Toute cette journée, au bureau, Ehli ne trouve pas de concentration pour vaquer effectivement à son travail. Ses esprits divaguent, envahi par Akpénè. Elle le submerge. Complètement. Toutes ses pensées restent figées sur son amie ; elle le hante. Il n’en revient pas, ne comprend pas. Il ne comprend pas ce qui lui arrive, ce qui se passe avec lui. Et pourquoi c'est envers cette dernière, brusquement. Il languit dans son siège. Rien de bon n'est possible qu'il fasse. « Qu'est-ce qui m'arrive ? » se demande-il. « Suis-je en train d'éprouver quelque sentiment pour toi ou quoi, Akpénè ? Et comment est-ce possible ? Ne suis-je pas en train de perdre la raison maintenant de t'avoir en esprit, toi qui m'es une sœur, une sœur jumelle ? De sentir mon cœur battre pour toi ? Que tu me donnes des frissons et que toute ma chair n’aille à toi, te
La vie d’Amézado devient de jour en jour plus qu’une turbulence. Pas de minute qui passe sans qu’il ne regrette Akpénè et les enfants, sans qu’il ne rêvasse. Ses instants sont hantés par les sourires du passé de sa petite famille. Il revoit leurs amusements, le bonheur dans lequel il vivait entre sa femme et son enfant. Sa maison qui était joyeuse, un simple sourire lui y est interdit aujourd’hui: mélancolique maison devenue. Il appréhende même d’y mettre pieds et les soirs, au sortir du boulot, dans l’alcool il pense trouver refuge, soit, il erre dans la ville pour rentrer tardivement afin de ne pas croiser son pire écœurement et avoir à faire encore à du tournis, à de coups de bec, car Massogblé ne manque point d’occasion de lui mettre la flamme, de le couvrir d’injures, d’invectives... Sa maiso
Presque toute la nuit, Ehli fait du projet d’Akpénè, une méditation. Il tourne et retourne dans ses pensées son idée pour la jauger et percevoir ce qu’elle a en soi réellement d’intéressant en y mettant pas des émotions, et en quoi elle pourrait être concrète, hélas, il n’y trouve rien qui lui fasse effet. En ce projet, il ne se retrouve pas tout à fait enthousiaste quand il le sonde à fond, pour s’y jeter. Toutefois, au terme, il se fait une résolution: Akpénè, puisqu’il croit en elle, en son potentiel, en ses capacités et lui fait confiance, il ne va pas lui refuser son appui et de ne pas l’accompagner, car il le sait si bien, son refus la désenchantera et la démotivera. Il lui causera du dépit, du chagrin et l’abattra. Il va de ce fait porter l’initiative avec elle
Aussitôt le retour d’Amézado à la maison, il va s’enfermer, dépité, le fiel, en possession de toute son âme, dans la chambre de sa fille Sitsopé, laquelle chambre il a faite sienne, en abandonnant aussi, comme c’était le cas d’Akpénè, la chambre conjugale où il ne met guère pieds. Il sonne à peine dix-huit heures. Le soleil ne finit même pas encore de prendre sa forme rouge dans l’horizon, pour achever complètement sa course dans le ciel aux nuages épars en retirant ses derniers rayons. Pas de Massogblé avec leur enfant à la maison à son retour. Cela est d’ailleurs la dernière des choses qui l’importent ; si elle est là ou pas, si elle existe encore ou pas. Et si elle pouvait disparaître, partir où elle voudra, s’évaporer dans la nature et ne point paraître sous ses ye
«-Ça fait des minutes déjà que tu es ici et tu dois t’en aller maintenant, Sitsopé tõ. Ta quête est irrecevable. Non pas moi. Vraiment pas. Pas moi de t’introduire auprès de ma sœur. N’espère même pas un seul instant une telle chose de moi. Enfin, bref, tu sais où elle habite. Tu sais comment vous vous êtes rencontrés. Tu sais comment vous aviez vécu comme mari et femme. Tu sais comment elle a quitté ton toit et tu sais aussi comment elle n’est plus aujourd’hui ta femme, et ce depuis des années déjà. Donc tu dois savoir comment t’introduire facilement auprès d’elle encore si cela te tenait vraiment à cœur. Alors vas-y toi-même. Mais ma sœur, d’un homme comme toi, elle n’en a point besoin. Elle n’en avait même pas besoin, car tu ne mér
LES LARMES D’UNE EPOUSECHAPITRE52Il n’y a jamais eu autant de lourdeurs accumulées dans l’atmosphère, l’on dirait qu’elle subissait la pire des suffocations, et la terre qui refuse de s’ouvrir pour engloutir l’infortuné qui l’invoque et faire disparaitre toute son abjection, sa flétrissure. Il souhaiterait instamment qu’une marrée survienne pour l’effacer de la surface de la terre pour que finissent les châtiments, mais il n’y a dans l’air aucune clémence pour lui. En quelques fragments de secondes qui se prolongent comme une éternité éreintante, il revisite toute sa vie. Tout se déroule dans son esprit comme un film d’horreur : son amitié avec Ehli, son histoire avec Akpénè. Tout, depuis leurs débuts. Les beaux moments vécus ensemble durant tout
Chapitre53Fini dans les tessons de bouteille, Amézado se blesse sur le ventre et sur la poitrine. Les éclats lui sont rentrés dans la chair. Il en a même dans la paume droite. Il se relève, et clopin-clopant sort du séjour. Les blessures sont toutes saignantes. Sa chemise se teinte du rouge. Les effets de l’alcool persistent mais il semble avoir un peu de lucidité pour avoir à l’esprit de se rendre à l’hosto. Cependant, difficile, voire impossible de se mettre au volant. Il va ouvrir le portail. A peine ses pieds traversent le seuil qu’il s’écroule. Une voisine sortie de leur maison dans le même temps, le voit alors qu’il s’écroulait pour accourir à lui et lui porter assistance. Elle rentre dans la maison pour alerter sa femme mais force est de constater d
Chapitre54Akpénè arrive à la clinique. Elle range sa voiture, arrête le moteur et ouvre la portière. Un pied par terre, elle prend son portable pour appeler Mawupemo à informer de son arrivée pour qu’elle vienne à sa rencontre et l’emmener. Mais à peine elle se trouve son numéro pour lancer l’appel, qu’elle s’arrête.-Que suis-je en train réellement de faire? se pose-t-elle de question. C’est sur un lit d’hôpital qu’Amézado va chercher si j’existais encore pour me demander après tant d’années, et moi, je vais me mettre à courir comme une gamine désespérée qui n’attendait que ça idiotementde lui ? Maltraitance, mépris, humiliations, puis, descente en enfer duquel m’a sauvée un autre qui s’est abandonn&ea
Chapitre55Mawupemo ne saurait être coupée complétement de ses activités ainsi que de sa maison où elle a des devoirs de couple envers son mari et ceux de maman envers son fils pour rester en permanence aux côtés de son frère à l’hôpital. Du coup, du va-et-vient incessant, elle effectue à son chevet: c’est tout son possible qu’elle puisse lui faire… En outre, elle est celle qui s’occupe de son estomac en lui apportant de la bouffe. (Leur maman, elle ne remet plus pieds dans la salle d’hospitalisation depuis le réveil d'Amézado pour lui demander de quitter son chevet : il ne le lui permet pas. En fait, Amézado oppose un refus catégorique dès qu’il entend que sa daronne veuille de sa permission pour passer le voir. Ce faisant, Adolé ne peut avoir des nouvelles