Chapitre 4 – La Décision de Gianna
Point de vue de Gianna Je me réveille un samedi matin, le corps fatigué, l’esprit encore embrouillé par les tourments de la nuit. Les heures ont défilé sans que je m’en rende compte, mais le poids de la décision reste ancré en moi. Les draps sont en désordre, et j’ai l’impression d’être prisonnière de mes pensées. Ce matin-là, je n’arrive même pas à me lever immédiatement. Je sais que je dois agir, mais chaque option semble trop lourde à porter. Je repousse les couvertures, mes pieds touchent le sol froid. Je me dirige vers la cuisine pour préparer un petit-déjeuner pour Giulia. Heureusement, elle n’a pas d’école aujourd’hui, elle pourra profiter de ses vacances. Mais moi, je n’ai pas le luxe de me reposer. Le regard que je jette à la table me paralyse. L’enveloppe du loyer impayé, avec l’avis de Mme Elisa qui me menace d’expulsion si je ne paie pas d’ici cinq jours, me fixe comme une sentence. “Comment suis-je arrivée là ?” La pression devient insupportable. Le temps presse, et pourtant, je n’arrive pas à prendre de décision. Je casse un œuf dans la poêle, mais mon esprit erre ailleurs. L’image de Giulia, innocente, heureuse, contraste avec l’incertitude de ma situation. “Je ne peux pas la laisser tomber.” Giulia entre dans la cuisine, sa voix brise le silence. “Tu as l’air préoccupée, Gianna. C’est encore pour l’argent ?” Elle s’assoit à la table, me scrutant. Je tente de sourire, mais il est fragile, presque douloureux. “Ce n’est rien, petite. Juste beaucoup de choses à penser, tu sais…” Je détourne les yeux, évitant de lui montrer l’angoisse qui me dévore. Elle me regarde longuement, mais n’insiste pas. Elle sait, au fond, que quelque chose ne va pas. Elle sait que je cache quelque chose, mais elle est trop jeune pour comprendre tout ce qui pèse sur moi. “Je dois la protéger. Elle ne doit pas voir cette détresse.” L’heure passe lentement. Je me perds dans mes pensées, me demandant comment j’ai pu en arriver là. Et alors que je m’apprête à m’enfoncer davantage dans cette spirale, la sonnerie de la porte me ramène à la réalité. Bianca entre dans la cuisine, son regard se posant immédiatement sur moi. Elle sait que quelque chose ne va pas. “Alors, tu as réfléchi ?” Sa voix est douce, mais ses yeux sont pleins d’attentes. Elle attend une réponse, mais je ne sais même pas par où commencer. Je me sens prise au piège. “Je ne sais pas, Bianca… je suis perdue. C’est beaucoup à gérer d’un coup.” La culpabilité m’envahit. Je n’ai aucune solution. Tout est trop lourd à porter seule. Bianca s’assoit en face de moi et pose doucement sa main sur mon épaule. “Je sais que c’est dur. Mais il n’y a pas de honte à accepter de l’aide. Je suis là pour toi, Gianna, tu n’es pas seule.” Ses mots me réconfortent, mais à quel prix ? Je devrais pouvoir me débrouiller seule, je me répète dans ma tête. Mais je sais que je ne peux plus continuer ainsi. “Je suis à bout.” Mon téléphone sonne soudainement, me tirant de mes pensées. Je décroche mécaniquement, encore sonnée par la conversation avec Bianca. “Gianna, je vous appelle juste pour vous rappeler qu’il ne vous reste plus que 5 jours pour payer le loyer. Je vous ai déjà dit que sans paiement d’ici là, vous serez dehors.” Le froid dans la voix de Mme Elisa me glace le sang. Chaque mot résonne dans ma tête. “Cinq jours.” Cinq jours avant de tout perdre. L’angoisse monte en flèche, mais je ne peux rien faire d’autre que de raccrocher, le cœur lourd. Je laisse tomber le téléphone sur la table, mon esprit en feu. “Que faire ?” Je sens la pression m’écraser, tout autour de moi se resserre comme un étau. Je suis arrivée à un point de non-retour, et je le sais. Je regarde Bianca, et une décision se forme dans mon esprit. “Il faut que je fasse quelque chose, sinon je vais tout perdre.” Je prends une grande inspiration, me forçant à prendre la parole. “Je… je vais accepter de prendre ton aide pour Giulia. Mais aussi pour nous. Je ne veux pas finir dans la rue.” Bianca sourit doucement, mais son sourire est rempli de soutien. “Tu ne seras pas seule, Gianna. Je suis là pour toi. On va s’en sortir.” Une partie de moi veut encore reculer, mais une autre partie est déjà décidée. Je sais que ce n’est qu’un début, mais c’est un pas en avant. Un petit pas, mais un pas quand même. “Ok… je vais essayer une première nuit au Velvet. Juste pour voir comment ça se passe.” La décision est prise. Je sais que ça ne sera pas facile. Mais c’est ma seule chance. “Il n’y a pas de retour en arrière maintenant…” La soirée tombe sur New York, et je me prépare, le cœur battant. Demain, je vais entrer dans un monde que je ne comprends pas encore entièrement. Mais pour Giulia, pour nous deux, je vais tout donner. Point de vue de Bianca Bianca Mendez, 21 ans. Une jeune femme à l’apparence soignée, aux cheveux longs et bruns qui tombent en vagues parfaites, et au regard perçant, empreint de détermination. Elle porte des vêtements à la mode, mais une simplicité volontaire qui cache une personnalité bien plus complexe. Derrière ses airs de confiance, Bianca cache une profonde compassion pour les autres, notamment pour Gianna. Depuis qu’elles sont enfants, elles se connaissent comme personne d’autre, et voir sa meilleure amie dans cette situation difficile l’attriste profondément. Bianca sait que Gianna est du genre à ne pas accepter facilement l’aide. Elle déteste se sentir redevable, et elle préfère gérer ses problèmes seule. C’est pour cela que Bianca lui a proposé ce travail, un travail qu’elle pourrait accepter sans être obligée de vendre son corps. Après tout, elle ne force personne à faire ce genre de service pour les milliardaires. Elle-même, parfois, accepte des missions dans ce sens, mais elle sait aussi que c’est un bon moyen de gagner beaucoup d’argent rapidement. Elle espère de tout cœur que Gianna acceptera cette aide. Elle veut qu’elle s’en sorte. Si elle peut tenir pendant quelques mois, peut-être que Gianna pourra se reconstruire, se retrouver, et repartir sur de nouvelles bases. Bianca se doute que si elle accepte de faire quelques services pour les milliardaires, elle pourrait vraiment améliorer sa situation, peut-être même plus vite. Mais ce n’est pas à elle de juger. Et puis, leur patron, Mr. Eric Moretti, est un homme de parole. Un patron strict, mais juste. Il protège ses filles, les traite bien, et il n’y a jamais de soucis pour celles qui respectent les règles. Il la considère comme une partenaire de confiance, et il se montre respectueux envers toutes les femmes qui travaillent sous son toit. Elle sait qu’il pourrait également être un allié pour Gianna si elle décide de franchir ce cap. Bianca croise les doigts. Elle espère vraiment que Gianna acceptera cette porte de secours.Gianna Le silence avait un goût amer depuis que Rocco était parti. Trois jours. Seulement trois. Et pourtant, elle avait l’impression que le temps s’était étiré, suspendu, figé dans une attente qu’elle n’avait pas voulu reconnaître. Elle sortit de l’appartement en serrant contre elle son blouson en cuir. Il faisait plus froid que d’habitude, ou peut-être était-ce elle qui frissonnait de l’intérieur. Giulia dormait encore. Bianca, toujours bienveillante, avait insisté pour l’amener au collège ce matin-là. Gianna avait accepté, trop fatiguée pour discuter. La veille, elle avait effacé un message qu’elle s’apprêtait à envoyer à Rocco. Juste un : Tu me manques. Trop simple. Trop sincère. Trop tôt. Au Velvet, tout semblait normal. Pourtant, une sensation étrange persistait. Elle sentit un regard la suivre lorsqu’elle entra dans les coulisses. Au début, elle crut à une impression, puis elle aperçut une enveloppe glissée sous la porte de son casier. Aucune mention. Aucun no
Point de vue : Gianna Le matin filtrait à peine à travers les rideaux de l’appartement de Rocco. Il régnait ce genre de silence qui ne pèse pas, mais apaise. Gianna s’était réveillée plus tôt que lui, recroquevillée dans un coin du canapé, la couverture encore tirée jusqu’au menton. Elle n’osait pas bouger. Pas encore. Tout en elle était calme, mais pas vide. Il y avait ce bourdonnement discret dans sa poitrine, celui qui naît après une tempête intérieure. Elle ne savait pas vraiment ce qui s’était passé la veille, ou du moins, comment cela avait été possible. Ce n’était pas un baiser, pas une déclaration enflammée. C’était… un début. Elle tourna la tête vers lui. Rocco dormait sur le fauteuil à côté, toujours habillé, les bras croisés sur la poitrine. Comme s’il n’avait pas voulu s’allonger de peur qu’elle s’éclipse pendant la nuit. Et c’est cette pensée qui la fit sourire. Il était là. Encore. Toujours. Elle se leva doucement, ses pieds nus effleurant le sol froid.
Point de vue : Gianna La pluie n’était pas prévue ce soir-là. Pourtant, elle tombait, fine et insistante, comme si elle voulait nettoyer le trop-plein de silences que Gianna portait en elle. Elle marchait d’un pas décidé, serrant contre elle sa veste trop légère, les cheveux trempés collant à ses tempes. Elle n’avait pas pris de parapluie. Elle n’avait rien prévu, en réalité, si ce n’est une chose : le retrouver. Elle n’avait pas besoin de se justifier. Pas ce soir. Depuis des jours, elle repassait tout en boucle. Le moment où elle l’avait supplié pour sa sœur, sa propre honte, l’orgueil brisé, la proposition insensée qu’elle lui avait faite. Elle s’était attendue à ce qu’il en profite. Qu’il se jette sur l’occasion. Mais non. Rocco n’avait rien exigé. Il avait refusé ce corps qu’elle lui avait offert en échange d’un sauvetage. Il avait payé, sans contrepartie. Et puis, il s’était effacé. Sans pression. Sans tentative de manipulation. Elle avait cru qu’il reviendrait. Qu’i
Point de vue : Gianna Il y a des vérités qui s’imposent dans le silence, qui s’infiltrent entre deux battements de cœur, entre deux respirations trop lourdes. Depuis quelques jours, Gianna ne dormait plus tout à fait. Pas parce qu’elle faisait des cauchemars, mais parce qu’elle commençait à rêver éveillée. Rêver de lui. Rocco. Elle s’était tant acharnée à l’exclure de son esprit, à le repousser dans un coin sombre de sa mémoire, qu’elle n’avait pas vu que son absence pesait plus lourd que sa présence. Et pourtant, elle n’était pas encore prête à l’admettre. Pas à voix haute. Mais cette nuit-là, alors que Giulia dormait profondément dans la chambre d’à côté, elle s’était levée. Pieds nus, une couverture autour des épaules, elle avait rejoint le balcon. La ville brillait, indifférente à ses dilemmes. Et dans ce silence, une vérité avait émergé. Il n’avait jamais abusé de son pouvoir. Elle se rappelait encore ce moment, aussi humiliant que douloureux, où elle lui avait prop
Point de vue : Gianna Les rayons du soleil filtraient à travers les rideaux, mais la lumière semblait floue, distante, comme si le monde avait perdu un peu de sa netteté. Gianna ouvrit les yeux dans un silence étrange. Ce genre de silence qui pesait sur la poitrine avant même le premier battement de la journée. Elle se redressa lentement dans son lit, une main sur le front. Elle avait mal dormi. Encore. Les mots de Rocco tournaient en boucle dans sa tête. Ce qu’il avait dit. Ce qu’elle avait répondu. Et ce qu’elle n’avait pas osé avouer. Elle sortit de la chambre, trouva Giulia assise à table, déjà prête pour le lycée. Son visage était calme, paisible. Il y avait quelque chose d’apaisant à la voir aller mieux. Vraiment mieux. — Tu veux du café ? demanda Gianna, sa voix encore rauque de la nuit. Giulia leva les yeux. — C’est toi qui demandes ça ? T’es sûre que t’es ma sœur ? Gianna esquissa un sourire fatigué. Elle alla faire couler deux tasses. Pendant que le liquide s
Point de vue : Gianna Le vrombissement de sa moto résonnait encore dans le parking souterrain lorsqu’elle coupa le contact. Le casque toujours vissé sur la tête, Gianna resta immobile un instant. Le cœur battant. Les mains moites. Elle détestait ce que son corps lui faisait subir depuis la veille. Depuis qu’il était revenu. Rocco. Même son nom dans sa tête avait le goût d’un poison. Lent, insidieux. Il s’infiltrait partout. Elle l’avait vu, entendu, senti. Et elle avait fui. Comme toujours. Parce que face à lui, elle perdait le contrôle. Et le contrôle… c’était tout ce qui lui restait. Elle descendit de la moto, monta les escaliers quatre à quatre, et poussa la porte de l’appartement. Le silence l’accueillit. Giulia était déjà couchée, la lumière de sa chambre éteinte. Gianna posa ses affaires, défit sa queue-de-cheval, et se laissa tomber sur le canapé. Son téléphone vibra. Elle l’ignora. Puis le reprit. Un message de Bianca : « Je suis dispo demain midi si tu veux parl