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MANCINI. Le nom le plus respecté au sein des meutes du continent et le plus craint chez les humains. A vingt-six ans, je suis comme qui dirait l'héritier de l'Alpha de la Lune de sang. Un nom qui sied bien à notre meute étant donné que faire couler les sang est devenu chose banale dans notre famille. Notre meute est la plus grosse et la plus peuplée du continent. Ce qui explique sûrement pourquoi mon père est considéré comme le Roi par nos congénères.
Mon père aime à me rappeler que je suis toujours sans compagne. Mais est-ce de ma faute si la course du destin ne m'a révélé aucune âme qui me soit destinée ? Giacomo MANCINI se moque de ça ! Alpha de notre meute, mon père s'est accordé le droit de prendre plusieurs compagnes malgré l'existence de sa compagne destinée. Un homme a des besoins, comme il aime à me le rappeler souvent. Et pour un Alpha, qui plus est l'Alpha le plus puissant de tous, contracté des unions avec des femmes de meutes voisines ne peut que nous être positif. Allez dire ça à ma mère...
Il dit l'aimer mais peut-il vraiment y avoir de l'amour sans respect ? Comment peut-on partager le lit d'autres femmes et laisser celui de son âme soeur vide ? Je respecte beaucoup mon père mais je n'ai jamais partagé son point de vue à ce sujet. Certes, j'ai des maîtresses aussi, mais je me suis juré que lorsque je rencontrerai la femme qui m'est destinée, je couperai tout lien avec elles. Un peu hypocrite de ma part de parler de respect ? Sans doutes, mais aussi goujat que je puisse être, j'ai mes limites. Je ne veux pas retrouver dans les yeux de ma future reine, le regard que porte ma mère.
La femme qui m'a mise au monde est tout pour moi. Et si je le pouvais, je la protégerais de la tristesse qu'elle ressent. Mais je ne peux pas m'immiscer dans le couple qu'elle forme avec mon père. Je n'ai pas le pouvoir de le forcer à renier les autres femmes de sa vie, même si ce n'est pas l'envie qui manque. Je ne peux que lui rappeler qu'elle est là et qu'elle représente bien plus que les autres. Elle est celle que le destin lui a choisie, celle dont l'âme complète la sienne. Et surtout celle qui n'a aucune arrière pensée liée à son rang. Ma mère ne l'a pas choisi pour être Luna, mais parce-qu'elle a fait confiance au destin.
La Course du Destin se déroule lors de la pleine lune du solstice d’été. Cette nuit-là, tous les loups de la meute se rassemblent à minuit pour s’élancer dans une course, au terme de laquelle le destin peut révéler à chacun sa compagne ou son compagnon.
Le manoir dans lequel je vis est occupé par ma mère et mes petites soeurs. Mon père a eut la bonté de séparer ses co-épouses dans plusieurs demeures différentes pour éviter qu'elles ne se croisent au quotidien. Ces dernières vivent chacune dans une maison séparée, non loin de la maison de la meute dans laquelle vivent mon petit frère et d'autre membres de la meute, principalement des jeunes loups sans compagnes. J'ai également une chambre et un bureau là-bas. Je préfère ne pas ramener de femmes au manoir, par respect pour ma mère, alors avoir un pied à terre là-bas me semblait approprié.
Je suis penché sur un dossier quand j’entends ma mère franchir le seuil de mon bureau. Je veille toujours à laisser la porte entrouverte pour elle, afin qu’elle puisse venir me voir sans craindre de me déranger.
"Il mio tesoro !" s’exclame-t-elle.
Je me lève aussitôt, un sourire aux lèvres, pour l’accueillir comme elle le mérite.
"J’ai juste besoin de souhaiter une bonne nuit à mon fils avant d’aller me reposer. Tu as encore beaucoup de travail ? Tu devrais arrêter pour aujourd’hui et te reposer aussi."
"Encore un profil à étudier et j’aurai terminé, Mamma. Tu prends toujours soin de moi… même à mon âge." Je lui souris davantage. Cette femme est la bonté incarnée.
"Tu seras toujours mon premier bébé, tesoro mio, que tu aies six ou vingt-six ans ! » dit-elle avec tendresse. « Mais j’aimerais que tu penses aussi à toi… et que tu me donnes de petits-enfants à cajoler quand tu seras trop occupé."
"Ma, tu sais bien que j’aurai toujours besoin que tu me cajoles !" Elle rit à mes paroles, mais je sais qu'elles lui réchauffent le cœur.
"Je le sais, mon fils… mais un petit Livio ou une petite Livia qui courrait partout m’apporterait une joie immense."
"Tu as déjà Lorenzo !" je lui rappelle, en pensant au fils de Giulia, ma sœur, qui n’a que trois ans.
"Mais je veux les tiens aussi !" réplique-t-elle en insistant, son regard brillant d’un mélange d’humour et de sincérité.
"Un jour, Ma, un jour. Je n’ai pas encore perdu espoir de trouver la femme qui m’est destinée."
À ces mots, je vois son sourire s’effacer doucement, comme si mes paroles venaient de toucher une inquiétude qu’elle garde au fond d’elle.
"Parfois, attendre le compagnon désigné par le destin n’est pas forcément le meilleur choix…" dit-elle, le regard perdu dans le vide. Puis, comme pour se reprendre, elle ajoute : "Mais tu as raison, mon fils. Je suis sûre que la femme qui t’est destinée vaut chaque seconde d’attente."
Elle m’enlace, dépose un baiser sur ma joue, puis s’éloigne vers sa chambre.
Je la regarde partir, et une douleur sourde me serre la poitrine. Je déteste la voir souffrir. Mais ce que je déteste encore plus, c’est mon impuissance à la soulager.
À peine sa porte se referme au bout du couloir que mon téléphone vibre sur le bureau. Je décroche aussitôt en voyant le nom de mon frère s’afficher.
"J’espère que t’as pas d’ennuis ?"
"Tout de suite, des ennuis !" réplique-t-il, d'un ton sarcastique. "Je t’appelle du Cocktail Fruité. Si le grand Livio Mancini a un peu de temps pour son petit frère, tu pourrais peut-être m’y rejoindre ?"
Un sourire m’échappe malgré la lourdeur qui pèse encore sur moi. Mon frère et ses sarcasmes...
"Pourquoi pas ? Je pars du manoir !"
Un peu de distraction ne peut pas me faire de mal. Avec ce foutu chargement qui n’est toujours arrivé à bon port, mes nerfs sont à vif. Demain, je règlerai ça. Ce soir, j’ai besoin de souffler.
PURELe repas se déroule dans une ambiance plutôt calme, et nous en apprenons un peu plus sur chacun de nos nouveaux amis. "Amis"... ce n'est clairement pas le terme que je devrais utiliser pour désigner ces loups, pourtant, dans la peau de Célia Jeffrey, il trouve un sens... Ai-je vraiment le choix, de toute façon ?Soit je m’abandonne entièrement à ce rôle, quitte à brouiller les frontières entre mon personnage et moi… soit je reste fidèle à ma haine, au risque de compromettre la mission avant même de l’avoir accomplie. La réponse est vite trouvée.Mes pensées dérivent aussitôt vers Grabuge, et l’inquiétude qu’il doit ressentir face à mon absence prolongée. Je n’ai aucun moyen de le contacter, et, heureusement, le manoir des Mancini se trouve hors de portée de la maison de la meute. Sans cela, mes hôtes auraient sûrement trouvé étrange que je sois incapable d’échanger par télépathie avec les membres de « ma » meute.À mon grand soulagement, Livio se redresse enfin, annonçant d’un ton
PUREQuand je lui répète encore une fois que les mecs plus âgés, très peu pour moi, le visage de COLONEL s’impose soudain dans ma tête. Comme un flash. Comme si mon cerveau voulait me hurler que je me voile la face. Bon, ok… COLONEL est une exception. D'ailleurs, il est exceptionel ! Il a cette présence rare, à la fois protectrice et tranquille, cette intelligence qui rassure, et ce charme indéniable qui défie le temps; il faut dire qu'il fait bien plus jeune que son âge... Alors, disons plutôt que je ne suis pas attirée par les grands-pères !Je poursuis cette conversation muette avec moi-même, sous le regard de Livio. Mais son regard me trahit. Il m’observe, attentif, et je sais qu’il a perçu le changement d'expression dans mes yeux. Et c’est à ce moment précis que cet idiot en profite pour tester mes limites. Pourquoi doit-il être si direct ? Je ne suis pas l’une de ses admiratrices, prête à le hisser sur un piédestal, ni à me battre pour une place dans son lit ! Pourquoi ne peut-
PURELe lendemain matin, la lumière pâle de l’aube filtre à travers les rideaux. Je m’étire lentement, savourant quelques secondes de répit avant que les pensées ne reviennent en rafale : la mission, Toren, Livio… et cette étrange sensation d’être à la fois protégée et piégée dans ce manoir.Je me lève et me rends dans la salle de bain pour me rafraîchir le visage. Mes yeux, encore gonflés par les larmes de la veille, ont bien besoin de ça pour se décongestionner. Cela ne fait que quelques jours que j’ai quitté mon île, pourtant la fatigue et le brusque changement d’environnement ont eu raison de moi hier. Je ne suis pourtant pas du genre à craquer si facilement mais il faut croire que prétendre être quelqu'un d'autre n'est pas aussi simple que je l'avais imaginé.L’eau froide me ramène à la réalité, tout comme les trois coups frappés à la porte un instant plus tard."Giulia, c’est toi ?"Je me fige. Une voix de femme. Douce, mais assurée.Je baisse les yeux sur ma tenue : le t-shirt
PUREJe ne saurais dire pourquoi, mais savoir que Livio a accepté de venir en aide à Toren m’apporte une étrange satisfaction. Peut-être parce que, d’une certaine manière, j’associe nos deux situations. Malgré sa nature animale, Toren est un orphelin — tout comme moi — et, tout comme mon peuple a été victime de monstres sans pitié qui ont injustement ravagé notre île, lui a subit l’injustice d’un oncle cruel. Différentes en apparence, ces blessures portent pourtant la même empreinte : celle de la perte et du désespoir.Toren a eu la chance de connaître ses parents, mais je me demande s’il n’est pas le plus à plaindre; Est-il préférable d’aimer et endurer la douleur de perdre un être cher, ou ne jamais connaître ce que l’on aurait pu perdre ? Il y a matière à débat...Quoi qu’il en soit, je ne regrette pas ma présence ce soir. Un sourire effleure mes lèvres à l’idée de la tête que fera Giacomo Mancini lorsqu’il apprendra que je ne m’étais pas trompée."Qu'est-ce qui te fait sourire, Pr
LivioAprès avoir distribué les bouteilles d’eau, les fruits et les vêtements mis à disposition pour nos hôtes, les autres loups se transforment à leur tour. Je reste surpris de voir une personne âgée parmi eux : une femme dont les traits sévères témoignent d’une force intacte malgré son âge. Elle a sans doute été une louve puissante, et le simple fait qu’elle se tienne ce soir aux côtés de son Alpha en est la preuve.Je surprends Célia qui tend une bouteille d’eau à ce Toren et l’intercepte aussitôt, mon regard accroché au sien : "D’abord, des réponses !"Il arque un sourcil. "Qu’est-ce que vous voulez savoir ?""Tout ! À commencer par ton nom, ta meute, qui sont ces loups avec toi, et pourquoi vous errez entre mon territoire et celui de Dayne… ?"Il soutient mon regard mais finit par glisser le sien vers Célia, un sourire au coin des lèvres. "Techniquement, j’ai déjà donné mon prénom."Je serre la mâchoire. "T'es décidément très « technique » comme mec. Et tu ne nous as donné qu
LivioCette femme joue avec mes nerfs ! J’ai failli perdre le contrôle lors de notre bref mais intense tête-à-tête. Si elle ne s’était pas ravisée, je l’aurais emmenée à l’écart pour lui faire payer son impertinence. Je l’aurais mordue au cou pour y laisser ma marque et rappeler à n'importe quel mâle en rut que cette femelle est à moi.Comme si Andrea ne suffisait pas, voilà qu’un foutu rogue s’invite dans le jeu. Nu, sans la moindre pudeur, planté devant elle. Et cette insolente… incapable de s’empêcher de le mater et de bafouiller comme une gamine ! Avant de céder à la rage et de me transformer pour lui arracher le cou, je me dirige vers l'un des sacs que l'on a apporté pour en sortir un pantalon à balancer à ce clown ! J'ai bien fait de céder à l'idée de Célia, finalement.(Flashback)"Allons-y sous forme de loup, on arrivera plus vite. Suivez-moi et restez alertes !" j’ordonne au groupe."Euh… mais… pourquoi ?" Sa voix me vrille déjà les nerfs. J’aurais parié qu’elle allait m’éner







