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Chapitre III

Author: Voyage Infini
Je ne me souvenais plus comment j'ai été trouvé morte, mais lorsque mon esprit est séparé de mon corps et j'ai vu mon propre cadavre, je n'ai pas eu le courage de le regarder.

C'était à la fois pitoyable et effrayant.

J'avais l'impression de tomber dans les profondeurs de l'océan, entourée par une obscurité absolue, sans aucune idée où j'allais atterrir.

Je m'étais recroquevillée de peur jusqu'à ce qu'une force puissante m'a tirée soudain vers le haut.

Félix et Julien s'avançaient précipitamment.

Le premier a composé mon numéro de portable pendant que le deuxième conduisait.

Leurs visages esquissaient tous deux une expression sombre.

Quelques secondes après, le téléphone a annoncé la ligne occupée.

Les lèvres minces de Félix étaient pincées fermement tandis que sa main tapotait au rythme impatient sur la portière de la voiture.

Julien lui a lancé un regard en demandant : « Alors, elle ne décroche pas ? »

Félix a fermé ses yeux pour dissimuler son œillade froide.

Julien a enfoncé l'accélérateur et la voiture a pris de la vitesse en rugissant. Il a ensuite repris sa parole froidement : « Astrid est vraiment accro au théâtre, n'est-ce pas ? Elle a même préparé des cendres. On verra bien tout à l'heure si ce sont vraiment les siennes. »

Des cendres ?

Il s'avère que mon corps a déjà été incinéré.

Quand ils auraient vu mes cendres, ils croiraient sûrement que j'étais morte.

S'ils pouvaient m'enterrer en pensant toujours à tout ce qu'on avait vécu ensemble, mon esprit serait peut-être complètement parti avec mon corps.

Si ce n'était pas le cas, ils cesseraient également d'imaginer du mal que je ferais à Zoé et m'oublieraient totalement dès lors. Je serai en paix aussi de mon côté, sans être obligée d'écouter leurs remarques ignobles.

Une demi-heure plus tard, la voiture s'est arrêtée au crématorium.

Les deux hommes descendant du véhicule, se sont fait accueillis par un employé du crématorium lorsqu'ils y sont entrés.

« Bonjour, puis-je vous aider ? » L'employé a posé la question.

Félix lui a répondu en ricanant : « On est venu pour les cendres de Astrid Dubois. Vous nous avez demandé de venir les chercher. »

L'employé a compris et lui a tendu l'urne contenant mes cendres et lui a dit : « Nous avons essayé de trouver la famille de Mlle Dubois mais nous avons découvert qu'elle est orpheline. La police nous a dit que vous étiez son fiancé, c'est pour cela que nous vous avons contacté. Voici les cendres de Mlle Dubois. Vous avec toutes mes condoléances. »

Mes parents étaient morts dans un accident de voiture lorsque j'avais treize ans. C'était ma tante qui avait touché mon indemnisation et m'avait élevée jusqu'à mes dix-huit ans.

Dès que j'avais atteint cet âge, elle m'avait mise dehors et m'avait laissée me débrouiller seule.

Ces dernières années, craignant de ne pas pouvoir se débarrasser du fardeau comme j'étais, elle a changé de numéro de téléphone et a quitté cette ville.

Sans la présence des deux garçons et leur compagnie, je ne pouvais pas imaginer à quel point ma vie aurait été sombre.

D'une façon certaine, ils m'ont sauvée. Cependant, je n'avais jamais imaginé qu'une fois ils ont retiré leur soutien, même de survivre est devenu un rêve inaccessible pour moi.

Félix a frôlé l'urne un instant, puis un sourire subtil s'est dessiné au fond de ses yeux.

« Est-ce vraiment des cendres de Astrid Dubois dedans ? Vous êtes sûr de ne pas me tromper ? »

Le monsieur a été bouleversé profondément par ces mots.

« M. Desmas, nous ne pouvons absolument pas nous permettre de vous tromper. Ce serait tout à fait immoral. »

« N'avez-vous pas vu assez des histoires immorales ici. Astrid est là-dedans, n'est-ce pas ? Nous n'avons jamais dit que nous ne vous croyons pas, » a ricané Félix. « Mais je suis curieux de savoir combien elle vous a payé pour jouer à cette pièce de théâtre. »

L'employé l'a regardé comme s'il avait des problèmes psychologiques, et il a changé pour ton plus sec : « M. Desmas, si vous ne me croyez pas, oubliez ça. Passez-nous les cendres de Mlle Dubois et nous nous occuperons du reste. »

Félix a tendu sa main comme prévu. Le monsieur s'est apprêté à récupérer l'urne tandis que ce dernier a poussé un cri de surprise. L'urne lui a échappé des mains et les cendres se sont répandues aussitôt sur le sol.

Il a poussé un rire cruel en disant : « Vraiment désolé, mes mains ont glissé. »

Julien a ricané également avec mépris, le visage rempli de sarcasme. Il a marché sur mes cendres, les écrasant sous ses pieds avec imprudence en disant nonchalamment : « Ce sera l'anniversaire de Zoé demain. Astrid n'est pas obligée de participer à la célébration. Mais c'est tout à fait ignoble de recourir à de telles mascarades pour attirer notre attention. Transmettez-lui le message s'il vous plaît qu'elle n'aura plus à se présenter devant nous si elle refuse toujours de se repentir et tente d'éloigner Zoé de nos côtés. »

Mon souffle s'est fait arrêter par ses paroles froides et mon corps tremblait de manière incontrôlable. J'ai essayé de rassembler mes cendres éparpillées, mais mes mains ne parvenaient pas à les soulever.

Ma vue était embrouillée par les larmes dans mes yeux et j'ai commencé à penser à quel point ce serait mieux si je ne les avais jamais connus.

Le monsieur du crématorium a lancé une œillade noire et furieuse à Félix, pris par la rage : « M. Desmas, vous êtes complètement déraisonnable ! Comment pouvez-vous insulter la défunte ? Ce que vous voyez ici, ce sont bien les cendres de Mlle Dubois. Vous n'avez pas lu la une, n'est-ce pas ? Son infortune est diffusée partout sur Internet. »

Pour se justifier, il a allumé son smartphone et a ouvert un lien d'une vidéo sur laquelle Félix a jeté un coup d'œil distrait.

En un instant, le sourire sur ses lèvres s'est figé et l'expression sur son visage est devenue très bizarre.

Étonné par les mots de l'employé, Julien s'est approché de lui par le doute. Soudain, ses pupilles se sont contractées et ses yeux étaient remplis d'incrédulité.

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