NORALe bureau est étrangement silencieux, chaque bruit de la ville étouffé par les doubles vitrages, et pourtant l’air semble chargé, vibrant de la tension que je porte en moi. La boîte est toujours entre mes mains, glaciale, lisse, presque trop parfaite pour être simplement un objet. Je la tourne encore, lentement, mes doigts effleurant les contours, chaque mouvement mesuré, calculé, tandis qu’une part de moi brûle de tout envoyer valser.— Putain… murmuré-je, la voix étranglée par la colère et la frustration, putain de…Mais ma colère se heurte à quelque chose de plus profond, de plus insidieux. Mon cœur s’emballe à chaque seconde, et un frisson me traverse quand je me rappelle que je ne suis pas seule. Hugo est là. Invisible mais présent. Et derrière lui, un autre regard, un autre spectateur, une caméra discrète qui suit chacun de mes gestes. Cette idée me déstabilise, m’embrase autant qu’elle me révulse. Je sens chaque fibre de mon corps éveillée, comme si la chaleur de mes propr
NORALe jour glisse dans la chambre par les rideaux entrouverts, doux mais tranchant, illuminant les particules de poussière qui tourbillonnent dans l’air comme des fragments de mon humeur encore confuse. Je suis réveillée depuis un moment, allongée sur le dos, le regard figé au plafond, et je sens ma colère de la veille, intacte, brûler sous ma peau, sourde et insistante, une chaleur qui rend mon cœur impatient et mes muscles tendus, comme si chaque fibre de mon corps se rebellait en silence.Dans la chambre d’à côté, Léa dort encore, je l’entends, sa respiration calme et régulière traverse le mur léger, paisible, comme si elle n’avait jamais connu l’ombre qui m’empoisonne depuis des semaines. Sa tranquillité m’agace autant qu’elle m’apaise. Elle a ce don de s’abandonner au sommeil, sans lutte, comme si rien ne pouvait la troubler, comme si les chaînes qui m’étranglent glissaient simplement à côté d’elle. Je voudrais partager cette paix, mais à cet instant elle me paraît inaccessible
NORANous restons là, quelques secondes, figées dans ce silence lourd qui a suivi ses paroles, et je sens que si je continue sur ce terrain, je vais exploser.Alors je lâche sa main, me lève et vais chercher deux verres dans la cuisine.— Tu veux boire quelque chose ?Elle comprend que je veux changer de sujet et me suit, laissant derrière elle ses valises encore ouvertes dans l’entrée, comme deux témoins silencieux de son arrivée précipitée.— Oui… et pas de thé, ce soir. Un verre de vin rouge, ça ira.Je sors la bouteille entamée de mon buffet et nous nous installons autour du petit îlot, comme deux adolescentes en pleine confidence. Le bois lisse sous mes doigts, le reflet rouge sombre du vin, tout me semble étrangement rassurant. Léa prend une grande inspiration, puis un sourire revient sur ses lèvres, timide au début, plus franc ensuite.— Bon… je vais t’occuper l’esprit. Tu sais ce qu’il m’a fait, Julien ?Je hausse un sourcil.— Ton Julien ?Elle hoche la tête avec un petit rir
NORALe bruit sec de la serrure me fait sursauter, alors que je suis encore affalée sur le canapé, les mains crispées autour d’un coussin comme si je m’y accrochais pour ne pas sombrer.La porte s’ouvre lentement, et une voix familière fend le silence.— Nora ?Je relève la tête, et là, elle est là ma Léa. Ses yeux noisette pétillent toujours d’une chaleur presque maternelle, mais ce soir, je vois son sourire s’effacer en me découvrant dans cet état. Ses valises traînent derrière elle, ses cheveux encore humides de la pluie.— Mon Dieu… qu’est-ce qui t’est arrivé ?Elle lâche tout, ses bagages, son manteau trempé, et traverse la pièce à grandes enjambées. L’odeur de son parfum me parvient, mélange apaisant de jasmin et de vanille, et j’ai envie de m’y noyer.Je secoue la tête, essaie de sourire, mais ma gorge se serre.— Rien… enfin… je…Je ne termine pas. Elle s’est déjà assise à côté de moi, ses mains chaudes entourant les miennes, comme pour m’ancrer.— Nora, arrête. Regarde-moi.J
NORALa porte se referme avec un claquement sec derrière moi, résonnant comme un coup de tonnerre dans le silence de mon appartement.Je reste debout, immobile, le souffle court, les poings serrés si fort que mes ongles s’enfoncent dans la paume de mes mains.Je déteste ce type. Je le hais. Il me dévore, me souille, me réduit en miettes et pourtant… je suis encore là.Je rejette violemment mon sac sur le canapé, le claquement des objets à l’intérieur réveille une colère sourde, un feu noir qui brûle en moi.— Comment ose-t-il ?Ses mots, ses menaces, sa possession déguisée en caresse, son sourire de prédateur… tout me donne envie de vomir.Je parcours la pièce du regard, cherchant un refuge, une échappatoire, mais tout me semble étroit, étouffant.Je me précipite vers la fenêtre, j’ouvre en grand, le vent s’engouffre dans l’appartement et fouette mon visage, une bouffée d’air frais qui déchire un peu ce voile de suffocation.Je serre les dents, ravale les larmes qui brûlent au fond de
NORAIl reste penché au-dessus de moi, le regard ancré dans le mien, une main posée sur l’accoudoir, l’autre… plus proche.Trop proche.Ses doigts frôlent ma cuisse, comme par accident.Mais rien n’est accidentel avec lui.Je le sais maintenant.Je l’ai toujours su, peut-être.Mais j’ai fermé les yeux.J’ai voulu croire à la tendresse, à l’intimité, au feu partagé.Je n’ai pas vu les chaînes, ni le pacte invisible que je signais en me laissant toucher, en répondant à ses baisers, en offrant ma peau.Il recule à peine, juste assez pour me regarder mieux.Sa voix s’infiltre dans mon oreille comme une lame douce, tiède, irréfutable.— Tu vas devoir comprendre, Nora. Il n’y a plus de demi-mesure entre nous.Ce n’est pas un flirt. Ce n’est pas un jeu.C’est un contrat. Une réalité. Une dépendance.Sa main monte.Elle frôle mon ventre à travers la chemise légère que je n’ai pas eu le temps de refermer complètement.Un bouton cède sous la pression de son doigt.Je frémis. Mais je ne bouge pa