AlmaIls sont partis.Leurs pas résonnent encore dans la cage d’escalier quand le silence me revient comme un choc en pleine poitrine. Élias m’a regardée avant de s’éloigner, ce regard noir et brûlant qu’il ne réserve qu’à elle. À Roxane.Il ne m’a pas dit au revoir.Juste un signe de tête.Juste un adieu suspendu.Et maintenant je suis seule.Seule avec les lettres, les souvenirs, et le poids d’une vérité que je n’étais pas censée porter.J’inspire profondément, tente de ralentir mon cœur qui cogne, cogne, cogne, comme s’il voulait me fuir lui aussi. Je sais ce que je dois faire : sortir. Sauver les documents. Mais mes jambes hésitent, mes doigts tremblent.Et ce n’est pas à cause des ennemis en bas. C’est à cause d’eux.Roxane et Élias.Je les ai vus. J’ai tout senti. Ce n’était pas juste une tension de survivants, pas un simple baiser de soulagement. C’était… viscéral. Ancien. Incontournable.Et moi, au milieu.J’ai voulu croire, l’espace de quelques nuits, que je pourrais le répar
RoxaneLe silence nous entoure comme une chape de plomb. Les murs de ce vieux bâtiment abandonné semblent absorber notre souffle, nos craintes, nos pensées les plus troubles. L’odeur de bois pourri, de métal froid et de poussière stagnante colle à mes narines, mais ce n’est rien comparé à ce que je ressens à l’intérieur.Je fixe Élias du coin de l’œil. Il ne parle pas, mais son regard ne cesse de revenir vers moi. Il pense que je ne le vois pas, qu’il dissimule bien ce qui le ronge. Mais je le connais. Trop bien.Il est tendu, chaque muscle sous sa veste de cuir semble prêt à exploser. Pas à cause du danger. Pas seulement. C’est autre chose. Quelque chose de plus... brutal. De plus intime. Et ça me brûle aussi, là, juste sous la peau.— Tu ne m’as jamais dit toute la vérité, je lâche, sans même me retourner vers lui.Un silence. Puis :— Pas ici. Pas devant elle.Il désigne Alma d’un simple mouvement du menton, mais ses yeux sont braqués sur moi.Je souris sans joie.— Tu sais qu’on n
ÉliasLa nuit semble plus noire que jamais, comme si l’obscurité elle-même voulait nous avaler. La pluie s’est arrêtée, mais l’humidité colle à ma peau, à mes pensées. L’enveloppe dans ma poche pèse plus lourd que n’importe quelle arme.Je marche aux côtés de Roxane et Alma, un trio improbable mais nécessaire, forcé par la tempête qui menace de tout emporter. Chaque pas résonne dans le silence pesant de la ville endormie, où les ombres s’étirent, menaçantes.— Il faut qu’on trouve un endroit sûr, dis-je, la voix rauque, presque étranglée. Ici, on est trop exposés.Roxane acquiesce sans un mot. Son regard est dur, décidé. Mais je vois aussi une ombre de fatigue, comme si chaque pas lui coûtait, comme si elle portait le poids d’un secret trop lourd.Alma serre ma main avec une force tranquille. Ce contact m’ancre, me rappelle pourquoi je ne peux pas faiblir. Elle est ma lumière dans ce chaos grandissant.Nous tournons au coin d’une rue, la lumière blafarde d’un lampadaire éclaire une po
ÉliasJe ne m’attendais pas à la revoir ici. Pas ce soir. Pas maintenant. Pas alors que tout s’écroule autour de nous.La pluie fine glisse sur le bitume, éclaboussée par les néons tremblants d’un réverbère qui lutte contre l’obscurité. La rue est presque déserte, juste ponctuée par le bruit sourd de mes pas et le souffle rauque du vent. L’air est lourd, saturé d’une tension que je ne sais pas encore nommer.Puis, dans ce décor morne et humide, elle apparaît. Une silhouette familière, impossible à oublier. Roxane.Son visage est éclairé par la lueur vacillante, et malgré les mois rien n’a changé. Ce sourire à la fois tendre et distant, ses yeux qui semblent raconter mille histoires, toutes plus complexes que je n’aurais pu l’imaginer.— Élias...Sa voix est un souffle, fragile et douce, comme si elle craignait que prononcer mon nom puisse briser le silence autour d’elle.Je me fige, le cœur battant un peu trop fort. Le choc me cloue sur place, me suspend entre le passé et le présent.
AlmaMon souffle se fige. La silhouette devant moi, à peine éclairée par la lumière vacillante des lampes torches, me rappelle un nom, un visage que je croyais à jamais effacé de ma mémoire. C’est lui. Celui que je redoutais de revoir. Celui dont la simple évocation me tirait des nuits blanches.— Lukas… murmuré-je, comme si prononcer son nom pouvait chasser le fantôme.Son regard sombre ne trahit aucune émotion, mais dans ses yeux, je lis toute la rancune accumulée, toute la douleur étouffée. Il avance d’un pas, lent, sûr, comme un prédateur revenu réclamer ce qu’il croit lui appartenir.— Tu ne pensais pas me retrouver ici, Alma. Ni avec lui.Il jette un regard froid à Élias, qui se redresse, le corps tendu comme un arc prêt à lâcher sa flèche.ÉliasJe serre les poings. Je ne connais pas cet homme, mais je sais que sa présence ici est un danger immédiat. Il dégage une aura toxique, lourde de menaces.— Qui es-tu ? Pourquoi tu es là ? Je t’interdis de lui faire du mal.Lukas sourit,
AlmaLe silence retombe comme une chape après la tempête. Autour de nous, la maison grince, se fissure, comme si elle avait retenu son souffle pendant ce combat. Chaque craquement du bois résonne dans mes oreilles, amplifié par l’angoisse qui serre ma poitrine. Le poids des heures passées à fuir, à lutter, à survivre, pèse lourdement sur nous.Mon cœur bat encore la chamade, mes mains tremblent, mais je serre toujours celle d’Élias. Il est là, à mes côtés, vivant, mais quelque chose a changé. Dans ses yeux, une fatigue profonde, presque désespérée, mêlée à une lueur nouvelle — une détermination plus forte. Cette étincelle farouche, cette rage contenue, me redonne un souffle d’espoir. Je devrais être épuisée, prête à m’effondrer, pourtant, je sens une énergie froide monter en moi, comme si cette nuit nous forgeait dans le feu de l’adversité.Je regarde les traces de lutte sur ses bras, les cernes sous ses yeux, et je comprends que cette nuit ne sera pas notre dernière bataille. Pas enc