La porte s’ouvrit brusquement, et Nigel entra dans la chambre avec la même colère qu’il avait laissée dans son véhicule. Son regard était froid, son visage marqué par une frustration profonde. Ryse, allongée sur le lit, redressa la tête à l’instant où elle entendit ses pas lourds se rapprocher. Elle savait qu’il venait de loin, qu’il n’allait pas la laisser tranquille.— Alors comme ça, tu as laissé un autre alpha entrer dans la maison ? sa voix rugit dans la pièce. Tu n’as vraiment aucune dignité, Ryse. Comment oses-tu ?Ryse ne bougea pas, ses yeux fixés sur le sol. Elle savait que tout ce qui venait de Nigel n’était qu’une projection de ses propres démons, une tentative de la rabaisser, de lui faire sentir sa honte. Mais pour une raison qu’elle ne comprenait pas, la colère qu’elle avait ressentie plus tôt s’était dissipée, laissant place à une lourde sensation de tristesse.— Tu m’entends ? insista-t-il, avançant d’un pas déterminé. C’est toi qui as fait ça, Ryse. Toi ! Tu as laiss
Ryse retourna s’asseoir sous le manguier du jardin, le petit sac posé sur ses genoux. Elle ouvrit l’enveloppe, lut les instructions et prit la première dose.Le vent était doux ce soir-là, et pour la première fois depuis des jours, elle se sentit un peu moins seule. Elle caressa doucement son ventre et murmura :— Tant pis si ton père ne veut pas être là. Moi, je le serai. Toujours.Et quelque part en elle, un minuscule coup répondit, comme un battement d’ailes.Quelques heures après son départ de chez Ryse, Charles se trouvait chez lui, plongé dans ses dossiers. Il avait pris soin de vérifier que Ryse avait bien pris ses vitamines et qu’elle allait commencer son traitement correctement. Mais une part de lui restait inquiète. Inquiète de l’absence de Nigel, inquiet du manque d’implication de ce dernier dans la grossesse de Ryse. Il savait que Nigel n’était pas du genre à montrer ses sentiments, mais il aurait dû faire plus, pour Ryse et pour l’enfant.Un coup de téléphone brisa le sil
— Je n’ai jamais voulu ça, moi non plus, dit-elle d’une voix tremblante, un sanglot dans la gorge. Mais je ne peux pas forcer Nigel à être ce qu’il n’est pas. Il… il a peur de ce bébé, il a peur de ce qu’il représente. Et je ne peux pas lui en vouloir pour ça. Mais je suis seule, Léonie. Je suis seule avec ce bébé. Et ça me fait mal de penser qu’il grandira sans son père, qu’il n’aura pas ce qu’il mérite.Léonie hocha la tête avec compréhension, mais une profonde tristesse dans les yeux. Elle savait que cette souffrance était celle que Ryse portait depuis le début, et elle se sentait responsable, en partie. Elle n’avait pas su anticiper la souffrance de cette jeune femme. Elle n’avait pas vu les signes de détresse. Et aujourd’hui, elle était face à une réalité qu’elle n’aurait jamais voulu affronter.— Tu n’es pas seule, Ryse, dit Léonie avec douceur, en essuyant ses larmes. Je serai toujours là pour toi. Et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour t’aider. Mais je ne peux pas for
Le trajet de retour dans la voiture fut silencieux. Ryse était assise à l’arrière avec Léonie, les mains toujours serrées sur les échographies comme sur un bijou sacré. Elle ne parlait pas, mais son regard disait tout : la fierté discrète, la tendresse déjà immense pour ce petit garçon qui grandissait en elle.Nigel conduisait sans un mot, les sourcils légèrement froncés, concentré sur la route plus que nécessaire.Lorsqu’ils arrivèrent devant la maison de Ryse, Léonie proposa de l’accompagner à l’intérieur, prétendant vouloir lui parler un peu avant de rentrer. Ryse accepta sans hésiter et embrassa doucement Léonie avant de monter se reposer. Elle savait. Elle sentait que quelque chose allait se dire.Nigel resta sur le perron, les clés toujours en main, prêt à retourner dans sa voiture, mais Léonie l’arrêta d’une voix ferme.— Toi, reste là. On va parler.Il soupira bruyamment, leva les yeux au ciel et croisa les bras comme un adolescent contrarié.— Maman…— Non, Nigel. Ça suffit m
Ryse prit place à l’arrière de la voiture, juste à côté de Léonie. Le véhicule sentait bon le cuir et les fleurs fraîches, sûrement un parfum de la gouvernante. La jeune oméga gardait les mains jointes sur ses genoux, le regard légèrement baissé. Elle pouvait sentir la présence imposante de Nigel à l’avant, le dos droit, le visage fermé, concentré sur la route. Elle aurait voulu s’enfoncer dans le siège, disparaître.Mais à côté d’elle, Madame Harris lui adressait des sourires rassurants. Elle posa délicatement une main sur celle de Ryse.— Dis-moi, ma chérie… Est-ce que tu es bien traitée ici ?Ryse cligna des yeux, hésita. Devait-elle dire la vérité ? Dire qu’elle vivait dans la solitude ? Qu’elle ne recevait ni visite, ni appel ? Qu’elle mangeait seule et pleurait la nuit dans son oreiller, en se demandant comment elle allait élever un enfant dans cette ambiance ?— Oui… ça va, murmura-t-elle, fuyante.Léonie fronça les sourcils. Elle ne la croyait pas une seule seconde. Le ton de
Depuis le jour où Nigel avait quitté sa maison après leur dernière altercation, Ryse avait eu l’impression que tout avait changé. Elle avait espéré qu’il reviendrait, qu’il viendrait la voir, qu’il s’excuserait pour les choses cruelles qu’il lui avait dites. Mais les jours s’étaient transformés en semaines, et Nigel n’avait fait aucun effort pour renouer le contact avec elle.Elle se retrouvait seule, confinée dans cette grande maison, entourée par un luxe qui ne faisait plus que souligner son isolement. Elle n’avait jamais été une femme qui aimait se faire dorloter. Mais être enfermée ici, sans personne pour lui tenir compagnie, lui faisait plus de mal qu’elle ne l’aurait imaginé. Elle avait besoin de savoir où en était leur relation, où en était leur futur. Le bébé grandissait dans son ventre, mais l’absence de Nigel, son indifférence apparente, rendait tout encore plus difficile à vivre.Elle s’était accrochée à l’idée qu’il finirait par revenir vers elle. Mais après plusieurs sema