Chapitre 3

Eva a soudainement souri et a dit : « Parce que maman t’aimait beaucoup, papa, ce n’était pas grave si tu n’aimais pas Eva, mais pourrais-tu aimer un peu plus maman ? »

« Peux-tu être un peu plus gentil avec maman à partir de maintenant… »

Sa voix était très douce, et ses grands yeux regardaient Alex.

Les yeux d’Alex ont légèrement bougé.

En effet.

Il savait que l’intention de Léa ne pouvait pas être simplement pour l’enfant.

« C’est ta maman qui t’a appris à dire ça ? » a demandé Alex d’un ton froid, avec une légère touche de mépris.

« Non ! » Eva a secoué la tête précipitamment.

Alex ne la croyait naturellement pas, et ses yeux se sont adoucis un peu.

Eva sentait que ses paroles avaient probablement contrarié son papa, mais elle savait qu’elle était comme la petite sirène, qu’elle ne vivrait pas longtemps. Bien que maman lui ait dit qu’elle allait mieux, Eva sentait qu’elle était vraiment très malade.

Mais, si un jour elle devenait une bulle et retournait dans la mer, elle espérait que maman aurait aussi quelqu’un pour l’aimer.

Eva s’est levée, a marché sur le tapis doux et est allée près de la petite bibliothèque, puis, elle a pris un carnet. « Papa, maman t’aime vraiment, tu peux regarder ce qu’il y a dedans. »

Alex s’est arrêté un instant et a regardé les yeux pleins d’espoir d’Eva.

Il a pris le carnet en cuir, il était clairement très vieux.

« Tu dois vraiment le regarder, » a dit Eva avec un sourire doux.

Alex savait évidemment que Léa l’aimait, il n’avait pas besoin que quelqu’un lui dise, il le comprenait parfaitement. Il n’avait donc aucune envie d’ouvrir ce carnet, il s’est contenté de dire distraitement : « Ok. »

Lorsque Léa est revenue après avoir chauffé le lait, Eva s’est endormie bien sagement.

Léa a pris soin d’emmener Alex hors de la chambre.

Après avoir fermé la porte et s’être éloignée, Léa a dit : « Demain matin, tu emmèneras Eva à l’école maternelle toi-même. Tu n’as pas besoin de dormir dans la chambre d’amis, j’y dormirai. »

Alex a souri froidement en entendant cette phrase, « Alors, tu veux encore essayer de grimper dans mon lit ce soir ? »

Le sarcasme acerbe a fait pâlir Léa un instant.

Léa s’est souvenue.

Lorsqu’elle venait de l’épouser.

Elle avait effectivement fait de telles bêtises à l’époque.

Bien que ce soit le vieux monsieur Richard qui lui ait ordonné de faire cela, elle avait aussi pris le risque.

Au fil des années, elle a bien vu ce qu’était cet homme.

Léa a pincé les lèvres et a dit : « Ne t’inquiète pas, cela ne se reproduira plus. »

Alex a lancé un regard légèrement froid, « J’espère bien. »

Léa savait qu’il ne croyait pas, et elle n’avait pas l’obligation de lui expliquer quoi que ce soit. Ses sentiments pour lui s’étaient dissipés au fil des années, elle ne l’aimait plus.

À ce moment-là, le téléphone d’Alex a sonné, et Léa a vu le nom « Isabelle » s’afficher clairement à l’écran.

Elle s’est discrètement écartée, et derrière elle, la voix grave et douce d’Alex s’est fait entendre, « Isabelle… »

« Oui. Je ne viendrai pas ce soir. »

« Repose-toi bien. »

Léa est restée calme.

Le matin suivant, Léa s’est occupée de préparer les vêtements d’Eva.

Alex la regardait.

Léa s’est levée et a naturellement tendu la gourde et le sac à dos à Alex.

Alex a regardé la gourde rose et le sac à dos rose, levant un sourcil, alors que Paul s’apprêtait à les prendre, Léa l’a interrompu en disant : « Alex, prends-les. »

Le regard d’Alex est devenu plus complexe, mais il les a tout de même pris.

Paul a regardé M. Richard, toujours aussi froid et réservé, portant ces deux objets tout mignons, et n’a pas pu retenir un sourire pendant un instant, Alex est devenu un jeune papa.

Et Eva, en voyant cette scène, se sentait tellement heureuse.

Avant, elle ne pouvait voir cela qu’à la télévision.

Aujourd’hui, maman était là, et papa aussi…

Elle se sentait vraiment heureuse.

Léa a embrassé Eva sur le front en lui disant : « Mange bien, étudie bien. » Puis, elle s’est tournée vers Alex en disant : « Prends bien soin d’Eva. »

Alex a hoché la tête, « Paul, contacte les actionnaires principaux, nous aurons une réunion au Groupe Richard dans trente minutes. »

Paul a retrouvé son attitude professionnelle en répondant : « D’accord. » Tout en disant cela, il a couru pour ouvrir la porte de la voiture pour Eva.

Le père et la fille sont montés dans la voiture, l’un après l’autre.

Léa les a regardés partir.

Un silence bref est tombé dans la voiture, le père et la fille n’avaient jamais eu beaucoup de contacts auparavant, même Paul, à côté, ressentait un léger malaise.

Ce qu’Alex ne savait pas, c’était que pour Eva, rester simplement avec son papa à ce moment-là était une chose incroyablement heureuse.

Elle a commencé à espérer timidement le lendemain, le surlendemain.

Et même plus…

Elle se disait qu’elle était un peu trop gourmande.

Le regard plein d’attente d’Eva s’est soudainement tourné vers Alex.

Alex a levé les yeux vers elle, sa voix légèrement gênée, « Tu as un problème ? »

Eva a légèrement toussé, sa voix faible et pleine d’espoir, « Papa, aujourd’hui, à la sortie de l’école maternelle, tu pourras venir me chercher ? Si tu es trop occupé, ce n’est pas grave… »

En parlant, la voix d’Eva est devenue de plus en plus faible.

Elle manquait de confiance en elle.

Alex avait les yeux légèrement assombris, après avoir passé du temps avec cette enfant la veille, il ne la trouvait pas détestable, de plus, il avait promis à Léa de se comporter en père avec elle.

Puisque c’était le cas, venir la chercher ne posait pas de problème.

« À quelle heure finis-tu ? »

La voix d’Eva est devenue joyeuse, ses yeux brillants, « Quatre heures et demie. »

« D’accord. » a répondu Alex.

Eva se sentait comme si elle était plongée dans un coton doux, et si ce moment était un rêve, elle ne voulait pas se réveiller.

Elle a souri tendrement.

Alex a brièvement souri, son regard devenant un peu plus complexe, presque naïf, il se disait que s’il ne s’agissait pas de l’enfant de Léa, il l’apprécierait sûrement.

Eva a été déposée à l’école maternelle, et dès qu’elle est arrivée dans sa classe, elle n’a pas pu s’empêcher d’envoyer un message vocal à sa maman via sa montre téléphone.

« Maman, je te dis, papa a dit qu’il viendrait me chercher aujourd’hui ! » Elle avait un ton fièrement enfantin, elle amplifiait sa voix exprès, et même les autres enfants autour d’elle la regardaient.

« Eva, ton papa va venir te chercher aujourd’hui ? » Une petite fille a dit avec curiosité.

Eva a fait deux petits bruits de satisfaction, « Bien sûr. »

« C’est super. » La petite fille était contente pour elle, car tout le monde dans la classe disait qu’Eva était un enfant sans père, un enfant sauvage.

Ainsi, plus personne n’oserait dire qu’elle n’avait pas de père.

Et Eva attendait avec impatience le moment où la sortie de l’école arriverait.

En même temps, Léa venait d’écouter le message vocal, « Maman, je te dis, papa a dit qu’il viendrait me chercher aujourd’hui ! »

Ses yeux se sont adoucis un instant, ses lèvres se sont légèrement courbées, mais son cœur a ressenti une légère douleur.

Dans les derniers moments, elle voulait rendre Eva aussi heureuse que possible.

Tant qu’Eva était heureuse, elle ferait tout ce qu’il fallait.

Elle lui a aussi répondu par un message vocal, « Alors, je ne viendrai pas te chercher aujourd’hui, Eva, bon courage. »

Léa a ouvert Instagram, et la première publication était celle de Paul, accompagnée d’une photo de boucles d’oreilles en diamants roses, avec des mots : « Un article spécialement demandé par le PDG ! Aujourd’hui encore, c’est un jour où j’envie Mlle Moreau ! Il y a tant de riches dans le monde, pourquoi ne pourrais-je pas en être un de plus ! »