Chapitre II

Je suis rentrée à la maison, submergée des sentiments mitigés. Sur le point d'entrer à l'intérieur, j'ai entendu Kévin discuter avec son ami dans le salon.

« Kévin, ne penses-tu pas que Céline sera contrariée de rompre votre relation pour Susie ? » Une voix perplexe s'est fait entendre. Elle appartenait à Ewen, un ami proche de Kévin.

Ce dernier lui a répondu d'un ton confiant. « Elle ne sera pas contrariée. Elle m'aime tellement qu'elle fera tout pour moi. Pourquoi serait-elle en colère ? » Il a marqué une pause avant de poursuivre : « De toute façon, ce n'est qu'une séparation temporaire, pas une vraie rupture. On sera de nouveau ensemble dans un an. »

« Mais aucune femme n'accepterait volontairement que son partenaire se sacrifie autant pour une autre femme. Tu ne crains pas du tout qu'elle te quittera quand elle se sentira blessée ? »

Kévin s'est figé, une étincelle de panique poignait sur son visage avant qu'il ait déclaré fermement : « Non, elle ne partira pas. Elle m'aime trop. »

« Si, je vais partir puisque je ne tolère pas la trahison », ai-je répondu silencieusement dans ma tête.

J'ai poussé la porte et suis entrée. Cela a fait taire les gens à l'intérieur.

« Coucou. » Je les ai salués en feignant le calme, mais mes yeux m'ont piqué lorsque mon regard a croisé celui de Kévin.

Il a lancé aussitôt un regard à Ewen, lui faisant signe de se taire.

« Céline, attends un instant.» Il m'a tenu par la main, l'air penaud. « Comme Susie est enceinte et plus sensible que d'habitude, elle se sent mal à l'aise dans la chambre d'amis. La chambre principale serait apparemment plus pratique pour elle. Pourrais-tu déménager dans la chambre d'amis pour un moment ? »

J'ai serré mes lèvres, le regardant au fond de mes yeux, et lui ai répondu de but en blanc : « Ce n'est pas la peine de compliquer des choses. Je vais simplement déménager. »

Il était surpris par ma brusquerie. Il a tenté instinctivement de me dissuader : « Cela m'angoissera que tu déménages. Peut-être que… »

« Tu es désormais le compagnon de Susie. Il serait inapproprié que je reste ici. Si le Conseil et les anciens découvrent que toute cette mascarade avait été mise en scène pour obtenir le droit de résidence de l'enfant de Susie, ils ne lui accorderaient jamais le droit de résidence. » Je lui ai donné une raison qu'il ne pouvait refuser.

Kévin demeurait silencieux pendant un moment avant de céder finalement. « Tu as raison, Céline. Prends soin de toi alors. »

J'ai hoché la tête et les ai laissés. Au bout d'un moment, je suis ressortie avec ma valise.

Kévin m'attendait déjà dans la voiture à l'entrée, assis au volant. Il m'a parlé à travers la vitre : « J'ai acheté la villa sur la plage qui te plaisait. Je t'emmènerai t'y installer. »

Je voulais refuser, mais je craignais qu'il ne remarque mon malaise et m'empêche de partir discrètement. Une fois que je suis montée dans la voiture, il n'arrêtait pas de chercher un sujet de conversation pendant tout le trajet, l'air contrit.

« J'ai demandé une carte pour toi afin que tu puisses t'acheter tout ce qu'il te plaît. »

« J'ai également acheté le collier que tu avais repéré il y a longtemps qui devrait arriver dans quelques jours. »

« Concernant la robe de mariage portant le nom de Luna que tu voudrais porter pour la cérémonie de couronnement, j'ai déjà lancé l'invitation à l'auteur de venir prendre tes mesures. Nous organiserons la cérémonie une fois que Susie accouchera. »

Chaque fois que j'acquiesçais, mon silence mettait fin au sujet.

« Ne sois pas contrariée. C'est toi que j'aime et notre séparation n'est que temporaire. » Il parlait tout en étudiant attentivement mon expression du visage.

J'ai failli croire qu'il tenait encore à moi. Pourtant, je savais que tout cela n'était qu'une illusion. Pour être sûr que l'enfant que Susie portait dans son ventre puisse légitimement l'appeler père, il s'apprêtait à tisser des mensonges pour me tromper. Un tel homme pouvait facilement feindre la sincérité.

« Bon, remonte-toi le moral. J'ai quelque chose à te montrer. »

Il a ensuite conduit jusqu'au parking de la plage, puis m'a entraînée vers le rivage. Au moment où nous avons mis le pied sur une terrasse, d'innombrables feux d'artifice ont explosé dans le ciel, dessinant des mots qui épanchaient son cœur : « Céline, je t'aime ! »

Les larmes ont jailli de mes yeux, incontrôlables.

Si cela s'était produit un jour avant, j'aurais sauté de joie. Cependant, j'ai compris ce qui cachait derrière déclaration d'amour. C'était la trahison. Cette scène m'a fait l'effet d'un coup de poignard en plein cœur.

Kévin m'a serrée contre lui, me regardant dans les yeux et m'a annoncé avec une profonde émotion : « Je t'aimerai pour toujours, je le jure sur mon titre d'Alpha ! Une fois que tout cela sera terminé, nous ne serons plus jamais séparés. »

« Tu as toujours voulu voir le lever du soleil, n'est-ce pas ? On va le faire demain matin, toi et moi. » Il s'est approché de moi en parlant, mais juste au moment où ses lèvres allaient recouvrir les miennes, une sonnerie de téléphone nous a interrompus.

Il a froncé les sourcils, le visage marqué par la colère. « J'étais sûr d'avoir éteint le son de mon téléphone. Pourquoi sonne-t-il… ? »

Fugitivement, j'ai aperçu le nom de l'appelant sur son écran.

C'était Susie.

La fureur de Kévin a disparu instantanément. Après avoir raccroché, il faisait pourtant comme si rien n'avait eu lieu.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? » Je feignais de ne rien avoir vu.

« C'est les affaires de la tribu. Ça semble assez compliqué, je devrais peut-être… »

« Vas-y vite alors. Je sais rentrer toute seule. » Je lui ai répondu, les lèvres formant un pli amer.

Je savais qu'il la choisirait plutôt que moi. À partir du moment où il avait décidé de me tromper, c'était un fait écrit et inévitable.

« Ne t'inquiète pas, je ne manquerai pas le lever du soleil demain. » Il m'a embrassée sur le front avant de partir.

J'ai hoché la tête en souriant, le regardant s'éloigner.