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3- Mancini

Author: Sarah Lao
last update Last Updated: 2025-08-29 18:26:15

LIVIO

MANCINI. Le nom le plus respecté au sein des meutes du continent et le plus craint chez les humains. A vingt-six ans, je suis comme qui dirait l'héritier de l'Alpha de la Lune de sang. Un nom qui sied bien à notre meute étant donné que faire couler les sang est devenu chose banale dans notre famille. Notre meute est la plus grosse et la plus peuplée du continent. Ce qui explique sûrement pourquoi mon père est considéré comme le Roi par nos congénères.

Mon père aime à me rappeler que je suis toujours sans compagne. Mais est-ce de ma faute si la course du destin ne m'a révélé aucune âme qui me soit destinée ? Giacomo MANCINI se moque de ça ! Alpha de notre meute, mon père s'est accordé le droit de prendre plusieurs compagnes malgré l'existence de sa compagne destinée. Un homme a des besoins, comme il aime à me le rappeler souvent. Et pour un Alpha, qui plus est l'Alpha le plus puissant de tous, contracté des unions avec des femmes de meutes voisines ne peut que nous être positif. Allez dire ça à ma mère...

Il dit l'aimer mais peut-il vraiment y avoir de l'amour sans respect ? Comment peut-on partager le lit d'autres femmes et laisser celui de son âme soeur vide ? Je respecte beaucoup mon père mais je n'ai jamais partagé son point de vue à ce sujet. Certes, j'ai des maîtresses aussi, mais je me suis juré que lorsque je rencontrerai la femme qui m'est destinée, je couperai tout lien avec elles. Un peu hypocrite de ma part de parler de respect ? Sans doutes, mais aussi goujat que je puisse être, j'ai mes limites. Je ne veux pas retrouver dans les yeux de ma future reine, le regard que porte ma mère. 

La femme qui m'a mise au monde est tout pour moi. Et si je le pouvais, je la protégerais de la tristesse qu'elle ressent. Mais je ne peux pas m'immiscer dans le couple qu'elle forme avec mon père. Je n'ai pas le pouvoir de le forcer à renier les autres femmes de sa vie, même si ce n'est pas l'envie qui manque. Je ne peux que lui rappeler qu'elle est là et qu'elle représente bien plus que les autres. Elle est celle que le destin lui a choisie, celle dont l'âme complète la sienne. Et surtout celle qui n'a aucune arrière pensée liée à son rang. Ma mère ne l'a pas choisi pour être Luna, mais parce-qu'elle a fait confiance au destin.

La Course du Destin se déroule lors de la pleine lune du solstice d’été. Cette nuit-là, tous les loups de la meute se rassemblent à minuit pour s’élancer dans une course, au terme de laquelle le destin peut révéler à chacun sa compagne ou son compagnon.

Pour y participer, il faut avoir déjà éveillé son loup — une première transformation qui n’a lieu qu’à l’aube des dix-huit ans. Les loups déjà liés à leur moitié peuvent y participer pour partager l’instant avec la meute, mais pour ceux qui n’ont pas encore trouvé leur âme sœur, cette course est d'une importance capitale.

Le manoir dans lequel je vis est occupé par ma mère et  mes petites soeurs. Mon père a eut la bonté de séparer ses co-épouses dans plusieurs demeures différentes pour éviter qu'elles ne se croisent au quotidien. Ces dernières vivent chacune dans une maison séparée, non loin de la maison de la meute dans laquelle vivent mon petit frère et d'autre membres de la meute, principalement des jeunes loups sans compagnes. J'ai également une chambre et un bureau là-bas. Je préfère ne pas ramener de femmes au manoir, par respect pour ma mère, alors avoir un pied à terre là-bas me semblait approprié. 

Je suis penché sur un dossier quand j’entends ma mère franchir le seuil de mon bureau. Je veille toujours à laisser la porte entrouverte pour elle, afin qu’elle puisse venir me voir sans craindre de me déranger.

"Il mio tesoro !" s’exclame-t-elle.

Je me lève aussitôt, un sourire aux lèvres, pour l’accueillir comme elle le mérite.

"Mamma !" dis-je en lui embrassant le front, avant de lui saisir la main pour y déposer un autre baiser. "Tu as besoin de quelque chose ?"

"J’ai juste besoin de souhaiter une bonne nuit à mon fils avant d’aller me reposer. Tu as encore beaucoup de travail ? Tu devrais arrêter pour aujourd’hui et te reposer aussi."

"Encore un profil à étudier et j’aurai terminé, Mamma. Tu prends toujours soin de moi… même à mon âge." Je lui souris davantage. Cette femme est la bonté incarnée.

"Tu seras toujours mon premier bébé, tesoro mio, que tu aies six ou vingt-six ans ! » dit-elle avec tendresse. « Mais j’aimerais que tu penses aussi à toi… et que tu me donnes de petits-enfants à cajoler quand tu seras trop occupé."

"Ma, tu sais bien que j’aurai toujours besoin que tu me cajoles !" Elle rit à mes paroles, mais je sais qu'elles lui réchauffent le cœur.

"Je le sais, mon fils… mais un petit Livio ou une petite Livia qui courrait partout m’apporterait une joie immense."

"Tu as déjà Lorenzo !" je lui rappelle, en pensant au fils de Giulia, ma sœur, qui n’a que trois ans.

"Mais je veux les tiens aussi !" réplique-t-elle en insistant, son regard brillant d’un mélange d’humour et de sincérité.

"Un jour, Ma, un jour. Je n’ai pas encore perdu espoir de trouver la femme qui m’est destinée."

À ces mots, je vois son sourire s’effacer doucement, comme si mes paroles venaient de toucher une inquiétude qu’elle garde au fond d’elle.

"Parfois, attendre le compagnon désigné par le destin n’est pas forcément le meilleur choix…" dit-elle, le regard perdu dans le vide. Puis, comme pour se reprendre, elle ajoute : "Mais tu as raison, mon fils. Je suis sûre que la femme qui t’est destinée vaut chaque seconde d’attente."

Elle m’enlace, dépose un baiser sur ma joue, puis s’éloigne vers sa chambre.

Je la regarde partir, et une douleur sourde me serre la poitrine. Je déteste la voir souffrir. Mais ce que je déteste encore plus, c’est mon impuissance à la soulager.

À peine sa porte se referme au bout du couloir que mon téléphone vibre sur le bureau. Je décroche aussitôt en voyant le nom de mon frère s’afficher.

"J’espère que t’as pas d’ennuis ?"

"Tout de suite, des ennuis !" réplique-t-il, d'un ton sarcastique. "Je t’appelle du Cocktail Fruité. Si le grand Livio Mancini a un peu de temps pour son petit frère, tu pourrais peut-être m’y rejoindre ?"

Un sourire m’échappe malgré la lourdeur qui pèse encore sur moi. Mon frère et ses sarcasmes...

"Pourquoi pas ? Je pars du manoir !"

Un peu de distraction ne peut pas me faire de mal. Avec ce foutu chargement qui n’est toujours arrivé à bon port, mes nerfs sont à vif. Demain, je règlerai ça. Ce soir, j’ai besoin de souffler.

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