Chapitre 1

Le scandale le plus torride à l'Université Saint-Louis a éclaté lorsqu'une vidéo intime de Vanessa, étudiante en arts, fuyait sur le forum étudiant.

On y voyait la jeune femme dénudée, écrasée contre une baie vitrée par un homme bien plus grand qu'elle. À la fin de l'acte, il a murmuré à son oreille : « Ma bonne fille. »

Trois mots simples ont suffi à provoquer un séisme sur les réseaux :

« Quoi ? Cette voix... Ce ne serait pas Jocelyn ? »

« Vanessa sait y faire ! Elle a chopé le président du conseil d'administration ? Pas étonnant que ses harceleurs aient disparu. »

« Je la croyais pure comme la neige. Une vraie s*lope, digne de sa mère la pute. »

Quand les rumeurs sont parvenues à Vanessa, elle tricotait tranquillement une écharpe pour Jocelyn dans son appartement.

Sa colocataire a fait exprès de mettre la vidéo à volume maximum, un sourire narquois aux lèvres : « Tu t'y connais si bien, Vanessa... T'as dû t'entraîner souvent, non ? »

Les rires moqueurs l'ont clouée sur place. L'écharpe à moitié finie a glissé de ses mains paralysées. Elle s'est précipitée dehors, le visage livide.

Elle a couru en titubant vers le bureau de Jocelyn, cherchant désespérément des explications. Mais alors qu'elle arrivait devant la porte, des voix sarcastiques lui sont parvenues :

« T'as vraiment pas épargné Vanessa... T'as pris soin de bien montrer son visage pour qu'elle puisse même pas nier. »

Son cerveau a semblé exploser. Un froid glacial l'a envahie jusqu'à la moelle.

« Elle l'a bien cherché. Elle s'en est prise à la femme que Jocelyn aime vraiment. Tout ça, c'est que justice. »

« Jocelyn, t'as dû bien t'amuser. Faire courir le bruit que sa mère était une pute, jouer les chevaliers servants contre ses harceleurs... T'as même réussi à lui faire croire à ton amour. »

« Dis donc... Tu comptes lui révéler quand la vérité ? Quand elle saura que l'homme qu'elle aime est en réalité... son futur beau-frère, elle va s'effondrer ! »

Des rires cruels ont résonné derrière la porte.

Affalé sur le canapé, Jocelyn avait une posture nonchalante, sa main tenant une cigarette qu'il a tapotée négligemment contre le cendrier. Son expression était indéchiffrable.

Voyant son silence, ses amis se sont empressés de demander :

« Tu aurais des remords ? Elle a tout fait pour chasser Sally à l'étranger, la condamnant à deux ans d'enfer ! Tu ne vas tout de même pas la laisser s'en tirer comme ça ? »

Au nom de Sally, Jocelyn a réagi enfin. Il a écrasé sa cigarette avant de déclarer d'une voix neutre : « Attendons son retour. Ce jour coïncidera avec l'anniversaire que Vanessa attend tant... Je lui réserverai une 'surprise' qui la fera payer chaque souffrance infligée à Sally. »

Vanessa a senti son souffle se bloquer. Son regard a traversé la fumée pour se poser sur les traits impassibles de Jocelyn. Une douleur fulgurante lui a déchiré la poitrine, au point que sa vision s'est brouillée.

Tout devenait clair : Les rumeurs diffamant sa mère venaient de Jocelyn ; sa cour assidue, sa protection... n'étaient qu'une mise en scène cruelle et l'objet de son amour était Sally, sa demi-sœur !

N'en pouvant plus, elle a tourné les talons et s'est enfuie. Mais à peine avait-elle fait quelques pas qu'un groupe de filles lui a barré le chemin.

« Eh bien, si ce n'est pas l'héroïne de cette fameuse vidéo ! »

« Tu sors du bureau ? Mon Dieu, tu es déjà en train de draguer ? »

Le visage blême, Vanessa a tenté de s'échapper, mais elles ont commencé à la bousculer avec méchanceté.

Soudain, une voix glaciale a fendu l'air : « Vous osez maltraiter Vanessa sous mon nez ? Vous cherchez la mort ? »

Jocelyn avait surgi derrière elles. Sa silhouette imposante s'est avancée avec une assurance tranquille vers Vanessa.

Les harceleuses se sont dispersées comme des moineaux effrayés.

Jocelyn s'est approché de Vanessa. D'un geste délicat, il a rattrapé les mèches échappées de sa course, a penché son visage vers le sien et a caressé sa joue du bout des doigts.

« Je t'ai déjà dit : si on t'embête encore, prononce mon nom. »

Son odeur de tabac l'a envahie, piquant ses yeux jusqu'à les faire brûler.

Dans cette silhouette protectrice, elle a revu instantanément tous les Jocelyn du passé qui l'avaient défendue. Alors, pourquoi... ?

Quand sa mère s'était suicidée, quand son père avait renoué avec son premier amour, Vanessa était devenue une orpheline malgré elle. Puis les rumeurs avaient enflé : sa mère, une « briseuse de ménage », Sally, la seule héritière légitime des Cazel. Et elle, « la fille de la maîtresse », était devenue naturellement le souffre-douleur de tous.

Jocelyn l'avait sauvée. Profitant de son statut de président du conseil, il lui avait offert un refuge inespéré.

Hier, pour son anniversaire, ivres tous deux, ils avaient consommé leur relation. L'homme avait jeté bas son masque d'élégance distante pour la plaquer contre la baie vitrée, enivré par son corps tremblant de nervosité. Sous son étreinte, Vanessa s'était sentie comme un oiseau migrateur retrouvant enfin son nid.

Elle ignorait encore qu'il ne s'agissait que d'une pièce calculée de son jeu.

Quand elle a émergé de ses pensées, Jocelyn l'avait déjà guidée hors du bâtiment et installée sur le siège passager de sa voiture.