Résumé : Dans le village d’Obélé, une jalousie silencieuse grandit entre deux frères, Assane et Malik. Assane, l’aîné, prospère et respecté, soupçonne sa femme, Awa, d’éprouver des sentiments pour son cadet. Rongé par la jalousie, il empoisonne Malik, qui tombe gravement malade. Grâce aux soins d’un guérisseur, Malik survit mais comprend que son frère cherche à l’éliminer. Lorsque Awa tombe mystérieusement malade à son tour, Malik comprend qu’Assane la punit pour ses sentiments cachés. Désespéré, il consulte une sorcière qui lui donne un breuvage capable de renverser le sort. Assane boit sans se méfier et commence à dépérir, hanté par des visions cauchemardesques. Alors qu’il agonise, il réalise qu’il a perdu bien plus qu’un combat : sa femme, son honneur et sa vie. Mais alors que Malik croit avoir triomphé, il sent à son tour une ombre l’envahir… Le poison ne disparaît jamais, il change seulement de porteur.
Lihat lebih banyakChapitre 1 : Les Racines du Mal
Awa
Je ne trouve pas le sommeil.
Allongée sur la natte, les yeux ouverts dans l’obscurité, j’écoute la respiration calme d’Assane à côté de moi. Il dort. Ou du moins, il fait semblant. Son souffle est trop régulier, trop maîtrisé. Il est éveillé. Il m’observe peut-être, comme il le fait depuis plusieurs jours, avec ce regard pesant, chargé de doutes et de soupçons.
Je le sens. Il sait.
Mais que sait-il exactement ?
Je ferme les yeux, tentant d’apaiser les battements de mon cœur. Il n’y a rien eu. Rien de tangible, rien qui puisse être nommé. Seulement des regards échangés. Une tension fugace, suspendue entre deux silences.
Malik.
Son nom s’impose à mon esprit, et je déteste la façon dont mon ventre se serre à cette pensée. Je ne devrais pas. Je ne devrais même pas y penser.
Il est son frère. Il est mon beau-frère.
Et pourtant…
Je me redresse lentement, veillant à ne pas faire de bruit. L’air de la nuit est lourd, chargé d’humidité et d’un parfum de terre mouillée. Une envie irrépressible me pousse hors de la case. Je me lève, pieds nus sur la terre fraîche, et je me glisse dehors.
La lune est haute, éclaire le village d’une lumière blafarde. Tout est silencieux, comme si la nuit elle-même retenait son souffle.
Je m’arrête juste devant la case.
J’attends.
Je ne sais même pas pourquoi. Je me répète que je suis sortie pour respirer, pour réfléchir. Mais au fond de moi, une autre vérité s’impose.
J’attends Malik.
Le réalisant, un frisson me parcourt l’échine. C’est insensé. Je devrais retourner me coucher, me glisser sous la natte, faire semblant de dormir.
Mais mes pieds restent ancrés au sol.
Les secondes s’étirent. L’air devient plus lourd.
S’il apparaît maintenant…
Je retiens mon souffle. J’écoute, mais il n’y a rien. Aucune ombre ne se dessine, aucun pas ne trouble le silence.
Finalement, je ferme les yeux et pousse un long soupir avant de faire demi-tour.
Quand je rentre dans la case, je sens immédiatement quelque chose d’étrange.
Assane ne bouge pas, mais son souffle a changé.
Il est éveillé.
Et il sait que je suis sortie.
Assane
Le sommeil me fuit.
Je suis allongé sur la natte, les yeux rivés au plafond de la case, les mains posées sur mon ventre dans un calme trompeur. Awa est revenue, s’est glissée sous la couverture sans un bruit, comme si de rien n’était. Mais je sais.
Elle est sortie.
Elle a attendu.
J’ai entendu son souffle retenu, senti l’hésitation dans ses pas. Elle espérait le voir.
Mon propre frère.
Un goût amer envahit ma bouche. L’idée me ronge de l’intérieur, telle une lame plantée dans ma chair et qu’on remue avec une lenteur cruelle. Malik et moi avons grandi ensemble, partagé les mêmes jeux d’enfants, le même sang, la même éducation. Il sait ce qu’Awa représente pour moi.
Et pourtant, il ose.
Je serre les poings, mais je reste immobile. Pas un muscle ne bouge. L’instinct me dicte de ne rien montrer, de ne pas révéler ce que j’ai compris. Pas encore.
Le silence est une arme plus tranchante que la colère.
Awa respire paisiblement à mes côtés, mais je sais que son sommeil est feint. Je devine ses pensées, ses tourments. Elle est consciente de mon regard, du poids de mes soupçons. Et pourtant, elle ne dit rien.
Son silence est un aveu.
Je ferme les yeux un instant, ravalant la rage qui monte en moi. Si je parle maintenant, si je l’accuse, elle niera. Elle me mentirait sans ciller.
Alors, je vais me taire.
Je vais attendre. Observer.
Et frapper au moment opportun.
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Le matin, Awa se lève avant moi, comme toujours. Je l’entends préparer la calebasse d’eau, réajuster les jarres près du foyer. Ses gestes sont précis, mécaniques. Elle évite de me regarder.
Je prends mon temps avant de quitter la natte, étirant mon corps lentement, feignant la fatigue.
— Tu as mal dormi ? demande-t-elle d’une voix douce.
Son ton est neutre, presque naturel. Mais je détecte une ombre d’inquiétude dans ses yeux.
— Comme chaque nuit où il fait trop chaud, je réponds simplement.
Elle hoche la tête et se détourne pour verser de l’eau dans un bol. Elle ment mal.
Je prends mon temps pour m’asseoir et l’observer. Elle a attaché ses cheveux en une longue tresse qui tombe sur son épaule, et un fin voile couvre une partie de sa tête. Belle. Trop belle.
La colère remonte en moi, mais je la refoule aussitôt.
— Tu dois voir ta mère aujourd’hui, non ?
Elle se fige une fraction de seconde avant de reprendre son mouvement.
— Oui. Elle a besoin d’aide au marché.
Un mensonge.
Je sais qu’elle ira au marché, mais pas uniquement pour aider sa mère.
Je sais aussi qui elle espère y croiser.
— Alors je t’accompagnerai, dis-je d’un ton calme.
Elle relève brusquement la tête, les lèvres légèrement entrouvertes. La surprise dans son regard ne dure qu’une seconde, vite remplacée par un sourire tendre.
— Tu veux m’aider à porter les paniers ?
— Pourquoi pas ? Ça fait longtemps que je n’ai pas marché avec toi jusqu’au marché.
Elle rit doucement, mais son sourire sonne faux.
Elle ne veut pas que je vienne.
Je me lève et attrape un pagne que je noue autour de ma taille.
— Allons-y.
Awa hoche la tête et se retourne pour prendre le panier. Ses épaules sont tendues.
Je cache mon sourire.
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Le marché est bruyant, vivant, un mélange d’odeurs d’épices, de poissons séchés et de fruits frais. Sous le grand arbre au centre, les femmes discutent en préparant leurs étals, pendant que les hommes transportent des sacs de mil et de maïs.
Je marche près d’Awa, mon regard balayant la foule.
Et puis, je le vois.
Malik.
Il est appuyé contre un mur de terre, les bras croisés, en pleine discussion avec un vieil homme du village. Sa posture est détendue, mais ses yeux, eux, cherchent quelque chose. Ou quelqu’un.
Un rictus me déforme les lèvres.
Il ne m’a pas encore vu.
Mais Awa, elle, l’a repéré.
Je sens son souffle se bloquer une seconde, perçois l’infime ralentissement de son pas. Ce n’est pas une coïncidence.
Chapitre 75 : Les murs tombentMalikLe matin s’installe doucement, et la lumière dorée du soleil glisse sur les murs de l’appartement, projetant des ombres douces et mouvantes sur le parquet usé. Pourtant, malgré cette clarté paisible, un poids nouveau et lourd s’enfonce dans ma poitrine. Hier soir, dans ce silence partagé, j’ai cru qu’on avançait, qu’on bâtissait quelque chose de solide et durable. Mais la réalité, implacable et brutale, revient toujours me rappeler que rien n’est jamais acquis.Je reste immobile, observant Awa s’activer dans la cuisine. Ses gestes sont précis, presque mécaniques, mais je perçois la nervosité dans la façon dont ses mains tremblent légèrement. Elle évite systématiquement mon regard, comme si elle cherchait à fuir une vérité qu’elle ne veut pas encore affronter. Un mur invisible s’est dressé entre nous, plus dur à franchir que tous les silences du monde.Je décide de ne pas la brusquer. Pas aujourd’hui. Je me contente de m’asseoir sur le bord du canap
Chapitre 74 : Fragments d’intimitéAwaLa lumière douce du matin filtre à travers les rideaux de la chambre, dessinant des motifs d’ombre et de clarté sur les draps froissés. Je reste immobile sur le dos, incapable de détacher mes yeux de Malik. Sa respiration est calme, régulière, comme une berceuse secrète qui m’apaise. Je pourrais rester ainsi des heures, à simplement le regarder, essayer de lire dans ses traits ce qu’il ne dit pas.Son visage paisible cache la bataille qu’il mène chaque jour. Je connais ces silences lourds, ces démons qui le hantent quand il pense être seul. Moi aussi, j’ai ces ombres. Pourtant, ce matin, il y a quelque chose de différent. Quelque chose de fragile, d’intime, qui commence à percer la carapace que j’ai mise autour de mon cœur.Je tends lentement la main, la peur au ventre, le doute en filigrane. Mes doigts effleurent sa joue, une caresse légère, presque incertaine, mais chargée d’une promesse muette. Malik ouvre les yeux, surpris, puis son regard se
Chapitre 73 : Ce qu’on écrit pour survivreAwaJe n’ai jamais écrit autant que ces derniers jours. Des lettres, des pensées, des éclats de mémoire. C’est devenu une nécessité, un besoin vital. Comme respirer. Comme manger. Comme pleurer.J’ai toujours cru que les mots pouvaient sauver. Mais je ne savais pas qu’ils pouvaient aussi recoudre. Lentement. Patience après patience. Douleur après douleur.La lettre que j’ai donnée à Malik, je n’ose plus y penser. Je ne me rappelle même pas tout ce que j’ai écrit. Juste que c’était brut. Nu. Vrai.Aujourd’hui, j’écris encore. Mais pas pour lui. Pour moi.> « À celle que j’étais…Je te pardonne.Je pardonne ton silence, ta peur, ta fuite.Tu n’étais pas lâche. Tu étais brisée.Tu faisais ce que tu pouvais pour rester debout. »Je pleure doucement en griffonnant. Ce ne sont pas des larmes de désespoir. C’est un nettoyage. Une pluie nécessaire.Quand j’arrive à la dernière ligne, je me rends compte qu’il fait nuit. Je suis restée enfermée dans ma
Chapitre 72 : Ce qu’on ne dit pas, mais qui pèseAwaLa nuit a été calme. Trop calme. Pas de cauchemars. Pas de souvenirs agressifs. Juste ce vide étrange après la tempête. Ce silence intérieur qui ne ressemble ni à la paix ni à l’oubli.Je me lève avant l’aube. Le ciel est encore noir, percé de quelques étoiles récalcitrantes. Dans la cuisine, je prépare du café, même si je sais que mon estomac n’en veut pas. Le geste me rassure. Le parfum me rappelle une autre version de moi. Une femme qui croyait encore pouvoir contrôler le chaos. Une femme qui vivait, pas qui survivait.Je m’assois en silence et j’écoute le monde qui respire. Les coqs. Le vent. Les premiers pas dans la ruelle. Et puis, sa voix.— Tu n’as pas dormi ?Je lève les yeux. Malik. Il est adossé à la porte, torse nu, les cheveux en bataille. Il a l’air d’un homme arraché à ses rêves. Et je me surprends à me demander si j’y étais, dans ces rêves-là.— Si, un peu. Pas mal, même. Toi ?Il hausse les épaules, s’approche et s’
Chapitre 71 : Ce qu’on bâtit avec les ruinesAwaLe matin se lève sur un ciel laiteux, pâle comme un linge qu’on aurait trop lavé. Je cligne des yeux, engourdie par une nuit hachée, et je le vois. Il est là.Malik dort sur le sol, roulé dans une couverture fine, le dos tourné vers moi, mais la tête légèrement tournée dans ma direction. Comme s’il restait en veille même dans son sommeil.Son souffle est calme. Régulier. Il respire comme un homme qui n’a pas connu les chaînes. Ou alors, comme un homme qui les a brisées depuis longtemps.Moi, je les entends encore, ces chaînes invisibles. Chaque nuit.J’ai fait un cauchemar. Encore. Kévin était dans la maison. Pas bruyant, pas violent. Pire : silencieux, ancré, avec ce sourire carnassier. Celui qui disait : Tu ne t’échapperas jamais.Mais cette nuit, je ne me suis pas levée en sursaut. Je ne suis pas restée paralysée. Je n’ai pas eu envie de hurler. J’ai juste tourné la tête. J’ai regardé Malik dormir. Et j’ai écouté son souffle. Son sou
Chapitre 70 : Quand le silence respire encoreAwaLes jours avancent. Mais la nuit, tout revient. Les mots de Kévin. Ses gestes. Ce qu’il a détruit. Ce qu’il a éveillé aussi. Il m’a volé bien plus que du temps. Il m’a volé la certitude d’être moi.Et pourtant, chaque matin, je me lève. Je noue mon foulard. Je m’assieds au bord du lit. Et j’écoute. Mon cœur. Mes pensées. Je ne me fuis plus.Je recommence à soigner. Avec Malik. Il reste toujours en retrait, me laissant la place. C’est étrange, cette douceur. Elle me déstabilise. Il ne me brusque pas. Il ne s’impose pas. Il m’apprivoise.Un matin, je suis en train de trier des feuilles de baobab sèches lorsqu’il entre, une grande natte roulée sur l’épaule.— On va s’asseoir dehors, propose-t-il. Le soleil est bon aujourd’hui.Je le regarde sans répondre, les doigts encore couverts de poudre verte. Il sourit.— Tu peux continuer ton tri là-bas. Je ne veux pas t’enlever à ton monde.Et il pose la natte à l’ombre du manguier. Il ne dit plus
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