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Chapitre 4

Auteur: Gérard Poincaré
J'ai reçu enfin mon diplôme universitaire.

Les nombreuses réponses positives à mes candidatures, dont celle tant espérée d'une entreprise technologique dans la ville voisine, m'ont comblée de joie. J'ai fixé immédiatement un entretien.

Obtenir un emploi, voilà ce qui avait été le rêve inassouvi de ma vie précédente.

L'après-entretien était une longue attente angoissante. Enfin, l'appel tant attendu : j'étais prise !

Assise dans le train, je parcourais avec enthousiasme les annonces immobilières. La perspective de m'éloigner définitivement de Jérémie me transportait de joie !

Mais à peine descendue du train, mon téléphone a sonné. La voix brutale de Jérémie m'a transpercée :

« Nancy, où es-tu ? »

Ma bonne humeur s'est éteinte instantanément : « Pourquoi cette question ? »

Son ton s'est fait glacial : « Mes parents sont de retour. Ils exigent ta présence pour le dîner. »

J'ai retrouvé la villa au crépuscule. Autour de la table, quatre visages fermés : Mathieu, Brigitte, Jérémie et Suzanne. L'atmosphère était lourde de tensions non-dites.

Visiblement, quelque chose s'était passé en mon absence.

J'ai pénétré dans la cuisine, le visage impassible.

Le regard de Jérémie m'a effleurée. Soudain, il a jeté sa fourchette et a quitté la table : « Je n'ai plus faim. »

Suzanne s'est précipitée à sa suite.

J'ai pris place entre Mathieu et Brigitte. Les deux parents gênés ont tenté maladroitement d'excuser leur fils.

J'ai contemplé leur visage aimable. Bien qu'aucun lien de sang nous lie, je les considérais déjà comme mes parents biologiques.

Dans ma vie antérieure, lorsqu'ils avaient découvert mon emprisonnement par Jérémie, ils avaient tout tenté pour me sauver. Hélas, Jérémie contrôlait déjà pleinement la famille Millet. Leur impuissance n'était pas un échec, mais une fatalité.

Je ne leur en voulais pas. Je ne m'en voulais qu'à moi-même, pour avoir été aussi naïve.

D'une voix douce mais ferme, j'ai déclaré : « Mathieu, Brigitte, j'ai longuement réfléchi. Jérémie et moi ne sommes pas faits l'un pour l'autre. Il ne m'aime pas, et je ne l'aime plus. Plutôt qu'un mariage malheureux, accordons-nous mutuellement notre liberté. Rompons nos fiançailles. »

Le visage de Brigitte s'est figé instantanément, ses yeux s'emplissant de larmes : « Doit-on vraiment en arriver là ? »

D'un hochement de tête déterminé, j'ai scellé ainsi la résolution qui me tenait à cœur depuis ma renaissance. Une sensation de libération totale m'a envahie.

Avant de partir, je suis retournée dans mon ancienne chambre pour récupérer quelques affaires oubliées. Suzanne m'a barré soudain le passage : « Nancy, pourrais-tu me laisser Jérémie ? Je porte son enfant... Un bébé a besoin de son père. » Ses yeux rougis semblaient si fragiles.

J'ai froncé les sourcils, reculant instinctivement.

Un sourire étrange est apparu sur ses lèvres. Soudain, elle a attrapé ma main et l'a projetée violemment contre elle-même. « Nancy, ne me pousse pas ! Mon bébé ! Aïe, ça fait mal ! »

Elle a dégringolé les escaliers, du sang écarlate coulant entre ses jambes.

Jérémie a surgi de son bureau, le visage déformé par la fureur. Sa main s'est abattue sur ma joue : « Nancy, tu es monstrueuse ! Quand on disait que tu maltraitais les autres, je doutais. Mais là, de mes propres yeux... Comment oses-tu ? C'est toujours toi qui te mets entre Suzanne et moi ! »

Mathieu et Brigitte sont arrivés juste à temps pour entendre Suzanne hurler de plus belle, ses mains serrées sur son ventre.

Jérémie a rugi : « Regardez ! Voilà la fiancée que vous m'aviez choisie ! »

La douleur irradiait mon visage, mes oreilles bourdonnant. Face à la tragi-comédie de Jérémie jouant l'homme trahi, j'ai répliqué sans réfléchir par deux gifles cinglantes : « Sois tranquille. À partir d'aujourd'hui, je ne suis plus ta fiancée. »
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