Les jours avant son départ se passaient dans une effervescence douce mais précise. Aurore n’avait jamais imaginé qu’un jour elle quitterait sa maison, ce petit cocon chaleureux où elle avait grandi, entourée de l’amour et du soutien de ses parents. Mais le moment était arrivé, et malgré l’excitation qu’elle ressentait, une certaine appréhension l’envahissait aussi. Partir à la fac, loin de ses repères, n’était pas aussi simple qu’elle l’avait imaginé.
Elle se tenait dans sa chambre, face à sa valise, encore ouverte et vide. Des piles de vêtements, de livres et d’objets personnels étaient éparpillées autour d’elle, prêts à être rangés. Son cœur battait plus fort à mesure qu’elle observait ses affaires, pensant à tout ce qu’elle allait laisser derrière elle. La maison de campagne, les repas du soir avec ses parents, les promenades dans les champs, tout cela allait lui manquer plus qu’elle ne voulait l’admettre. Mais c’était une étape qu’elle devait franchir, une étape qui allait marquer son indépendance, sa transition vers un nouveau monde. Elle se pencha sur ses vêtements et commença à les plier avec soin, réfléchissant à chaque choix. La chemise légère qu’elle avait achetée l’été dernier, la robe qu’elle adorait porter lors des repas familiaux, mais aussi des articles plus pratiques, comme ses pulls doux et confortables, qui lui rappelleraient la chaleur de sa maison en hiver. Chaque geste semblait une manière de prolonger un peu plus ses racines avant de les laisser derrière elle. Tout en pliant, elle laissa son esprit vagabonder. Elle avait toujours été entourée de cette simplicité, de cette connexion avec la nature et les gens, et l’idée de s’aventurer dans un univers si différent la rendait nerveuse. Mais en même temps, elle savait que cette aventure lui offrirait des opportunités qu’elle ne pouvait pas ignorer. Elle avait toujours rêvé de vivre en ville, d’explorer un environnement plus dynamique, de rencontrer de nouvelles personnes. La fac représentait l’opportunité d’une vie différente, bien que cela impliquait des défis. En plus de ses vêtements, elle avait pris soin de préparer les objets qui rendraient sa chambre étudiante plus accueillante. Sur le bureau, elle avait posé une petite plante en pot, un succulent qu’elle avait cultivé avec sa mère. C’était un peu de leur jardin qu’elle emportait avec elle, un petit souvenir de sa maison. Quelques cadres photo étaient prêts à être accrochés : une photo d’elle avec ses parents, une autre de ses amis les plus proches. Elle voulait s’assurer que, même dans cet espace inconnu, elle se sentirait chez elle. Les achats étaient en cours aussi. Après avoir trié et plié ses affaires, Aurore se rendit dans les magasins de la ville pour trouver quelques articles essentiels pour sa nouvelle vie. Un coussin doux pour son lit, une couverture moelleuse, quelques bougies parfumées pour rendre la pièce plus chaleureuse. Elle avait une idée précise de ce qu’elle voulait : pas de décorations extravagantes, mais quelque chose qui lui ressemblait. Chaque objet, aussi simple soit-il, devait l’aider à se sentir en sécurité et en paix dans cet endroit qui allait devenir son chez-soi temporaire. Elle s’arrêta aussi dans une librairie, l’endroit préféré de sa mère, pour acheter quelques livres. Bien sûr, il y avait des manuels pour ses cours, mais elle choisit aussi quelques romans qui l’accompagneraient lors de ses moments de détente. Elle se permit même un livre de poésie, une petite touche de douceur qu’elle espérait pouvoir lire entre deux révisions. Aurore savait que la lecture serait sa façon à elle de rester connectée à son monde intérieur, à ses racines, tout en découvrant de nouvelles perspectives. Une fois rentrée à la maison, elle se plongea dans les recherches pour sa nouvelle vie étudiante. Elle avait passé des heures à explorer le forum des étudiants de sa fac, cherchant à s’y faire une place, à tisser des liens avant même son arrivée. Les discussions en ligne lui donnaient un aperçu du quotidien sur le campus : les soirées étudiantes, les clubs et associations, les endroits où les étudiants se retrouvaient pour se détendre. Elle avait toujours été sociable, mais l’idée de commencer une nouvelle vie sans connaître personne était intimidante. Le forum devenait alors un moyen rassurant de faire un premier pas vers l’inconnu. Elle échangea quelques messages avec des étudiants de la même filière qu’elle. Il y avait Sarah, une étudiante en littérature, avec qui elle partageait déjà quelques goûts en commun. Ils avaient discuté des livres qu’Aurore avait mentionnés sur son profil et de leurs attentes pour l’année à venir. Puis il y avait Lucas, un étudiant en biologie, qui semblait aussi enthousiaste qu’elle à l’idée de commencer l’université. Ils avaient échangé des conseils sur l’orientation des cours et même quelques blagues pour détendre l’atmosphère. Aurore était contente de voir qu’il y avait une vraie communauté prête à l’accueillir, et même si les liens étaient encore superficiels, elle se sentait un peu plus prête à affronter cette nouvelle aventure. Mais au-delà des messages et des préparatifs, Aurore ne pouvait s’empêcher de penser à sa famille. Chaque objet qu’elle plaçait dans sa valise, chaque achat qu’elle faisait, lui rappelait les petites habitudes qu’elle allait devoir laisser derrière elle. Les petits-déjeuners avec sa mère, les discussions tard dans la soirée avec son père. Elle savait qu’elle vivait un moment charnière de sa vie, mais ce n’était pas facile de se détacher de ce quotidien simple et rassurant. Elle avait hâte, mais elle ressentait aussi une pointe de tristesse en pensant à ce qui allait changer. Le soir, alors qu’elle était en train de plier une dernière pile de vêtements, sa mère entra dans la chambre. “Tu vas bien, ma chérie ?” lui demanda-t-elle doucement, se posant sur le lit d’Aurore. “Oui, je crois… J’ai un peu peur, en fait.” Marie sourit, posant une main sur l’épaule de sa fille. “C’est normal, Aurore. Mais tu es prête. Tu as toujours été prête à faire face à ce genre de changement. Et peu importe où tu vas, tu nous as toujours avec toi.” Aurore se leva et étreignit sa mère. “Je vais vraiment vous manquer.” “Tu nous manques déjà, mais nous savons que tu vas t’épanouir là-bas. Et puis, ce n’est qu’un début, un petit pas dans la grande aventure de ta vie.” Aurore ferma les yeux un instant, se laissant imprégner par les paroles de sa mère. Puis, elle sourit. Elle était prête. Prête à laisser son petit cocon et à plonger dans l’inconnu. Un pas à la fois.Les jours s’étaient transformés en mois, et le temps semblait s’écouler à une vitesse incroyable pour Damien et Aurore. Ils avaient construit un monde à eux, une petite bulle de bonheur au cœur de la tourmente qui avait jadis façonné la vie de Damien. Mais aujourd’hui, le passé n’avait plus de prise sur leur présent. Ensemble, ils formaient une famille qui respirait l’amour et la tendresse, un amour silencieux et pourtant si profond qu’il était palpable dans chaque geste, chaque regard.Damien était devenu un père exceptionnel. Il n’avait jamais envisagé la paternité de cette manière, mais Anna, leur petite fille, l’avait fait découvrir un amour qu’il n’avait jamais cru possible. Le matin, il se levait en douceur, veillant à ne pas réveiller Aurore, pour préparer le biberon d’Anna. Puis, avec des gestes tendres, il réveillait sa petite princesse, la couchant sur ses genoux pour lui donner son biberon, un sourire attendri aux lèvres. Il était un papa attentionné, un papa qui faisait to
Les jours avaient passé, les semaines s’étaient enchaînées, et Aurore sentait le poids du silence de Damien s’alourdir de manière insupportable. Il n’était plus aussi présent, même lorsqu’ils étaient ensemble. Il lui offrait des gestes tendres, mais derrière chaque sourire se cachait une forme de distance, comme une barrière invisible qu’il avait construite entre eux, qu’elle ne comprenait pas.Elle n’avait jamais été une personne impatiente, mais cette distance lui rongeait l’âme. La confiance qu’elle avait en Damien commençait à vaciller. Elle sentait bien qu’il lui cachait quelque chose. Elle avait beau être sensible à son besoin de garder des zones d’ombre, elle ne pouvait pas s’empêcher de vouloir le comprendre. Il avait partagé tant de choses avec elle, mais il restait toujours une zone de non-dit, un secret qu’il refusait de dévoiler.Un matin, alors qu’ils se retrouvaient dans le petit appartement de Damien, après qu’il l’ait prise dans ses bras pour un petit-déjeuner silencie
Après l’annonce de la grossesse, Aurore avait espéré que tout se déroulerait comme dans un conte de fées. Que Damien serait là pour elle, à chaque étape de cette aventure nouvelle. Mais, contrairement à ce qu’elle imaginait, quelque chose avait changé dans leur dynamique. Damien s’était peu à peu effacé, comme une ombre qui se dérobe dans la lumière.Les premiers jours après l’annonce étaient passés dans un tourbillon d’émotions. Aurore s’était sentie à la fois heureuse et terrifiée par cette nouvelle étape de sa vie. Mais ce qui la perturbait le plus, c’était l’attitude distante de Damien. À chaque fois qu’elle cherchait des réponses dans ses yeux, elle y trouvait un océan de silence, comme si tout ce qui s’était passé entre eux avant n’était qu’un lointain souvenir.Elle l’avait appelé plusieurs fois, mais ses appels semblaient se perdre dans le vide. Lorsqu’ils se voyaient, il était là physiquement, mais son regard était ailleurs, détaché, presque comme s’il était en train de s’éch
Les jours passaient comme un rêve éveillé pour Aurore. L’année scolaire touchait à sa fin, et le soleil printanier éclairait ses journées. Ses cours étaient bientôt terminés, et avec l’été qui approchait à grands pas, les derniers mois avaient été marqués par une passion grandissante entre elle et Damien. Les nuits qu’ils passaient ensemble, entre moments torrides et tendres câlins, semblaient suspendues dans une bulle d’amour intense. Tout était parfait, ou presque.Ce matin-là, cependant, quelque chose clochait. Alors qu’elle se levait pour partir en cours, Aurore ressentit une nausée soudaine qui la fit s’arrêter net dans son geste. Elle porta une main à sa bouche, sentant un léger vertige la saisir. Son estomac se tordait de manière étrange, comme si quelque chose n’allait pas. Elle essaya de balayer cette sensation et de se concentrer sur sa journée, mais plus elle y pensait, plus la nausée se faisait pressante.En arrivant à la fac, elle croisa Sarah, toujours aussi énergique et
Les jours qui suivirent l’ultimatum de Damien à Simon furent d’une étrange tranquillité. À première vue, la menace semblait s’être dissipée, mais Aurore savait au fond d’elle que Simon n’avait pas renoncé. Il avait l’habitude d’obtenir ce qu’il voulait, d’imposer sa présence, de contrôler les situations. Mais cette fois, quelque chose semblait avoir changé.Un matin, alors qu’Aurore se dirigeait vers la fac, elle aperçut Simon pour la dernière fois, accoudé contre un poteau, observant l’horizon avec un air pensif. Il la fixa un instant, comme pour lui dire adieu, mais sans un mot. Puis il tourna les talons et s’éloigna sans même un dernier regard.Aurore resta figée, son cœur battant la chamade. Ce geste, ce silence, était comme une libération. Simon n’était plus là, il avait disparu de sa vie. Bien sûr, la peur persistait encore dans un coin de son esprit, mais au fond d’elle, elle savait qu’elle pouvait désormais respirer librement. Damien avait fait ce qu’il fallait pour qu’elle so
Les jours qui suivirent l’altercation entre Simon et Damien furent tendus. Aurore n’arrivait pas à oublier la violence qui se dégageait de Simon, cette froideur qu’il avait laissée derrière lui. Il continuait à la suivre de près, ses gestes de plus en plus intrusifs, ses regards de plus en plus insistants. Damien l’avait menacé, mais la menace semblait n’avoir eu que peu d’effet. Simon n’était pas le genre d’homme à reculer facilement.Ce soir-là, Aurore était en route vers sa voiture après un cours tardif. La nuit était tombée, et la rue où elle se trouvait était déserte. Elle accéléra le pas, mais une sensation étrange s’empara d’elle, comme si quelqu’un l’observait. Elle se retourna brièvement et aperçut Simon qui s’avançait à grands pas, un sourire qui lui glaça le sang sur les lèvres.— Tu es toujours aussi pressée de partir, Aurore, dit-il d’une voix basse, un ton presque mielleux. Tu sais, je pourrais t’accompagner, si tu veux. Il n’y a pas de mal à vouloir un peu de compagnie.
Les jours suivant la déclaration de Damien étaient étranges pour Aurore. D’un côté, elle ressentait cette vague de sécurité et de confort en étant avec lui, mais de l’autre, une part d’elle ne pouvait s’empêcher de réfléchir à l’évolution de leur relation. Elle n’avait pas l’habitude de vivre une histoire aussi intense, aussi passionnée. Damien était différent de tous les hommes qu’elle avait rencontrés, avec ses silences, ses regards envoûtants et sa manière de la protéger, de la tenir à l’écart des dangers… Mais il y avait aussi cette part d’ombre, ce secret qu’il n’avait jamais révélé, qui laissait Aurore dans l’incertitude, même si elle l’aimait plus que tout.Simon, de son côté, ne cessait de hanter ses pensées. Bien qu’Aurore lui ait clairement dit qu’elle ne recherchait pas plus qu’une amitié, il semblait de plus en plus insistant. Un jour, alors qu’elle quittait le cours de psychologie, elle le retrouva devant la porte, attendant visiblement qu’elle sorte.— Salut, Aurore. Il
Les semaines passaient à une vitesse folle. Aurore se sentait de plus en plus ancrée dans sa nouvelle vie d’étudiante. Ses cours étaient enrichissants, ses amitiés se renforçaient, et la relation avec Damien continuait à évoluer dans un cadre intime, fait de gestes tendres, de promesses murmurées et de silences lourds de non-dits. Ils n’avaient jamais parlé de l’avenir, mais ils semblaient avancer, main dans la main, dans la même direction.Un jour, lors d’un cours de psychologie, Aurore fit la connaissance de Simon, un étudiant de sa promotion. Il était assis juste à côté d’elle et avait un sourire charmeur, un regard franc et une énergie débordante. Ils commencèrent à discuter à la fin du cours, échangeant des idées sur la matière, puis, petit à petit, des sujets plus personnels. Aurore appréciait sa compagnie. Simon était intelligent, drôle et attentionné, mais ce qu’elle ne comprit pas tout de suite, c’est qu’il avait vu dans cette complicité amicale quelque chose de bien plus int
Les jours qui suivirent le déjeuner chez les parents de Damien furent un tourbillon de moments partagés, d’instants volés dans la quiétude de la relation naissante entre Aurore et lui. Les petites attentions se multipliaient. Chaque rencontre, chaque échange devenait une promesse silencieuse. Mais, dans l’ombre, un événement du passé de Damien commençait à se profiler, menaçant l’équilibre fragile qu’ils avaient instauré.Aurore, elle, ne voyait que la surface. L’homme qu’elle apprenait à connaître petit à petit lui apparaissait comme un être complexe, mais attachant. Il y avait ce mystère qui l’entourait et la fascinait, mais aussi une douceur qui la rassurait. Damien semblait lui offrir davantage de son temps, de sa confiance. Parfois, il laissait échapper de petites bribes de son passé, des gestes, des regards, mais il n’y avait jamais de mots clairs. Elle n’insistait pas. Il y avait quelque chose dans l’air, dans la manière dont il la regardait parfois, comme si son passé – un pas