Les toilettes s’ouvrent. Akpénè pointe son front, sa faiblesse bien visible. Elle s’arrête au pas et tient le cadre. A peine Ehli la voit, qu’il se lève brusquement et se précipite sur elle pour la tenir, le bras droit par la taille, contre soi. Elle a l’air d’une personne sous le poids d’une grave maladie des jours et des jours déjà ; la langueur dans ses yeux, le visage tout blême, tout creux. Les afflictions et les peines morales l’abattant déjà et lui infligeant « l’impotence » psychologiquement, les vomissements continus de la journée sont venus la trouver à leur merci pour l’avachir d’un coup et la condamner...
Délicatement, astucieusement, Ehli la ramène reprendre place dans le lit. Elle s’assied, adossée au chevet, les pieds allongés, les mains posées sur ses cuisses. Il prend
Avant la fin de la journée, Akpénè reçoit du président du tribunal, son invitation de comparution pour la demande de divorce formulée par Amézado. Le jour et l’heure lui sont notifiés. Le soir, elle attend la prise du dîner avant d’en informer Ehli (Akossiwa l’a aidée en faisant la cuisine et à tout aménager avant de prendre congé d’elle quelques minutes avant le retour d’Ehli avec Sitsopé). La douche de son ami prise, celle de sa fille aussi, elle sert le repas et ils passent à table.Comme toujours, Akpénè n’a aucun appétit, et ce n’est pas cette nouvelle de la journée qui va manquer de l’en abcéder. Cependant, elle se doit de fournir d’efforts, pour ne pas décourager son ami dans tous les sacrifices auxquels il se donne pour elle. Aussi, quand elle ne mange pas, sa fille ne ma
Akpénè se réveille dans le lit de l’hôpital, la clinique du docteur d’Ehli où, le corps soignant a été diligent et actif à son chevet.-Où suis-je ? demande-elle languide dans la gorge en ouvrant faiblement les yeux.Le cœur d’Ehli se réjouit. Il est à son chevet, Sitsopé sur ses cuisses, à attendre patiemment qu’elle se réveille. Et elle se réveille effectivement dans l’intervalle d’heure estimé par le docteur pour le rassurer de son état.-Akpénè ! s’émeut-il. Tu es réveillée, tu es réveillée, chérie !Ses yeux brasillent pour exprimer son euphorie ; il est tout joyeux, cependant que Akpénè s’évertue à ouvrir complètement les yeux, et de se mettre à distinguer les choses autour d’el
A la piscine, c’est la bonne humeur. Les enfants sont dans le petit bassin, leur « maman » pas loin d’eux en train de se faire plaisir dans le grand.Les enfants, ils se lancent du ballon qu’ils envoient à Akpénè par moment pour le leur renvoyer. Ils n’osent pas l’approcher ; la consigne leur est stricte.Ehli, en tenue aussi, ne se met toutefois pas avec eux. Il est assis sur le bord de la piscine, les pieds dans l’eau, serviette au cou, à les regarder et à sourire plaisamment. Ils l’invitent à se joindre à eux mais il refuse catégoriquement. Leurs délectations auxquelles ils s’adonnent lui font plaisir et l’amusent suffisamment déjà pour lui procurer une certaine fierté. Surtout lorsqu’il voit Akpénè qui se donne à bras le corps à sa distraction favorite à s’oublier, comme
Au sortir du bureau ce soir, Ehli ne va pas chez sa sœur pour son fils avant de rentrer. Il ne rentre pas non plus directement à la maison. Il a un compte à régler et il se veut de l’accomplir bien avant.Le soleil est rouge dans son extinction lorsque sa voiture s’immobilise devant la maison d’Amézado. Il descend et va cogner le portail. Il attend quelques minutes puis cogne encore plus fort. Une voix de femme lui parvient aux oreilles :-Qui est-ce ? Un instant j’arrive !Il souffle un peu et met les mains aux reins. Son visage n’exprime rien de gai mais dégage toutefois de sérénité.Dans les secondes qui suivent, le portail s’ouvre sur la « nouvelle patronne » de la maison ; son gros ventre devant. Leurs regards se heurtent, leur visage leur dit des choses du coup : cette nuit d’altercation en boîte.-Tiens, tiens, c’es
Ehli ne va pas au travail le jour venu. Dès l’entame de la matinée, Akpénè devrait rentrer avec le nouveau-né, mais il renvoie bizarrement cela sur l’après-midi, et avec exigence, maintenant mère et enfant à l’hôpital. La nouvelle maman a à son chevet, la belle-sœur Mawupemo et sa tante Anti qui a couru aussitôt la nouvelle de l’accouchement apprise à son réveil les rejoindre à la polyclinique.A l’heure convenue, il va les chercher. Ils arrivent à la maison où les attendent Akossiwa et leur tante maternelle aussi. Stupéfaction d’Akpénè : Ehli a fait décorer le salon magnifiquement, pour accueillir le nouveau-né. « Ah, fo Ehli ! » laisse-t-elle l’échapper à son entrée dans le séjour et en reste baba. Elle n’en revient pas. Pendant ce temps,
Le petit ami de Mawupemo, administrateur dans une structure de la place, bien posé et galant, demande à faire la rencontre de ses parents et officialiser leur relation. Il faut alors à Mawupemo d’aviser les siens. Pour ce faire, elle a demandé une rencontre avec sa tante.Ayaba habite un quartier de Baguida, communément appelé « Anyassa », sur la route de Dévégo. Mawupemo arrive dans cette périphérie ce soir. Le soleil semble mort déjà dans l’horizon. Elle ouvre le portail et entre après de l’antivol mis à sa moto. Elle voit la tante qui vient de cuisiner son dîner, assise sur un tabouret devant sa chambre, s’occuper à laver les quelques ustensiles utilisées.-Evi nyé, woézon (sois la bienvenue, mon enfant), lui souhaite d’un sourire amène et affable Ayaba qui lève le regard pour la v
CHAPITRE44Assise à la terrasse ce soir, les pieds dressés et posés sur un tabouret, frottant de toute aise ses dents avec un cure-dent, Adolé oit les bruits du portail qui s’ouvre. Naturellement, son attention s’est apprêtée pour découvrir qui s’amène. Le portail se referme. C’est Mawupemo ayant franchi le seuil.La première chose qui frappe du coup la jeune femme à cette entrée dans la maison de son père après quatre mois déjà qu’elle l’a désertée est la porte, ouverte, de sa chambre qu’elle a fermée avec ses clefs et emportées. Quelques effets çà et là sur l’élévation de la terrasse témoignent de facto la présence d’un possesseur des lieux. Elle ne s’y trompe pas. Une jeune femme sort de la pièce avec pagne au bust
Cimetière de Bè Kpota. Aux pieds de son papa, devant sa tombe, Mawupemo se tient. Elle médite un instant, laissant aux larmes l’accès sur ses joues et dit : « papa, je suis venue à toi aujourd’hui et je sais que tu m’entends, toi qui es parti tôt me laisser sans même m’avertir. Tu es parti, papa, sans m’avoir préparée auparavant à ton absence cruelle. La douleur a été très atroce dans mon cœur. Elle demeure. Mais, j’ai accepté de faire avec, et je finis par accepter la triste réalité pour avancer autrement comme tu me l’aurais souhaité, comme tu me l’aurais recommandé, si tu avais le choix de ton départ, pour me faire un au revoir et me sermonner. Tu n’avais pas le choix, tu ne t’y attendais pas, tu étais pris au dépourvu précocement et emporté de force, r