Masuk
Salut ! Moi c'est Diana, mais tout le monde m'appelle Dia. Ça fait trois mois pile que j'ai atterri au Canada, une terre de neige et de... euh, nouvelles règles, disons. L'immigration, c'est pas de la tarte, surtout quand c'est à cause de l'ancienne affectation de ma mère en France. Et puis, il y a Mélodie, ma cousine de vingt ans, chez qui on squatte. Elle a insisté comme une dingue auprès de ma mère pour qu'on vienne. Moi, ça me branchait grave ! Son appart, c'est le summum de la modernité et du chic. Cent fois mieux que notre vieille "Casa Antiquité", comme ma mère elle-même, même si on a un niveau de vie tout à fait normal.
Maintenant, parlons de Papaoutai. Nada. Le silence radio. Maman est super sensible à ce sujet et refuse catégoriquement d'en souffler un mot. La seule fois, c'était quand j'avais cinq ans. Elle m'avait dit qu'elle était comme la Sainte Marie. Et moi, petite nioche que j'étais, j'avais cru que les parents disaient toujours la vérité. L'embarras que ce mensonge m'a collé au corps a été permanent, et depuis, j'ai une dent contre ma mère...
« Diana, D-E-S-C-E-N-D-S ! »
Le cri de ma mère déchira l'air, résonnant dans l'escalier comme un coup de tonnerre. Mon cœur fit un bond. Vite ! Quelques retouches de beauté à la va-vite dans mon sac, et je fonçai vers la porte avant qu'elle ne débarque et ne me traîne par l'oreille.
Elle se tenait là, devant moi, les bras croisés, l'air impassible. Ses yeux, d'un brun profond, me scannèrent de haut en bas, sans la moindre trace d'émotion. C'était son regard d'inspection matinale, celui qui pouvait percer n'importe quelle armure de jeune ado.
« Jeune fille, puis-je savoir ce qui t'a pris autant de temps ? » Sa voix était un glaçon, tranchante et sans appel.
Je pris la tasse de lait qu'elle me tendait, le cœur lourd. Je déteste le lait. Vraiment. Mais avec ma mère, quand elle te tend un truc, tu as intérêt à le boire. « Je me suis juste un peu… rendormie, après que mon alarme a sonné. » Je marmonnais, espérant qu'elle ne relèverait pas la micro-seconde d'hésitation dans ma voix.
Un sourire narquois étira ses lèvres. Un sourire qui ne présageait rien de bon. « Bonne nouvelle, ma chère. Cela ne risque plus d'arriver. Nous allons reprendre… l'alarme que tu aimais tant entre tes trois et quinze ans. »
Mon sang se glaça. L'alarme. Bien sûr. Elle. Ma mère. La muse inspiratrice de mes réveils brutaux pendant plus de dix ans. Immédiatement, j'arrêtai de boire mon lait. La gorge nouée, je la suppliai.
« Mère, s'il vous plaît ! Non, pas ça ! »
C'est à ce moment-là que la silhouette gracile de Mélodie apparut dans l'encadrement de la cuisine. Vêtue d'une robe nuisette noire en soie qui mettait en valeur sa silhouette élancée, elle nous observa, un sourcil arqué, un brin étonnée.
« Vous êtes encore là toutes les deux à cette heure ? » demanda-t-elle, s'approchant, son sourire s'élargissant d'un air satisfait. Elle me tourna doucement face à elle, ses yeux pétillants de malice. « Ma belle, c'est vraiment une transformation réussie à cent pour cent qui se voit en toi ! Sérieux, je vais prendre mon téléphone pour filmer cette top modèle en face de moi ! »
Ma mère grogna, coupant court à mon moment de gloire. « Impossible. Toi-même tu l'as dit, comment se fait-il que nous soyons encore là à cette heure ? Tu es parfaitement au courant des conditions difficiles auxquelles elle a été admise… »
« Ouais, ouais, ouais, je sais tout ça ! » Mélodie coupa ma mère d'un geste de la main, le ton railleur et un peu exaspéré. « Et puis il y a aussi ton boulot, auquel tu ne veux surtout pas arriver en retard, hein ? »
Un petit rictus m'échappa. Ah, Mélodie, toujours là pour appuyer là où ça fait mal, mais avec style.
Ma mère me lança un regard perçant. « Dia, tu souhaites que je te dise encore d'aller chercher ton repas sur l'îlot ? »
Mes yeux s'agrandirent. Quoi ? Emporter mon repas pour l'école ? Le sac à dos lourd de bouquins, et maintenant ça ? « Il est hors de question que j'emporte de la nourriture pour l'école ! » Je désapprouvai hardiment, le menton levé.
« C'est trop exagéré, Ana ! » Mélodie s'interposa, un air de défi dans le regard.
« Pouce ! » Ma mère trancha, sa voix claquant comme un fouet. « C'est ma fille, donc elle fait ce que je lui dis ! »
Mélodie la foudroya du regard. « Ta fille va-t-elle donc se jeter sur une falaise si tu lui en donnes l'ordre un jour ?! Sérieusement, Ana, quand cesseras-tu d'être si hardie avec elle ? »
Ma mère ne cilla pas. Ses yeux d'acier se posèrent à nouveau sur moi. « Diana, sache que si tu ne veux pas, eh bien, tu vas devoir jeûner. Je t'attendrai dix secondes dans la voiture. »
Elle tourna les talons sans un mot de plus, laissant derrière elle un silence pesant. Mélodie soupira, l'air exaspéré, et reporta son regard sur moi, une lueur de compassion dans ses yeux.
« Ne t'en fais surtout pas, petite fleur, je vais chercher mon porte-monnaie. »
Elle disparut un instant, puis revint, un billet de cent dollars à la main. Mes yeux s'illuminèrent. Cent dollars ! Un petit miracle matinal. Je la serrai dans un câlin reconnaissant, puis, pour ne pas éveiller les soupçons de ma mère, je pris quand même mon repas sur l'îlot. Un bol de misère qui finirait de toute façon dans mon casier.
« Bonne journée à toi, Odie ! » lançai-je, le cœur plus léger.
« Pareil pour toi, ma puce ! »
J'ai l'impression que ce jour sera l'un de mes premiers plus beaux jours de classe. Je m'installai dans la Dacia Sandero, une moue boudeuse sur le visage, mais un plan secret se formait déjà dans ma tête.
PDV AuteurAu sous-sol, l'air est lourd et confiné, imprégné d'une odeur d'essence et d'humidité. Trois hommes aux silhouettes massives, leurs visages dissimulés sous des cagoules sombres, attendent dans l'ombre d'un pilier en béton. Leurs armes, des pistolets de gros calibre, sont dissimulées mais prêtes à l'emploi. Ils ont l'air tendus, leurs sens en alerte, conscients du risque que représente leur entreprise. Leur objectif : intercepter Ana, comme convenu avec leur commanditaire.« Elle est en retard, » murmure l'un d'eux, sa voix rauque, rompant le silence pesant. « Ça ne me plaît pas. »« Patience, » répond un autre, le chef du petit groupe. « Le plan est simple. On l'attrape, on la neutralise, et on la livre. Vite fait, bien fait. »Soudain, le grincement de la rampe d'accès résonne. Des pas se font entendre. Les trois hommes se mettent à l'affût, leurs corps tendus, leurs armes prêtes. Ils s'attendent à voir Ana seule.Mais à leur grande surprise, Ana n'est pas seule. Une autre
PDV Ana Le silence qui s'est abattu sur le hall de l'immeuble est assourdissant, rompu seulement par les murmures étouffés des quelques résidents témoins de la scène. Marine, la joue rougie par la gifle retentissante, se redresse brusquement, le souffle court, ses yeux ronds d'incrédulité et de fureur. Son regard se pose sur la personne qui vient d'oser lever la main sur elle, une silhouette élancée et déterminée dont l'aura dégage une autorité naturelle. « Mais qui... qui êtes-vous pour oser lever la main sur moi ?! » hurle Marine, sa voix remplie d'une rage impuissante. Sa main s'abat dans un geste incontrôlé, cherchant à rendre la gifle, mais la personne est d'une rapidité fulgurante. Son geste est anticipé et contrecarré avec une aisance déconcertante. D'un mouvement sec et précis, la personne saisit brusquement la main de Marine en plein vol, son poignet pris dans une étreinte d'acier. Puis, avec une force surprenante, elle retourne Marine par le dos, son corps pivotant sous l
« Marine, je ne comprends pas, » je dis, ma voix empreinte d'une sincère perplexité. « Peux-tu être plus claire ? Je n'ai aucune intention de briser quoi que ce soit. » C'est là que Marine déballe, avec une colère décuplée, tout ce qu'elle a entendu, tout ce qu'elle croit savoir. Ses mots sont un torrent de révélations, prononcés avec une vitesse et une intensité qui me coupent le souffle. « Oh, vous ne comprenez pas ? Laissez-moi éclaircir votre esprit brumeux, alors ! » Ses yeux se posent sur moi, remplis d'une haine profonde. « Papa est venu ici avec un plan bien précis ! Il veut te reconquérir ! Il veut vous reconstruire, toi et lui, comme une putain de famille parfaite ! Il m'a tout dit !, il veut se battre pour vous !,pour une maison, pour tout ! Il veut que vous soyez sa nouvelle famille, sa 'vraie' famille, comme si nous n'existions pas ! » Ses mots sont des flèches empoisonnées, atteignant leur cible avec une précision chirurgicale. Mon esprit peine à traiter cette av
PDV Ana Quelques heures plus tard, le soleil décline doucement derrière les gratte-ciel de, peignant le ciel de nuances orangées et violettes. Une douce brise porte l'odeur de la pluie fraîchement tombée, mais l'air reste lourd, chargé d'une tension latente que je ne parviens pas à secouer. Je suis en route pour rentrer à l'appartement, mon esprit toujours préoccupé par les étranges murmures de Mélodie depuis lors.Les incertitudes du présent pèsent encore lourdement sur mes épaules. Dès que je suis sur le point de sonner à la porte de notre appartement, la porte s'ouvre brusquement, comme si quelqu'un allait sortir au même moment que je rentre. C'est Mélodie.Une expression de panique à peine dissimulée la trahit. Elle me regarde comme si elle était prise en flagrant délit de trahison, comme si elle cachait quelque chose d'important. Un sentiment de malaise me saisit. « Mélodie, qu'est-ce qui se passe ? » je demande, ma voix posée, mais mon regard scrutant chaque parcelle de son vi
« Ah, cette Isabelle ! » je ne manque pas d'énoncer, mes mots teintés d'une malice vengeresse. « C'est une garce, je t'ai toujours dit qu'elle ne te méritait pas, mon parrain ! Elle t'a trahi, elle t'a fait souffrir. Et elle est aussi aigrie que sa fille, cette peste. Elle méritait d'être jetée comme une vieille chaussette ! » Mes propos sont sans concession, ma loyauté envers Hilaye absolue. Hilaye éclate de rire, un rire franc et chaleureux qui réchauffe mon cœur. Il n'est pas offensé par ma virulence. « Dia, ma petite, tu es incorrigible ! » dit-il, secouant la tête, amusé. Mais il ne manque tout de même pas de me faire la morale, son rire se muant en un ton plus sérieux. « Malgré tout ce qu'elle m'a fait, la trahison, la douleur... Je me sens tout de même responsable d'une certaine manière. Je l'ai peut-être poussée à le faire, même inconsciemment. Je ne lui ai pas toujours offert l'amour, l'attention, le soutien qu'un mari aurait dû offrir à son épouse. J'étais trop absorbé par
Je ne peux m'empêcher de lui lancer un regard malicieux, un sourire en coin qui ne fait qu'accentuer sa fureur. Ma propre rancœur contre elle, fruit de notre rivalité passée, est toujours vivace, et je savoure un instant cette petite victoire.Hilaye, son visage se durcissant un peu plus, pointe du doigt vers une pièce. « Retourne dans ta chambre, Marine. Immédiatement. » L'ordre est sans appel. Marine, le visage déformé par la rage et les larmes, tourne les talons et s'en va en trombe, le bruit de ses pas claquant sur le parquet, la porte de sa chambre se refermant avec un fracas qui secoue l'appartement. L'écho de sa fureur résonne encore dans l'air. Hilaye pousse un soupir, passe une main fatiguée dans ses cheveux, comme pour chasser la tension qui s'est installée.« Bel accueil, hein ? » je plaisante, tentant de détendre l'atmosphère, un sourire forcé sur les lèvres. Il a toujours su apaiser les situations tendues avec son humour, et je tente de l'imiter.Un sourire se dessine e