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L'Ange Gardien
L'Ange Gardien
Auteur: Lakhita

Chapitre 1

Il avait commis son premier vol à 16 ans. Et son premier meurtre à 23. Mais je m’avance peut-être un peu. Je vous donnerai plus de contexte quand Jung-Hwa en aura fini avec la personne qui attend à sa porte.

« Vous avez un invité, Monsieur Ro. »

Jung-Hwa ne répondit pas. Son majordome savait parfaitement qu’il l’avait entendu mais qu’il n’allait pas répondre pour autant. Jung-Hwa ne faisait aucun bruit et personne n’aurait pu deviner qu’il était présent mais si nous regardions sa porte de plus près nous remarquions tout de suite une aura sombre et décourageante autour de cette dernière ce qui était plus puissant que n’importe quelle serrure. En effet personne n’aurait osé ouvrir cette porte et surtout pas le majordome.

Jung-Hwa se demandait pourquoi est-ce que son majordome continuait même à insister afin de le prévenir de ses visites alors qu’il l’ignorait royalement à chaque occasion. Il s’était déjà débarrassé d’autres personnes qui lui avaient été inutiles après tout alors pourquoi garder son majordome plus longtemps ?

Jung-Hwa regarda par réflexe l’image des caméras même s’il savait parfaitement qui l’attendait dans le hall et finit de s’habiller en silence avant de finalement sortir de son antre. Il ouvrit la porte d’un coup sec et se retrouva nez à nez avec un homme en costume gris. Ce dernier se tenait droit tel un pic et annonça le visiteur d’une voix monotone tout comme il l’avait fait quelques minutes auparavant. Jung-Hwa n’attendit même pas qu’il ait fini et se lança vers l’entrée. C’était à se demander s’il l’avait vu.

Son entrée soudaine dans le hall fit sursauter Avram qui visiblement était en train de se plaindre à voix haute d’avoir à attendre si longtemps. Jung-Hwa l’ignora royalement et se dirigea vers la voiture garée au dehors sans un mot.

Jung-Hwa était un homme de très grande taille, presque deux mètres et d’une carrure assez imposante elle aussi. Cela faisait 7 ans qu’il s’entrainait tous les jours au combat et qu’il faisait de la musculation alors cela poussait les inconnus à le fixer peu habitués à cette vue. Ses cheveux noirs lui arrivaient en bas des épaules et il les portait souvent en chignon ou en queue de cheval tandis qu’il portait toujours des costumes lui donnant les airs d’un homme d’affaire. Au vu de sa tenue on aurait plutôt dit un PDG qu’autre chose ce qu’il était vraiment mais cela n’avait aucun rapport avec ses vêtements. Ses nombreux tatouages ne se voyaient pas au travers de son blazer mais quand il marchait nous pouvions apercevoir de temps en temps quelques traits noirs au niveau de sa malléole et Avram avait passé de nombreuses heures à essayer de deviner à quoi pouvaient bien ressembler ces mystérieux tatouages.

Derrière Jung-Hwa, Avram continua à se plaindre dans sa barbe. Il aimait faire entendre son mécontentement et ne se privait pas d’exprimer à quel point il en avait marre d’être ignoré, que son chef ne parlait jamais, qu’il le considérait comme un chien etc. Jung-Hwa supportait mal tout ce bruit mais il ne pouvait plus le virer à présent. Après tous les coups qu’ils avaient faits ensemble Avram en savait beaucoup trop sur Jung-Hwa. Mais surtout Jung-Hwa devait avouer que l’homme se montrait des plus utiles malgré son tempérament irritant.

Heureusement Pihi était beaucoup plus professionnelle que son collègue et renseigna immédiatement Jung-Hwa du planning de sa journée quand il apparut dehors :

« Aujourd’hui nous allons rendre visite à Luc De Verley. C’est un coup des plus simples mais je me suis dit que nous méritions un peu de repos. »

Jung-Hwa se contenta d’hocher la tête sèchement. Avram se réveilla sur le coup et se mit à rire :

« Dire qu’il est assez idiot pour garder tout son argent dans son bureau. J’adore les personnes paranos. Elles sont des plus simples à berner. »

Un regard de Pihi suffit pour faire taire Avram. Pourquoi est-ce qu’il s’entêtait à faire la conversation avec Jung-Hwa ? Tout le monde savait que ce dernier n’allait jamais répondre. En quatre ans ils ne l’avaient jamais vu ne serait-ce qu’esquisser un sourire. Un sourire sincère tout du moins.

Comme prévu, Jung-Hwa ne dit rien alors Pihi continua. Elle avait bien l’habitude de faire des monologues et elle se s’en plaignait point. Après tout elle n’avait aucunement envie de devenir amie avec son collègue. Tout ce qu’elle voulait était gagner de l’argent et Jung-Hwa pouvait lui offrir cela.

« Violina est déjà en route. »

Jung-Hwa hocha la tête de nouveau et prit place au volant avant de démarrer et de partir en laissant en plan les autres sans une once d’hésitation. Tandis que les roues relevaient la poussière sur leur chemin, Avram plissa les yeux et chuchota comme s’il avait peur que Jung-Hwa les entende même d’aussi loin :

« Tu sais y faire avec lui. Chapeau.

-Je me contente de donner le moins de détails possibles et d’utiliser aussi peu de mots qu’il est conseillé. »

Avram hocha doucement la tête comme si Pihi venait de lui révéler un secret ancestral mais Pihi savait parfaitement qu’il n’allait jamais faire comme elle et elle avait raison. Il allait continuer à dire tout ce qu’il lui passait par la tête et Jung-Hwa allait continuer à l’ignorer lasse.

En parlant de Jung-Hwa, il ne lança même pas de regard dans son rétroviseur en partant ne voyant ainsi pas Avram se pencher doucement vers Pihi. Même s’il l’avait vu je ne pense pas qu’il y aurait prêté attention. Je ne suis même pas sûre qu’il voyait ces deux inconnus comme ses coéquipiers. Je mettrais même ma main à couper qu’il les voyait comme des imperfections dans so calme habituel et qu’il n’aurait même pas été capable de nous dire la couleur de leurs cheveux.

Les yeux de Jung-Hwa quant à eux étaient fixés droit devant lui et il n’essayait même pas de regarder sur les côtés en conduisant ce qui n’était pas des plus surs en voiture. En regardant droit devant lui, Jung-Hwa remarquait tous les défauts de son entourage. Ces derniers lui sautaient aux yeux directement, des vêtements de couleurs inhabituelles, une démarche titubante, un arbre à la branche cassée, une fenêtre brisée… Tandis qu’il ne remarquait pas la couleur des cheveux de ses collègues, toutes ces petites imperfections lui sautaient immédiatement aux yeux et l’irritaient profondément similaires à des démangeaisons dans son cerveau qu’il n’arrivait pas à ignorer.

Jung-Hwa sortit de sa voiture et fut de suite approché par deux hommes en costume nettement moins flatteurs que le sien. Tout dans leurs êtres sauta aux yeux de Jung-Hwa et il préféra donc ne pas les regarder pour préserver ses yeux.

Les deux hommes savaient parfaitement qui il était : Charles Vincent l’acheteur intéressé par la vaisselle que monsieur De Verley cherchait à vendre bien plus cher qu’il ne l’avait achetée soit dit en passant.

Monsieur De Verley ressemblait parfaitement à la moyenne des humains à qui Jung-Hwa aimait voler : peu de cheveux, à la carrure maladive, aux yeux mauvais et à la voix inquiétante. Son sourire s’élargit la seconde même où il aperçut Jung-Hwa et ce dernier dû se retenir de l’étrangler. A la place Jung-Hwa, ou plutôt Charles, se fit passer pour un homme des plus simplets et sourit autant que possible étant une personne heureuse de se faire complètement piéger.

Cela parut plaire au vendeur ce qui n’était pas surprenant. Les humains adoraient se sentir intelligents après tout. Pendant que Charles charmait De Verley et complimentait sa maison encore et encore bien que sentant la nausée s’emparer de lui, Violina finit par arriver à son tour sur les lieux. Jung-Hwa ne l’avait même pas remarquée quand d’un coup elle était là, debout dans un coin de la pièce le regard baissé vers le parquet. Elle portait des vêtements de serveuse et personne ne lui prêta plus d’attention qu’à une simple chaise. Les autres ne devaient pas être loin non plus et le spectacle pouvait donc commencer.

« Monsieur Vincent ! Quel plaisir de vous voir. J’espère que vous avez trouvé ma demeure sans problème.

-Bonjour, monsieur De Verley. Vos indications étaient parfaitement claires je n’ai eu aucun mal pour arriver jusqu’ici.

-Je suis heureux de l’entendre. Mais je vous en prie entrez, entrez.

-Je tiens à dire avant toute chose que votre habitat est des plus charmants. Je n’avais encore jamais rien vu de comparable.

-N’est-ce pas ? Elle a été construite par mon arrière-grand-père et nous l’avons améliorée au fil des années. Apparemment j’aurais même entendu dire qu’ils se sont inspirés de mon humble demeure pour la construction du Petit Trianon. »

Jung-Hwa se retint de froncer les sourcils devant cette déclaration impossible et pitoyable mais il devait tenir le coup sans perdre son sourire pendant les longues minutes de visite des lieux et d’anecdotes sur toutes les richesses accumulées. Il n’avait qu’une hâte : voir cet homme ruiné.

Heureusement au bout de 34 pièces, Charles finit enfin par se retrouver en face de la vaisselle en question. Une vaisselle tout aussi blanche qu’hideuse avec de nombreuses fleures de toutes les couleurs à chaque recoin. Evidemment le surjeux était le bienvenue et Jung-Hwa parut ne pas tenir en place à la vue de cette merveille :

« Je l’ai enfin devant les yeux. Wow je n’ai encore jamais rien vu de tel. »

Pas besoin de beaucoup de vocabulaire pour convaincre De Verly heureusement. Il continua à donner des détails faux sur la vaisselle pour pousser Jung-Hwa à acheter alors qu’il en avait déjà l’intention. Pendant que l’homme parlait Charles se rendit compte à quel point il avait perdu l’habitude de coups aussi simples et ennuyants mais surtout à quel point il détestait discuter. Il aimait beaucoup plus quand ils s’infiltraient pendant la nuit et qu’il lui suffisait de résoudre les énigmes sans parler à personne un instant ou quand ils braquaient des endroits beaucoup plus surveillés que ce dernier sans se faire jamais prendre par les caméras. C’était décidé. Il n’allait plus jamais s’approcher de tels humains peu importe à quel point l’argent était facile.

Pendant qu’ils parlaient Jung-Hwa calcula vers où pouvait en être l’autre équipe. Avram avait dû éteindre l'alarme à présent et Pihi avait déjà dû forcer le coffre. Maé avait sûrement fait parvenir leur butin à Violina qui avait à présent disparue montrant que l’argent était à présent loin en dehors de la maison.

Jung-Hwa n’avait attendu que cela et malgré son manque d’envie, il décida d’acheter la vaisselle pour en finir et pouvoir s’enfuir au plus loin. Evidemment personne ne devina jamais qui avait bien pu voler l’argent du coffre et sur le chemin du retour Jung-Hwa pu assister aux cris de frustrations de De Verly au travers de caméras piratées par Avram.

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