Chapitre 6 : Il me faudrait aussi un futur mari

« Madame Clara, vous comprenez maintenant ce que vous représentez, vous êtes claire sur votre position ? »

En essayant sa robe de mariée, Céline a enfin laissé tomber son masque de pureté pour révéler sa véritable nature.

Le cœur engourdi de Clara ne ressentait plus rien. « Madame Céline, vous avez quitté Sébastien quand il était au plus bas, et êtes revenue une fois qu'il avait réussi. Que représentez-vous, vous ? »

« Ce n'est pas grand-chose ; il éprouve des sentiments pour moi, donc il veut bien m'épouser. Quant à vous, vous avez seulement partagé son lit et traversé ses moments les plus sombres, mais il ne vous veut plus », a rétorqué Céline, arrogante et triomphante.

Mais elle a vraiment dit la vérité.

Clara ne tenait pas à jouer à ce jeu de rivalité mesquine pour savoir qui était la plus habile à garder un homme. Elle a demandé directement : « Quel est le but exact de vos confidences, Madame Céline ? »

« Madame Clara, après le mariage, je ne veux plus vous voir. » Céline a choisi la franchise glaciale.

Clara a souri, un sourire éclatant, elle partirait, mais pas parce qu'on la chassait. Elle a donc défié la future madame Sébastien : « Dans ce cas ... il vaut mieux que ce soit Monsieur Sébastien qui me le dise lui-même. »

« Clara, vous fantasmez encore sur l'amour de Sébastien, c'est ça ? » Le regard de Céline était devenu impitoyable.

Non !

Elle avait renoncé à tout espoir le jour où Sébastien avait repris la bague qu'elle tenait pour la glisser au doigt de Céline.

« Cette robe est très belle, Madame Céline. Vous serez magnifique le jour du mariage, vous êtes la plus belle mariée », a déclaré Clara avant de quitter la cabine d'essayage.

Sébastien a déjà enfilé son costume. La veste sombre du marié accentuait son allure élégante et distinguée. Ses lunettes sans monture ajoutaient une touche d'érudition et de raffinement, comme au premier jour où Clara l'avait rencontré.

À l'époque, elle s'était demandé comment un homme pouvait être tellement beau dans la vie réelle ?

Aujourd'hui, son charme n'a fait que croître davantage, il était beau comme avant, restant à couper le souffle.

Mais si le temps pouvait revenir en arrière, elle se serait tenue loin de lui, sans jamais s'approcher.

Le passé était immutable, mais l'avenir lui appartenait. Il était temps de le faire disparaître de sa vie.

« Choisissez une robe qui vous plaît », a dit Sébastien en s'approchant et désignant les robes de mariée.

Pourquoi lui demandait-il de choisir la robe, pour l'arracher le jour de son mariage ?

Elle n'était pas si naïve !

« Si vous m'offrez une robe, Monsieur Sébastien, il me faudrait aussi un futur mari. En auriez-vous un à me proposer ? » Clara a demandé avec un ton ironique.

Sébastien a changé d'expression, il n'était pas content. « Qu'est-ce que vous voulez dire, Clara Petit ? »

Elle a caressé la robe devant elle : « Tout à coup, je veux me marier avec quelqu'un aussi. »

« Clara, faites-vous exprès ? Je vous ai dit que… » Il voulait expliquer, mais la porte de la cabine s'est ouverte, Céline a fait son apparition.

Une robe d'une valeur astronomique la rendait irréellement belle. Clara ne pouvait s'empêcher de songer qu'elle aussi a rêvé de porter une robe immaculée aux côtés de Sébastien. Mais les rêves n'étaient que bulles de savon, promises à éclater.

« Sébastien, je suis belle ? » Céline est redevenue une jeune fille innocente et romantique, sans aucune malice.

« Bien sûr, tu es la plus belle, ma chérie. » Les mots qu'il avait jadis adressés à Clara, il les a offerts à Céline.

On dit que les feuilles ne jaunissent pas en un jour, et le cœur ne se glace pas en une nuit. Rien de plus vrai.

Le renoncement de Clara s'était construit à cause de son geste après geste, mot après mot.

« Madame Clara, je suis belle, n'est-ce pas ? Choisissez vite une robe vous aussi. Sébastien vous l'offrira pour votre mariage. » Tout en parlant, Céline s'est approchée et a attrapé Clara.

Peut-être tenait-elle quelque chose à la main, car Clara sentait une douleur aiguë dans le bras, comme une piqûre. D'un geste instinctif, elle s'est débarrassée de la main de Céline.

Avec un cri de frayeur, Céline a chuté lourdement en arrière, mais n'a pas oublié d'entraîner Clara dans sa chute.

« Céline ! » Sébastien a crié et s'est élancé tout de suite.

Il a rattrapé Céline, mais Clara s'est écrasée pleinement sur le sol dur et froid.

Sa tête a heurté le carrelage avec un bruit sourd qui semblait ébranler toute la boutique.

Un bourdonnement assourdissant a empli le crâne de Clara, un vertige faisant vaciller le monde autour d'elle. À cet instant, elle a repensé à la question de Céline : « Est-ce que tu nourris l'illusion que Sébastien t'aime encore ? »

Apparemment, la réponse était là, d'après son geste tout à l'heure.