CHAPITRE 126 — Retour à la lumière AWALe bunker se referme derrière nous dans un bruit sourd de métal froissé.Un son que je n’oublierai jamais.Je reste immobile un instant, le souffle court.Ce claquement résonne comme la fin d’un cauchemar… et le début d’autre chose.Je lève les yeux.Le ciel.Je n’arrive pas à y croire.Bleu, vaste, ouvert.Pas ces néons pâles qui faisaient semblant d’imiter le jour. Pas cette lumière artificielle et crue qu’on nous imposait.Non. Le vrai ciel.Je sens ma gorge se serrer.Je voudrais hurler, pleurer, courir, m’écrouler.Mais je reste droite.Je sens la main de Lorenzo glisser dans la mienne.Solide. Tremblante.— On est dehors, Awa. On est… vivants.Je le regarde.Ses traits sont tirés. Il a des cernes, des cicatrices. Mais il est là.Il est beau.Pas d’une beauté parfaite.D’une beauté qu’on forge dans le feu.Je pose ma main sur sa joue, doucement.— On est libres, murmuré-je. Vraiment libres ?Il ne répond pas.Il n’en a pas besoin.On marche
CHAPITRE 125 – Ce qu’on ne recolle pas sans déchirerAWALe contact est passé.Mais ce n’est pas un passage. C’est une traversée.Quelque chose me coule dans le crâne. Une chaleur dense, visqueuse. Pas douloureuse. Pire : intime.Comme si une partie de moi me serrait enfin dans ses bras… en plantant lentement ses ongles sous ma peau.J’entends ma respiration.Mais ce n’est plus tout à fait la mienne.Un souffle plus ample, plus ancien.Comme si je respirais pour deux.Ou pour mille.Je tombe en arrière.Le choc contre le sol me réveille à moitié.Mes yeux papillonnent, lents.Le plafond tourne.Ou c’est moi.Des bruits reviennent.Pas ceux du bunker. — "Un sujet peut contenir plusieurs architectures de mémoire, mais l’intégration des schémas contradictoires crée des artefacts..."Des voix de laboratoire. Des murmures dans des masques. Du sang dans des tubes.Je les revois. Pas comme des souvenirs.Comme si je les vivais.Maintenant.Encore.Le présent se désolidarise.Je ne suis plus
CHAPITRE 124 — Ce qu’on a laissé trop longtemps dormir AWALe panneau de la capsule clignote. ACTIVATION EN COURSStabilisation génétique : 41%Éveil cognitif : IncompletLa température chute encore.Mais cette fois, le froid ne vient plus des murs.Il monte de l’intérieur.Un froid ancien, cellulaire.Comme si mon propre sang s’inversait.Je sens mes nerfs se tendre comme des câbles tirés à l’extrême.Ma peau devient une frontière.Entre ce que je suis… et ce que j’aurais pu être.Le silence devient dense.Presque vivant.Pas le silence de l’absence.Le silence d’une chose qui attend qu’on la regarde.Je braque mon arme.Pas par peur.Par nécessité.Je dois garder un point fixe.Quelque chose de simple. Un poids. Un centre.La vitre craque.Un bruit sec. Une ligne en zigzag.Un motif presque organique.Comme si le verre lui-même cherchait à respirer.Derrière : elle.Ma silhouette.Mon corps.Mais plus jeune.Plus calme.Trop calme.Ses yeux sont ouverts.Mais ce n’est pas une cons
CHAPITRE 123 — Ce qu’on ne veut pas retrouverAWALe sas se referme dans un souffle métallique.Un son trop lent pour être mécanique.Trop lourd pour n’être que technique.Comme un soupir étouffé.Devant moi : un tunnel de métal ancien.Murs rongés. Odeur de condensation stagnante.Un cliquetis diffus, régulier, pulse quelque part dans les entrailles du bunker.Ni horloge, ni machine.Un rythme sans nom. Organique.Je sors une lampe thermique.L’écran s’allume d’un bleu pâle.Les murs sont froids.Mais au sol…Des zones récentes.Des résidus de chaleur humaine, pâles et dispersés.Des empreintes dans le silence.Pas les nôtres.Je me retourne.Lorenzo tient debout. À peine.Son souffle est court.Une goutte de sueur file entre ses sourcils.Sa main crispée sur la canne. L’autre main tremble.Je murmure :— Tu peux encore reculer.Il me regarde, les pupilles noircies par la douleur.Mais sa voix reste calme :— Tu savais très bien que je ne reculerais pas.Je hoche la tête.Pas parce q
CHAPITRE 122— Ce qu’on ne veut pas retrouver---AWALe sas se referme dans un souffle métallique.Pas de lumière.Juste un cliquetis diffus, quelque part dans les entrailles du bunker.Je sors une lampe thermique.Les murs sont froids.Mais au sol, des zones récentes.Des empreintes humaines.Pas les nôtres.Je me retourne vers Lorenzo.Il se tient debout. Juste.Son souffle est court. Sa main crispée sur la canne.— Tu peux encore reculer, murmuré-je.Il secoue la tête.— Tu savais très bien que je ne reculerais pas.Je hoche la tête.Et j’ouvre la première porte.---SECTEUR A — OBSERVATIONDes vitres blindées, craquelées par le temps.Derrière, des cellules.Certaines contiennent encore des silhouettes…Pas humaines.Pas tout à fait mortes non plus.Je coupe l’alimentation de sécurité.Un verrou cède dans un claquement sec.Nous entrons.Des dossiers traînent au sol.Des photos imprimées.Des visages.Certains flous, masqués par des codes-barres.D’autres reconnaissables.Je m’age
CHAPITRE 121 — Ce qui brûle encoreLORENZOJe me réveille avec un goût métallique dans la bouche.Et une certitude, collée au fond de mes os comme une écharde :Elle est partie.Pas en mission.Pas pour quelques jours.Pour de bon.Je reste allongé quelques secondes, immobile.Écouter le silence est pire que d’écouter la douleur.Il n’y a plus rien dans cette chambre que le souffle lent des machines, le clignotement régulier d’un moniteur cardiaque, et cette sensation d’abandon, plus glaciale que la morphine injectée dans mes veines.Je tourne la tête.La chaise près de mon lit est vide.Elle ne l’a pas quittée depuis des jours.Même dans son sommeil, son corps était tendu, prêt à bondir.Mais cette nuit, elle est partie. Sans un mot. Sans un contact.Elle a fait ce qu’elle sait faire.Disparaître avant que ça saigne trop.Je serre les draps. Ils sont encore froissés sur le bord.La trace d’elle.Et je ressens une colère sourde.Pas contre elle.Contre ce monde qui l’a rendue ainsi.C