Chapitre 3

Un sourire indulgent aux lèvres, Silvain a soulevé délicatement le menton de Lucrèce et l'a embrassée, captivé par l'écarlate de sa bouche.

Leur baiser les a emportés jusqu'à la voiture, où les vitres se sont mises bientôt à trembler au rythme de leurs ébats.

Dissimulée derrière un pilier, Mélissa était livide. Elle se couvrait la bouche pour étouffer ses sanglots, tandis que ses larmes creusaient des sillons amers sur ses joues.

Silvain avait mis Lucrèce enceinte ?

Lui qui répétait n'aimer qu'elle, il osait offrir à une autre le reflet de leurs souvenirs les plus précieux ?

Bien que son cœur la pousse à affronter l'infidèle, elle s'est contentée de tourner le dos à la scène.

Elle errait dans les rues, refusant de regagner sa chambre d'hôpital.

Non loin de là, le siège de l'entreprise de Silvain projetait en boucle sur son écran géant les images de leur mariage, ce jour féerique qui avait fait rêver toutes les femmes. On y voyait le château romantique, les petits pages rayonnants, et Silvain aux yeux humides lui glissant l'alliance au doigt...

Tout cela semblait appartenir à hier.

Sous le poids des souvenirs, Mélissa a fondu en larmes.

Son téléphone a vibré soudain. Un message de Silvain : « Chérie, une réunion imprévue me retient au bureau. Je ne pourrai pas passer te voir ce soir. Reparlons demain, d'accord ? »

Une larme lourde s'est écrasée sur l'écran. Mélissa a souri amèrement.

Demain ? Mais le temps lui était désormais compté.

Avant de découvrir la trahison, ces « réunions imprévues » étaient déjà monnaie courante.

Étaient-elles déjà, dès le début, le prétexte de leurs rendez-vous clandestins ?

Elle a répondu d'une main tremblante : « Une réunion avec Lucrèce ? »

Le message était marqué comme lu aussitôt. Mais aucune réponse n'est venue.

Après un long silence, une excuse fragile est apparue : « Cesse d'imaginer des choses. Tu peux vérifier auprès de mon assistant si tu ne me crois pas. »

Tant pis. Elle n'avait plus la patience de se disputer avec lui non plus.

Pourtant, une seconde plus tard, son téléphone a vibré à nouveau. Un message de Lucrèce cette fois :

« Tu as tout entendu dans le parking, n'est-ce pas ? Soyons claires : je te remplacerai tôt ou tard. Silvain est déjà à moitié à moi. Je suis plus jeune, plus charmante… Si tu veux pas être mise au rebut, casse-toi tout de suite ! »

Le texte, provocateur, était « généreusement » accompagné d'une photo : un bas déchiré et un préservatif ouvert.

Les doigts de Mélissa tremblaient si fort qu'elle a failli laisser tomber son téléphone.

Son vœu était certes de divorcer, mais cela ne signifiait pas qu'elle accepterait une telle humiliation.

Un coup de tonnerre gronda soudain, et la pluie s'est mise à tomber en rafales.

Des gouttes ruisselaient le long de son visage pâle, confondant l'eau du ciel et les larmes.

Sous l'averse, elle a écrit d'une main trempée dans son chat avec Silvain : « Silvain, divorçons. »

…

Ce soir-là, en franchissant la porte de leur maison, elle s'est effondrée sur le canapé.

Une chaleur brûlante parcourait son corps et une fièvre intense la faisait frissonner.

« Je ne suis donc pas vraiment morte ? » a-t-elle pensé avec ironie, « Même les fantômes peuvent tomber malades… »

Après un moment, elle s'est levée péniblement, a pris une chaise pour atteindre le portrait de mariage accroché au mur.

Du bout des doigts, elle a effleuré une dernière fois leurs sourires radieux, puis a saisi des ciseaux et a déchiré la photo avec une froide détermination.

Elle a rassemblé ensuite tous les albums et cadres photo de la maison, découpant méthodiquement chaque image où ils apparaissaient ensemble.

Puis c'était au tour des cadeaux de Silvain : les objets de valeur étaient photographiés et mis en vente à bas prix sur un site d'occasion ; ceux faits main étaient réduits en morceaux.

Enfin, elle s'est dirigée vers la pièce d'exposition où trônait, derrière une vitrine, la robe de mariée qu'elle avait portée ce jour de bonheur. Après un long regard empli de nostalgie, elle en a lacéré la soie immaculée avec les mêmes ciseaux.

Quant à la bague de fiançailles, un diamant rose unique dessiné par Silvain lui-même, d'une valeur de plusieurs millions, elle l'a contemplée longuement avant de la jeter dans les toilettes.

Ils s'étaient aimés sincèrement. Ces souvenirs lui avaient été précieux. Plutôt que de les voir souillés par une autre, elle préférait les détruire de ses propres mains.

À bout de forces, elle s'est affaissée au sol, juste au moment où Silvain a fait irruption dans la pièce.