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Chapitre 2 — Ce qu’il reste de moi

Author: L'invincible
last update Last Updated: 2025-08-16 03:27:07

Elise

Il entre dans la salle de bain. J’entends l’eau. Elle coule fort, droite, impitoyable, comme une lame. Il se douche. Comme si de rien n’était. Comme si je n’existais pas. Comme si je n’étais qu’un fond sonore, une nuisance domestique, un corps qu’on ne regarde plus.

Je me déshabille, lentement, pièce après pièce, chaque bouton me lacère, chaque zip me racle la peau, mais je continue, parce que je veux qu’il me voie, qu’il se souvienne, qu’il ressente encore un peu de chaleur, un peu de désir, un soupçon d’envie, même sale, même brève, même cruelle.

Je pousse la porte, nue, tremblante, honteusement offerte.

La vapeur m’enlace, brûlante, et je le vois, de dos, son corps ruisselant, ses omoplates qui bougent à peine sous le jet, son cou tendu, son silence plus fort que tout. Je le rejoins, pieds mouillés, souffle court, je m’approche, si près que l’eau qui glisse sur lui vient mourir sur moi.

Il sursaute se retourne et me voit. Il ne dit rien.

Je laisse mes seins effleurer son dos, mon ventre contre ses reins, mes bras autour de lui, mes mains sur son torse mouillé. Je remonte lentement, caressant chaque centimètre de sa peau, ses pectoraux, son cou, ses épaules, ses cheveux trempés qui collent à ses tempes.

— Liam… je suis là… regarde-moi…

Mais il détourne les yeux , il me fuit. 

Je colle davantage mon corps contre le sien, j’embrasse son dos , doucement, tendrement, comme avant, comme si j’y croyais encore, comme si c’était notre nuit, celle qu’on devait célébrer, celle qui aurait dû être douce, pleine de souvenirs, de rires, de mains liées sous la table.

— C’est notre nuit… notre anniversaire… s’il te plaît…

Il tressaille. Mais recule.

— Arrête, Élise ce n'est pas maintenant.

Pas maintenant. Pas jamais. Pas toi.

— Tu veux que j’arrête de t’aimer aussi ? Que je me taise, que je disparaisse ? Que je m’efface comme une erreur sur un brouillon ?

Je le repousse contre le mur, sans force, mais avec tout le poids de mon corps, tout le poids des années, des soupirs, des gestes qu’il n’a pas vus. Mes mains glissent vers son ventre, plus bas, lentement, comme une supplique. Je le touche , il est tiède, dur. 

— Je suis ta femme, Liam. J’ai le droit de te toucher, non ? Dis-moi que tu ne ressens rien. Dis-le-moi en me regardant dans les yeux.

Il m’attrape les poignets. Les serre fort . Ses doigts me blessent. Mais je ne recule pas.

— Tu ne comprends pas ? Je ne veux pas de toi.

Je frissonne. Ma gorge se ferme. Mes jambes vacillent.

— Tu mens.

Il secoue la tête. Son regard est vide.

— Je suis ailleurs, Élise. Je suis déjà loin de toi. Tu peux me coller contre un mur, gémir, pleurer, supplier… ça ne changera rien.

Je refuse , j’attrape sa main, la plaque sur ma poitrine nue, haletante, battante, offerte. Je veux qu’il sente, qu’il entende mon cœur qui le réclame.

— Et ça ? Tu ne sens rien ? Tu n’as rien dans le ventre, là, en touchant mon cœur, mon sein, ma peau ? Tu ne te souviens de rien ?

Il retire sa main comme si je l’avais brûlé, comme si j’étais toxique, repoussante, impure.

— Tu n'as pas honte ? Tu crois que c’est ça, l’amour ? Te vendre comme ça, te donner comme une fille de passage pour retenir ce que tu n’as jamais eu ?

Je tremble , mais je ne lâche pas.

Je l’embrasse en plein bouche , profondément , désespérément. Je le prends avec ma bouche, avec mon souffle, avec tout ce que j’ai encore de vivant en moi. Il ne répond pas. Mais il ne me repousse pas , alors je recommence encore et encore.

Je me hisse, je l’enlace, mes jambes autour de lui, mon sexe brûlant contre le sien, je gémis contre sa peau, contre son cou, contre cette gorge qui ne me parle plus.

Et là, il craque....

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