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Chapitre 46 — La Nuit des Fardeaux

Penulis: Déesse
last update Terakhir Diperbarui: 2025-09-23 00:33:02

EZRAN

Le silence a des griffes cette nuit.

Il s’accroche aux murs, aux draps, à mes poumons. Seul le souffle de Gracias, fragile et irrégulier, trouble cette immobilité. Elle dort enfin — ou du moins, son corps cède à l’épuisement, mais je sais que son esprit erre encore dans l’abîme. Ses paupières frémissent parfois, ses doigts serrent le tissu comme si elle cherchait à s’y accrocher pour ne pas sombrer.

Je reste assis, immobile, la main toujours posée près de la sienne. Je n’ose pas dormir. Comment pourrais-je ? Ses larmes résonnent encore dans ma poitrine comme des coups de marteau. Son « pourquoi » me hante, répété en écho par chaque battement de mon cœur.

La chambre est plongée dans une pénombre lourde. Le lampadaire de la rue filtre à travers les volets, découpant des lignes pâles sur le mur. Ces lignes ressemblent à des barreaux. Et je me rends compte que je suis prisonnier : prisonnier de ma promesse, prisonnier de ma culpabilité, prisonnier de ces ombres qui, je le sais, cont
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    MARIUSJe n’ai pas dormi. Pas une minute. Toute la nuit, j’ai vu son visage. Pas celui de Gracias, non , celui d’Inès. Ses lèvres étirées dans ce sourire qui n’était plus le sien. Ses mots qui résonnaient, terribles, irrévocables : « Je suis heureuse de ce qui arrive à Gracias. Heureuse. »Je me suis retourné cent fois dans mon lit, étouffé par le silence, par le souvenir de sa voix. J’ai cru la connaître, j’ai cru l’aimer pour ce qu’elle avait de fragile, de blessé. Mais hier soir, c’est une étrangère qui m’a parlé, une femme que je n’arrive plus à nommer. Et c’est cette étrangère qui partage mon quotidien, qui me regarde, qui m’appelle par mon prénom comme si de rien n’était.Alors au matin, je me lève avec une décision qui brûle en moi : je dois voir Gracias. Je dois m’assurer de ses blessures, de sa respiration, de sa survie. Peut-être pour me convaincre qu’il reste une part de lumière dans ce chaos. Peut-être aussi pour comprendre ce qu’Inès a osé célébrer.Je ne lui dis rien. Je

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    GRACIASJe reste figée, suspendue à ses mots, comme si le monde avait retenu son souffle avec moi. Tout autour s’est estompé : le bourdonnement lointain des machines, la lumière blanche qui filtre à travers les stores, la senteur âcre du désinfectant. Il n’y a plus que nous.— Tu veux dire que… que tu vas m’épouser malgré que je ne sois plus enceinte ? murmurai-je, les lèvres tremblantes.EZRANJe sens son doute, son émerveillement. Et je veux que chaque mot que je prononce traverse ce silence et devienne un socle.— Oui, dit-il avec douceur. Pour toi. Pour nous. Pas pour un projet, pas pour un enfant. Juste pour ce que nous sommes et ce que nous pouvons construire ensemble.GRACIASJe ferme les yeux un instant, laissant le vertige me traverser. Le monde semble se dilater et rétrécir à la fois : chaque respiration est un rappel de la fragilité de ce que nous venons de traverser, chaque battement de cœur une promesse. Je sens une chaleur dans ma poitrine, étrange, nouvelle, comme si l’

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    GRACIASLa lumière entre sans bruit, mesurée, comme si elle aussi hésitait à traverser ce qui reste d’un autre monde. J’ouvre les yeux lentement. Chaque battement me rappelle la nuit d’avant, les cris, le vide. L’odeur du désinfectant, le bourdonnement mécanique, le souffle d’Ezran : tout a la netteté d’un constat. Rien ne panse ici.Il est assis, immobile, les mains enfoncées dans ses genoux. Son visage est creusé par l’insomnie ; ses traits portent la sécheresse de celui qui a été témoin d’un effondrement et qui cherche encore une marche pour remonter. Quand il lève les yeux, il y a dans son regard une attente presque enfantine : l’espoir qu’un mot, un signe, fasse revenir ce qui s’est effondré.— Hola, dit-il, comme si prononcer mon nom pouvait recoudre ce qui est déchiré.Je cherche ma voix. Elle me revient à moitié. Les mots se montent les uns sur les autres, lourds, étrangers. Je finis par parler parce que le silence me pèse plus que la douleur.— Qu’est-ce qui va nous arriver m

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    MAYALe taxi avance lentement dans la ville, embouteillage matinal et sirènes au loin. Je serre mon manteau autour de moi, et dans mon ventre, un poids nouveau , pas seulement la fatigue du voyage, mais le secret qui grandit, qui réclame déjà son espace. L’enfant de Samuel. L’enfant que je vais faire passer pour le sien… mais que Ezran croira avoir conçu par une insémination artificielle. Un plan fragile, mais calculé.Les panneaux publicitaires clignotent avec des images d’Ezran sur la place, la télévision et les réseaux sociaux reprenant en boucle son serment. Je sens mon cœur se serrer, mais pas de culpabilité : de l’excitation froide, du vertige. La tempête qu’il a déclenchée va me servir, si je sais en jouer.— Vous êtes bien rue Saint-Antoine ? demande le chauffeur, brisant mon vertige.Je hoche la tête, les yeux rivés sur les immeubles qui défilent, qui semblent tous connaître déjà mon secret. Chaque feu rouge me fait réfléchir, chaque reflet sur une vitre me renvoie mon image

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