Chapitre 2

Comme à son habitude, Jocelyn s'est penché pour attacher sa ceinture de sécurité. Voyant ses yeux rougis, il a murmuré d'une voix apaisante : « La diffusion de cette vidéo était un accident. Je vais m'en occuper. Tu es épuisée, je te ramène chez toi. »

Vanessa a serré les lèvres. Les mots échangés dans le bureau lui sont revenus en mémoire, et les sanglots ont jailli malgré elle.

Une ombre de surprise a traversé le regard de Jocelyn. Il a essuyé ses larmes du bout des doigts, puis, comme frappé par une soudaine inspiration, a ouvert sa portière : « Une minute. Je dois acheter quelque chose. »

La portière a claqué. C'était alors que Vanessa a remarqué : Jocelyn avait oublié son téléphone sur le tableau de bord.

Poussée par une force obscure, elle l'a saisi. Elle a tenté la date de naissance de Sally et le téléphone s'est ouvert.

Dans WhatsApp, le nom de Sally s'est affiché, suivie d'un message récent : « Peux-tu rompre avec Vanessa avant mon retour ? »

La réponse de Jocelyn l'a transpercée : « Elle n'est qu'un jouet. Entre nous, il n'y a rien. »

Chaque mot était un coup de couteau.

Le nez brûlant, elle a fait défiler l'historique. Une routine s'est imposée :

Un appel quotidien à Sally pendant ses deux ans d'absence, toujours vers 20h, l'heure où il prétendait présider des réunions, exigeant de ne pas être dérangé ; des virements mensuels généreux à six chiffres ; les photos coquines de Sally, accompagnées de demandes de compliments, auxquelles Jocelyn répondait par des tendresses qu'il n'avait jamais offertes à Vanessa.

« Très belle. Mais couvre-toi, tu vas attraper froid », lui avait-il écrit.

Devant ces preuves, Vanessa a compris enfin : Elle n'avait jamais connu le vrai Jocelyn. Sa gentillesse calculée n'était qu'une pâle imitation de l'amour torrentiel qu'il réservait à Sally.

L'homme est revenu avec une boîte de pilule du lendemain. D'un geste doux, il a caressé les cheveux de Vanessa en murmurant d'une voix onctueuse : « Hier soir... j'ai été imprévoyant. Prends ça, pour être tranquille. »

Vanessa a serré la boîte à en blanchir les jointures, ses dents s'enfonçant dans sa lèvre au point d'effleurer le sang.

Sans cette découverte accidentelle, elle aurait encore cru à sa sollicitude.

Désormais, les écailles lui tombaient des yeux.

...

La voiture s'est arrêtée devant la villa. Jocelyn a incliné instinctivement la tête pour un baiser d'adieu. Vanessa l'a esquivé brutalement, détachant sa ceinture avec des gestes fébriles.

Une ombre est passé dans le regard de Jocelyn. Il l'a enfermée dans une étreinte implacable et a demandé : « Tu m'en veux encore pour cette vidéo ? »

« ... »

« Je ne l'ai pas filmée. Le responsable de l'hôtel a été licencié », ses doigts lui ont relevé le menton, « Je ne te ferais jamais de mal, Vanessa. Notre anniversaire approche... Je me rattraperai. »

Un cruel paradoxe : ces beaux mensonges lui déchiraient le cœur plus encore que la vérité.

Le nez piquant, elle a repoussé Jocelyn : « Je rentre. »

Elle s'est ruée vers la maison pour heurter de plein fouet Jonathan, son père, dans l'entrée.

Le visage de l'homme était un orage. Sans un mot, sa paume s'est abattue sur la joue de sa fille.

« Tu surpasses mes pires craintes ! » a-t-il grondé, « Non contente de te vautrer dans la débauche, tu oses en diffuser les preuves ? Tu as souillé notre nom ! Ces étudiants qui te harcèlent ? Tu les as attirés par ta puanteur morale !"

Un billet d'avion a atterri à ses pieds : « Tu pars dans sept jours. Et n'espère jamais revenir. »

Vanessa a ramassé le document, ses doigts tremblant comme devant un arrêt de mort.

Son père la trouvait indigne et voulait qu'elle parte...

Tant mieux. Elle ne souhaitait plus rester ici de toute façon.

« Je partirai », a-t-elle déclaré d'une voix étrangement calme, « Et comme tu l'exiges, je ne reviendrai jamais. »

Jonathan en est resté sidéré, croyant avoir mal entendu. Lorsqu'il avait envoyé Sally étudier à l'étranger, Vanessa avait refusé de l'accompagner, avouant finalement son amour pour un homme, un attachement qu'il croyait indéfectible. Il s'attendait alors à une nouvelle résistance.

Contenant à peine sa colère, il a lancé froidement : « Sally rentre ce week-end. Je donne un dîner en son honneur, tu y seras. Ta vidéo a déjà fait le tour du net ; ton absence ne ferait qu'alimenter les ragots. »

« Compris. »

...

Vanessa a pris trois jours de congé. Elle a passé ce temps à emballer méthodiquement chaque cadeau que Jocelyn lui avait offert, préparant tout pour une vente en ligne.

Le jour du retour de Sally est arrivé. Jonathan avait réservé l'hôtel le plus luxueux, invitant l'élite du monde des affaires, Jocelyn inclus, bien sûr.

Vanessa n'avait pas anticipé cette rencontre. Alors qu'elle s'apprêtait à fuir, l'homme a agrippé son poignet et l'a entraînée dans un coin isolé.

Il l'a plaquée contre le mur, ses mains en cage autour d'elle, son souffle brûlant caressant son oreille : « Trois jours d'absence. Pas un seul message. Aujourd'hui, c'est notre anniversaire... Tu as oublié ? »

« Vanessa... tu as la moindre idée de l'angoisse que tu m'as infligée ? »