Chapitre 5

Suzanne s'énerve presque instantanément.

« S'énerver ? Comment oserait-elle s'énerver ? Elle vit grâce à mon fils. Un animal de compagnie a le droit de s'énerver ? »

Vivianne fait semblant d'être embêtée : « Suzie, j'ai juste peur que si je vais chercher Tom, elle s'énerverait. »

Suzanne s'énerve encore plus : « Vas-y. Tom t'apprécie beaucoup. Si elle s'énerve pour ça, je la punirai ! »

« Bon, d'accord. »

En raccrochant, Vivianne n'arrive même plus à cacher son sourire de fierté. Elle démarre la voiture en direction de l'école.

Quand elle arrive, elle voit Tom, tout pâle, assis sur la banquette de l'infirmerie.

Quand il voit Vivianne, il saute de la banquette et se jette dans ses bras.

« Tata, tu es là. J'ai mal. »

Vivianne fait genre d'être inquiète et prend Tom dans ses bras : « Ça va, Tom. Viens, on va à l'hôpital. »

Heureusement, la plaie ne s'est pas beaucoup ouverte. Après quelques traitements simples, Tom se sent mieux.

En s'assurant que tout aille bien, Vivianne sort de l'hôpital avec Tom.

« Tata, pourrais-je t'appeler directement en cas de problèmes, à partir d'aujourd'hui ? »

Vivianne s'accroupit pour être à la même hauteur que Tom : « Tom, si tu m'appelles, ta mère s'énerverait. »

Évidemment, Tom fait une moue quand il entend parler de sa mère.

« Je m'en fiche qu'elle s'énerve. Elle ne mérite pas d'être ma mère. Je l'ai appelée aujourd'hui, mais elle m'a dit qu'elle n'est plus ma mère et que je ne devrais plus jamais l'appeler. »

Un sourire de fierté disparaît aussi vitre qu'il apparaît sur le visage de Vivianne.

« Tom, elle a vraiment dit ça ? »

Il hoche la tête : « Vraiment. Déjà que je ne la voulais plus, elle m'a fait ça aujourd'hui. Je ne veux plus jamais la voir. Tata, qu'est-ce que je dois faire pour que tu sois ma mère ? »

Vivianne caresse sa tête : « Mon gentil Tom, j'aimerais aussi être ta mère, mais je ne pourrais l'être seulement si ton papa divorce de ta maman. »

Tom se presse instantanément : « Quand vont-ils divorcer ? »

« Tu veux vraiment qu'ils divorcent ? »

Tom hoche la tête sans hésitation.

Vivianne sourit : « Alors je vais te dire comment faire, mais tu ne devras pas dire à papa que je t'ai appris ça, d'accord ? »

Tom saute de joie.

Vivianne regarde aux alentours, elle voit qu'il y a beaucoup de monde : « On va changer d'endroit. Je vais t'emmener manger une glace, puis je te dirai tout ça. »

Pour préserver la santé de Tom, Julia lui interdisait toujours de manger les choses froides.

Quand il entend qu'il peut manger de la glace, son sourire est comme ancré sur son visage.

De l'autre côté, Julia se rend une demi-heure avant l'heure du RDV à l'envol. Elle préfère attendre que d'être attendue.

Mais quand elle arrive, quelqu'un se trouve déjà à leur table.

L'homme porte des habits de tous les jours d'une couleur claire. Il a les jambes croisés et feuillette un magazine.

Quand Julia s'approche, elle voit l'homme dans ses détails. Il a un magnifique visage, le regard perçant, et une cicatrice à peine apparente sur le front. Un petit air de voyou dans une apparence de gentleman.

Ce visage est bien celui d'Éthan Salège, mais il ne ressemble en rien à un avocat.

Quand il la voit, il lui fait signe de main.

Elle s'approche et tend la main pour lui serrer la main : « M. Salège, bonjour, je suis Julia Estival. »

Il observe sa main tendue, il sourit, mais n'a aucune intention de lui tendre la sienne. Son regard se balade sur son corps.

« Julia, je te connais. »

Julia retire sa main, un peu gênée, puis s'assoit en face de lui.

« Donc Laurie t'a parlé de moi. »

Il cligne les yeux : « Non, pas par le biais de Laurie. »

« Alors... ? »

« Il y a deux mythes au sein de l'école de justice, tu les connais ? »

Julia secoue la tête : « Je t'écoute. »

Éthan sirote son café : « Le premier, c'est le disciple préféré du Professeur Brisset qui a reçu la promesse d'embauche du tribunal mais qui l'a refusé pour créer son entreprise. Il n'a jamais échoué depuis le début de sa carrière. »

Julia se rappelle du personnage d'Éthan Salège, apparemment froid et peu bavard, dont les gens décrivaient à l'école. Mais aujourd'hui, elle trouve qu'il est bien digne d'être de la famille Salège.

« Tu parles de toi-même ? »

Éthan hoche la tête, quelque peu fier : « Le deuxième, c'est le disciple bien-aimé du Professeur Brisset après moi, qui a eu la chance d'être acceptée en Master et Doctorat, mais qui a abandonné cette chance pour un homme. »

Les mains de Julia tremblent légèrement.

Elle sait bien de qui il parle.

Elle se rappelle encore du visage déçu de son professeur lorsqu'elle a abandonné ses études.

Il lui a posé plusieurs fois la question, ça vaut vraiment le coup d'abandonner ses études pour l'amour ?

Elle était dévouée, elle n'avait peur de rien, elle a répondu oui.

Mais aujourd'hui, elle voit qu'elle s'est totalement trompée.

Voyant qu'elle a mauvaise mine, Éthan pousse l'assiette de gâteau devant elle.

« Je te raconte ça pour te dire qu'il n'est jamais trop tard de vouloir rattraper ses erreurs, ce qui est mal, c'est de s'enfoncer dans son erreur. »

Julia pose sa tasse et inspire profondément, sans parler.

« Laurie m'a parlé de toi. Je peux te dire qu'au vu de ta situation, il est très difficile pour toi d'obtenir la garde de ton enfant. »

Julia lève la tête pour le regarde calmement : « Tu te trompes, je ne veux pas sa garde. »

Éthan se fige un instant : « Alors pourquoi aller au tribunal pour le divorce, si tu ne veux pas la garde ? »

« Je connais bien la famille Faure. Si on divorce sur contrat, ils ne me laisseront aucune richesse. Je veux aller au tribunal pour reprendre la fortune qui m'appartient. Je ne leur laisserai rien de ce qui devrait être à moi. »

Cette réponse étonne quelque peu Éthan. Son sourire se creuse et il se caresse le menton en réfléchissant.

Quelques moments plus tard, il tend la main : « Alors, bonne collaboration. »

Julia tend la main pour attraper la sienne.

Après avoir commandé le repas, elle lui parle de sa situation.

C'est à ce moment que Suzanne entre dans le restaurant.

Elle est fatiguée de sa session de shopping et cherche un truc à manger. Mais dès qu'elle entre, elle voit Julia, accompagnée d'un autre homme, et rigolant avec lui.

Ce que Vivianne lui a dit résonne dans sa tête, et cela fait monter sa colère. Elle s'approche en trombe de Julia et tape fortement sur la table.

« Julia Estival ! Espèce de s*lope ! Tu es proche d'un autre homme à l'insu de mon fils ! »