PDV – Lila
Le Parc de l’Est. Ce nom résonnait en elle comme un souvenir lointain, presque effacé. Elle ne s’y rendait jamais. Trop vide, trop froid, trop chargé d’histoires étranges. Mais ce soir, elle devait y aller. Seule. Comme l’exigeait la lettre. Lila (chuchotant dans le vide) : — Quelle idiote je fais… Je vais vraiment faire ça ? Son cœur battait à tout rompre alors qu’elle traversait les rues silencieuses. Il était 23h52. Huit minutes avant minuit. Le parc se dessinait à l’horizon, vaste et endormi, bordé par les vieux lampadaires qui clignotaient de manière irrégulière. Elle serra les poings dans les poches de sa veste. Chaque pas résonnait comme un défi lancé à sa peur. Un chat traversa la route devant elle. Lila sursauta. Lila (ironique) : — Manquait plus que ça. Merci pour le cliché. Elle arriva à l’entrée du parc. Les grilles étaient ouvertes. Comme si quelqu’un l’attendait. Un frisson lui parcourut l’échine. Les arbres, noirs et nus, ressemblaient à des silhouettes tordues qui semblaient l’observer. Les feuilles craquaient sous ses pas. Le silence était total, oppressant. Elle s’approcha lentement du banc central, au pied de la vieille horloge rouillée. C’était là que tout devait se passer. Elle le sentait. 23h58. Elle s’assit. Se mordit la lèvre inférieure. Ses mains tremblaient. Elle ne cessait de regarder autour d’elle. Rien. Personne. Juste le vent. Et puis… une voix. Voix inconnue : — Tu es venue. Elle se redressa d’un coup. Un homme se tenait là, dans l’ombre d’un arbre. Elle ne distinguait pas son visage. Juste son manteau sombre, et cette posture étrangement calme. Lila : — Qui êtes-vous ? L’Inconnu : — Tu poses trop de questions, Lila. Tu ne cherches pas des réponses. Tu veux te rassurer. Elle fit un pas en arrière. Cette voix… elle l’avait entendue avant. Elle en était sûre. Pas seulement dans les lettres. Pas seulement cette nuit-là. Elle avait déjà connu cette voix. Lila (plus ferme) : — Montrez-moi votre visage. L’Inconnu : — Pas encore. Un éclair zébra le ciel. La lumière révéla brièvement ses traits. Juste un instant. Suffisant pour qu’elle aperçoive une cicatrice sur sa joue gauche. Et là… son sang se glaça. Lila (abasourdie) : — Non… Ce n’est pas possible… L’Inconnu : — Tu te souviens maintenant, n’est-ce pas ? Elle recula de plusieurs pas, la respiration haletante. Lila : — Vous… vous êtes mort ! Silence. Il ne répondit pas. Mais il fit un pas vers elle. PDV – L’Inconnu Elle ne savait pas encore. Pas tout. Mais elle se souvenait de cette cicatrice. Du feu. Du cri. De la nuit où tout avait changé. Il n’était jamais mort. Pas vraiment. L’Inconnu (pensant) : — Elle doit comprendre. Pas pour moi. Pour elle. Sinon, elle ne survivra pas à ce qui arrive. Il leva une main, paume ouverte. Un geste de paix. L’Inconnu : — Ce n’est que le début, Lila. Tu n’as encore rien vu.PDV LILA Le vent soufflait doucement sur la plaine d’Argéline, caressant les hautes herbes d’or comme s’il feuilletait les pages d’un livre ancien. Lila marchait seule, sa plume à la main, son cœur calme. Autour d’elle, le monde respirait autrement. Le Vide n’existait plus, remplacé par une pulsation vivante, comme un chant que seul l’esprit pouvait entendre. Elle atteignit la pierre blanche où tout avait commencé — là où elle avait trouvé le premier fragment, là où le récit avait choisi de renaître à travers elle. — Kaelys, murmura-t-elle. Pas un appel. Pas une plainte. Une reconnaissance. Une prière. Elle s’agenouilla, toucha la pierre. Elle était tiède, vibrante, comme si elle abritait un cœur invisible. Lila ferma les yeux, leva la plume, et traça dans l’air une dernière ligne invisible. Pas pour sceller une histoire. Mais pour la transmettre. Car les récits ne
PDV LILALila sentait son cœur battre à un rythme démesuré. Le ciel au-dessus de la Tour de la Source s’était assombri, non pas d’orage ou de pluie, mais d’une matière étrange, comme si l’encre elle-même s’était échappée de récits oubliés pour recouvrir le monde.Ils savaient que ce moment viendrait.Mais ils n’étaient pas prêts pour son ampleur.— Maxence ! cria-t-elle, courant dans les couloirs de la Tour.Des fragments de mémoire s’effondraient autour d’elle, comme si les fondations du monde tremblaient. Des enfants s’étaient réfugiés dans la salle des Plumes, blottis les uns contre les autres, récitant à voix basse des passages anciens pour garder les ténèbres à distance.Maxence surgit d’un escalier latéral, couvert de poussière et tenant un manuscrit ancien dans les bras.— L’Arche… commence à se fissurer, dit-il, haletant. Ce n’est plus seulement la faille de Kaelys. Quelqu’un… ou quelque chose… essaie de tout eff
PDV LILALes jours qui suivirent la cérémonie de la Trame furent marqués par un calme étrange, presque sacré. Dans la Tour de la Source, le silence n’était plus une absence, mais une respiration collective.Les enfants venaient chaque jour s’asseoir autour de l’Arbre-Récit, écoutant les Porteurs leur transmettre les histoires anciennes, mais aussi celles qu’ils avaient eux-mêmes vécues. Des récits de peines, de luttes, de victoires fragiles.Lila observait l’un de ces cercles, le cœur battant.— C’est comme si nous étions devenus les personnages des contes qu’on nous lisait quand on était petits, souffla-t-elle à Maxence.Il hocha la tête.— Sauf que cette fois, ce sont nos mots qui protègent les leurs.Mais au fond de ses pensées, un murmure insistant s’était installé depuis la cérémonie : et si ce calme n’était qu’un prélude ?PDV LÉOLéo marchait seul près des anciennes ruines. Là où le tout avait co
PDV LILALes premiers mots écrits dans le nouveau manuscrit provoquèrent une onde invisible qui parcourut tout l’Arbre-Récit. Les branches vibrèrent, les feuilles s’illuminèrent, et les anciennes histoires se réajustèrent, comme si elles s’inclinaient devant ce qui allait venir.— Tu sens ça ? murmura Lila, la main tremblante.— Oui, répondit Maxence. C’est la Trame… elle nous écoute.Ils avaient appris, au fil du temps, que la Trame du monde n’était pas figée. Elle pouvait être influencée, corrigée… ou corrompue. Mais pour y accéder pleinement, il fallait passer l’Épreuve.Un cercle se dessina autour d’eux, formé de racines vivantes. Une voix ancienne, celle de l’Ancienne Source, résonna :« Celui qui voudra écrire la nouvelle ère devra d’abord affronter sa propre vérité. »PDV LÉOLéo fut le premier aspiré dans la lumière.Il se retrouva dans une salle d’encre noire. Face à lui, une silhouette : lui-m
PDV LILALe vent soufflait plus fort, chargé d’une énergie ancienne que Lila n’avait jamais ressentie auparavant. Elle se tenait à l’orée de la Vallée d’Encre, là où les mots non écrits flottaient dans l’air, suspendus entre l’oubli et la création.À ses côtés, Maxence relisait les dernières lignes du Codex des Fragments — une relique retrouvée dans la Salle des Voix. Le texte y évoquait une prophétie oubliée : le retour du Manuscrit d’Or, unique artefact capable de restaurer ou d’annihiler toute narration vivante.— On ne devrait peut-être pas chercher à le réveiller, murmura Maxence. Il y a des récits qui dorment pour de bonnes raisons.Lila garda le regard fixé sur la vallée. Elle sentait les présences, les échos de ceux qui avaient écrit avant eux. Des millénaires de rêveurs, de conteurs, de Porteurs.— On ne peut pas laisser l’équilibre reposer sur des ruines, répondit-elle. Il faut une clé. Une vérité plus grande que le silence.
PDV LILALe vent soufflait plus fort, chargé d’une énergie ancienne que Lila n’avait jamais ressentie auparavant. Elle se tenait à l’orée de la Vallée d’Encre, là où les mots non écrits flottaient dans l’air, suspendus entre l’oubli et la création.À ses côtés, Maxence relisait les dernières lignes du Codex des Fragments — une relique retrouvée dans la Salle des Voix. Le texte y évoquait une prophétie oubliée : le retour du Manuscrit d’Or, unique artefact capable de restaurer ou d’annihiler toute narration vivante.— On ne devrait peut-être pas chercher à le réveiller, murmura Maxence. Il y a des récits qui dorment pour de bonnes raisons.Lila garda le regard fixé sur la vallée. Elle sentait les présences, les échos de ceux qui avaient écrit avant eux. Des millénaires de rêveurs, de conteurs, de Porteurs.— On ne peut pas laisser l’équilibre reposer sur des ruines, répondit-elle. Il faut une clé. Une vérité plus grande que le silence.