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l'échiquier du pouvoir

Author: Nelrocky
last update Last Updated: 2025-06-29 23:05:12

Chapitre 6 — L’échiquier du pouvoir

Marc Magnoudewa DAO

— Monsieur… s’il vous plaît, Ets Édoh & Fils a de nouveau immobilisé ses camions.

La voix du Directeur Commercial résonne, tendue, à l’entrée de mon bureau.

Je ne lève même pas les yeux de mon écran.

— Quelle est la raison cette fois ?

— Il exige encore une augmentation des tarifs pour le transport de clinker.

Je retire lentement mes lunettes, mes yeux se posent sur lui avec la lassitude d’un homme trop souvent trahi.

— Lancez immédiatement un appel d’offres pour recruter d’autres transporteurs. Ensuite… résiliez son contrat. Pour l’instant, offrez-lui 50 % de ce qu’il réclame. Il nous faut ce clinker pour la production. Exécution.

— Bien, Monsieur.

Il sort. Moi, je reste. Figé, écœuré.

Jamais… jamais… donner l’exclusivité à un seul prestataire. Trois fois en un an, ce manipulateur d’Édoh nous a pris en otage. Trois fois où j’ai plié. Parce qu’il est le seul à avoir des bennes solides pour transporter nos matières premières. Quelle erreur stratégique. Il était irréprochable les premières années, j’ai cru à l’homme. Résultat ? Je paie aujourd’hui le prix fort.

J’aurais pu acheter des dizaines de camions, créer ma propre flotte. Mais j’ai voulu jouer la carte du patriotisme économique. Offrir une chance à mes concitoyens. Quelle naïveté.

Mais gérer le transport, c’est l’enfer. Les pannes, les chauffeurs, le carburant, les accidents. Et les morts.

Je n’ai pas la force mentale pour ça. Certains me jugeraient faible… pourtant, je suis l’un des piliers de l’économie souterraine de ce pays.

Mais je ne suis qu’une façade. Une couverture. Le vrai patron, c’est mon demi-frère : Essowè. Le président.

On ne touche pas à ce business. C’est un monstre invisible, un moteur caché. Coupez-le, et tout le pays s’effondre. L’Amérique sans la drogue ne serait pas l’Amérique. Chez nous, c’est pareil.

Je ne touche pas à cette merde. Je ne respire même pas ses effluves. Moi, je signe des connaissements, j’organise les flux, je garde les distances. Les acheteurs ne me connaissent pas, et je tiens à ce que ça reste ainsi. Dans la capitale, un seul homme redistribue tout : il alimente les clubs, les salons VIP, les coulisses du pouvoir. Moi, je m’en lave les mains.

Mais voilà : ce business, je n’y pense jamais. Je suis tellement détaché que j’oublie souvent les dates d’arrivée des cargaisons. Ce qui énerve terriblement François. Le boss. Le ministre. Mon ami.

Lui, il donne les ordres, empoche les dividendes. Et moi… je flotte entre les lignes.

Tiens. Il est revenu d’Égypte il y a quelques jours. Il faut que je passe le voir. Lui transmettre la date du prochain colis. Et accessoirement… me plaindre de ce foutu Édoh. Peut-être qu’il connaît un autre transporteur fiable.

Je sors, j’indique brièvement à mon assistante que je serai absent.

Je prends l’ascenseur, puis je descends au parking. J’ai renoncé à avoir un chauffeur. Ils démissionnent tous. Apparemment, je suis trop exigeant.

Moi, je crois juste que je conduis mieux qu’eux. Et puis… je freine toujours à leur place. Instinctivement. Lool.

Je monte dans ma voiture. Mon téléphone sonne. Laurette.

Je ne décroche pas. Je ne rejette pas non plus. Je laisse son appel mourir. Elle finira par se lasser. Elle s’accroche trop.

Vingt minutes plus tard, je suis garé devant le ministère.

Je monte directement à l’étage de François. À l’accueil, une silhouette me coupe le souffle.

De dos, penchée légèrement, elle manipule la souris d’un ordinateur.

Ses jambes, longues, couleur café. Son port de tête. Sa posture. Tout en elle est sensualité maîtrisée.

Si son visage est à la hauteur de ce dos…

Mon sang s’emballe.

— Bienvenue, Monsieur DAO, me lance Mme DALMEIDA.

Je me racle la gorge, un peu pris de court.

— Bonjour, ma première femme. Tu es encore plus belle que la dernière fois.

— Va là-bas ! On se connaît ici, non ? Qui est ta femme ?

Elle rit.

La mystérieuse créature se retourne. Et là… je perds le Nord.

Un visage de lumière. Des yeux doux. Une bouche dessinée comme un poème.

J’imagine déjà mille scénarios, mille façons de la faire mienne.

— Bienvenue, Monsieur. Avez-vous un rendez-vous avec le ministre ?

— Lui ?, répond DALMEIDA. Même si ton patron est avec le président, il peut être reçu.

— Ah d’accord.

Je souris.

— Je m’appelle Marc Magnoudewa. Mes amis m’appellent Magnou.

— Enchantée, je suis Gloire. Je fais mon stage ici.

— J’espère vous revoir après mon entretien.

Elle se contente de sourire. Moi, je sens déjà l’obsession naître.

Je frappe, puis entre dans le bureau de François.

— Franckyyy…

— Arrête avec ce surnom de woubi !

Je ris.

— Et ma femme et mes enfants ?

— Commence par fonder les tiens, espèce de parasite !

— Peut-être que j’ai trouvé la bonne…

Il relève un sourcil.

— J’ai croisé une beauté à l’accueil. Si Mlle Gloire accepte, je l’épouse ce soir.

Il se fige. Son regard devient sombre.

— Fous le camp. Tu veux épouser qui ?

— Peut-être qu’elle est ma délivrance…

Il éclate de rire. Un rire un peu nerveux. Moi, je ne ris plus trop. Quelque chose dans sa réaction me trouble.

Et si… non. Je chasse cette pensée.

Nous discutons affaires. Il me reconduit.

Nous croisons l’ange. Elle ne lève même pas la tête.

Mais l’échange de regards entre elle et François… me laisse un goût amer. Un pressentiment.

Je me promets de ne pas rater cette femme. Pas cette fois.

François Anani Wilson

Magnou est parti… et mon cœur est en vrac. Il a osé. Il a remarqué Gloire.

Moi aussi.

Mais ce que je ressens pour elle n’a rien à voir avec ses jeux de prédateur.

Ce n’est pas du désir. C’est une obsession douce. Une protection viscérale. Un besoin étrange de la garder proche, intacte.

Ce qui s’est passé au Caire… doit rester au Caire.

Je me le répète.

Demain, conseil des ministres. Je dois dormir. Je dois convaincre le président pour le projet du port sec. Il me faut ce budget. Je suis prêt.

Je sors de mon bureau. Gloire n’est plus là. DALMEIDA m’apprend qu’elle a eu une urgence familiale. Je l’appelle.

— Allô ?

— Oui, Excellence… Sa voix est cassée. Elle a pleuré.

— Kafui… qu’est-ce qui ne va pas ?

— C’est maman. Elle est à la clinique Biassa… Je… je ne comprends pas…

— J’arrive.

— Non, François, ne viens pas…

Je raccroche. Je suis déjà en route.

À la clinique, je la trouve, assise, effondrée.

Je m’approche.

— Hey… Kaka… ça va ?

Elle lève la tête, fond en larmes.

Je la prends dans mes bras. Oubliant tout. Le poste. La morale. Le mariage.

À cet instant… je n’ai qu’un seul rôle :

Être là. Pour elle.

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