L’adresse donnée par Morel tournait en boucle dans l’esprit d’Élisa. Un simple lieu sur une carte, mais elle savait qu’il représentait bien plus. Une porte vers un monde dont elle ne pourrait plus sortir une fois franchie.Ils roulèrent en silence jusqu’à une zone industrielle en périphérie de la ville. Les entrepôts abandonnés se succédaient le long de la route, vestiges d’un passé révolu. L’endroit était parfait pour des affaires clandestines, loin des regards indiscrets.Adrian gara la voiture à une centaine de mètres du bâtiment indiqué par Morel. Les vitres étaient teintées, l’endroit plongé dans l’ombre, mais des voitures de luxe étaient garées non loin.— Ils sont là, murmura Novak en tapant sur son ordinateur. J’ai réussi à capter un signal venant de l’intérieur. Beaucoup de mouvements.Margot observa les alentours.— On est sûrs qu’on veut entrer là-dedans ?Élisa prit une profonde inspiration.— Non. Mais on n’a pas le choix.Elle ouvrit la portière et descendit. Adrian l’ar
Le silence dans la voiture était pesant. Élisa tenait le dossier entre ses mains, le fixant comme s’il contenait le poids de son destin. Adrian, au volant, jetait des regards furtifs vers elle, attendant qu’elle parle. Margot et Novak, assis à l’arrière, retenaient leur souffle.— Si ce que Langley nous a donné est vrai, murmura Novak en tapotant nerveusement sur son ordinateur, alors Bellerive est en train d’acheter le soutien des derniers fidèles de Lemoine. Une fois qu’il aura consolidé son pouvoir, il sera intouchable.Margot secoua la tête, l’air contrariée.— Ce type joue sur plusieurs tableaux. Il veut nous éliminer tout en négociant sa place dans une organisation plus grande. Si on ne fait rien, il aura bientôt plus d’alliés que nous.Adrian serra les mains sur le volant.— On doit l’attaquer avant qu’il soit trop tard.Élisa ouvrit enfin le dossier et parcourut les documents. Des relevés bancaires, des lieux de rendez-vous, des noms. Chaque page était une preuve de la montée
L’ambiance dans la voiture était lourde, presque étouffante. Élisa regardait défiler les lumières de la ville par la vitre, son esprit encore embrouillé par les événements de la soirée. Elle venait de mettre fin aux ambitions de Bellerive sans tirer une seule balle. Un coup magistral. Mais elle savait que ce genre d’hommes ne disparaissaient pas si facilement.Adrian, assis à côté d’elle, semblait lire dans ses pensées. Il fixa la route, son regard dur.— Il ne va pas laisser passer ça, murmura-t-il.Elle hocha la tête.— Je sais.Margot croisa les bras depuis la banquette arrière.— On l’a humilié devant ses alliés, il a perdu tout soutien… alors il ne lui reste plus qu’une chose : la vengeance.Novak, les yeux rivés sur son écran, tapota nerveusement sur son clavier.— Il a quitté le restaurant il y a vingt minutes. Je surveille les caméras de la ville, mais il a été malin. Il a changé de voiture, impossible de savoir où il est allé.Élisa soupira et appuya sa tête contre le dossier
Le silence s’installa dans la maison après l’attaque. Le sol était couvert de débris, des éclats de verre parsemaient le tapis luxueux du salon, et l’odeur de la poudre persistait dans l’air. Élisa était toujours accroupie devant sa mère, le cœur battant à tout rompre.— Comment ça, ce n’est que le début ? demanda-t-elle, la voix plus dure qu’elle ne l’aurait voulu.Sa mère releva lentement la tête, son regard empreint d’une émotion trouble, quelque chose entre la peur et un secret trop longtemps gardé.— Bellerive n’est pas le seul à vouloir ta perte, Élisa.Le sang d’Élisa se glaça.Adrian s’approcha lentement, restant sur ses gardes.— Expliquez-vous, madame De Lemoine.Elle secoua la tête, visiblement hésitante.— Ce monde ne fonctionne pas comme vous le pensez. Ton père… il n’était pas au sommet. Il suivait des ordres. Comme Bellerive, comme d’autres.Élisa sentit une colère sourde monter en elle.— Pourquoi tu ne me l’as jamais dit ?— Parce que je voulais te protéger ! s’écria
Les phares des voitures poursuivantes se rapprochaient dangereusement dans le rétroviseur. Adrian appuya sur l’accélérateur, faisant rugir le moteur alors qu’ils s’engouffraient dans une série de virages serrés. Élisa, assise à l’avant, jetait des regards furtifs derrière elle, sentant la tension lui broyer la poitrine.— Combien sont-ils ? demanda-t-elle à Novak.— Trois voitures, confirmées, mais je parie qu’il y en a d’autres en approche. Ils ne nous lâcheront pas, répondit-il en tapotant nerveusement sur son clavier.Margot, à l’arrière, serrait son arme entre ses doigts, prête à réagir.— On ne peut pas simplement fuir. Ils nous rattraperont tôt ou tard.Adrian grinça des dents, manœuvrant à toute vitesse à travers la ville déserte.— Alors il faut les ralentir.Élisa attrapa son arme et abaissa la vitre.— Novak, dis-moi quand l’une d’elles se rapproche assez.Il scrutait l’écran avec fébrilité.— Maintenant !Elle se redressa, visant le véhicule le plus proche. Une détonation f
La nuit était encore sombre lorsque la voiture s'arrêtait dans une ruelle discrète, loin des regards curieux. Élisa est sortie sans un mot, son visage marqué par la fatigue et la tension. Elle avait pris sa décision : ils allaient frapper en premier. Il n'y avait plus de place pour l'hésitation.Adrian referma la portière et la rejoignit.— Si on s'attaque à Bellerive maintenant, il va comprendre qu'on ne joue plus.— C'est ce que je veux, répondit Élisa d'une voix froide.Margot et Novak sortent à leur tournée.— D'accord, mais il va falloir être intelligent. Il est affaibli, mais il n'est pas seul, rappelle Margot.Novak tapotait déjà sur son ordinateur portable.— D'après mes sources, Bellerive s'est répondu dans une de ses planques. Il ne se montre plus en public, il sait qu'il est en danger.Élisa fixe l'écran où s'affichait une image satellite d'un immeuble en périphérie.— C'est là qu'on va le trouver.Adrian plisse les yeux.— Sécurisé ?Novak hocha la tête.— Très. Des hommes
La voiture filait à toute allure vers la zone portuaire, le moteur grondant dans la nuit silencieuse. L'adrénaline pulse dans les veines d'Élisa, plus forte que jamais. Sa mère était en danger, et cette fois, elle n'avait plus le luxe d'attendre ou de jouer sur les apparences. Tout allait se jouer maintenant.Adrian accélérait, les mains croustillantes sur le volant.— On doit agir vite. Si Bellerive nous a donné cette information, c'est qu'il a une autre carte en main.Margot vérifia son chargeur, son regard sombre.— Il sait qu'il est fini. Il joue son dernier atout.Novak tapotait furieusement sur son clavier, imposant de trouver des images de surveillance des entrepôts du port.— Je capte des mouvements suspects, mais la zone est mal couverte. Il y a au moins cinq véhicules sur place. Beaucoup trop d'hommes pour une simple mise en scène.Élisa serre les poings.— Il veut qu'on vienne. Il nous attend.Adrian hocha la tête, le regard fixé sur la route.— Alors on va lui donner ce qu
L'air nocturne était chargé de l'odeur du sel et de la fumée lorsque la voiture quitta le port, filant à toute vitesse à travers la ville. Élisa fixait la route devant elle, le cœur battant encore sous l'effet de l'adrénaline. Derrière elle, Margot vérifiait l'état de sa mère, encore sous le choc mais consciencieuse. Novak, toujours rivé à son ordinateur, surveillait d'éventuels signaux ennemis.Adrian, au volant, jetait des regards rapides dans le rétroviseur.— Bellerive est fini, mais ce n'est pas terminé pour autant.Élisa acquiesce lentement.— Il avait des contacts. D'autres alliés qu'on ne connaît pas encore.Margot soupira en croisant les bras.— Alors on est censé faire quoi ? Se cacher jusqu'à ce qu'ils nous trouvent ?Un silence tendu s'installe dans l'habitacle.Puis Élisa relève la tête, son regard brûle de détermination.— Non. On va finir ce qu'on a commencé.Adrian ralentit légèrement à l'approche d'un carrefour désert.— C'est-à-dire ?Elle tourne lentement la tête ve
Le matin s'annonça gris et paisible.Un ciel bas, presque sans contour, recouvrait la maison d'une douceur feutrée.Pas de lumière franche.Pas de vent fort.Seulement un silence profond, presque palpable.Élisa ouvrit les yeux lentement.Elle ne chercha pas à se précipiter.Elle resta étendue, sentant la tiédeur de ses draps, la respiration tranquille de la maison, son propre cœur battre dans sa poitrine.Tout était lent.Tout était sûr.Elle inspira profondément.Et sentit au fond d’elle cette évidence nouvelle : elle pouvait se porter elle-même.Elle n'était plus une attente en suspens.Elle n'était plus une main tendue dans le vide.Elle était un pilier.Même vacillant parfois.Même discret.Elle se leva.Enfila son vieux pull ample, ses chaussettes épaisses.Descendit à la cuisine.La maison était presque vide.Seul David était là, griffonnant quelque chose dans un carnet.Élisa lui adressa un signe de tête silencieux.Se servit une tasse de tisane chaude.Et alla s’asseoir près
Le matin s’étendit lentement sur la maison.Un matin léger, presque timide, où chaque bruit semblait vouloir s’excuser d’exister.Élisa ouvrit les yeux dans un demi-sourire.Pas d’angoisse.Pas de vertige.Juste une présence.Son propre souffle contre la peau tiède de l’air.Elle resta allongée un moment, savourant ce temps suspendu, cette paix qui ne demandait rien d’autre que d’être vécue.Puis elle se leva.Chacun de ses gestes semblait accordé à ce calme ambiant.Pas de précipitation.Pas de bruit inutile.Juste la lenteur respectueuse de quelqu'un qui ne veut plus bousculer sa propre vie.Elle enfila son pull beige, ses chaussettes épaisses.Descendit dans la cuisine.Ana était là, silencieuse, un livre à la main.David dessinait.Lila écoutait de la musique en sourdine, les yeux mi-clos.Élisa se servit une infusion.S’installa près de la grande fenêtre.Regarda.Écouta.Respira.Et pensa :— Ce calme, je l'ai bâti de mes propres mains.Elle sortit son carnet.Et écrivit :“Le c
Le matin s’infiltra doucement sous la porte.Une lumière pâle, timide, hésitante.Élisa ouvrit les yeux sans secousse.Elle resta longtemps allongée, la tête tournée vers la fenêtre, à regarder le jour naître sans urgence.Il y avait dans l’air une lenteur qui n’appelait pas au mouvement.Seulement à l’écoute.Au respect.Elle inspira profondément, sentant son corps encore alourdi par la chaleur du sommeil.Puis elle se leva.Chaque geste pesé, sans brusquerie.Comme si même son propre corps lui demandait de le traiter avec douceur.Elle enfila son pull, noua ses cheveux en un chignon lâche.Descendit à la cuisine.Ana était déjà là, pieds nus, une tasse entre les mains.Elle lui adressa un sourire silencieux.Élisa répondit par un hochement de tête, un sourire léger.Les mots n’étaient pas nécessaires ce matin-là.La tendresse circulait autrement.Elle se servit une infusion, alla s’asseoir au coin de la grande fenêtre.Dehors, le monde semblait encore suspendu.Pas mort.Juste... en
Le matin s'étira dans un silence cotonneux.Une brume légère enveloppait encore le jardin, flottant entre les branches comme un voile pudique. La maison semblait hésiter entre la veille et le sommeil. Tout était ralenti, comme si le monde lui-même prenait une grande respiration avant de commencer.Élisa s’éveilla sans alarme.Sans sursaut.Sans cette crispation ancienne qui, autrefois, accompagnait chacun de ses réveils.Elle ouvrit les yeux sur un jour flou.Et sourit.Pas un sourire éclatant.Un sourire à peine esquissé, mais qui montait de très loin.Elle s’étira sous la couverture, sentant ses muscles tirer doucement, son corps s’éveiller avec une lenteur respectueuse.Puis elle s’assit.Posa les pieds sur le sol froid.Se leva.Pas parce qu’elle y était obligée.Pas parce qu’elle se sentait poursuivie par quoi que ce soit.Simplement parce qu’elle en avait envie.Elle enfila son pull large, noua ses cheveux à la va-vite, descendit à la cuisine.Ana était déjà là, dans un coin, le
La lumière filtrait doucement à travers les rideaux.Un matin sans heurt.Un matin sans éclats.Juste une clarté tendre, presque timide, qui caressait la pièce d'une main invisible.Élisa ouvrit les yeux sans sursaut.Elle resta allongée quelques instants, le regard perdu dans les plis du plafond, le corps encore enveloppé de chaleur.Il n'y avait pas de précipitation dans son réveil.Pas d'urgence dissimulée.Pas de nœud au creux de l'estomac.Juste une lenteur tranquille.Une lenteur choisie.Elle se redressa lentement.Posa les pieds nus sur le plancher froid.Et sourit.Pas parce qu’elle avait une raison de le faire.Mais parce qu’elle en ressentait l’élan.Elle enfila son pull large, ses chaussettes épaisses, son vieux jean.Descendit dans la cuisine, là où le jour commençait à s’étirer, timide, à travers les vitres embuées.Ana préparait du café, concentrée.David lisait, une tasse fumante entre les mains.Lila dessinait sur le coin d’une feuille.Personne ne parlait.Mais tout
Le matin s’installa doucement, sans s’imposer. Il n’y eut pas d’éclat brutal du jour, pas de sonnerie stridente pour briser la nuit. Seulement une lumière grise, douce, presque timide, qui infiltrait la chambre comme une promesse discrète. Élisa émergea du sommeil sans heurt. Elle ouvrit les yeux sur un plafond familier, un air tiède, une respiration tranquille. Pendant un instant, elle ne bougea pas, savourant la sensation rare de se réveiller sans peur, sans ce serrement habituel dans la poitrine, sans la liste des choses à réparer, des manques à combler. Elle respira profondément. Sourit. Non parce qu’il y avait une raison particulière. Mais parce qu’elle en avait envie. Elle s’étira lentement. Sentit ses bras se déployer, ses jambes s’allonger, comme si son corps lui disait lui aussi : merci d’être restée. Elle se leva, enfila son vieux pull et ses chaussettes épaisses. Puis descendit, attirée par la chaleur familière de la cuisine. Ana était là, comme presque chaque ma
Le matin s'étira sans bruit. Un matin d’une douceur étrange, comme suspendu au-dessus du sol. Rien ne pressait. Rien ne forçait. Il n'y avait pas d’orage intérieur, pas d’urgence extérieure. Il n’y avait que la respiration régulière de la maison, la tiédeur du drap contre la peau, le murmure du vent à travers la fenêtre entrouverte. Élisa ouvrit les yeux sans hâte. Elle les laissa ouverts sans chercher à remplir le moment. Elle n’avait pas de programme. Pas d’objectifs à cocher. Elle avait juste cette sensation nouvelle de se suffire. D'être, simplement. Sans avoir à le mériter. Sans avoir à le prouver. Elle s’assit dans son lit, repoussa la couverture d’un geste lent, posa ses pieds au sol. Le bois froid contre sa peau nue lui envoya un frisson léger. Mais même ce frisson semblait bienvenu. Elle sourit. Un sourire discret. Intime. Pas pour les autres. Pour elle. Elle se leva, enfila son pull beige préféré, celui qui sentait le savon et la pluie, et descendit dans la cu
Le matin était gris, mais pas triste. Un gris doux, comme une écharpe légère posée sur les épaules du monde. Le genre de lumière qui n’éblouit pas, mais qui enveloppe. Qui n’oblige pas à plisser les yeux. Qui permet simplement de voir les choses comme elles sont, sans éclat, sans fard. Élisa se réveilla lentement, bercée par cette clarté diffuse. Elle ouvrit les yeux sur le plafond blanc, sentit le poids de la couverture sur son ventre, la tiédeur de la pièce, le bruissement du vent contre la fenêtre. Elle resta là. À écouter. À ressentir. À ne pas se presser. Il n’y avait rien à gagner en allant vite. Il n’y avait rien à prouver en se levant tôt. Il y avait juste à être. Et c’était déjà beaucoup. Elle se tourna sur le côté. Regarda longuement la courbe douce que formait la lumière sur le mur. Et pensa : — Aujourd’hui, je veux accueillir. Pas changer. Pas fuir. Juste accueillir. Elle se leva. Mit ses chaussettes épaisses, son pull beige, son jean souple. Descendit dan
Ce matin-là, Élisa s’éveilla avant la sonnerie de son réveil. Elle s’en étonna à peine. Depuis quelque temps, son corps semblait savoir avant elle quand il était temps d’ouvrir les yeux, quand il était temps de rester encore un peu. Elle resta là, sous la couverture tiède, à écouter. Pas les bruits du dehors. Pas les craquements du bois. Elle écoutait ce qu’il se passait en elle. Et pour la première fois depuis longtemps, il n’y avait pas d’agitation intérieure. Pas de to-do list qui se formait en filigrane. Pas d’inquiétude sourde qui grattait sous la peau. Juste une présence. Une tranquillité douce. Un espace clair. Elle se dit : — Peut-être que c’est ça, la vraie guérison. Quand tu te réveilles, et que tu n’as pas envie d’être ailleurs que dans ta propre vie. Elle se leva sans se presser. Elle sentait ses mouvements lents, ancrés. Elle aimait cette sensation d’habiter son propre corps sans brutalité. Elle s’habilla chaudement, descendit à la cuisine. Ana était déjà là