Chapitre 2

Sous une pluie de regards médusés, j'ai tourné les talons sans la moindre hésitation.

De retour chez moi, je me suis débarrassée enfin de cette robe de soirée qui m'avait tant alourdie.

Tout le monde savait que j'étais le chien servile de Jérémie, prête à lécher ses bottes. Pour chacun de ses caprices, j'anticipais chaque détail et préparais tout méticuleusement.

Combien de fois Jérémie s'était-il plaint de la fatigue au travail, réclamant du repos ? Alors j'avais organisé un voyage à Hawaï, sachant combien il aimait le sable fin et l'océan.

Mais dans ma vie précédente, il avait refusé ce voyage, préférant une randonnée en montagne avec Suzanne. On m'avait traînée de force. Sous une pluie battante, il m'avait ordonné de retrouver le bracelet de Suzanne... J'avais dévalé la falaise, me brisant la jambe. Deux longs mois clouée au lit d'hôpital.

Cette sensation d'être poussée au bord du précipice ? Plus jamais.

Éloigner Jérémie serait ma première victoire.

J'ai fait rapidement ma valise et suis descendue avec mes affaires nécessaires.

C'était alors que Jérémie a fait irruption, vêtu de son costume élégant. Son regard s'est posé sur moi et un rictus méprisant est apparu sur son visage. D'un geste brutal, il a arraché ma valise et l'a jetée au sol.

« Qu'est-ce que tu fabriques ? » ai-je demandé, les sourcils froncés.

« C'est à toi que je devrais poser cette question ! » a-t-il rétorqué, haletant de colère, « Tu joues encore à la fugueuse ? La prochaine fois, ce sera une lettre de suicide pour attirer l'attention ? Nancy, quand vas-tu grandir ? Toujours ce chantage pathétique ! »

J'ai tapoté ma valise et ai articulé lentement : « Qui t'a parlé de suicide ? »

Des êtres adultères et ingrats comme lui et Suzanne, ils pouvaient prospérer, et moi qui avais cette seconde chance, pourquoi me donnerais-je la mort ?

Jérémie a ricané, le regard empli d'un mépris glacé.

Suzanne, qui l'avait suivi, a pris la parole d'une voix doucereuse : « Nancy, si tu voulais venir à sa fête, il suffisait de lui en parler gentiment. Vous avez grandi ensemble comme frère et sœur, il ne t'aurait jamais refusée. »

« Et le chantage au suicide... une fois, passe encore. Mais à force, tu abuses de notre patience et de notre confiance », ses paroles étaient lourdes de sous-entendus.

Le regard que Jérémie a posé sur moi s'est fait plus glacial encore.

Soudain, un souvenir m'est revenu en mémoire : au lycée, après que Jérémie et Suzanne étaient devenus amants, son attitude envers moi avait radicalement changé. Folle de rage, j'avais alors menacé de me jeter dans la rivière.

Cette déclaration avait terrifié les parents de Jérémie, qui l'avaient forcé à rompre avec Suzanne.

Depuis ce jour, Jérémie m'avait prise en aversion, il m'ignorait systématiquement et refusait tout contact avec moi. Quant à Suzanne, elle et son cercle d'amis avaient fait de moi leur souffre-douleur.

J'ai soutenu fermement le regard de Jérémie : « Tu extrapoles. Je n'ai jamais envisagé le suicide. Je fais simplement mes valises pour Hawaï. »

Jérémie a eu un ricanement méprisant, croyant à une énième tentative pathétique de sauver la face.

Suzanne a tiré doucement sur sa manche : « Et si on laissait Nancy venir à ta fête ? Elle a l'air si... pitoyable. »

Jérémie commençait à fléchir et je l'ai coupé court : « Inutile. Je pars pour Hawaï. »

La réaction de Jérémie était immédiate : « Tu entends ça ? Elle part pour Hawaï ! »

« Nancy, arrête ce caprice », a soupiré Suzanne en s'approchant.

Elle a fait mine de me prendre amicalement le bras... Mais ses ongles acérés se sont enfoncés cruellement dans ma chair.

La douleur m'a fait réagir instantanément et je l'ai repoussée avec violence.

Elle a profité de ce mouvement pour se laisser choir au sol, jouant à la pauvre victime.

Main serrée contre sa poitrine, regard empli d'une fausse innocence blessée, elle a balbutié : « Tu... Comment oses-tu ? »