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L'Automne de nos Promesses
L'Automne de nos Promesses
Author: Karine Nicollier

Chapitre 1

Author: Karine Nicollier
À 21h précises, lorsque Mélissa était traînée de force dans une ruelle, Silvain admirait le spectacle de drones aux côtés de Lucrèce.

À 21h10, alors qu'on lui arrachait sa dignité sous les coups et les violences, Silvain déclarait son amour à Lucrèce avec une ferveur romantique.

À 22h, quand Mélissa a succombé à dix-sept coups de couteau avant d'être jetée dans un égout nauséabond, Silvain et Lucrèce s'enlaçaient avec passion, insouciants du monde extérieur.

À minuit, son âme revenue dans son corps, Mélissa a fait face à Silvain qui venait de sortir de la douche.

Les sourcils froncés, il lui a demandé : « Qu'est-ce qui t'est arrivé ? »

Cheveux en désordre, yeux rougis, teint pâle, vêtements déchirés et peau marquée de blessures... Son apparition était spectrale.

Sans le quitter des yeux, Mélissa a murmuré après un long silence : « Divorçons. »

Les traits du bel homme se sont crispés : « Sérieusement ? Tu voudrais divorcer pour une simple dispute ? »

Impassible, les paupières baissées, elle a répété : « Divorçons. »

Silvain l'a regardée froidement, puis a soupiré avant de la serrer contre lui : « Désolé, je n'aurais pas dû te faire descendre en cours de route. Mais tu m'as poussé à bout ! Lucrèce n'est qu'un passe-temps. Tu resteras toujours Mme Genet. Personne ne te remplacera. »

Bien que lavé, son corps gardait le parfum de l'autre. Une odeur qui a transpercé Mélissa comme des milliers d'aiguilles.

La veille, elle avait découvert l'infidélité de son mari.

Pire encore : sa maîtresse n'était autre que Lucrèce Deniau, cette étudiante pauvre que Mélissa avait financièrement soutenue durant sept longues années.

Leur dispute avait éclaté dans la voiture. Fou de rage, Silvain l'avait abandonnée dans un lieu désert. Puis, le drame était survenu.

Après sa mort, son âme était montée au paradis. Dieu, touché par sa vie vertueuse, lui avait accordé sept jours pour revenir et accomplir son dernier vœu.

Son unique désir désormais : divorcer avec cet homme devant elle !

Le cœur engourdi par la douleur, le visage trempé de larmes, elle l'a repoussé : « À dix-sept ans, je t'ai prévenu. Si un jour tu me trahissais, je partirais sans hésiter. Tu m'avais promis que cela n'arriverait jamais. »

Sous les coups de son bourreau, chacune des dix-sept blessures avait cruellement raillé la naïveté de ses dix-sept ans.

Ces mots ont épuisé cependant toute la patience de Silvain. Son regard s'est fait tranchant, glacé : « Quelles promesses ? Assez ! Des paroles d'adolescent, peut-on vraiment les prendre au sérieux ? »

« Regarde les autres héritiers de grandes familles. Tous ont des maîtresses. Moi, je me suis contenté de toi toutes ces années. Je t'aime, elle n'est qu'un divertissement. Ne pourrais-tu pas me laisser cette liberté ? »

Mélissa l'a fixé, désillusionnée, ses doigts froids blanchis par son étreinte : « Si je te disais que je suis déjà morte, me croirais-tu ? Mon seul vœu est désormais de divorcer. »

Silvain a ricané, exaspéré : « Es-tu obligée d'inventer de tels mensonges ? »

« Je… » Alors qu'elle s'apprêtait à répondre, la porte de la chambre s'est ouverte brusquement. Lucrèce est apparue, vêtue d'une robe d'été sensuelle, la peau couverte de marques roses.

Sous le regard insistant de Mélissa, elle a feint la crainte et s'est cachée derrière Silvain, murmurant d'une voix doucereuse : « Je suis désolée… C'est mal d'être avec Silvain, mais pour un homme de son rang, avoir une maîtresse est si commun. »

« Rassurez-vous, je me souviens toujours que vous êtes son grand amour. Je n'oserais jamais convoiter votre place de Mme Genet ! »

Mélissa n'a pas répondu. Son regard s'est posé sur le lit qu'elle avait elle-même arrangé hier matin, maintenant défait et désordonné.

Un rire froid lui a échappé : « Mordre la main qui t'a nourrie… Voilà qui est original. »

Cette femme avait utilisé son argent, partagé son lit et son mari, jusqu'à porter son propre chemisier.

Lucrèce a rougi, les larmes aux yeux : « Mélissa, je… »

« Assez ! » Silvain s'est massé les tempes, agacé, « Calme-toi un moment. »

Sur ces mots, il a entraîné Lucrèce hors de la pièce.

La porte a claqué. Mélissa s'est effondrée au sol, vidée de toute force. Sur le mur en face d'elle était accroché leur photo de mariage, où figuraient deux sourires éclatants, figés dans le bonheur.

Comment tout avait-il pu basculer ? Pourquoi Silvain, qui l'avait tant chérie, avait-il changé à ce point ?
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