dans ses bras se trouvait Ethan, mon frère.