Chapitre 2

Les mains de mon frère n'ont jamais cessé de bouger.

Avec précaution, il a essayé de séparer la peau de mon visage de mes cuisses.

Je savais qu'il essayait d'identifier le corps à travers les traits du visage.

Mais il ne savait pas que mon visage avait été lacéré au point d'être méconnaissable avant ma mort.

Peu importe la dextérité de ses mains, il n'a pas pu le restaurer complètement.

Pourtant, mon frère a refusé d'abandonner.

Je savais que sa passion pour sa profession était toujours plus grande que son amour pour moi.

Il avait un jour dit à Serah avec un sourire que travailler en tant que médecin légiste était la vocation la plus sacrée du monde.

Serah avait hoché la tête et avait approuvé devant lui, mais derrière son dos, elle s'était moquée de lui devant moi. Elle avait dit que c'était répugnant et malchanceux de toucher au sang et à la violence chaque jour.

J'étais tellement en colère que je l'avais giflée. Mais lorsque Damine avait appris que j'avais frappé Serah, il avait pensé que j'étais encore jalouse.

Il m'avait forcée à me coucher par terre et m'avait fait réciter des excuses publiques à la meute pour avoir déshonoré Serah.

Il avait dit :

« Si les parents de Serah n'étaient pas morts en te sauvant, serais-tu même ici à harceler leur fille ? Comment peux-tu être si égoïste ! Comment la famille des Thomas peut-elle avoir une personne si ingrate ? »

Mais maintenant, mon frère a dit :

« Si jeune. Tant pis. »

Mon frère a enfilé une nouvelle paire de gants et a déboutonné ma chemise.

Avec un doux « clic », le cordon autour de mon cou s'est cassé.

Une amulette est tombée sur la table d'examen.

C'était ce que j'avais toujours porté contre ma peau. Je m'étais prosternée devant les voyous une centaine de fois pour le garder.

Parce que c'était ce que mon frère avait fabriqué pour moi à grands frais quand j'avais cent jours. Il avait gravi dix montagnes jusqu'à la statue de la Déesse de la Lune pour prier pour ma bénédiction.

C'était destiné à me protéger pour une vie entière de paix, de sécurité et de longévité.

Le « Ju » de mon prénom, Julie, y était gravé.

Je n'ai pas pu m'empêcher de ressentir de l'espoir.

Si mon frère regardait de près, il reconnaîtrait que c'était le mien.

Effectivement, j'ai vu un éclat de surprise dans ses yeux.

Mais avant qu'il ne puisse l'examiner davantage, son téléphone a sonné, l'interrompant.

En voyant le prénom, il a immédiatement retiré ses gants et a répondu à l'appel vidéo.

À l'écran, la voix de Serah était douce et agréable.

« Damine, quand rentres-tu à la maison ? J'ai soudain très envie de manger le gâteau Forêt-Noire que tu fais. »

La voix de mon frère avait une chaleur et une indulgence que je n'avais jamais entendues auparavant.

« D'accord, une fois que j'aurai terminé ici, je reviendrai tout de suite te le préparer. Petite gourmande. »

« Je sais que tu es le meilleur, Damine ! »

Serah a gloussé, puis son ton a changé.

« Au fait, Damine, as-tu retrouvé Julie ? Je me souviens qu'elle aimait aussi tes gâteaux. Si elle revient et voit le gâteau, elle sera tellement heureuse. »

Elle me haïssait de toutes ses forces.

Elle m'avait tout volé. Même les voyous qui m'avaient tuée avaient été attirés ici par elle.

Pourtant, devant tout le monde, elle restait la parfaite fille adoptive, elle était gentille, généreuse, toujours attentive à sa « sœur ».

Sans surprise, avant que mon frère ne puisse répondre, une voix masculine froide que je connaissais jusqu'aux os s'est interposée.

« Tant mieux qu'elle ne soit pas là. Ça t'évite d'être harcelé par elle. Tu es trop gentille, pourquoi penser à elle ? Elle est égoïste et têtue. Si elle ne veut pas rentrer, qu'elle meure là-bas, je m'en fiche. »

C'était mon fiancé, Rowan Thomas, le candidat Alpha de la meute Stormfang.

L'homme qui avait juré un jour qu'il m'aimerait pour toujours.

L'image de l'appel vidéo a légèrement bougé, révélant le visage beau mais froid de Rowan.

Il a tendu la main et a naturellement attiré Serah dans ses bras, la regardant avec une affection sans détour.

« Il y a un mois, lorsque les voyous ont envahi la meute, mon cœur a été transpercé par une flèche d'argent. J'avais besoin d'une transplantation cardiaque pour survivre. Elle a dit qu'elle me donnerait son cœur sans hésitation. Et ensuite ? »

« Au moment où elle a entendu parler des risques de l'opération et du coût élevé des soins continus, elle a volé l'argent que j'avais économisé pour l'opération et a disparu sans laisser de trace ! Si tu ne m'avais pas donné ton cœur en secret, Serah, comment pourrais-je encore être en vie ? »

Il a baissé la tête, regardant tendrement Serah dans ses bras, sa voix débordant de douceur.

« Serah, ne gaspille pas ton énergie sur quelqu'un comme elle. J'ai trouvé une nouvelle source de donneur de cœur. D'ici là, je vais te procurer le meilleur cœur artificiel amélioré à la pierre de lune du monde. Tu iras bien, je te le promets. »

Serah s'est blottie dans ses bras, ses joues rougies par une timide émotion.

« Rowan et Damine, tant que vous êtes tous les deux en bonne santé et en sécurité, je me fiche de ce qui m'arrive. »

J'ai mordu ma lèvre fortement.

Les fantômes n'ont pas de larmes, mais ma poitrine a palpité de vague en vague de douleur.

Ce cœur était aussi le mien.

Je savais qu'ils me détestaient.

Ils me détestaient pour avoir disparu alors que la cornée de mon frère se détériorait et qu'il avait le plus besoin d'un donneur familial compatible.

Ils me détestaient pour avoir fui avec l'argent alors que le cœur de Rowan faiblissait et que sa vie ne tenait qu'à un fil.

Mais ils ne le savaient pas.

C'était moi qui avais donné mon cœur malgré le risque de complications, puis qui avais aussi donné une cornée à mon frère.

C'était moi qui avais insisté pour les sauver.

Et quand j'étais sortie de l'hôpital à moitié aveugle avec un cœur artificiel à la pierre de lune, j'avais affronté deux personnes qui me méprisaient jusqu'au plus profond d'elles-mêmes.

Mon frère avait regardé mon œil bandé et avait ricané.

« Tu préfères t'amuser et perdre un œil plutôt que de faire un test de compatibilité pour ton propre frère ? Pas que je le veuille de toute façon ! »

« Et maintenant, tu reviens enfin ? Quand seras-tu même à moitié aussi raisonnable que Serah ! Elle a sauvé à la fois moi et Rowan. »

Il m'a pointée du doigt avec dégoût.

« Regarde-toi maintenant. As-tu fini de semer le trouble ? C'est ta dernière chance. Rentre à la maison maintenant. La prochaine fois, personne ne te tolérera. »

Rowan a regardé mon état affaibli comme si j'étais de la vermine, se détournant avec dégoût.

« Éloigne-toi de nous, espèce de salope ! Tu as joué avec d'autres hommes jusqu'à finir comme ça, tu oses encore te montrer à moi et à Serah ? C'est trop dégoûtant. »

Ils me méprisaient tous les deux.

Alors maintenant que je suis morte, allongée ici silencieusement, ils devraient être ravis, n'est-ce pas ?