La vengence après ma mort

Julien Bizot a raccroché en poussant un air moqueur froid. Il a tourné sa tête et a adressé la parole à Félix Desmas qui était en train de tricoter une fleur en tissu : « As-tu reçu le coup de fil ? Astrid est morte. »

Félix a tout simplement émis un son léger comme réponse. Il était tellement concentré sur son tricotage qu'il n'a même pas levé sa tête. « D'accord. N'oublie pas d'aller chercher son corps si tu as le temps. »

Une lueur froide s'est glissée rapidement au fond des yeux de Julien, avec un sourire ironique au bout de ses lèvres.

Il a répondu : « Toi, en tant que son fiancé, ne veux même pas y aller et tu t'attends à ce que je le fasse ? »

Félix contemplait soigneusement sa guirlande enfin achevée et a poussé un sourire évasif : « Je te cèderai ce titre avec plaisir si tu le souhaites et la cérémonie de mariage prévue pour le mois prochain également. Puis-je compter sur toi maintenant ? »

J'ai fixé mes yeux écarquillés sur Félix, ne croyant pas à ce que je venais d'entendre.

Pour une raison quelconque, bien que je sois morte, mon esprit persistait.

Les yeux de ce dernier étaient remplis d'amusement mais son visage restait tout sérieux, ce qui m'a convaincue qu'il n'avait pas menti. Il ne voulait pas me marier pour de vrai et même pire, il était impatient de se débarrasser de moi, sa fiancée.

Je n'ai compris qu'au présent qu'il me détestait tant que je ne pouvais imaginer.

Julien l'a fixé longuement avant de lui répondre avec un rire au nez : « Tu me prends pour une poubelle qui collecte tout genre d'ordure ? »

« Ce sera l'anniversaire de ma chouchou Zoé demain. Je n'ai pas de temps à perdre avec des gens insignifiants, » a répondu Félix.

Il a à peine fini de prononcer ces mots lorsque son téléphone portable s'est mis à sonner.

C'était une sonnerie plutôt distinctive. Les traits de Julien se sont adoucis instantanément. Même Félix a arrêté son travail sans y penser pour écouter Julien répondre à l'appel, incapable de cligner ses yeux.

Une voix de fille très douce a brisé le silence du salon privé : « Coucou Julien, es-tu avec Félix ? Je ne comprends pas pourquoi il ne répond pas à mes appels. »

J'ai reconnu cette voix. C'était Zoé, la fille de rêve de Félix et Julien.

Elle a déménagé à l'étranger avec ses parents quand elle avait dix ans et n'est revenue que depuis deux ans.

Lorsque Julien et Félix étaient encore gentils avec moi, elle me prenait déjà en grippe et m'avait menacée de les quitter.

Comme j'avais refusé, elle avait ensuite appelé ses soutiens pour m'encercler et me barrer le passage. Ils ont failli me défigurer.

En apprenant ce dont j'avais souffert, Félix et Julien l'avaient sévèrement réprimandée et l'avaient avertie que le moindre de harcèlement que je subirais mettrait fin à toute relation avec elle.

Ce n'était qu'après cela que Zoé avait modéré ses comportements, malgré quelques abus de temps en temps.

Je n'y avais pas prêté attention ce moment-là. Cependant, lorsque j'ai essayé de faire comprendre ce qu'elle m'avait imposé plus tard, c'était déjà trop tard.

À partir d'un moment, la balance de Julien et Félix avait penché en sa faveur.

Félix a consulté son portable et a aperçu effectivement un appel manqué. Il a légèrement froncé ses sourcils et s'est rappelé qu'il avait éteint le son du portable car il était agacé après avoir reçu les appels de la police à plusieurs reprises. C'est ainsi qu'il n'avait pas pu entendre l'appel de Zoé.

Julien a haussé ses sourcils envers Félix et lui a adressé un sourire malicieux tout en répondant : « Astrid est morte et il est parti récupérer le corps. Comment aurait-il pu avoir le temps de te répondre ? »

Félix l'a regardé froidement, se levant aussitôt et arrachant le portable des mains de Julien. Une voix douce destinée à l'autre bout de l'appareil est sortie de ses lèvres : « Salut ma puce. N'écoute surtout pas ce que dit cet imbécile. J'étais en train de te préparer une surprise car demain sera ton anniversaire. »

Ce salon privé spacieux était rempli de bouquets de fleur, de poupées et de coffrets de cadeaux méticuleusement préparés par ces deux hommes depuis trois jours, la même sorte de surprise dont j'avais joui pendant dix ans depuis que je les ai connus à mes treize ans.

Ils disparaissaient toujours trois jours avant mon anniversaire et envoyait quelqu'un lorsque j'étais anxieuse pour m'emmener, les yeux bandés, au paradis enchanté qu'ils avaient créé spécialement pour moi.

Néanmoins, les surprises ont été détruites depuis le retour de Zoé. Désormais, elles n'appartenaient qu'à elle seule.