Chapitre 2

Silvain n'est pas revenu.

Mélissa s'est enfermée dans la baignoire, frottant sa peau sans relâche pour effacer les traces souillées de l'agression. Mais même quand les éraflures sont apparues et que le sang a commencé à couler, le souvenir de cette nuit est resté gravé en elle, imprégné jusqu'à l'os, rongeant son être de l'intérieur.

Elle a pleuré jusqu'à perdre connaissance. Plus tard, dans sa torpeur, elle a senti des mains chaudes la soulever délicatement, puis une voix familière qui l'appelait sans cesse : « Mélissa ! »

Elle a ouvert les yeux d'un mouvement pénible, et son regard est aussitôt tombé sur Silvain. Son visage, habituellement si froid, était maintenant marqué par la panique : « Ne te rendors pas ! Je t'emmène à l'hôpital ! »

En le regardant, Mélissa a eu l'impression de retourner dans le passé…

À dix-sept ans, un violent tremblement de terre avait frappé la ville. Au moment où la poutre de la classe s'était effondrée, Silvain s'était jeté sur elle pour la protéger, au péril de sa propre vie.

Ensevelis sous les décombres pendant cinq jours sans eau ni nourriture, Mélissa avait commencé à délirer. Alors qu'elle perdait tout espoir et sombrait dans l'inconscience, Silvain n'avait cessé de l'encourager, appelant son nom sans relâche.

Après leur sauvetage, ils étaient officiellement devenus amants.

À l'époque, Mélissa était convaincue qu'ils avaient transcendé la mort et pourraient affronter ensemble toutes les épreuves. Jamais elle n'aurait imaginé que, trois ans après leur mariage, cet homme la trahirait…

Lorsqu'elle a rouvert les yeux, elle était déjà à l'hôpital.

Silvain veillait à son chevet, habillé de la veille, les cernes profondes et le visage marqué par l'épuisement, comme s'il n'avait pas dormi de la nuit.

Mélissa l'a contemplé longuement, puis a tendu une main tremblante pour effleurer sa joue.

L'homme a tressailli, s'éveillant en sursaut. Après un instant de stupeur, il l'a étreinte avec force : « Tu m'as fait peur ! Heureusement que tu vas mieux… Je suis désolé pour mes mots hier soir. »

Ce matin, en la découvrant inanimée dans la baignoire, l'eau froide teintée de rouge, il avait frôlé la folie.

Devant les larmes de Silvain, Mélissa a refoulé ses sanglots et l'a repoussé doucement, un sourire pâle aux lèvres : « Parlons sérieusement, veux-tu ? »

Il a acquiescé immédiatement : « D'accord ! Parlons. Mais promets-moi de ne plus jamais faire une chose pareille. »

« En fait, hier soir, je… »

Soudain, le téléphone de Silvain a vibré. Il l'a consulté et l'a rejeté aussitôt, le visage légèrement tendu : « Continue. »

Mais l'appel a insisté. Cette fois, Mélissa a aperçu le nom sur l'écran : Mon amour Lucrèce.

En un instant, toute force l'a quittée : « Ce n'est rien, réponds. Je suis fatiguée, j'ai besoin de me reposer. »

Elle s'est allongée, toute envie de conversation évanouie.

Silvain l'a regardée un instant avant de sortir en silence.

Quelques secondes plus tard, un message d'un numéro inconnu s'est affiché sur le téléphone de Mélissa : « Oses-tu venir au parking souterrain ? »

Les poings serrés, elle a hésité. Puis, comme poussée par une force obscure, elle s'y est rendue.

Dans l'ombre du garage, Lucrèce sanglotait en tirant sur la manche de Silvain : « Je veux garder ce bébé ! C'est notre premier enfant… Je ne veux pas avorter ! »

Silvain, le front légèrement plissé, a répondu d'un ton détaché : « Mélissa et moi n'avons même pas d'enfant. Comment pourrais-tu accoucher avant elle ? Attends que nous en ayons un, ensuite tu pourras en avoir autant que tu voudras. »

Les larmes de Lucrèce ont redoublé : « Mais l'avortement fait si mal… J'ai peur ! Tu m'avais promis de prendre tes responsabilités ! »

Silvain a soupiré, résigné, et l'a prise dans ses bras : « Je t'accompagnerai, d'accord ? Après, je t'offrirai plusieurs appartements. Ou tout ce que tu désires. »

Lucrèce a enlacé son cou : « Je veux que tu me demandes en mariage. Même si je ne serai jamais ton épouse, je ne veux rater aucune expérience. »

Silvain est resté silencieux, les sourcils froncés.

La jeune femme a fait la moue : « Tu vois ! Tu ne tiens jamais tes promesses ! »

« D'accord, je te promets », a-t-il cédé, incapable de résister à ses caprices.

Lucrèce a souri à travers ses larmes et a poursuivi : « La bague et la robe de mariée… Je veux les mêmes que celles de Mélissa ! »

« Bien, pas de problème. »

« Et je veux aussi me marier dans un château ! »

« Tout ce que tu voudras. »