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J’avance sans me retourner. Ex-mari, fiche-moi la paix.
J’avance sans me retourner. Ex-mari, fiche-moi la paix.
Author: PorteBonheur

Chapitre 1

Author: PorteBonheur
Le jour où Camille Moreau a été envoyée devant le tribunal par son propre mari, une neige épaisse est tombée sur la ville.

Depuis leur rencontre jusqu'au mariage, pendant sept ans, elle a cru qu'il l'aimait profondément, que leur union était heureuse.

Jusqu'à ce qu'il la trahisse, sur une seule parole d'Isabelle Mornay, et la livre lui-même à la justice.

Le juge a exposé les faits : « Le 23 novembre dernier, un contrôle de routine a été effectué sur l'avenue de l'Ouest dans le cadre d'une campagne contre l'alcool au volant. Des substances interdites ont été retrouvées dans le véhicule conduit par Madame Moreau. L'affaire a été portée aujourd'hui en audience préliminaire. »

« Partie plaignante, veuillez lire l'acte d'accusation. »

Alexandre Leclerc s'est levé. Grand, vêtu d'un costume noir impeccable, il a dégagé une autorité froide et tranchante. Face à sa femme, il n'a laissé transparaître que de la déception et de l'indifférence. « Le 23 novembre, Madame Moreau a conduit un véhicule immatriculé V8861, une berline blanche. Cinq grammes de substances interdites ont été retrouvées à l'intérieur. D'après ses propres déclarations, elle se rendait au club Côte d'Étoile pour chercher son mari, moi, Alexandre Leclerc, prétendument ivre, à la demande d'Isabelle Mornay. Or, après vérification, aucun appel de Madame Mornay n'a été enregistré ce soir-là. »

Il a levé les yeux vers elle, son regard glacial débordant de mépris. « Je ne suis pas allé au club ce soir-là. Madame Mornay ne vous a pas appelée. Pourquoi mentir ? Face à des preuves irréfutables, reconnaissez-vous votre culpabilité ? »

La phrase « reconnaissez-vous votre culpabilité ? » a retenti comme un coup de tonnerre, et a ébranlé Camille jusqu'au plus profond d'elle-même.

Elle l'a regardé, incrédule. En croisant la froideur absolue dans ses yeux, ses dernières forces l'ont quittée. Un goût métallique est remonté dans sa gorge.

Jamais elle n'aurait imaginé que cet homme, devenu l'un des avocats les plus influents du barreau, retournerait un jour sa lame contre elle.

Elle a tenté de sourire, mais les larmes, incontrôlables, ont coulé sur ses joues.

Elle s'est rappelé qu'il y a six ans, elle et Alexandre étaient encore deux brillants étudiants à la faculté de droit. À l'époque, ils étaient en couple depuis un an à peine, leur relation était passionnée. Leur directeur de programme avait alors annoncé une opportunité de stage à l'étranger.

Ils étaient les deux meilleurs candidats, mais il n'y avait qu'une seule place.

Camille savait combien Alexandre y tenait. Elle a renoncé sans rien dire. Ce jour-là, elle a fait semblant d'être malade pour ne pas se présenter à l'entretien. Il ne l'a jamais su.

Quand il avait été sélectionné, il était revenu tout sourire pour annoncer la nouvelle, et elle avait partagé sa joie de bon cœur.

Deux ans plus tard, il est rentré diplômé de l'étranger et lui a demandé de l'épouser. À ce moment-là, elle s'est sentie comme la femme la plus heureuse du monde.

Elle a cru avoir fait le bon choix.

Leur amour, du campus à l'autel, est devenu une belle histoire que tout leur entourage a enviée.

Après le mariage, Camille a abandonné ses rêves de juriste pour devenir l'épouse parfaite, celle qui le soutenait dans l'ombre.

Lorsqu'il a rencontré des difficultés professionnelles, elle l'a aidé à chercher des solutions. Lorsqu'il est rentré épuisé, elle l'a attendu avec un repas chaud.

Un an après leur mariage, la carrière d'Alexandre avait pris son envol. Sa réputation dans le milieu ne cessait de grandir. C'est à ce moment-là qu'est arrivée sa nouvelle assistante : une jeune diplômée en droit, fraîchement sortie de l'université. Elle s'appelait Isabelle Mornay. Elle est jeune, jolie, avec ce mélange d'innocence et de sensualité qui donnait envie de la protéger.

Alexandre aimait l'avoir à ses côtés. Lors d'une soirée entre amis, Camille a surpris une remarque glissée à mi-voix : quelqu'un avait surnommé Isabelle Mornay « Madame Leclerc Junior ».

À cet instant, elle a senti ce que voulait vraiment dire le mot trahison, une douleur à vif, comme une lame sous la peau. Mais elle ne l'a pas confronté. Elle n'a rien dévoilé.

Parce qu'elle l'aimait encore.

Avec le temps, Alexandre est devenu associé dans l'un des cabinets les plus réputés. Il a été surnommé le plus jeune avocat brillant du barreau. Lui et Isabelle sont apparus ensemble partout, leur relation n'a été un secret pour personne. Elle, l'épouse officielle, a vu sa dignité piétinée sans ménagement. Et pourtant, elle n'a même pas osé le confronter. Elle est devenue une simple épouse au foyer, sans identité, sans espace à elle, gravitant autour de lui.

Il était devenu tout son univers.

Elle a relevé lentement la tête, et a regardé l'homme qu'elle avait aimé de tout son être pendant sept ans.

Son regard, chargé de mépris, a été la dernière étincelle.

Dans ses yeux à lui, elle s'est vue comme un clown pathétique.

À cet instant précis, quelque chose en elle s'est éteint à jamais.

Elle s'est levée, la voix ferme et déterminée : « Je ne reconnais pas les faits. Je n'ai rien fait de mal. »

Le juge a demandé : « Disposez-vous de nouvelles preuves pour appuyer vos propos ? »

« Oui. » Camille a sorti une montre.

Quand Isabelle l'avait appelée, elle était justement en train de discuter avec Léa Vernay via sa montre connectée.

Cette montre était équipée d'un système d'enregistrement automatique.

Alors, après la « disparition accidentelle » de son téléphone, elle était devenue la seule preuve tangible : Isabelle Mornay l'avait bien appelée, ce 23 novembre, aux alentours de 21 heures. Et l'enregistrement de leur conversation était limpide.

« Camille, viens chercher Maître Leclerc. Il est ivre. Il est au club Côte d'Étoile. »

« Pour aller au club Côte d'Étoile, j'ai dû passer par l'avenue de l'Ouest, où les contrôles avaient lieu. Il est évident qu'elle m'y a délibérément envoyée. » a-t-elle déclaré, calme et implacable. « Et j'ai un autre élément. Une preuve que quelqu'un a délibérément placé ces substances interdites dans ma voiture. »

Elle a présenté une vidéo : en octobre, alors qu'elle était allée voir Alexandre au cabinet, sa voiture était restée garée dans le parking souterrain. Sur les images de surveillance, on voyait très nettement une femme ouvrir la portière de sa voiture et y glisser quelque chose.

Cette femme, c'était Isabelle.

Camille a tourné la tête vers Alexandre. Son regard n'avait plus rien de l'ancienne fascination, il était celui d'une femme brisée qui se relevait. Un regard clair, sans attachement, sans peur.

« Maître Leclerc, il existe deux clés pour ma voiture. L'une est en ma possession. L'autre, si je ne me trompe pas, est restée chez vous. Dites-moi, l'avez-vous déjà confiée à quelqu'un d'autre ? »

Alexandre s'est tourné lentement vers la salle d'audience, son regard s'est arrêté sur Isabelle.

Isabelle avait déjà perdu contenance. Elle s'est levée d'un bond, tentant de se justifier à voix haute : « Ce n'est pas vrai… Ce n'est pas ce que vous croyez… »

Le juge a frappé du maillet. « Silence dans la salle. »

Isabelle s'est rassise, le visage bouleversé, les yeux pleins de larmes, regardant Alexandre avec détresse. « Ce n'est pas moi… Je vous jure… »

L'expression d'Alexandre, jusque-là implacable, a vacillé. L'homme connu pour ses plaidoiries glaciales et chirurgicales laissait apparaître une fêlure.

Jamais il n'aurait imaginé qu'Isabelle — cette fille douce, docile, presque fragile — puisse lui mentir. Encore moins qu'elle ait profité de sa proximité pour s'emparer de la clé de sa femme.

Il a regardé Camille. Et, dans ses yeux à lui, quelque chose a vacillé, un éclat fugace, trouble, difficile à nommer.

Camille, elle, ne l'a plus regardé. Sa voix, ferme, a claqué dans la salle : « Je demande que cette affaire soit réexaminée à la lumière des preuves que je viens de fournir. Pourquoi Madame Mornay a-t-elle menti ? Pourquoi a-t-elle ouvert ma voiture ? D'où viennent ces substances ? » Puis elle s'est rassise. Elle avait tout dit. Et elle a attendu.

Grâce aux éléments fournis — enregistrements, vidéos, témoignages — Camille a réussi à prouver son innocence. Isabelle Mornay a été placée en garde à vue pour être interrogée.

En sortant du tribunal, la neige tombait encore. Un blanc épais avait recouvert toute la ville. Camille a levé la tête. Les flocons se sont posés sur son visage. Ils étaient glacés, comme des aiguilles.

« Si tu avais ces preuves, pourquoi ne pas les avoir montrées plus tôt ? » Alexandre s'était approché d'elle sans qu'elle le remarque.

Elle a tendu la main vers le ciel. Un flocon a fondu dans sa paume. « Tu m'aurais crue ? »

Combien de fois avait-elle tenté de s'expliquer ? Et lui, qu'avait-il répondu ? Elle s'en souvenait, de sa réponse. Mot pour mot.

— « Tu crois vraiment qu'Isabelle serait capable de mentir ? »

Il avait préféré croire celle qui mentait, et douter de sa propre femme.

Ils étaient mariés, pourtant. Quelle claque.

Si elle n'avait pas sorti les preuves plus tôt, c'était parce qu'elle gardait encore un espoir. Un tout petit. Qu'Alexandre ne la pousserait pas à bout. Qu'il ne lui ferait pas ça. Qu'il ne la sacrifierait pas.

Mais elle s'était trompée.

Alexandre Leclerc avait bien été capable de l'envoyer en prison pour une parole d'Isabelle Mornay.

« Alexandre Leclerc… Divorçons. »

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