La concession

Le jour de mon anniversaire, vêtue d'un pyjama en soie, j'étais coincée sous Kévin sur le canapé, l'atmosphère remplie de l'ardeur dévorante.

Ses lèvres sont descendues dans mon cou et ses mains ont glissé sous ma chemise de nuit, m'émoustillant.

Il m'étreignait fort comme d'habitude tandis que je protégeais prudemment mon ventre en me perdant dans l'assouvissement des désirs.

J'avais prévu de lui annoncer la bonne nouvelle de ma grossesse juste après.

Cependant, les coups à la porte sont arrivés au pire moment possible.

Il est descendu de moi à toute allure, avant de se diriger vers la porte en s'habillant. « Chérie, je vais juste voir ce qui se passe et je reviens tout de suite. »

Une vague d'inquiétude m'a envahie. Je suis descendue au rez-de-chaussée après avoir remis mes vêtements. Juste au moment où je suis aux escaliers, j'ai entendu Kévin parler doucement à une femme dans le couloir : « Susie, n'aie pas peur. Maintenant que tu es de retour, tu peux être tranquille. Personne n'osera plus jamais te maltraiter. »

Susie ?!

J'ai demeuré un instant ahurie, ma prise sur la rampe se resserrant.

Elle était la première amoureuse de Kévin pendant son adolescence. Leur lien était indestructible et tout le monde pensait qu'elle serait la Luna de la tribu.

Lorsque j'ai revu Kévin plus tard, mon intuition était justifiée car il a commencé par une phrase invraisemblable : « Céline, mettons fin à notre union. »

Un flot d'étonnement s'est déversé en moi. J'ai relevé la tête et le fixais.

Susie enfouissait son visage dans les bras de Kévin, ses yeux rougis manifestant une apparence pitoyablement vulnérable.

Kévin m'a prise par la main et a filé doux avec moi : « Tu le sais maintenant que Susie a été abusée par un scélérat et est tombée enceinte sans se marier. Son futur enfant n'obtiendra pas le droit de résidence dans la tribu. Nous devons donc dissoudre notre union en urgence pour que je puisse lui donner un statut légalisé. »

Voyant ma pâleur, Susie a tiré prudemment sur la manche de ce dernier : « Kévin, ne t'en fais pas. Je vais partir… Je n'aurais pas dû te demander une chose aussi extravagante, sachant que Céline va se retrouver dans une situation difficile… »

« Non, hors de question ! » a refusé fermement Kévin. « C'est trop dangereux pour toi de porter un enfant en tant qu'une louve seule. »

Sur ces mots, il a caressé le ventre de Susie avec une tendresse que je n'avais jamais vue dans ses yeux auparavant.

« Céline, rassure-toi. Ce ne sera qu'une dissolution d'union temporaire. Nous nous rétablirons dans un an. Tu seras toujours ma Luna. » Kévin m'a tendu un accord de dissolution et m'a parlé d'un ton suppliant.

J'ai baissé les yeux vers la fine feuille, le cœur serré m'arrachant l'âme et me coupant le souffle.

« Je suis désolée, Céline. Je ne voulais pas de cette situation, mais je n'ai eu vraiment pas d'autre choix… » Susie s'est mise à pleurer tout en me défiant du regard.

« Kévin, si j'étais enceinte moi aussi, accepteras-tu toujours être le père d'un autre louveteau ? » J'ai hasardé avec de l'attente.

L'expression de Susie s'est assombrie d'emblée.

« Comment pourrais-tu être enceinte ? Le thérapeute a déjà dit que ton corps était trop faible pour porter un nouveau-né. »

« Céline, arrête ces absurdités. » Kévin m'a lancé un regard furieux.

« Je ne dis pas d'absurdité. » Pour me défendre, je me suis retournée dans ma chambre pour chercher les résultats du test de grossesse.

Lorsque je les ai retrouvés, mon téléphone a vibré. Susie m'avait envoyé une photo de son échographie. « Le père de mon enfant est Kévin et il m'aime toujours. Espèce de louve stérile, pars immédiatement avant qu'il soit trop tard. »

Poussée par un coup d'émotion, j'ai déchiré mon test de grossesse en mille morceaux.

Sans hésitation, j'ai signé ensuite l'accord pour dissoudre notre union avec Kévin.

Quand je lui ai rendu le papier signé, il a poussé un soupir de soulagement et a pris ma main. « Puisque Susie n'a pas d'habitation pour le moment. Je propose de l'héberger chez nous pendant quelque temps. Qu'en penses-tu ? »

« Comme tu veux. » J'ai répondu calmement, puis je suis retournée dans ma chambre pour faire mes valises et me préparer à partir.

Après cinq ans de vie passée avec Kévin, nous avions obtenu un certificat d'union, mais il ne m'avait jamais officiellement revendiquée comme Luna de la tribu.

Notre séparation ne nécessitait donc que l'accord de dissolution pour prendre effet.

Dès l'aurore du lendemain matin, je me suis rendue directement au centre administratif pour déposer ma demande de départ de la tribu.

« Mlle Bouzot, êtes-vous certaine de vouloir quitter définitivement la tribu ? Il faut savoir que la demande prendra effet dans les vingt-quatre heures. Une fois que vous serez partie, vous ne serez plus sous la protection de la tribu. »

C'était la première fois que les employés du centre administratif rencontraient quelqu'un qui voulait quitter volontairement la tribu.

Je serrais mes lèvres, demeurant silencieuse pendant un moment, la scène de l'intimité entre Kévin et Susie me parvenant à l'esprit.

« Oui, je suis certaine. Je partirai demain. »