Chapitre 6

-"Qu'y a-t-il sous ces vêtements, Mélaine?" poursuivit Thomas d'une voix rauque.

Ses tourmalines paraïba ne cessèrent de me fixer intensément sans aucune gêne. Une chaleur se répanda dans mon bas ventre. Je serrais instinctivement mes cuisses me souvenant que l'autre abruti avait déchiré ma culotte.

La tension était palpable. Quelque chose de malsaine mais aussi d'agréable régnait entre nos deux corps. Il me regardait, une lueur étrange brillait au fond de ses prunelles. De désir peut être?

Il n'arrétait pas de me scruter détaillant mon corps .Même habillée d'une simple robe noire, je me sentais à découvert, toute nue, sans défense. J'étais comme prise au piège telle une biche dans le filet du chasseur.

Il se rapprocha dangereusement de moi envahissant mon espace personnelle. Sa main rugueuse caressa ma joue tendrement comme si j'étais une poupée en porcelaine.

-"Vous avez perdu votre langue?" me demanda Thomas un sourire en coin.

Je le regardais interdite. J'étais en train de suffoquer intérieurement. Mon corps ne me répondait plus. J'étais tout simplement sous son emprise. Tellement obnubilée par ses yeux qui ressemblaient à des diamants, je perdais mes moyens.

J'ouvris la bouche pour la fermer au lieu de lui retorquer quelque chose puis l'ouvris une seconde fois pour la refermer l'instant suivant. Mon petit manège le fit sourire malicieusement.

-"J'aimerai bien savoir ce qui se cache sous cette robe en tout cas," me susurra Thomas d'une voix profondamment rauque.

Un sourire carnassier se dessina sur son visage. Non d'un chien. S'il continuait ainsi, je ne répondrais plus de rien. Mon corps s'était embrasé par son simple toucher et sa voix gutturale. Mais que m'arrivait-il?

Est-ce le fait d'avoir trop bu et d'aller au délà de mes limites qui me poussaient à agir ainsi? Comme une femme en manque ou en chaleur? Parce que vraiment je ne me reconnaissais plus.

Plongée dans mes pensées, je ne vis pas la main de Thomas caresser la base de mon cou pour finir sa course folle à la bordure de mes lèvres. Ses pupilles étaient dilatées. Sa respiration se faisait plus brusque. Je sentis son souffle chaud parcourir mon visage comme un appel à me perdre en lui, dans ses bras.

-"Allons-nous en," m'ordonna-t-il, lui aussi sentant que la situation risquerait de déraper d'un moment à l'autre.

J'avalais ma salive de travers. Ma partie salope du haut de ses talons rouges me hurlait de l'écouter et d'assouvir mes pulsions sexuelles. Ma partie lucide, cependant, la considérait d'un mauvais oeil et me conseilla de rebrousser chemin.

-"L'épisode avec yeux d'olives avec sa langue de veau ne t'a pas servi de leçon," me réprimanda-t-elle.

Oh oui. Elle avait raison et me retrouver avec un minipenis cette fois ci! Non merci. Je passe mon tour. De plus, j'étais trop bourrée. Sur ce, écoutant les conseils de miss lucide, je décidais de rentrer.

Je fis un signe à Guillaume de m'attendre. Je me levais du tabouret mais prise d'un vertige, je faillis tomber, quand deux bras musclés m'encerclèrent pour ne pas tomber. Je ne relevais pas la tête sachant pertinamment que c'était le beau allemand.

-"Vous allez bien?" me demanda-t-il au creux de mon oreille.

Je brédouillais un simple oui avant de me détacher du lui et sortis en trombe du bar. Le vent glacial de New York fouetta mon visage provoquant un haut de coeur.

-"Ça va?" me demanda Guillaume inquiet.

Je fis oui de la tête et les suivis pour m'engouffrer dans un taxi quand une main me retena. Cette même main rugueuse qui m'avait caressé. Je relevais immédiatement la tête pour rencontrer des tourmalines paraïba.

-"Vous m'abandonnez?" me dit-il.

-"Je dois m'en aller," arrivais-je à répondre.

Il ne relacha pas ma main néanmoins. Sa prise était tellement forte que je n'arrivais pas à la dégager. J'allais retorquer quelque chose quand je fus prise d'un violent haut le coeur.

Le mélange de cocktail et autres boissons que j'avais ingurgité se retrouva sur ses Adidas qui maintenant avait subi le passage de mon vomi. J'essayais de relever la tête mais n'arrivais pas. La seule chose que je pus faire ce soir, c'était de m'évanouir au beau millieu du trottoir.