Fatu s’assit devant ses parents, le cœur battant légèrement plus fort que d’habitude.
Ce moment, bien qu'attendu, ne laissait rien au hasard. Elle savait que son père, surtout, n’apprécierait pas les nouvelles qu’elle allait lui annoncer. La pression des traditions, l’attente de son mariage imminent, tout cela pesait lourdement sur ses épaules. Mais aujourd’hui, elle devait s’af f irmer.
Ses parents étaient installés dans le salon, comme d’habitude. Sa mère, au regard doux mais autoritaire, observait Fatu d’un air curieux. Son père, plus sévère, les bras croisés, l’attendait sans un mot, comme s’il savait déjà qu’elle allait lui apporter des nouvelles qui ne lui conviendraient pas.
Fatu : "Papa, maman, j’ai pris une décision importante. Vous savez combien j’apprécie votre soutien, et j’ai longtemps réf l échi avant de vous en parler. Je vais accepter l'of f re de M. Ndiaye pour rejoindre la campagne présidentielle d'Ibrahim."
Un silence s’abattit sur la pièce. Son père se redressa, et Fatu sentit la tension envahir la pièce.
Père de Fatu : "Tu parles de ce candidat, Ibrahim ? Tu sais que ce projet n’a rien de plus que des ambitions politiques. Et tu veux t'impliquer là-dedans maintenant ?"
Fatu : "C’est une opportunité que je ne peux pas ignorer. Ce n’est pas qu’une question politique, papa. Ce projet est aussi une manière pour moi de grandir professionnellement. C’est une chance pour moi de m’af f irmer, de faire entendre ma voix et d’être reconnue dans ce domaine."
Mère de Fatu : "Tu es adulte, Fatu, et je comprends tes ambitions. Mais comment vas-tu concilier tout ça avec ton mariage avec Moussa ? Tu sais que ce mariage a une grande importance pour la famille. Le temps fi le."
Fatu baissa les yeux un instant avant de reprendre la parole, prenant une grande inspiration.
Fatu : "Je vous promets que je m’engagerai pleinement dans le mariage après la fi n de la campagne. Je n’ai pas l’intention de repousser cela indéf i niment, mais je ne peux pas ignorer ce que cette opportunité représente pour moi. Je vous demande simplement de comprendre."
Le silence dans la pièce sembla durer une éternité. Sa mère échangea un regard avec son père, et Fatu sentit son cœur s'alourdir.
Puis son père rompit le silence.
Père de Fatu : "Je n’aime pas cela, Fatu. Mais je vois que tu es déterminée. Très bien, tu peux continuer avec ton engagement. Mais une fois la campagne terminée, il n’y a plus de place pour l’hésitation. Moussa attendra.
Mais tu sais ce que cela implique."
Fatu acquiesça. Elle savait que ce n’était pas une décision facile pour ses parents. Ils avaient investi dans son futur, dans cette union, mais elle espérait qu'ils comprendraient ses raisons.
Mère de Fatu : "Si cela te permet d’aller de l’avant, alors nous accepterons ta décision.
Mais n’oublie pas que la famille et l’honneur sont tout aussi importants."
Fatu laissa échapper un soupir de soulagement. Elle n’avait pas encore tout réglé, mais elle avait franchi une première étape.
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Les semaines passaient lentement, et les tensions autour de la campagne présidentielle se faisaient de plus en plus palpables. Fatu était plongée dans son travail, jonglant entre ses responsabilités de consultante pour la campagne et ses réflexions internes. Elle n'était pas encore prête à confronter ses émotions face à Ibrahim, bien que ses pensées y revenaient constamment. Elle avait appris à maîtriser ses sentiments, mais chaque rencontre professionnelle semblait la plonger dans des tourments qu'elle n'avait pas anticipés.Ce matin-là, elle arriva au bureau de son mentor, Monsieur Ndiaye, un homme respecté dans le milieu politique, toujours calme, posé, mais aussi ambitieux dans ses stratégies. Il l’avait conviée à une réunion pour discuter de l’avancement de la campagne, mais Fatu sentait au fond d'elle qu'il y avait autre chose. Quelque chose qu’il ne disait pas, mais qu’elle ressentait. Ce n’était pas seulement une question de politique.Elle entra dans son bureau, prête à écout
Ibrahim se tenait devant la fenêtre de son bureau, observant la ville de Dakar qui s'étendait à ses pieds, ses pensées aussi complexes que les rues labyrinthiques qui se déployaient sous ses yeux. La lumière du matin éclairait la ville d'une lueur dorée, et la chaleur humide de l'Afrique rendait chaque mouvement un peu plus pesant. Il avait l’habitude de ce cadre, de cette vue. Il était l’un des hommes les plus influents de son époque, un politicien en pleine ascension, mais il y avait toujours ce vide, cette sensation d'inachevé.Ibrahime (pensée) : La politique, c’est bien. Mais ce n’est pas ce qui me remplit. Ce n’est pas ce qui me fait vibrer.Il soupira et se tourna vers son bureau. Son agenda était plein, ses journées étaient minutées. Des réunions avec des investisseurs, des visites sur le terrain, des stratégies pour la campagne présidentielle. La pression montait à chaque étape. Et au milieu de tout cela, il y avait elle.Fatu.Le nom s’imposa à lui comme une évidence. Il l’a
Les jours passaient, mais la tempête intérieure de Fatu ne se calmait pas. Chaque décision, chaque rencontre semblait la pousser un peu plus loin de ce qu’elle avait toujours connu. Moussa, ses parents, ses traditions… tout semblait l’enchaîner. Mais Ibrahime, bien que de plus en plus présent dans ses pensées, n’était pas une échappatoire. Elle savait bien qu’il ne pouvait pas être la solution à ses dilemmes. Et pourtant, la chaleur de ses regards, la façon dont il la poussait à se dépasser, la faisait vaciller.Ce matin-là, alors qu’elle se rendait à la campagne pour une nouvelle réunion stratégique, son téléphone vibra. Un message de Moussa, d’une simplicité glaciale, sans préambule.Moussa : “J’ai parlé à mes parents. Le mariage doit avoir lieu dans deux mois. Rien ne changera cela.”Les mots étaient froids, directs, comme une épée tranchant ses dernières résistances. Elle soupira et relâcha l’air dans ses poumons, comme si ce message venait de lui retirer une partie de son âme. Il
Le soir arriva rapidement, avec son lot de tensions et de décisions à prendre. Le grand événement était prévu pour le lendemain. Fatu s’était préparée, choisissant chaque mot, chaque phrase qu’elle allait dire. Lorsqu’elle se rendit à la réunion avec Ibrahim et M. Ndiaye, elle se rendit compte que tout était plus sérieux que jamais. Elle savait que la pression allait monter de plus en plus, et elle ne pouvait pas se permettre de faiblir. Elle devait résister à la tentation de tout remettre en question. Mais alors qu’elle entra dans la grande salle, elle aperçut Ibrahim à l’autre bout, le regard sérieux, comme toujours. Cette fois-ci, cependant, il la remarqua immédiatement et s’approcha d’elle avec un léger sourire. Ibrahim : "Fatu. Je suis content que tu sois là. Nous devons faire une équipe solide, ensemble." Il y avait quelque chose dans sa voix qui la troubla. Ce n’était pas simplement le professionnel qu’il incarnait à chaque mot, mais un ton plus personnel,
Nadia sourit chaleureusement, tandis que Fatu, figée, ne parvenait à dissimuler son trouble. Elle tendit la main, mais tout dans son corps criait qu’elle était sur le point de faire face à un autre Ibrahim, un autre homme, différent de celui qu’elle avait commencé à connaître. Ses sentiments se resserraient en elle comme un étau.Fatu ne savait pas quoi dire. Elle avait l’impression que l’espace autour d’elle se rétrécissait. La révélation de cette fiancée changeait tout. Elle avait imaginé Ibrahim différemment, mais tout à coup, l’évidence de sa vie était là, devant elle. Il appartenait à une autre, et il ne s’en cachait même pas. Fatu (d’une voix légèrement tremblante) : "Enchantée… Je suis… je suis heureuse pour vous deux." Le sourire de Nadia ne faiblit pas, mais Fatu sentit la distance s’installer immédiatement. Ce n’était pas la jalousie qui envahissait son cœur, mais quelque chose de plus insidieux : la reconnaissance que ce qu’elle ressentait pour lui, ce
Un après-midi, alors que Fatu s’apprêtait à quitter le bureau, elle aperçut un article dans le journal local qui fit son cœur s'emballer. Il s'agissait d'une interview d’Ibrahim, une discussion sur son passé, ses convictions et son rôle politique dans le pays. En parcourant l'article, un détail attira immédiatement son attention : Ibrahim était divorcé. Un homme divorcé… Fatu n’avait jamais vraiment réfléchi à cette possibilité. Il était toujours un peu plus mystérieux pour elle que ce qu’il laissait paraître. Il n’en avait jamais parlé, et cela ne l’avait pas perturbée jusque-là. Mais maintenant, ce simple fait la rattrapait. Pourquoi n’avait-il jamais mentionné son divorce ? Que cachait-il réellement sous ce calme apparant ? Un voile d’incertitude recouvrait ce qu’elle pensait comprendre de lui. Alors que cette pensée tournait dans sa tête, elle reçut un message. Un message de M. Ndiaye. Un dîner était organisé cette semaine, un événement avec les membres influ