Le matin du départ, le ciel était d’un bleu pur, presque comme une promesse d’avenir. Aurore se leva tôt, comme à son habitude, pour profiter des derniers instants à la maison avant de prendre la route. Elle n’avait pas dormi beaucoup cette nuit-là, trop excitée et nerveuse à l’idée de quitter enfin son petit havre de paix. La maison semblait plus vide que jamais, le silence presque palpable alors qu’elle dévalait les escaliers.
Ses parents étaient déjà en bas, occupés à préparer tout le nécessaire pour le départ. Sa mère, les yeux brillants de fierté et d’émotion, préparait un dernier déjeuner, tandis que son père faisait les derniers ajustements à la voiture. Mais Aurore ne comprenait pas pourquoi sa mère semblait cacher un sourire. Un sourire qu’elle n’avait jamais vu auparavant, un sourire malicieux. Elle ne s’y attarda pas immédiatement, préoccupée par le départ qui approchait. “Tout est prêt, ma chérie ? Tu as tout pris ?” demanda sa mère, en se retournant pour lui offrir un regard rassurant. “Tu es sûre que tu as tout ce qu’il te faut pour ta chambre ?” “Oui, maman, je suis prête,” répondit Aurore, un peu nerveuse mais excitée. “Tout est dans la voiture ?” “Oui, oui, mais il y a une petite surprise avant.” Sa mère lui fit un clin d’œil, l’invitant à suivre son père à l’extérieur. Aurore haussait un sourcil, intriguée. Elle n’avait rien demandé, n’avait rien évoqué, mais quelque chose dans le regard de ses parents lui disait que ce moment allait marquer un tournant dans sa vie. Ils étaient déjà dehors, dans le jardin, où un petit véhicule stationnait, une petite voiture d’occasion. La peinture était d’un bleu pastel, un peu fanée par le temps, mais elle avait un charme certain. La voiture semblait si… toute simple, comme l’idée même du début d’une nouvelle aventure. Elle s’arrêta net, les yeux écarquillés. “Vous… vous m’avez acheté une voiture ?” demanda-t-elle, d’abord incrédule, puis émue. “Un petit cadeau de départ,” dit son père avec un sourire tendre. “Pour te donner plus de liberté, pour que tu puisses gérer tes trajets à ta manière. On sait que tu avais le permis, mais on voulait que tu aies un peu plus d’autonomie.” Les mots lui échappèrent. Elle se précipita vers la voiture, touchant le capot, caressant l’ancienne peinture. C’était une petite voiture modeste, mais c’était aussi un symbole de leur amour et de leur soutien. Les économies de ses parents, qu’ils avaient mises de côté pendant des années, étaient désormais investies dans ce cadeau. C’était bien plus qu’une simple voiture ; c’était un geste d’amour, un adieu symbolique à son enfance, à la maison familiale, et un encouragement pour le futur. Elle se tourna vers eux, les yeux brillants de gratitude. “Je ne sais pas quoi dire… C’est tellement… incroyable !” “Va, roule vers ton avenir, ma fille,” répondit son père en l’embrassant sur le front. “Fais bon usage de cette voiture, et souviens-toi toujours d’où tu viens.” Aurore monta dans la voiture avec un mélange d’émotion et d’excitation. En conduisant vers la nouvelle ville, elle se sentait prête à embrasser cette nouvelle étape de sa vie, même si son cœur était serré à l’idée de laisser derrière elle sa famille et son foyer. ⸻ Quelques heures plus tard, elle arriva enfin à la fac. La ville était plus grande que ce qu’elle imaginait, pleine de bruit, de circulation et d’effervescence. Elle se garait dans le parking de l’université, observant les bâtiments imposants et les groupes d’étudiants qui discutaient sur les pelouses. Une vague de nervosité la traversa, mais elle la repoussa, se rappelant qu’elle était ici pour avancer, pour découvrir, et pour grandir. Son premier arrêt fut son logement, une petite chambre étudiante dans un bâtiment voisin du campus. La pièce était assez simple : un bureau, un lit, quelques meubles en bois. Tout était encore vide, mais Aurore se prit à imaginer la façon dont elle allait personnaliser cet espace. Elle sortit ses affaires de la voiture et commença à organiser la pièce. La plante en pot qu’elle avait apportée, un petit tableau de photos de famille, une couverture douce qu’elle avait achetée — chaque objet la rassurait un peu. Peu à peu, la chambre prenait forme, un peu comme elle, prête à accueillir cette nouvelle vie. Alors qu’elle installait ses livres sur l’étagère, un bruit se fit entendre à la porte. Elle se tourna pour voir une jeune femme entrer dans la pièce, une grande silhouette souriante. “Salut ! Tu dois être Aurore, non ?” dit la jeune femme, tendant la main. “Je suis Sarah, ta voisine. On m’a dit que tu arrivais aujourd’hui.” Aurore sourit, heureuse de cette rencontre inattendue. “Oui, c’est moi. Enchantée, Sarah.” Les deux jeunes femmes discutèrent quelques minutes, et Aurore apprit que Sarah était également en première année de littérature, comme elle. Elles avaient beaucoup de points en commun : un amour pour les livres, une passion pour l’écriture, et un goût partagé pour les films anciens. Sarah semblait douce, un peu plus extravertie qu’Aurore, mais elle avait cette capacité naturelle à mettre les autres à l’aise. En un instant, Aurore se sentit un peu moins seule. “Alors, t’as envie d’explorer un peu la ville ce soir ?” proposa Sarah. “Il y a un petit café pas loin, avec une ambiance sympa. On pourrait y aller pour se détendre un peu.” Aurore accepta volontiers, heureuse de se faire un premier ami. Les deux jeunes femmes prenaient tranquillement leurs affaires, prêtes à partir, quand un jeune homme entra dans la pièce, un sourire décontracté sur les lèvres. Il semblait à l’aise, et Aurore le reconnut immédiatement comme l’un des étudiants de la fac qu’elle avait aperçu sur le forum. Il s’approcha d’elles avec une poignée de main amicale. “Salut, je suis Lucas. J’habite dans la chambre d’à côté. Vous êtes nouvelles, j’imagine ?” “Oui, c’est notre premier jour,” répondit Sarah en souriant. “On allait justement sortir un peu.” “Je viens avec vous, si ça ne vous dérange pas,” dit Lucas, son regard pétillant. “J’ai entendu dire qu’ils servaient des super cafés là-bas.” Aurore ne savait pas trop quoi penser au départ, mais Lucas avait un charme désarmant. Ils sortirent tous les trois, et durant leur promenade, Aurore en apprit plus sur Lucas. Très ouvert, il lui avoua qu’il était gay, une information qu’il partageait volontiers avec les gens, sans jamais faire de mystère. Aurore l’écouta attentivement, appréciant sa sincérité. Ils se dirigèrent vers le café, où la conversation continua avec fluidité. Aurore se sentit de plus en plus à l’aise, avec deux personnes aussi accueillantes à ses côtés. Le début de cette nouvelle vie semblait prometteur. Le lendemain, elle eut son premier cours. Un amphithéâtre bondé, des professeurs exigeants, mais une énergie nouvelle. Aurore se sentit stimulée, bien que son esprit soit encore un peu perdu dans ce tourbillon de nouveautés. C’était seulement le début, mais elle était déjà certaine d’une chose : elle allait apprendre, grandir, et vivre pleinement cette expérience. Et peut-être, qui sait, découvrir de nouvelles facettes d’elle-même en chemin.Les jours s’étaient transformés en mois, et le temps semblait s’écouler à une vitesse incroyable pour Damien et Aurore. Ils avaient construit un monde à eux, une petite bulle de bonheur au cœur de la tourmente qui avait jadis façonné la vie de Damien. Mais aujourd’hui, le passé n’avait plus de prise sur leur présent. Ensemble, ils formaient une famille qui respirait l’amour et la tendresse, un amour silencieux et pourtant si profond qu’il était palpable dans chaque geste, chaque regard.Damien était devenu un père exceptionnel. Il n’avait jamais envisagé la paternité de cette manière, mais Anna, leur petite fille, l’avait fait découvrir un amour qu’il n’avait jamais cru possible. Le matin, il se levait en douceur, veillant à ne pas réveiller Aurore, pour préparer le biberon d’Anna. Puis, avec des gestes tendres, il réveillait sa petite princesse, la couchant sur ses genoux pour lui donner son biberon, un sourire attendri aux lèvres. Il était un papa attentionné, un papa qui faisait to
Les jours avaient passé, les semaines s’étaient enchaînées, et Aurore sentait le poids du silence de Damien s’alourdir de manière insupportable. Il n’était plus aussi présent, même lorsqu’ils étaient ensemble. Il lui offrait des gestes tendres, mais derrière chaque sourire se cachait une forme de distance, comme une barrière invisible qu’il avait construite entre eux, qu’elle ne comprenait pas.Elle n’avait jamais été une personne impatiente, mais cette distance lui rongeait l’âme. La confiance qu’elle avait en Damien commençait à vaciller. Elle sentait bien qu’il lui cachait quelque chose. Elle avait beau être sensible à son besoin de garder des zones d’ombre, elle ne pouvait pas s’empêcher de vouloir le comprendre. Il avait partagé tant de choses avec elle, mais il restait toujours une zone de non-dit, un secret qu’il refusait de dévoiler.Un matin, alors qu’ils se retrouvaient dans le petit appartement de Damien, après qu’il l’ait prise dans ses bras pour un petit-déjeuner silencie
Après l’annonce de la grossesse, Aurore avait espéré que tout se déroulerait comme dans un conte de fées. Que Damien serait là pour elle, à chaque étape de cette aventure nouvelle. Mais, contrairement à ce qu’elle imaginait, quelque chose avait changé dans leur dynamique. Damien s’était peu à peu effacé, comme une ombre qui se dérobe dans la lumière.Les premiers jours après l’annonce étaient passés dans un tourbillon d’émotions. Aurore s’était sentie à la fois heureuse et terrifiée par cette nouvelle étape de sa vie. Mais ce qui la perturbait le plus, c’était l’attitude distante de Damien. À chaque fois qu’elle cherchait des réponses dans ses yeux, elle y trouvait un océan de silence, comme si tout ce qui s’était passé entre eux avant n’était qu’un lointain souvenir.Elle l’avait appelé plusieurs fois, mais ses appels semblaient se perdre dans le vide. Lorsqu’ils se voyaient, il était là physiquement, mais son regard était ailleurs, détaché, presque comme s’il était en train de s’éch
Les jours passaient comme un rêve éveillé pour Aurore. L’année scolaire touchait à sa fin, et le soleil printanier éclairait ses journées. Ses cours étaient bientôt terminés, et avec l’été qui approchait à grands pas, les derniers mois avaient été marqués par une passion grandissante entre elle et Damien. Les nuits qu’ils passaient ensemble, entre moments torrides et tendres câlins, semblaient suspendues dans une bulle d’amour intense. Tout était parfait, ou presque.Ce matin-là, cependant, quelque chose clochait. Alors qu’elle se levait pour partir en cours, Aurore ressentit une nausée soudaine qui la fit s’arrêter net dans son geste. Elle porta une main à sa bouche, sentant un léger vertige la saisir. Son estomac se tordait de manière étrange, comme si quelque chose n’allait pas. Elle essaya de balayer cette sensation et de se concentrer sur sa journée, mais plus elle y pensait, plus la nausée se faisait pressante.En arrivant à la fac, elle croisa Sarah, toujours aussi énergique et
Les jours qui suivirent l’ultimatum de Damien à Simon furent d’une étrange tranquillité. À première vue, la menace semblait s’être dissipée, mais Aurore savait au fond d’elle que Simon n’avait pas renoncé. Il avait l’habitude d’obtenir ce qu’il voulait, d’imposer sa présence, de contrôler les situations. Mais cette fois, quelque chose semblait avoir changé.Un matin, alors qu’Aurore se dirigeait vers la fac, elle aperçut Simon pour la dernière fois, accoudé contre un poteau, observant l’horizon avec un air pensif. Il la fixa un instant, comme pour lui dire adieu, mais sans un mot. Puis il tourna les talons et s’éloigna sans même un dernier regard.Aurore resta figée, son cœur battant la chamade. Ce geste, ce silence, était comme une libération. Simon n’était plus là, il avait disparu de sa vie. Bien sûr, la peur persistait encore dans un coin de son esprit, mais au fond d’elle, elle savait qu’elle pouvait désormais respirer librement. Damien avait fait ce qu’il fallait pour qu’elle so
Les jours qui suivirent l’altercation entre Simon et Damien furent tendus. Aurore n’arrivait pas à oublier la violence qui se dégageait de Simon, cette froideur qu’il avait laissée derrière lui. Il continuait à la suivre de près, ses gestes de plus en plus intrusifs, ses regards de plus en plus insistants. Damien l’avait menacé, mais la menace semblait n’avoir eu que peu d’effet. Simon n’était pas le genre d’homme à reculer facilement.Ce soir-là, Aurore était en route vers sa voiture après un cours tardif. La nuit était tombée, et la rue où elle se trouvait était déserte. Elle accéléra le pas, mais une sensation étrange s’empara d’elle, comme si quelqu’un l’observait. Elle se retourna brièvement et aperçut Simon qui s’avançait à grands pas, un sourire qui lui glaça le sang sur les lèvres.— Tu es toujours aussi pressée de partir, Aurore, dit-il d’une voix basse, un ton presque mielleux. Tu sais, je pourrais t’accompagner, si tu veux. Il n’y a pas de mal à vouloir un peu de compagnie.
Les jours suivant la déclaration de Damien étaient étranges pour Aurore. D’un côté, elle ressentait cette vague de sécurité et de confort en étant avec lui, mais de l’autre, une part d’elle ne pouvait s’empêcher de réfléchir à l’évolution de leur relation. Elle n’avait pas l’habitude de vivre une histoire aussi intense, aussi passionnée. Damien était différent de tous les hommes qu’elle avait rencontrés, avec ses silences, ses regards envoûtants et sa manière de la protéger, de la tenir à l’écart des dangers… Mais il y avait aussi cette part d’ombre, ce secret qu’il n’avait jamais révélé, qui laissait Aurore dans l’incertitude, même si elle l’aimait plus que tout.Simon, de son côté, ne cessait de hanter ses pensées. Bien qu’Aurore lui ait clairement dit qu’elle ne recherchait pas plus qu’une amitié, il semblait de plus en plus insistant. Un jour, alors qu’elle quittait le cours de psychologie, elle le retrouva devant la porte, attendant visiblement qu’elle sorte.— Salut, Aurore. Il
Les semaines passaient à une vitesse folle. Aurore se sentait de plus en plus ancrée dans sa nouvelle vie d’étudiante. Ses cours étaient enrichissants, ses amitiés se renforçaient, et la relation avec Damien continuait à évoluer dans un cadre intime, fait de gestes tendres, de promesses murmurées et de silences lourds de non-dits. Ils n’avaient jamais parlé de l’avenir, mais ils semblaient avancer, main dans la main, dans la même direction.Un jour, lors d’un cours de psychologie, Aurore fit la connaissance de Simon, un étudiant de sa promotion. Il était assis juste à côté d’elle et avait un sourire charmeur, un regard franc et une énergie débordante. Ils commencèrent à discuter à la fin du cours, échangeant des idées sur la matière, puis, petit à petit, des sujets plus personnels. Aurore appréciait sa compagnie. Simon était intelligent, drôle et attentionné, mais ce qu’elle ne comprit pas tout de suite, c’est qu’il avait vu dans cette complicité amicale quelque chose de bien plus int
Les jours qui suivirent le déjeuner chez les parents de Damien furent un tourbillon de moments partagés, d’instants volés dans la quiétude de la relation naissante entre Aurore et lui. Les petites attentions se multipliaient. Chaque rencontre, chaque échange devenait une promesse silencieuse. Mais, dans l’ombre, un événement du passé de Damien commençait à se profiler, menaçant l’équilibre fragile qu’ils avaient instauré.Aurore, elle, ne voyait que la surface. L’homme qu’elle apprenait à connaître petit à petit lui apparaissait comme un être complexe, mais attachant. Il y avait ce mystère qui l’entourait et la fascinait, mais aussi une douceur qui la rassurait. Damien semblait lui offrir davantage de son temps, de sa confiance. Parfois, il laissait échapper de petites bribes de son passé, des gestes, des regards, mais il n’y avait jamais de mots clairs. Elle n’insistait pas. Il y avait quelque chose dans l’air, dans la manière dont il la regardait parfois, comme si son passé – un pas