Chapitre 2

Lucien n'est rentré que tard dans la nuit.

J'ai feint le sommeil, l'ignorant.

Mais ma louve a alors perçu une faible odeur étrangère d'oméga sur lui.

Écœurant.

Je me suis déplacée, m'éloignant vers l'autre côté du lit.

Le lendemain matin, Lucien m'attendait à la table du petit-déjeuner.

« Tu as l'air fatiguée aujourd'hui, mon amour. »

J'ai dû retenir un rire amer.

Ses mensonges étaient si naturels.

J'ai fait un faible signe de tête, puis j'ai demandé avec désinvolture : « Quelque chose s'est passé hier ? Tu es rentré tard. »

Lucien a soutenu mon regard sans une once de culpabilité. « Juste quelques broutilles. Certaines meutes du Nord expriment... des désaccords. »

« Avec la Meute de la Lune d'Argent derrière toi, personne n'oserait te défier. »

« Mais, » j'ai marqué une pause, l'observant attentivement, « le pouvoir est fragile. Dès qu'ils sentiront la faiblesse, les loups seront prêts à te déchirer. Toi plus que chacun, tu devrais le savoir. »

Ses doigts, qui tambourinaient un rythme régulier sur sa tasse de café, se sont immobilisés. Il était agacé. « Qu'essayes-tu de dire ? »

« Je dis que je devrais peut-être m'impliquer davantage dans ton travail. » J'ai posé ma fourchette, mon regard se verrouillant au sien. « En tant que ta compagne, c'est ma responsabilité de veiller à la stabilité de notre Alliance. »

Une lueur d'irritation a traversé son visage.

« Ce n'est pas nécessaire, Anne. Je te l'ai dit, tu devrais te reposer. Je peux tout gérer. »

« Comme tu as géré les ressources de la meute ? » J'ai ri, un rire petit et tranchant. « Je me rends au siège aujourd'hui. Nous pouvons discuter de la stratégie électorale. Après tout, nous sommes compagnons. Nous devrions combattre côte à côte. »

Le corps de Lucien s'est raidit.

Il était furieux que je m'immisce dans ses plans.

Il a ouvert la bouche pour argumenter, mais mon regard l'a cloué sur place.

Il a avalé ses mots, forçant un ton attentionné.

« Bien sûr... si tu y tiens. »

« J'y tiens. » Mes doigts ont tracé la marque de compagnon sur son cou.

Son corps a frissonné involontairement.

« Regarder mon compagnon travailler est mon plus grand plaisir. »

Une heure plus tard, ma voiture s'est arrêtée devant le Siège de l'Alliance.

Les gardes se sont avancés pour me saluer. « Luna Anne, le Président vous attend. »

« Pas de précipitation. » J'ai ajusté mes gants, ralentissant délibérément mon pas. « J'aimerais d'abord voir comment fonctionne le siège. »

Un silence est tombé sur le hall.

Chaque employé s'est figé, les yeux rivés sur moi avec un mélange de peur et de crainte.

C'était le pouvoir de mon lignage. Le pouvoir d'une véritable femelle Alpha.

Mon regard a balayé la pièce, se posant finalement sur une silhouette à la réception.

Claire Wenzel.

Elle portait un uniforme bleu marine ample, tentant de cacher son ventre arrondi.

Mais pour mes sens aiguisés, l'odeur d'une oméga enceinte était indéniable.

Mais ce qui a fait monter en moi un éclair de rage brûlante était le collier de pierre de lune scintillant à son cou.

J'ai reconnu le design. C'était celui que Lucien m'avait promis d'acheter.

Il avait ensuite prétendu qu'il était perdu lors d'une attaque, s'excusant et m'offrant à la place un bracelet que je détestais.

Quand elle m'a vue, son visage a blêmi.

« Luna Anne ! » Elle a bondi de sa chaise, la faisant presque tomber. « Qu... qu'est-ce que vous faites ici ? »

J'ai marché lentement vers son bureau. À chaque pas, la pression dans la pièce montait, l'air s'épaississant sous mon pouvoir.

« Je suis venue voir mon compagnon. » Ma voix était douce, mais empreinte d'une autorité indéniable. « Y a-t-il un problème ? »

« A...aucun problème. » Sa voix tremblait.

Elle a enlacé instinctivement son ventre. « Je vais prévenir le Président immédiatement. »

Je me suis approchée, mon corps frôlant presque le comptoir de la réception.

La respiration de Claire est devenue saccadée, la sueur perlant sur son front.

« Êtes-vous une nouvelle assistante ? » ai-je demandé, comme pour faire la conversation. « Vous avez l'air... jeune. »

« O...oui, Luna. Je suis Claire. J'ai rejoint l'année dernière. »

« Claire. » J'ai répété son nom. « Un joli nom. Aimez-vous le travail ici ? »

« Oui, beaucoup ! » Sa voix était au bord des larmes. « Le Président est très bon avec nous. »

« Vraiment ? » Un sourire froid et lent a étiré mes lèvres. « C'est bon à entendre. Après tout, tout le monde ne peut pas travailler au Siège de l'Alliance. »

C'est alors que l'ascenseur a sonné, et Lucien en est sorti d'un pas décidé.

Il avait évidemment reçu le message paniqué de Claire.

« Anne ! Tu es là. » Il arborait un sourire impeccable. « Je croyais que tu venais cet après-midi. »

Je me suis dirigée immédiatement vers lui, passant mon bras au sien avec intimité.

« Je voulais te faire une surprise. » Je me suis dressée sur la pointe des pieds et j'ai chuchoté à son oreille, assez fort pour que Claire entende. « Et je voulais déjeuner avec toi. Comme au début de notre union. »

J'ai mis un accent particulier sur le mot « union » et j'ai observé Claire du coin de l'œil.

Son visage était plus pâle que jamais, ses yeux pleins de peur et de jalousie.

Ses mains étaient serrées en poings.

« Bien sûr. » Lucien a passé un bras possessif autour de moi, me guidant vers l'ascenseur privé. « Parlons dans mon bureau. »

À l'intérieur de l'ascenseur privé menant au bureau du Président, nous étions seuls.

Je me suis tournée vers lui, mon regard se verrouillant sur le sien.

« Cette nouvelle assistante Oméga... Claire, n'est-ce pas ? Un si joli nom, n'est-ce pas ? »

Lucien s'est figé une seconde en entendant le nom, puis a laissé échapper un rire doux.

Il a tendu la main et m'a tapoté joyeusement le bout du nez.

« Qu'est-ce que c'est ? Ma Luna serait-elle jalouse ? Ce n'est qu'une nouvelle assistante. Je ne me souviens même pas de son visage. »

Son parfum d'Alpha m'a enveloppée — apaisant et dominateur.

« Ma chère, ton attention devrait être sur moi, pas sur une fille quelconque. »

Il jouait son rôle à la perfection. Son honnêteté et sa dévotion étaient si convaincantes que j'ai failli croire que tout ce que j'avais entendu hier n'était qu'un cauchemar.

Les portes de l'ascenseur se sont ouvertes. Il a passé un bras décontracté autour de ma taille, me guidant vers le somptueux bureau présidentiel.

« Bon, arrête de fixer, » a-t-il encouragé, la voix basse. « Parlons de choses plus importantes — notre avenir. »

Je me suis blottie contre lui, obéissante, mais mon cœur était un bloc de glace.

Notre avenir ?

Non, Lucien. C'est mon avenir.

Et toi, tu n'en as pas.