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Les premiers Doutes

Author: Seth
last update Last Updated: 2025-04-03 17:03:41

Victor – Une solitude écrasante

Victor referma la porte de son bureau et s’affaissa dans son fauteuil. Il observa un instant l’écran noir de son ordinateur avant de soupirer longuement.

Depuis combien de temps n’avait-il pas ressenti une vraie complicité avec Camille ?

Depuis combien de temps leurs conversations se résumaient-elles à des échanges pratiques, des phrases brèves sur le dîner ou les factures à payer ?

Il avait toujours cru que le silence dans un couple pouvait être confortable, signe d’une entente naturelle. Mais ce silence-là était différent. Il était lourd, pesant, presque hostile.

Un frisson le traversa à cette pensée.

Et si Camille ne l’aimait plus ?

Non. Il chassa cette idée d’un mouvement de tête. C’était juste une phase, un creux dans leur relation. Tous les couples traversaient cela, non ?

Pourtant, au fond de lui, un doute s’insinuait.

Il n’osait pas en parler. Par peur d’affronter la vérité. Par peur qu’elle confirme ce qu’il redoutait déjà.

Élise – Une défense obstinée

— Élise, tu ne peux pas continuer comme ça.

Sa sœur, Clara, la fixait avec une inquiétude sincère, les bras croisés sur la table du café où elles s’étaient donné rendez-vous.

— Antoine a un problème, et tu ne peux pas le résoudre à sa place.

Élise serra les mains autour de sa tasse.

Elle savait ce que Clara pensait d’Antoine. Ce qu’elle pensait de leurs disputes, de ses absences, de ses excès.

Mais personne ne connaissait Antoine comme elle.

Personne ne connaissait l’homme qu’il avait été.

L’homme qui la faisait rire aux éclats, qui lui écrivait des lettres pleines de tendresse, qui l’embrassait comme si elle était la chose la plus précieuse au monde.

— Il traverse une période difficile, c’est tout. Il a juste besoin de temps.

Clara la regarda avec un mélange de tristesse et de résignation.

— Combien de temps, Élise ? Combien de fois vas-tu lui pardonner en espérant qu’il change ?

Élise détourna les yeux.

Elle ne voulait pas répondre.

Parce qu’elle ne savait pas.

Parce qu’une part d’elle avait peur d’admettre que peut-être, il ne changerait jamais.

Mais tant qu’il lui restait une lueur d’espoir, elle s’y accrocherait.

Même si cela signifiait souffrir un peu plus chaque jour.Victor passa devant le restaurant italien où ils avaient célébré leur premier anniversaire de mariage. Il s’arrêta quelques instants, observant à travers la vitre les couples qui riaient, qui se tenaient la main, plongés dans une complicité qui lui semblait désormais lointaine.

Un nœud se forma dans sa gorge.

Il voulait retrouver cela avec Camille.

Ce soir, il essaierait.

Sur le chemin du retour, il s’arrêta chez un caviste pour acheter une bouteille de vin, puis passa chez un traiteur pour commander leurs plats préférés. Il voulait que tout soit parfait, qu’ils puissent enfin se retrouver sans écrans, sans distractions, juste eux deux.

Lorsqu’il rentra, il trouva Camille assise sur le canapé, le téléphone à la main, comme toujours.

— J’ai une surprise pour ce soir.

Elle leva à peine les yeux.

— Quelle surprise ?

— Un dîner, juste nous deux. J’ai pris du vin, des plats de chez Bellini... Tu te souviens ?

Camille fronça légèrement les sourcils, puis haussa les épaules.

— Oh… C’est gentil, mais j’ai déjà prévu une sortie avec Léa.

Victor sentit son estomac se serrer.

— Tu… tu ne peux pas annuler ? C’est important pour moi.

Elle soupira, visiblement agacée.

— Victor, on peut dîner ensemble n’importe quand. Léa m’attend, je lui ai promis.

Un silence s’installa.

Il voulait insister, lui dire à quel point il en avait besoin. Mais il vit dans son regard qu’elle ne comprenait pas. Ou qu’elle ne voulait pas comprendre.

Finalement, il hocha la tête, forçant un sourire.

— D’accord… Une autre fois.

Camille lui fit un baiser distrait sur la joue avant d’attraper son sac et de partir.

Victor resta seul, devant une table dressée pour deux.

Élise – Une confrontation inutile

Élise attendit qu’Antoine rentre.

Elle entendit la clé tourner dans la serrure bien après minuit. L’odeur de l’alcool la frappa dès qu’il entra dans l’appartement.

Il titubait légèrement, son regard vitreux trahissant l’état dans lequel il était.

Elle sentit son cœur se serrer.

— Antoine, il faut qu’on parle.

Il grogna, enlevant sa veste avec maladresse.

— Là, tout de suite ? T’exagères, Élise…

— Oui, tout de suite. Je ne peux plus continuer comme ça.

Elle le regarda droit dans les yeux, cherchant un éclat de lucidité.

— Tu bois trop, Antoine. Ça te détruit, ça nous détruit.

Il éclata de rire, un rire amer, fatigué.

— Oh, arrête… J’ai juste pris quelques verres.

— Tous les soirs, Antoine ! Sa voix tremblait d’émotion. Tous les soirs, je t’attends, en espérant que ce soit différent. Mais ça ne l’est jamais.

Il leva les yeux au ciel et s’affala sur le canapé.

— T’es dramatique, Élise. Détends-toi un peu.

Elle sentit les larmes lui monter aux yeux.

— Je veux juste retrouver l’homme dont je suis tombée amoureuse.

Antoine ne répondit pas.

Il alluma la télévision, fixant l’écran comme si elle n’était plus là.

Et pour la première fois, Élise se demanda si elle se battait seuleVictor – L’acceptation douloureuse

Victor rentra tard du travail ce soir-là. Il n’y avait pas de raison particulière, sinon celle de retarder le moment où il rentrerait chez lui.

Chez eux.

Ou du moins, ce qui avait été leur refuge, leur espace de bonheur. Aujourd’hui, c’était juste un endroit où ils coexistaient sans se voir.

Lorsqu’il passa la porte, Camille était déjà installée sur le canapé, un film tournant en arrière-plan pendant qu’elle faisait défiler son téléphone. Elle ne leva même pas les yeux.

— Salut, dit-il en posant ses clés sur la table.

— Hmm.

Une réponse vague, automatique.

Il resta debout un instant, observant la scène.

Il se rappelait encore des soirs où elle courait l’accueillir, l’embrassait avec impatience. Des soirs où elle lui demandait comment s’était passée sa journée avec un intérêt sincère.

Tout cela semblait appartenir à une autre vie.

Il s’avança et s’assit à côté d’elle.

— Tu veux qu’on regarde quelque chose ensemble ? tenta-t-il.

Camille haussa les épaules.

— Je suis déjà sur un film.

Un silence pesant s’installa.

Victor sentit son cœur se serrer.

— Camille… Tu m’aimes encore ?

Elle cessa de faire défiler son téléphone, enfin. Mais elle ne le regarda pas.

— Pourquoi cette question ? demanda-t-elle, la voix neutre.

— Parce que… j’ai l’impression que tu n’es plus là avec moi. Que tu es ailleurs.

Elle soupira, visiblement agacée.

— Victor, c’est normal qu’un couple évolue. On ne va pas être collés l’un à l’autre tout le temps.

Il secoua la tête.

— Ce n’est pas ça… Tu es distante. Tu ne me regardes même plus comme avant.

Camille resta silencieuse quelques secondes avant de hausser les épaules.

— Je ne sais pas quoi te dire.

Cette phrase résonna comme une claque.

Pas d’excuses. Pas d’effort pour le rassurer.

Juste une vérité froide.

Et à cet instant, Victor comprit.

Il l’aimait toujours. Mais elle, non.

Elle ne le détestait pas. Elle ne voulait même pas lui faire de mal.

Elle ne ressentait juste plus rien.

Il détourna les yeux, sentant une douleur sourde envahir sa poitrine.

C’était terminé. Peut-être l’était-ce depuis longtemps.

Il n’y avait plus d’espoir. Seulement un vide immense.

Élise – Un amour obstiné

Élise fixait la porte d’entrée, le cœur battant.

Antoine était sorti encore une fois. Elle ne savait pas où, elle ne savait pas avec qui. Mais elle savait ce qu’il faisait.

Boire.

Elle avait passé la soirée à essayer de se convaincre que cette fois-ci, il tiendrait parole. Qu’il rentrerait sobre, qu’il l’embrasserait en s’excusant, qu’il lui promettrait encore une fois qu’il allait changer.

Et elle, elle le croirait.

Comme toujours.

Mais quand la porte s’ouvrit enfin, bien après minuit, la vérité frappa de plein fouet.

Antoine entra en titubant légèrement, ses yeux rougis par l’alcool.

— T’es encore debout ? marmonna-t-il en refermant la porte.

— Évidemment que je suis debout.

Sa voix tremblait, mêlant colère et tristesse.

— Je t’attendais, Antoine. Comme d’habitude.

Il roula des yeux.

— Oh, ça va… T’es encore en train de dramatiser.

— Dramatiser ?

Elle se leva brusquement, sentant la rage monter en elle.

— Tu promets à chaque fois que tu vas faire un effort. Que tu vas arrêter. Et à chaque fois, tu fais pire.

Antoine soupira, exaspéré.

— Élise, j’ai juste pris quelques verres. Tu veux quoi, que j’arrête de vivre ?

Elle sentit son cœur se briser un peu plus.

— Je veux juste… retrouver celui que j’ai aimé.

Il ne répondit pas. Il détourna simplement le regard, comme s’il était fatigué de cette conversation.

Comme si elle ne comptait plus.

Et pourtant, malgré tout, malgré les mensonges, les absences, l’alcool…

Elle espérait encore.

Elle s’accrocha à l’idée qu’un jour, il se réveillerait et comprendrait à quel point elle l’aimait.

À quel point elle était prête à tout pour lui.

Même si, au fond, une voix lui murmurait qu’elle était la seule à se battre.

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