Chapitre 2

Le lendemain matin, je me suis réveillée dans une douleur brûlante. Les cellules cancéreuses me rongeaient comme un feu vif, mais les analgésiques me permettaient de garder une apparence calme.

Je me suis levée avec peine. J'avais beaucoup à faire aujourd'hui.

En descendant les escaliers, j'ai entendu les rires de Chloé venant du salon. Elle était assise sur les genoux d'Éléna, toutes les deux plongées dans un livre illustré.

« Maman Éléna, cette princesse est trop belle ! », s'est-elle exclamée, les yeux brillants.

« Oui, aussi belle que toi, ma chérie », a répondu Éléna en l'embrassant tendrement sur le front.

Quand elle m'a vue, Chloé m'a simplement jeté un bref regard, avant de revenir à son livre, comme si je n'étais qu'une étrangère de passage.

« Bonjour, Chloé », ai-je tenté doucement en m'approchant.

« Bonjour », a-t-elle répondu sans enthousiasme, avant de tirer la main d'Éléna, « Maman Éléna, on va voir les papillons dans le jardin ? »

« Attends une seconde, mon cœur », a dit Éléna en me jetant un regard faussement préoccupé, « Ta maman a peut-être quelque chose à te dire. »

« Je ne veux pas écouter », a boudé Chloé. « Maman est toujours occupée. Elle ne joue jamais avec moi. »

Mon cœur s'est déchiré.

Oui, ces dernières années, j'avais peu de temps pour elle à cause du travail, tandis qu'Éléna, elle semblait toujours disponible.

« Ce n'est pas grave. Allez jouer toutes les deux », ai-je dit avec un sourire contraint.

Je les ai regardées s'éloigner main dans la main. Je n'ai tenu debout qu'en m'appuyant contre le mur.

Ce n'était pas que la douleur physique, c'était aussi celle du cœur.

Dans la salle à manger, Adrien lisait les actualités financières. Il m'a à peine adressé un regard en me voyant entrer.

« Tu as mauvaise mine », a-t-il dit en fronçant les sourcils. « Ne fais pas semblant d'aller bien. »

« Je vais bien », me suis-je assise en face de lui. « J'aimerais te parler. »

« À propos de quoi ? », a-t-il lâché, agacé, en posant sa tablette.

« De notre contrat prénuptial. »

J'ai sorti un dossier et lui ai dit : « Je veux y apporter quelques modifications. »

Il a pris les documents, les a lus rapidement.

« Camille, tu veux renoncer à tous tes droits de partage ? »

« Oui », ai-je répondu calmement.

« Si jamais… il m'arrive quelque chose, je souhaite que tous mes biens te reviennent, y compris le fonds fiduciaire que mes parents m'ont laissé. Je veux aussi que ma collection d'œuvres d'art revienne à Éléna. »

« Quoi ? », Adrien m'a regardée, abasourdi. « Même le Monet authentique de ta mère ? Tu veux lui donner ça aussi ? »

« Elle aime l'art. Elle saura mieux en prendre soin que moi », ai-je dit. « Considère ça comme un cadeau de mariage en avance. »

Le silence est tombé d'un coup. L'air est devenu lourd.

Adrien m'a regardée froidement. « Camille, qu'est-ce que tu es en train de faire ? »

« Rien. » Ma voix était toujours aussi calme. « Je suis juste fatiguée. Je veux lâcher prise. »

Il a blêmi. « Tu sais donc… »

« Les caméras de l'hôtel, les relevés de carte bancaire… Et puis Chloé qui l'appelle Maman Éléna. » J'ai esquissé un sourire douloureux. « Adrien, tu croyais vraiment que je ne voyais rien ? »

Il est resté silencieux.

« Je ne t'en veux pas », ai-je continué. « C'est ma faute. J'ai toujours insisté sur les affaires, j'ai toujours voulu tout contrôler. Éléna est douce, elle ne t'a jamais contredit. Elle te correspond mieux. »

« Camille ! »

« Cet après-midi, j'irai à l'entreprise annoncer que je transfère mes actions à Éléna. »

Je me suis levée. « Elle entrera officiellement au conseil d'administration. »

« Tu es folle ! » Adrien s'est levé d'un bond. « Tu parles de vingt milliards d'actions ! »

« Je ne suis pas folle », ai-je dit en regardant par la fenêtre, vers le jardin où Éléna jouait avec Chloé. « Je veux juste que vous soyez heureux. »